Y a-t-il une « junk science » ?
L’évolution des publications scientifiques et leur utilisation montrent une certaine limite du modèle actuel. D’abord généralistes à diffusion restreinte, puis éditées par les sociétés savantes (comme le Bulletin de la Société Chimique de France), elles sont majoritairement maintenant aux mains d’éditeurs de tailles mondiales –~Springer, Holtzbrinck, Wiley, Elsevier…~– qui dominent un marché de plus de 20~milliards de dollars, avec près de 30~000 journaux publiant 2~millions d’articles par an. C’est devenu un business très rentable avec des marges à faire rêver nos quotidiens nationaux~! Et cela coûte de plus en plus cher aux bibliothèques universitaires et aux centres de recherche.
Pour les chercheurs et enseignants, on pointe du doigt une compétition mondiale de plus en plus féroce. La pression est mise sur toute la chaîne~: le jeune en statut précaire, ses aînés pour progresser, les universités pour être classées, tout le monde doit publier pour être évalué à l’aune du nombre de publications et de citations. Tout concourt à ce que les scientifiques embellissent leurs résultats et publient sur les sujets porteurs avec deux techniques, celle de la chenille ou celle du salami.
Lorsque la recherche d’indicateurs prime sur la recherche de l’avancement de la science et des connaissances, lorsque les finalités se substituent aux objectifs, alors la «junk science» n’est pas loin. Alors que faire~?
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