Présentation
Les Grands Prix Le Bel et Süe sont attribués par le conseil d’administration. Ils récompensent des travaux reconnus au niveau international qui s’inscrivent dans le cadre des activités de la SCF. Chacun de ces prix peut être partagé entre deux personnes au plus.
Veuillez noter qu’il est impératif que les lauréats soient membres de la SCF au moment de la remise des prix.
Les candidatures doivent être présentées par une section régionale ou une division scientifique de la SCF.
Le jury
Le jury est constitué de sept personnalités internationalement reconnues, membres de la SCF, dont la liste est soumise à l’approbation du conseil d’administration de la SCF (chaque membre a un mandat de 2 ans maximum). Le jury peut s’entourer d’avis extérieurs, essentiellement en provenance de l’étranger. Les critères habituels de sélection des dossiers et de classement des candidats par le jury sont communiqués au conseil d’administration.
Modalités d’attribution
Le jury a à sa disposition la liste des prix attribués les dix années précédentes, avec le profil scientifique des lauréats. Chaque candidat fait l’objet d’un rapport qui devra mettre en lumière ses qualités scientifiques et son aptitude à recevoir un Grand Prix de la SCF.
Ces rapports (2 pages au maximum) sont ensuite transmis au bureau de la SCF pour communication aux membres du conseil d’administration.
Le coordonnateur du jury présente un rapport global et une proposition de classement des candidats devant le conseil d’administration qui suit la réunion du jury.
Le choix définitif est, autant que faire se peut, entériné de manière consensuelle après discussion en présence du coordonnateur du jury.
Si besoin est, un vote à bulletin secret est effectué à la majorité absolue des suffrages exprimés pour les deux premiers tours du scrutin.
Le jury doit fournir par la suite un court texte de justification concernant les lauréats pour diffusion externe.
Communication des résultats
Peu après le conseil d’administration et que les lauréats aient été personnellement informés, les résultats sont annoncés sur le site Internet de la SCF et présentés dans L’Actualité Chimique accompagnés du texte de justification.
Remise des Prix
La remise des Grands Prix de la SCF a lieu dans le cadre d’une cérémonie solennelle, généralement au 2e trimestre de l’année suivante. Une mise au point sur les travaux récompensés peut être publiée dans L’Actualité Chimique après accord entre chaque récipiendaire et la rédaction de L’Actualité Chimique.
Philippe Poulin est directeur de recherche au Centre de Recherche Paul Pascal, (CNRS/Université de Bordeaux). Pionnier pour le développement des premières fibres orientées à base de nanotubes de carbone, grâce à une approche inspirée de ses travaux sur la matière molle (avec des tensioactifs et des polymères), il a découvert de nouvelles structures formées par des gouttes ou des particules colloïdales suspendues dans un cristal liquide, donnant lieu à de nouveaux processus de stabilisation des émulsions. Ces travaux ont fait école dans le monde et ont donné lieu au développement d’un nouvel axe de recherche sur les cristaux liquides et les suspensions colloïdales. Il a développé un partenariat fort et pérenne avec Arkema.
Auteur de 155 articles, dix-huit brevets (onze en copropriété industrielle), Philippe Poulin a été invité dans une centaine de conférences nationales et internationale et a reçu plusieurs distinctions dont le prix du journal La Recherche en 2004, la Médaille de bronze du CNRS en 2002, suivie de la Médaille d’argent en 2020.
Ce prix lui est attribué pour les avancées remarquables dans le domaine de la compréhension du transport électronique dans les matériaux contenant du graphène ou des nanotubes de carbone.
Rinaldo Poli est professeur à l’Institut national polytechnique de Toulouse, et un leader reconnu dans le domaine de la chimie de coordination.
Ce prix récompense ses contributions majeures dans l’introduction d’un schéma rationnel qui prend en compte les énergies d’appariement des électrons et la division des orbitales pour rationaliser le comportement des composés organométalliques à structure électronique ouverte (« open-shell »), appelé par la suite « schéma de Poli » dans l’un des manuels de chimie organométallique, et d’autre part pour la rationalisation de l’interaction entre divers processus à un électron dans la polymérisation radicalaire contrôlée assistée par les métaux de transition.
Auteur de plus de 450 articles, dix-huit chapitres de livres, il a été invité dans de nombreuses conférences (plus de 120) et séminaires (250).
Ses travaux ont été récompensés par la Médaille Berthelot de l’Académie des sciences et le Prix Jaffé en 2020, le prix « Paolo Chini Memorial Lecture » de la Société chimique italienne en 2019. Il a été membre senior de l’Institut Universitaire de France entre 2007 et 2017.
Il s’est investi également dans plusieurs responsabilités collectives : Comité national section 14, au CNU, vice-président (2013-2015) puis président (2016-2018) de la division SCF Chimie de coordination.
Angela Marinetti est Directrice de Recherche CNRS (DRCE) à l’Institut de Chimie des Substances Naturelles (ICSN) à Gif-sur-Yvette.
Son parcours scientifique est marqué par de la mobilité géographique et thématique. Ses recherches ont commencé par la Chimie des clusters tout d’abord dans le cadre de son doctorat soutenu en 1979 à l’Université de Turin en Italie, et ensuite à des clusters chiraux à Rennes. En 1981 elle est recrutée au CNRS dans laboratoire CNRS/SNPE de François Mathey à Thiais où elle travaille sur la chimie du phosphore à basse coordinence et des hétérocycles phosphorés.
En 1997, elle rejoint le groupe de Jean-Pierre Genet au laboratoire de Synthèse Sélective Organique et Produits Naturels de l’ENSCP, où elle travaille sur les phosphétanes et autres ligands chiraux pour l’hydrogénation asymétrique. En 2005, elle s’installe à l’Institut de chimie des substances naturelles de Gif où elle poursuit des travaux originaux sur les dérivés phosphorés chiraux pour la catalyse organométallique et l’organocatalyse, les phosphahélicènes, la catalyse à l’or et les applications de composés organiques et organométalliques en chimie médicinale.
Associées à ses travaux fondamentaux, Angela Marinetti a développé des collaborations industrielles, avec Elf Aquitaine (1991) et PPG Sipsy (2004) sur la synthèse et les applications de ligands phosphorés chiraux et avec Sanofi-Aventis en 2008 et en 2012 sur l’application en chimie médicinale de composés organométalliques et de spirocycles organiques.
Angela Marinetti s’est beaucoup impliquée dans des tâches collectives au bénéfice de la collectivité nationale, en particulier comme sous-directrice de l’ICSN de 2011 à 2014 puis elle succède à Max Malacria à la direction du Laboratoire de 2015 à 2019. Depuis 2019, elle est chargée de mission au Ministère de l’enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation.
Avec plus de 170 publications, elle a acquis une visibilité internationale incontestable. Elle a dirigé ou codirigé 25 doctorants et encadré 16 stagiaires postdoctoraux. Elle a également rempli de très nombreuses missions d’évaluation en France et à l’étranger. Elle a notamment été membre des comités « Advanced Grants » de l’ERC en 2019 et en 2021 et du jury d’attribution des prix de la Société de Chimie Espagnole.
Ses distinctions françaises illustrent la reconnaissance de la communauté scientifique : elle obtient la médaille de bronze du CNRS en 1984, puis le prix de la Division de Chimie de Coordination de la SFC en 1991 et celui de la Division de Chimie Organique en 1992 ainsi que le prix Grammaticakis-Neumann de l’Académie des sciences en 2015.
Marc Fourmigué est Directeur de Recherches au CNRS à l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes (ISCR) UMR 6226, dont il est Directeur depuis 2017.
Marc Fourmigué a obtenu un diplôme d’ingénieur de l’ESPCI (1985) et un DEA de Sciences des Matériaux de l’UPMC en 1985 puis, dans le cadre de son service national il débute en 1985 une thèse de docteur ingénieur en cotutelle entre l’Université de Copenhague dans le laboratoire du Professeur Klaus Bechgaard et l’Université de Paris Sud au Laboratoire de Physique des Solides (LPS) dans l’équipe de Patrick Batail. Ces travaux portent alors sur la synthèse de radicaux neutres dérivés de sels de pyridinium pour l’obtention de signaux RPE fins. A l’issu de son doctorat, en 1988, il poursuit pendant deux ans ses recherches dans l’équipe de Patrick Batail, sur le marquage de billets de banque par des composés organiques conducteurs à raie RPE extrêmement fine.
En 1990 il est recruté au CNRS, dans le même laboratoire et il développe alors un important travail synthétique de fonctionnalisation du cœur tetrathiafulvalène par des groupements donneur ou accepteur de liaison hydrogène. Parallèlement il initie une thématique propre sur la chimie de complexes dithiolène hétéroleptiques paramagnétiques. En 1994 il effectue un séjour postdoctoral à l’Université de Californie à Santa Barbara, dans le laboratoire du professeur Fred Wudl où il s’intéresse à la chimie des polythiophènes dopables-n. À son retour en 1995 il rejoint l’Institut des Matériaux Jean Rouxel à Nantes. Parallèlement à la poursuite de son activité sur les complexes dithiolène paramagnétiques il s’intéresse au rôle des halogènes dans ces matériaux conducteurs et il met en évidence la ségrégation d’entités fluorées en structures lamellaires à bicouches et l’importance des liaisons halogènes dans ces composés conducteurs.
En 2002 Marc Fourmigué s’installe à Angers dans le laboratoire Moltech où il prend la direction d’une des trois équipes de l’unité. Il y poursuit ses travaux sur les phosphines redox, démarrés à Orsay tout en initiant une étude sur l’influence de la chiralité dans ces matériaux. En 2006 il rejoint l’université de Rennes où il intègre l’ISCR (UMR 6226) et y crée l’équipe « Matière Condensée et Systèmes Electroactifs ». Il développe depuis une activité importante focalisée sur les interactions dites de s-hole comme la liaison halogène ou la liaison chalcogène, domaine dans lequel il a apporté des contributions essentielles à la compréhension de leur importance dans les solides moléculaires. En 2017 il a été nommé directeur de l’ISCR, qui est actuellement la plus grande unité de l’Institut de Chimie du CNRS.
Cette activité remarquable lui vaut une reconnaissance mondiale dans les domaines de la chimie de coordination, des matériaux moléculaires conducteurs et magnétiques et de l’ingénierie cristalline. Ses travaux sont concrétisés à ce jour par plus de 260 publications, 5 chapitres de livres,1 brevet, 58 conférences et 43 séminaires. Il a dirigé 16 thèses. Il totalise actuellement plus de 8200 citations. Il a reçu le prix de la division de Chimie de Coordination de la SCF en 1997 et le prix Paul Pascal de l’Académie des sciences en 2007.
Anne-Marie Caminade, 63 ans, directrice adjointe du LCC depuis 2021, directrice de recherche classe exceptionnelle au Laboratoire de Chimie de Coordination (LCC-CNRS) à Toulouse.
Son nom est immédiatement associé au domaine des dendrimères, dans lequel elle a été et reste la personne la plus productive au monde. Elle est à l’origine des dendrimères phosphorés, sur lesquels elle a su développer dans un premier temps une recherche fondamentale très importante et de qualité pour ensuite montrer l’étendue très large des applications de ces espèces dans des domaines aussi variés que la catalyse (métallique ou organique), la science des matériaux et la biologie / nanomédecine. Elle entretient pour cela de nombreuses collaborations nationales et internationales.
Sa production scientifique est remarquable.
Rayonnement :
494 publications (h index = 74, 17000 citations)
2 livres édités
55 chapitres d’ouvrage
Co-inventrice de 18 brevets prioritaires dont 16 ont été étendus à l’international
3 brevets étant à la base de la création de 2 start-ups (Dendris et IMD-Pharma)
180 conférences invitées
Présidente de plusieurs congrès internationaux
Membre de comités éditoriaux de journaux scientifiques et fréquemment éditrice invitée
Anne-Marie Caminade, 63, deputy director of the LCC since 2021, director of research exceptional class at the Laboratory of Coordination Chemistry (LCC-CNRS) in Toulouse.
Her name is immediately associated with the field of dendrimers, in which she has been and remains the most productive person in the world. She is at the origin of the phosphorus dendrimers, on which she was able to develop initially a very important and quality fundamental research to then show the very wide range of applications of these species in fields as varied as catalysis (metallic or organic), materials science and biology / nanomedicine. For this, she maintains numerous national and international collaborations.
Her scientific production is remarkable.
International influence:
494 publications (h index = 74, 17,000 citations)
2 edited books
55 book chapters
Co-inventor of 18 priority patents, 16 of which have been extended internationally
3 patents underlying the creation of 2 start-ups (Dendris and IMD-Pharma)
180 invited conferences
Chair of several international congresses
Member of editorial boards of scientific journals and frequently guest editor
De nationalité hongroise, Éva Jakab Tóth a effectué ses études de chimie à l’Université de Debrecen. Elle a obtenu en 1994 son PhD (« Equilibrium and kinetic properties oflanthanide complexes with functionalized macrocycles ») et en 2004 son habilitation auprès de l’Académie des sciences hongroise (« Complexes de GdIIIet EuII dans l’imagerie médicale par RMN. Mécanisme et développement »). C’est en Suisse qu’elle débute sa carrière comme postdoctorante à l’Institut de Chimie minérale et analytique à l’Université de Lausanne, avant d’être nommée en 2001 maitre assistante chargée de cours au Laboratoire de Chimie inorganique et bioinorganique de l’École polytechnique fédérale de Lausanne. En 2005, elle rejoint le Centre de Biophysique Moléculaire à Orléans (CBM, UPR 4301) en tant que directrice de recherche au CNRS et en prend la direction en 2012, après avoir été promue directrice de recherche de 1ère classe.
Internationalement reconnue dans le domaine de la chimie des agents de contraste IRM, et plus généralement des sondes pour la bioimagerie, elle a contribué de manière significative au développement de plusieurs nouvelles familles d’agents de contraste et à la compréhension des relations entre leur structure et efficacité. Son équipe a conçu de nombreuses sondes d’imagerie moléculaire pour la détection d’activités enzymatiques, de neurotransmetteurs, de cations biologiques ou encore de peptides amyloïdes. Elle a été pionnière à explorer les complexes de manganèse afin de remplacer le gadolinium par un métal plus biocompatible, et leurs résultats récents sur les complexes du manganèse (II) stables et très inertes sont prometteurs pour une utilisation aussi bien en IRM qu’en PET scan.
Son activité de recherche se traduit à ce jour par 3 brevets, plus de 170 publications dans des journaux internationaux (facteur h : 57), près d’une centaine de conférences invitées dans des congrès internationaux et nationaux, la rédaction de 15 chapitres d’ouvrage et la coédition de The Chemistry of Contrast Agents in Medical Magnetic Resonance Imaging (Wiley). Depuis de nombreuses années, elle consacre beaucoup de temps et d’énergie à l’organisation de réseaux européens (COST) et français (GDR) sur l’imagerie moléculaire. Prix de la Faculté des sciences de l’Université de Debrecen (Hongrie) en 1990, Médaille d’argent du CNRS en 2018, Éva Jakab Tóth a été élue membre externe de l’Académie des sciences hongroise en 2019.
Le Prix Le Bel lui est attribué pour son activité scientifique remarquable dans le développement et l’utilisation de complexes de coordination pour l’imagerie médicale et le radiodiagnostic, ainsi que pour sa forte implication dans la vie de la chimie aux niveaux national et international.
Patrick Couvreur est docteur en pharmacie, diplômé de l’Université Catholique de Louvain (Belgique). Après son service militaire comme pharmacien biologiste à l’hôpital militaire de Bruxelles (1975-1976), il a obtenu en 1977 un poste d’« Akademische Gast » a l’ETH de Zürich (Suisse) ; il profite de ce stage postdoctoral pour publier avec Peter Speiser, la première étude démontrant la possibilité d’utiliser des systèmes nanoparticulaires pour la vectorisation intracellulaire de molécules.
De retour à Louvain, il crée une équipe indépendante et s’attache alors à développer des matériaux originaux, biodégradables et biocompatibles, pour créer des nanoparticules mieux adaptées à l’application clinique. Il est ainsi le premier à introduire le concept de vecteur nanoparticulaire biodégradable pour l’administration de médicaments en utilisant une colle chirurgicale, les polyalkylcyanoacrylates, comme matériaux de vectorisation. Nommé professeur de l’Université Paris-Sud en 1984, il poursuit ses recherches au sein de l’Institut Galien (qu’il dirige de 1998 à 2010), à la tête de l’équipe « Nanomédicaments pour le traitement des maladies graves ».
Patrick Couvreur s’est intéressé dès le début de sa carrière à la galénique et aux applications potentielles des polymeres biorésorbables pour la production de formes à libération contrôlée, en particulier à l’utilisation des nanomatériaux pour la vectorisation de médicaments. Ses études ont notamment porté sur la squalénisation de principes actifs antinéoplasiques et les propriétés d’auto-assemblage en découlant. Elles ont débouché sur la perspective de pouvoir revisiter et améliorer l’activité d’une multitude de principes actifs dont le potentiel thérapeutique n’est pas pleinement réalisé du fait de leur profil pharmacocinétique, ce qui est une de ses réussites majeures. Il a étendu le champ d’application de ce concept, en s’intéressant par exemple aux MOF (« metalorganic framework ») et a d’autres molécules issues du domaine de l’oncologie, de l’infectiologie, des pathologies du système nerveux central, ou utilisées dans le domaine de l’imagerie (systèmes nanoparticulaires incorporant un agent de contraste et un cytotoxique, utilisés pour la théranostique).
Reconnu au niveau international pour ses travaux pionniers dans le domaine de la vectorisation des médicaments, il a obtenu deux bourses ERC : Advanced Grant TERNANOMED et Proof of Concept Grant SQUALAC. Inventeur de 91 brevets, il a publié plus de 530 articles (facteur h : 96, 38 000 citations) et huit ouvrages. Ses travaux ont abouti en 1997 à la création de la société ONXEO (ex BioAlliance Pharma, entrée en bourse en 2005) et de deux startups – Medsqual en France et Squal Pharma aux États-Unis – dont le but est de développer jusqu’à l’étape clinique des nanomédicaments anticancéreux (squalénoides) et antidouleur conçus a partir de la technologie de squalénisation (Litavag®, formulation nanoparticulaire de la doxorubicine, est en phase clinique III pour le traitement de l’hépatocarcinome résistant).
Membre senior de l’Institut Universitaire de France (IUF), titulaire de la Chaire d’Innovations technologiques du Collège de France (2009-2010), Patrick Couvreur siège au conseil scientifique de plusieurs organisations nationales (Institut Pasteur, Comité National du CNRS, Conseil National des Universités) et est membre de quatre Académies nationales : des sciences, des technologies, de médecine, de pharmacie, et membre étranger de la National Academy of Medicine (États-Unis), de la National Academy of Engineering, de l’Académie Royale de Médecine (Belgique) et de la Real Academia National Farmacia (Espagne). Il est également Docteur Honoris Causade l’Université de Gand et de l’Université de Montréal. Il a reçu de nombreuses distinctions : Pharmaceutical Sciences World Congress Award (2004), Prix Galien (2009), Host-Madsen Medal (2007), European Pharmaceutical Scientist Award (2011), Médaille de l’innovation du CNRS (2012), European Inventor Award (2013), Speiser Award (2014), T. & A. Higuchi Memorial Award (2016).
Le Prix Joseph-Achille Le Bel lui est décerné pour son rôle remarquable dans l’étude de la chimie d’espèces hautement réactives.
Après une thèse en 1982 dans l’équipe de Guy Bertrand (Université Paul Sabatier), il est recruté au CNRS dans le Laboratoire des organométalliques de Pierre Mazerolles, où il soutient une thèse d’État en 1984. En 2005-2006, il effectue un stage post-doctoral à l’University of Southern California (Los Angeles) dans l’équipe du Pr Weber en chimie du silicium.
Associé au début de sa carrière à une découverte exceptionnelle avec la synthèse et la caractérisation du premier carbène stable et isolable à température ambiante, Antoine Baceiredo mène des activités de recherche centrées autour des hétéroéléments (phosphore, silicium) dont il a étudié la chimie des espèces hautement réactives*. Il développe actuellement l’utilisation de dérivés silylènes et germylènes en catalyse organique. Son travail a été marqué par plusieurs autres découvertes majeures comme la synthèse des premiers silaylures de phosphonium (R3P=Si<), des premiers silynes (-Si≡C-) et des premiers germynes (-Ge≡C-). Ses travaux ont notamment donné lieu à 186 articles (certains publiés dans Science, ACIE, JACS – indice h : 32), 13 brevets (dont 12 internationaux) 5 chapitres de livres, et son rayonnement international est attesté par plus de 87 conférences invitées dans des congrès internationaux et l’organisation de congrès en chimie organométallique et en catalyse. Antoine Baceiredo a aussi assuré des responsabilités d’enseignement : filière chimie du CNAM à Toulouse (1996-2006), direction du DEA de chimie moléculaire et supramoléculaire (2003-2004), professeur invité à l’Université autonome de Barcelone (2004). Durant sa carrière, il s’est mis au service de la communauté scientifique en s’impliquant dans la direction de structures de recherche (directeur du Laboratoire Hétérochimie Fondamentale et Appliquée (LHFA, 2006-2011), du laboratoire européen LTPMM (Laboratoire Trans-Pyrénéen : de la molécule aux matériaux, 2006-2013), de l’Institut de chimie de Toulouse (2011-2020), en contribuant à la réflexion de cette communauté en qualité de membre de conseils scientifiques (Institut de Chimie du CNRS, Université Paul Sabatier), participant à son évaluation (président de comités HCERES et expert international de la commission « Juan de la Cierva » à Madrid en 2017-2018). Impliqué au sein de la SCF (membre du Bureau de la division de Chimie organique de 2003 à 2008), il a reçu le prix de cette division en 2011 et a été nommé Membre distingué en 2015. *Voir Gau D., Baceiredo A., Kato T., Réactifs de Wittig à base de silicium, L’Act. Chim., 2012, 369, p. 24.
50 ans, DR CNRS, directeur du LAMS, Université Pierre et Marie Curie, Paris
La SCF a décerné à Philippe Walter le Prix Joseph-Achille Le Bel pour son rôle dans le développement des méthodologies et des outils de caractérisation analytique dans les sciences des matériaux du patrimoine et de l’archéologie.
Philippe Walter est directeur de recherche au CNRS et directeur du Laboratoire d’archéologie moléculaire et structurale (UMR 8220 CNRS-Université Pierre et Marie Curie) qu’il a fondé en 2012. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud-Lyon, il entre au CNRS en 1995 comme chargé de recherche et est affecté à l’UMR 171 – Laboratoire du Centre de Recherches et de Restauration des Musées de France – où il développe une activité de recherche originale consistant en la mise au point de nouveaux outils analytiques de caractérisation des matériaux du patrimoine, domaine dans lequel il fait figure de leader mondial.
Son activité consiste essentiellement dans le développement des moyens de la science des matériaux en vue de réaliser des analyses directes non destructives ou des analyses sur de minuscules prélèvements. Les principales méthodes mises en jeu sont la spectroscopie de rayons X et les méthodes spectroscopiques optiques (proche et moyen infrarouge et spectroscopie Raman). Il complète ces approches, si nécessaire, par un recours au rayonnement synchrotron ou aux plateformes d’analyses équipées d’équipements mi-lourds (AGLAE, STEM, ToF-SIMS…). Un aspect important de l’instrumentation développée par Philippe Walter est la portabilité, permettant d’effectuer des analyses non invasives in situ et un accès aux œuvres impossible à transporter. Il porte ainsi le projet de Laboratoire mobile d’imagerie chimique non invasive des objets du patrimoine, financé par la région Ile-de France, caractérisé par différents dispositifs d’imagerie par spectrométrie de fluorescence des rayons X large surface ou haute résolution (50 microns), imagerie hyperspectrale visible et proche infrarouge, imagerie hyperspectrale induite par laser, techniques de caractérisation ponctuelle, notamment par diffraction des rayons X. Philippe Walter a participé aux développements de nombreux instruments originaux en collaboration avec le Louvre, la NASA, le CNES et le synchrotron Soleil ayant donné lieu à des dépôts de brevets. Au travers de nombreuses collaborations, il a travaillé à l’étude des tombes de l’époque ramesside à Louxor, établi des collaborations avec des musées nationaux (Palais Barberini à Rome, musée Capodimonte à Naples, musée du Prado à Madrid…) et participé à des chantiers à Delphes ainsi que dans la grotte Chauvet.
À côté de cette importante activité d’instrumentation, Philippe Walter développe un thème de recherche sur l’étude physicochimique des matériaux de la peinture, de leurs propriétés et de leur vieillissement à long terme. Elle porte sur l’analyse des matériaux constitutifs des œuvres peintes et sur les techniques employées au cours des âges, du Paléolithique supérieur au XIXe siècle en passant par l’Égypte ancienne et la Renaissance. Parmi les nombreux résultats spectaculaires obtenus, on peut retenir l’étude des glacis utilisés par Léonard de Vinci pour réaliser les ombres sur les visages. En collaboration avec L’Oréal, des recherches sur les fards de l’Égypte ancienne l’ont conduit à être commissaire de deux expositions, l’une à Paris au Musée de Cluny, l’autre au musée du Caire.
Son double ancrage en chimie et en sciences du patrimoine donnent à Philippe Walter une image forte et particulièrement réussie de l’interdisciplinarité à laquelle il apporte une forte contribution dans le domaine de l’enseignement. Cette intense activité a conduit à 120 publications, deux livres, des écrits de vulgarisation, et à de nombreuses conférences (250) dans des congrès scientifiques, historiques ou dans des manifestations moins spécialisées et auprès d’un grand public.
Philippe Walter a occupé la Chaire annuelle d’innovation technologique du Collège de France (2013-14). Il a été professeur associé à l’Université de Liège (2005-2013) et est actuellement « Senior Scientist » au Rijksmuseum d’Amsterdam. Il a reçu de nombreuses distinctions : Prix de la division Chimie physique de la SCF (1994), Médaille de bronze du CNRS (2000), Médaille d’argent du CNRS (2008), Prix Grammatikakis-Neuman de l’Académie des sciences (2004), Prix de la Fondation IxCore (2009), Prix Franklin-Lavoisier (2010).
Christian Bruneau est ingénieur de recherche CNRS (IRHC) à l’Institut des sciences chimiques de Rennes (ISCR), Université de Rennes 1. Après une formation initiale d’ingénieur à l’Institut national supérieur de chimie industrielle de Rouen (1974), un doctorat-ingénieur à l’ENSC Rennes (1979) et une habilitation à diriger des recherches soutenue en 1991, il a effectué toute sa carrière à Rennes. Il a dirigé le Laboratoire de catalyse et des organométalliques de 2000 à 2011 à la suite de Pierre Dixneuf et a créé récemment (2013) un laboratoire international associé (LIA) « Catalysis for Sustainable Chemistry – CHEMSUSCAT » avec l’Institut Leibniz de catalyse de Rostock dirigé par Matthias Beller.
On lui doit des avancées majeures essentiellement dans trois domaines de la catalyse organométallique.
Concernant la métathèse des alcènes, il a développé en collaboration avec Alois Fürstner la conception et l’utilisation de nouveaux complexes ruthénium-indénylidène, puis celles des ruthénium-indénylidènes chélatants latents stables et faciles d’emploi. Ces découvertes ont suscité un vif intérêt dans la communauté des chimistes, comme en témoignent les nombreuses applications synthétiques en synthèse totale, mais également en chimie des polymères et des matériaux.
Du côté de la chimie verte, le développement de catalyseurs organométalliques originaux, efficaces et sélectifs permet d’améliorer l’éco-efficacité de procédés chimiques et d’utiliser des dérivés de la biomasse comme substrats pour des transformations chimiques complexes. Par ailleurs, Christian Bruneau a apporté une contribution majeure, reconnue internationalement, dans l’activation/fonctionnalisation de liaisons C-H, avec des résultats récents, dont le plus important est sans nul doute la fonctionnalisation de carbone sp3C-H (la plus difficile à réaliser) en présence de catalyseurs au ruthénium (ou iridium) contenant des ligands phosphinesulfonates.
Co-auteur de 315 publications, 29 chapitres de livres, 8 brevets et 19 articles de revue – ses travaux ont été cités plus de 9 000 fois (facteur H de 50) –, Christian Bruneau a répondu à de nombreuses invitations à présenter ses résultats lors de conférences internationales.
Lauréat du prix de la division Chimie de coordination de la SCF (2008), il a reçu le Prix Paul Langevin de l’Académie des sciences en 2012.
Le prix Joseph-Achille Le Bel lui est décerné pour sa contribution importante et ses découvertes en catalyse homogène qui ont aujourd’hui un impact important, avec des retombées en chimie industrielle.
Professeur à l’Université de Strasbourg, Mir Waïs Hosseini a débuté sa carrière scientifique sous la direction de Jean-Marie Lehn. Il a ensuite créé son propre laboratoire et orienté ses recherches vers ce qu’il a appelé la « tectonique moléculaire » 1 qui correspond à des architectures moléculaires de grande taille (millimétriques) à l’état solide par auto-assemblage de « tectons » ou briques de construction. La formation de ces assemblages non covalents font intervenir trois types d’interactions : les liaisons de coordination, les combinaisons de liaisons hydrogène directionnelles et d’interactions électrostatiques, et enfin les interactions de van der Waals. Leur structure peut être contrôlée et programmée selon une, deux, voire trois dimensions par codage d’information au niveau des tectons.
Ses travaux ont apporté une avancée majeure dans le domaine de la chimie supramoléculaire et de l’étude des processus d’auto-assemblage. C’est ainsi qu’il a pu relever le défi d’élaborer des composés qui peuvent être considérés comme une nouvelle génération de polymères de coordination, à l’état cristallin. Les travaux sur la « tectonique moléculaire » qu’il a initiés et qu’il réalise depuis plus d’une vingtaine d’années dans son laboratoire ont abouti à une reconnaissance internationale de son équipe.
Sa production scientifique est importante (308 articles, communications ou revues avec de nombreuses conférences (450) ; de nombreux prix internationaux et invitations comme professeur invité dans de nombreuses universités étrangères (Australie, Afrique du Sud, Italie, Japon, Suisse, Taïwan) et lectureships (Chine, Allemagne, etc). Cités plus de 10 500 fois, ses travaux lui valent un facteur h de 54.
Mir Wais Hosseini, qui fut membre junior puis senior de l’IUF, est éditeur en chef du New Journal of Chemistry. Il a reçu les Prix des divisions de Chimie organique et de Chimie de coordination de la SCF, et la Médaille d’argent du CNRS en 2011. Sa reconnaissance internationale est récompensée par l’Académie européenne des sciences en 2004 et par l’Academia Europaea en 2006.
Il a également assumé des responsabilités administratives très importantes, tout en maintenant une activité de recherche soutenue et de premier plan. Il continue à œuvrer pour la chimie aux niveaux local, national et international. Enfin, passionné par la chimie, il apporte un soin particulier à l’enseignement.
Le prix Joseph-Achille Le Bel lui est décerné pour ses découvertes remarquables en chimie supramoléculaire.
1 Voir ses articles publié dans L’Actualité Chimique : Hosseini M.W., La tectonique moléculaire : des complexes hôte-substrat aux architectures complexes, L’Act. Chim., 2011, 348-349, p. 36 ; Ferlay S., Hosseini M.W., La tectonique moléculaire : des molécules à l’organisation hiérarchique de la matière complexe, L’Act. Chim., 2015, 399, p. 16.
59 ans, DR CNRS, directeur du Département de Chimie Moléculaire à Grenoble.
La SCF lui attribue le Prix Achille Le Bel pour ses découvertes remarquables en bioélectrochimie.
Après une thèse de 3ème cycle en Chimie Organique à Toulouse, Serge Cosnier a orienté ses recherches dans le domaine de l’Electrochimie principalement à l’interface avec la Biologie (thèse en 1988) à l’Université de Grenoble. Le domaine de recherche qu’il a initié et développé à Grenoble est considérable: bioélectrochimie, biocapteurs, biopuces, biocorrosion, biofilms, capteurs à protéines et ADN, immunocapteurs, bioélectrocatalyse et bioélectromagnétisme.
Récemment il a développé un nouvel axe de recherche sur la production d’énergie électrique par conversion électro-enzymatique avec comme but l’implantation in vivo de biopiles. Il a été le premier au monde à avoir implanté une biopile enzymatique dans un animal vivant qui fonctionne avec le glucose et l’oxygène contenus dans les fluides extra-cellulaires. Il a également développé et breveté un nouveau mode de fabrication de bioélectrodes à partir de la compression d’enzymes et de nanotubes de carbone (CNT), permettant la connexion électrique directe des enzymes. Ce sont les biopiles à glucose les plus puissantes à ce jour. L’impact sociétal potentiel de telles biopiles est considérable.
Les travaux de Serge Cosnier sont reconnus internationalement. Il a été nominé par l’Office Européen des Brevets comme l’un des trois finalistes pour le Prix de l’inventeur européen dans la catégorie « Recherche » (2014). Il a reçu le «Katsumi Niki Prize for Bioelectrochemistry» de l’International Society of Electrochemistry en 2009. Il a été élu membre de l’Academia Europaea en 2013.
Serge Cosnier a fortement contribué au développement de la bioélectrochimie en France en étant secrétaire puis Président du Groupe Français de Bioélectrochimie (2001-2014). Il a également créé et dirigé deux GDR-CNRS, un GDRI-CNRS France-Chine et un PICS-CNRS France-Israel. Il est l’auteur de 300 publications (9054 citations, 14 publications citées plus de 100 fois avec un facteur h de 52), de 13 brevets et a donné plusieurs centaines de conférences et séminaires.
Max Malacria, 65 ans, professeur à l’Université Pierre et Marie Curie et Directeur de l’ICSN-CNRS à Gif–sur-Yvette.
Docteur d’État avec M. Bertrand à Marseille (1974), Assistant (1974) puis Maître de conférences dans le laboratoire de J. Goré à Lyon, il a fait deux années post-doctorales à Berkeley avec le Prof. P. Vollhardt. Il devient professeur à Paris VI en 1985, puis Directeur de l’ICSN depuis 2011.
Ses innovations en recherche portent sur le développement de nouvelles méthodologies en synthèse organique : d’abord en chimie des allènes, puis par les réactions radicalaires et la catalyse par les métaux de transition. Il a développé les cyclisations en cascade originales, initiées par les radicaux pour la synthèse de molécules polycycliques et polyfonctionnelles, y compris par processus radicalaires asymétriques. En catalyse métallique, il a d’abord développé la catalyse au Cobalt(I) pour la transformation de molécules polyinsaturées et polyynes par cycloaddition 2+2+2. A côté de transformations sélectives catalysées par le palladium, il a particulièrement développé une chimie originale pour les transformations sélectives des allene-ynes catalysée par l’or.
À ce jour ses travaux ont donné lieu à 330 publications dans d’excellents journaux, 20 chapitres de livres, 12 brevets (son facteur h=48). Il a encadré et co-encadré 73 thèses. Il a été nommé à l’IUF junior (91) puis comme membre sénior (2007). Il a obtenu plusieurs prix importants : SCF – DCO (1997), Académie des Sciences (2000), Catalan-Sabatier (2009), médaille d’argent CNRS (2001).
En parallèle à sa contribution remarquable en synthèse il a accepté de nombreuses responsabilités à Paris et nationales : Directeur de l’UMR 7611 (10 ans), de l’Ecole Doctorale, membre du CNU (32), conseil scientifique de l’ANR (2007-2011) et délégué scientifique de l’AERES (2007-2011).
La SCF lui décerne le Prix Achille Le Bel pour ses découvertes remarquables en synthèse organique et l’introduction de nouveaux concepts pour la formation sélective de composés polycycliques.
Anny Jutand
Directrice de recherche au CNRS, ENS rue d’Ulm – Paris
Ingénieur ENSCP, Anny Jutand a obtenu son Doctorat en 1980 à l’Université Paris 13 (avec J.-F. Fauvarque) puis fait un post-doc (80-81) à Stockholm (avec B. Akermark).
Nommée chargée de recherche au CNRS en 1981, elle a rejoint l’équipe de C. Amatore à l’ENS en 1984. Elle est Directrice de recherche depuis 1992.
Anny Jutand a été une pionnière du couplage catalytique mixte catalysé par le palladium (1977) et le nickel, avant même Negishi, avec les dérivés RMgX, RLi et enolate de zinc.
Elle est une experte internationale, rarissime, de l’élucidation des mécanismes de réactions catalysées par les complexes de métaux par étude électrochimique, RMN, UV, cinétique et caractérisation d’espèces catalytiques. Elle a montré par exemple la stabilisation d’espèces du Palladium(0) par les halogénures, caractérisé le Pd(IV) dans la réaction de Catellani, montré le rôle de OH- dans la réaction de Suzuki-Miyaura, caractérisé le Cu(I) dans la réaction de couplage C-N, démontré l’autocatalyse de AcOH dans l’activation C-H au ruthenium(II) et l’intervention du fer(I) dans des réactions de cyclisation, etc.
À ce jour, ses travaux ont donné lieu à 168 publications (citées plus de 7000 fois), 9 chapitres de livre, 7 brevets. Elle a fait 22 conférences à l’étranger entre 2008 et 2012 et en particulier elle a été sollicitée pour enseigner l’étude des mécanismes réactionnels à l’Université de Wuhan (Chine). Elle a coopéré en élucidant les mécanismes de réactions obscures avec des laboratoires étrangers (10) mais surtout avec des équipes françaises (10) leur apportant un meilleur niveau de compréhension et de visibilité internationale.
Par sa formation d’étudiants de master, de doctorants, de post-docteurs et ses apports mécanistiques aux équipes françaises et internationales elle a contribué au rayonnement de la catalyse et de la chimie moléculaire et organométallique française, en France et au plan international.
Sur proposition du jury, le conseil d’administration de la SCF lui décerne le Prix Joseph-Achille Le Bel, conjointement avec Joël Moreau, pour son œuvre unique et remarquable dans l’élucidation de mécanismes réactionnels, l’introduction de nouveaux concepts en chimie organométallique et organique, et la visibilité et le rayonnement internationaux de la catalyse française.
Joël Moreau
Professeur à l’ENSCM, Montpellier
Après des études à l’Université de Poitiers, Joël Moreau obtient une thèse, puis un Doctorat en 1976 avec R. Corriu à Montpellier. Il a ensuite effectué un stage post doctoral au « Inorganic Chemistry Laboratory » d’Oxford avec Malcom Green. Sa carrière commence, comme chargé de Recherche au CNRS, dans un laboratoire de l’Université de Montpellier puis dans le laboratoire mixte avec la société Rhône-Poulenc. Il a été nommé Directeur de Recherche CNRS en 1985 puis Professeur à l’ENSCM en 1995. Il est nommé Directeur de cette école en 2002.
Pendant toute sa carrière Joël Moreau combine une très forte activité scientifique et une forte activité au bénéfice de la formation (Directeur d’une Ecole de chimie) et de la gestion de la recherche (Directeur d’UMR et membre du Comité National du CNRS). Parmi les reconnaissances de la qualité de son investissement dans ces activités, il a été élu Président de la section 16 du CoNRS et Président de la fédération Gay-Lussac des Écoles de Chimie et de Génie Chimique.
Ses thématiques de recherche ont fortement évolué au cours de sa carrière : de la synthèse organique aux matériaux moléculaires via les céramiques. C’est dans les domaines des matériaux hybrides nano-structurés qu’il a acquis une réputation internationale : Fibres chirales, généralisation de la nano-structuration par auto-organisation, catalyseurs acides photo-engendrés pour la micro-lithographie d’organo-silices, nano-architectures conjuguées. Dans ce dernier domaine, grâce aux propriétés électroniques et optiques des systèmes conjugués, des applications ont été proposées par l’équipe de J. Moreau : Systèmes ionochromes, diodes luminescentes, capteurs de gaz, thermochromes. Ces dernières années, il a combiné plusieurs « premières » scientifiques et des réussites technologiques.
À ce jour ses travaux ont donné lieu à 202 publications, 9 brevets, 125 conférences, 37 thèses.
Sur proposition du jury,le conseil d’administration de la SCF lui décerne le Prix Joseph-Achille Le Bel, conjointement avec Anny Jutand, pour ses contributions majeures dans le domaine des matériaux hybrides nano-structurés et pour son implication forte et dynamique au service de la chimie à Montpellier et en France.
Présenté par la section régionale Ile-de-France
57 ans. Directeur de recherche au CNRS et professeur à l’Ecole Polytechnique
Après des études à l’Université américaine de Beyrouth de 1973 à 1975, obligé par la guerre de poursuivre ses études de chimie à l’Imperial College de Londres, il obtient son doctorat en France en 1983, ses travaux ayant été effectués à l’ICSN (Gif-sur-Yvette) sous la direction de sir Derek Barton. Entré au CNRS, il poursuit ses travaux à l’ICSN tout en donnant des cours de chimie à l’Ecole Polytechnique qu’il intègre comme professeur en 2000. Il est Directeur de recherches de classe exceptionnelle au CNRS depuis 2004.
Samir Zard est un chimiste innovant de grand talent, ses travaux sur la chimie des cyclopropanes et les dérivés acétyléniques ont marqué les débuts de synthèses nouvelles. Mais c’est surtout la chimie des xanthates et la chimie radicalaire qui assoient sa réputation. En particulier la polymérisation radicalaire contrôlée a donné lieu à plusieurs brevets et aux procédés RAFT et MADIX (dont les brevets ont été les plus cités entre 2000 et 2010) qui sont exploités notamment par Rhodia.
Co-auteur de près de 300 publications (6 360 citations), titulaire de 36 brevets, il a donné plus de 440 conférences ou séminaires et a reçu déjà de nombreux prix : Prix de la division de chimie organique de la SCF en 1992, Prix Rhodia en 2000, médaille d’argent du CNRS en 2007, prix V. Grignard – G. Wittig décerné par la Gesellschaft Deutsche Chemiker en 2008, Fellow de la Royal Society of Chemistry en 2011 et First Barton Lecturer in Creativity in Organic Synthesis à l’Imperial College en 2012. Il est membre de plusieurs comités éditoriaux et rend de grands services à la communauté des chimistes organiciens en tant qu’éditeur français de Tetrahedron Letters.
Présenté par la division de chimie organique et par la division de chimie du solide
55 ans. Professeur au Collège de France
Il a fait ses études à l’ENS de Cachan de 1975 à 1980. Agrégé de Sciences Physiques, il entre au CNRS en 1981 et passe sa thèse en 1984 à Paris sous la direction du professeur Mansuy, à l’ENS. De 1985 à 1988, il est chargé de recherche du CNRS à l’université René Descartes. En 1988, il est nommé professeur à Grenoble à l’université Joseph Fourier. Il y développe un groupe de biochimie, à l’interface de la biologie et de la chimie des organométalliques. Ses travaux sur les métalloprotéines, les metalloenzymes, les composés organiques à base de métaux à activité biologique, le font reconnaître dans différents secteurs, celui des antitumoraux, antioxydants, bioremédiation… Directeur de l’Institut des métaux en biologie, puis directeur de l’Institut de recherche des techniques du vivant au CEA de Grenoble, ses travaux les plus récents sont sur les hydrogénases, les matériaux moléculaires pour la production de l’hydrogène et la fonctionnalisation des NTC.
Auteur de 270 publications, bénéficiant de 8 300 citations, co auteur de 6 brevets, ayant donné plus de 280 conférences, il a été membre du comité national du CNRS et directeur de deux instituts. Membre de l’IUF, élu à l’Académie des Sciences en 2005, il est actuellement professeur au Collège de France.
Le prix Achille Le Bel 2010 2010 a été conjointement attribué à
Guy Bertrand, professeur à l’université Riverside Californie (USA)
pour ses contributions importantes à la chimie organique et ses responsabilités toulousaines et californiennes.
Candidature proposée par la division de chimie organique et soutenue par la section Midi-Pyrénées.
Guy Bertrand a fait ses études à l’ENSC Montpellier (1975) et obtenu son doctorat en 1979 à Toulouse. Chargé de recherches au LCC en 1981, Directeur de recherche en 1988, il a été visiting professor à l’université d’Utah cette même anée ainsi qu’en 1998 à l’ETH de Zurich. DRCE en 2001 à l’université Paul Sabatier puis à Riverside.
Ses thématiques tournent essentiellement autour de la chimie de synthèse en insistant plus particulièrement sur les liaisons et et la chimie des organo phosphorés. Il a été le premier à préparer un carbène stable et les premiers di radicaux singulets isolables. Ses travaux ayant ouvert la voie à des outils puissants en chimie de synthèse ont reçu un fort retentissement. Les applications à la catalyse, la chimie de l’or, à la formation de nombreuses molécules, dont les allènes, sont citées.
Auteur ou co-auteur de 340 publications et de 22 brevets, il a dirigé 45 thèses et donné plus de 100 conférences dans des congrès internationaux. Il a été maître de conférence à l’Ecole Polytechnique puis professeur chargé de cours, de 1992 à 2004, et professeur à Riverside depuis 2001.
Vice-président de l’European Chemical Society de 1995 à 2000, il a été membre du CS du Département des sciences chimiques de 2000 à 2001 et de l’ENS de Lyon de 2001 à 2004.
Directeur de l’UMR CNRS – Université Paul Sabatier de 1999 à 2005 et directeur de l’UMI CNRS – Université de Riverside depuis 2001.
Il a obtenu de prestigieuses distinctions : Médaille d’argent du CNRS en 1998, Prix Franco-Allemand Van Humbolt en 1994, Senior Humbolt Research Award en 2010.
Guy Bertrand est membre de plusieurs académies européennes ainsi que, depuis 2004, de l’Académie des sciences.
Il appartient au comité éditorial de plusieurs journaux (6) dont Nature comm et European Journal of Organic Chemistry
Marie-Claire Hennion, professeur à l’ESPCI, directrice du laboratoire environnement et chimie analytique à Paris.
pour sa contribution majeure aux applications de la chromatographie, à la chimie analytique et à la formation de nombreux analyticiens.
Candidature présentée par la division de chimie analytique.
Marie Claire Hennion a fait ses études (1971) à l’ENS de Cachan et obtient en 1974 la Maîtrise de Chimie physique à Orsay. Elle passe son doctorat en 1982 à Paris VI et, de 1975 à 1982, est assistante à l’ESPCI puis Maître de conférence, jusqu’en 1993, où elle devient professeure de 2° classe, puis, en 1997, de 1° classe.
Ses thématiques de recherche sont proches notamment de la chromatographie appliquée à l’analytique. Elle y a développé la technique sur silices greffées et carbone poreux et ses applications à l’analyse des traces, spéciations, micropolluants, bioanalytique… Sa renommée dans cette technique est internationale et particulièrement appréciée par les pétroliers. Depuis plusieurs années, elle développe la miniaturisation analytique, avec les microchips, les microcapteurs et la micro analytique.
Auteur ou co-auteur de 151 publications, elle a encadré 25 thèses, donné 20 conférences plénières dans des congrès internationaux et 14 dans des congrès nationaux.
Elle a été responsable durant 13 ans des Travaux pratiques de chimie analytique à l’ESPCI. Depuis 1995, elle dispense les cours d’environnement et de chimie analytique à l’ESPCI, en Master et DEA de chimie analytique. Elle a aussi donné des cours à l’EPFL de Lausanne. Elle dirige l’UMR 7121 (laboratoire Environnement et de chimie analytique) et a été aussi directrice adjointe de la Fédération de Chimie Paris Centre.
Elle a été membre du comité national du CNRS de 2000 à 2008. Actuellement, elle est membre du Conseil scientifique de l’INRS (2008-2012), du département chimie du CNRS (2006-2010) et de plusieurs comités d’organisation de colloques ou symposium.
Elle également membre du comité éditorial de Analytica Acta, d’Analusis et de 5 autres journaux.
Elle a reçu la Jubilee medal Royal chromatography society UK.
La candidature de Janine Cossy a été présentée par la division de Chimie organique.
Janine Cossy est agée de 59 ans, Professeure à l’ESPCI, directrice de l’unité mixte 7084 entre le CNRS et l’ESPCI.
Janine Cossy a fait ses études à Reims et passé son doctorat en 1979 sous la direction du professeur Pète. De 1980 à 1982, elle part en stage post doctoral à Madison dans le Wisconsin (Pr. Trost). Chargée de recherches à Reims jusque 1990, date à laquelle elle passe directeur de recherche et rejoint l’ESPCI où elle est professeure depuis 1991.
Ses travaux de grande qualité couvrent de nombreux secteurs : les synthèses multi étapes de produits naturels, synthèses de macrolactones, méthodes régio, stéreo, chimio sélectives. Les objectifs sont des produits biologiquement actifs, anticancéreux, antifongiques, neurophysiologiques, antibiotiques. Elle a aussi travaillé dans le domaine de la photochimie, les réactions de radicaux, les synthèses organo métalliques et les synthèses énantiosélectives.
Co‐auteur de 315 publications référencées, auteur de 7 chapitres d’ouvrages, de 4 livres et de 12 brevets, elle a donné de nombreuses conférences dont 41 dans des congrès internationaux. Elle est ou a été, par ailleurs, membre de près de 10 boards de journaux scientifiques (New J of chemistry, Tetrahedron et Tetrahedron Letter, Synlet…).
Médaille d’argent du CNRS en 1997, Prix Jungfleish de l’Académie en 1996, Novartis lecturer en 2000 et 2006, JPS Fellow en 2009.
Elle a participé à plusieurs conseils et comités dont le comité national du CNRS. Consultante Rhône-Poulenc puis Rhodia et L’Oréal, elle a toujours prêté attention aux applications industrielles et elle est cocréatrice de deux jeunes entreprises, CDP Innovation et Acanthe Biotech.
Enfin, de 1998 à 2006, elle a été vice‐présidente puis présidente de la division de Chimie Organique de la SCF.
Alain Gorgues, 64 ans, est professeur émérite à l’université d’Angers. Après des études à l’école nationale supérieure de chimie de Rennes, nommé assistant en 1968, il entreprend une thèse sous la direction du professeur Levas sur le thème des aldéhydes et acides polyacétyléniques conjugués qu’il soutient en 1971. Il devient ensuite maître assistant jusqu’en 1983, date à laquelle il est nommé professeur à l’université d’Angers, promu Pr1C en 1990, puis classe exceptionnelle PrCE1 en 1998 et PrCE2 en 2002.
Par ailleurs il est fait Chevalier des palmes académiques en 1988, officier en 1993, enfin commandeur en 2001.
Alain Gorgues a développé son activité de recherche dans des domaines très variés allant de la chimie organique (acétals, aldéhydes et acides polyacéthylèniques conjugués, complexes 2-CS2 du fer en synthèse, développement de l’acétylènecarbaldéhyde (qu’il est le premier à avoir isolé) et utilisation des alcynes électrophiles aldéhydiques en synthèse) à la chimie organométallique avec des applications plus particulièrement orientées vers les matériaux organiques (tétrathiafulvalènes, matériaux moléculaires dérivant de donneurs-(Pi) ou d’accepteurs-(Pi) type fullerène C60 à propriétés électroniques spécifiques : conducteurs, actifs en optique non linéaire, capteurs électrochimiques de cations métalliques, diodes photovoltaïques).Cette recherche est illustrée par une revue récente parue dans Chemical Reviews (2004, 104, 5151-84).
Alain Gorgues est l’auteur de plus de 200 publications dans des revues nationales et internationales et de 3 brevets.
Depuis son arrivée à Angers, en moins de 20 ans, il a peu à peu structuré la recherche locale en chimie tant en enseignement qu’en recherche avec comme étape importante en 1994 la création d’une unité mixte de recherche : Ingénierie moléculaire et matériaux organiques (IMMO, UMR CNRS 6501). Sous son impulsion, ce laboratoire s’est développé de manière exponentielle et comprends actuellement une trentaine de chercheurs et enseignants chercheurs couvrant l’ensemble des thématiques liées aux matériaux organiques. Depuis 2004, Patrick Batail a succédé à Alain Gorgues à la direction de ce laboratoire.
Alain Gorgues n’a pas simplement œuvré dans le développement scientifique du pôle chimie. Il a activement mis en place les conditions d’une recherche reconnue au sein de l’université d’Angers. Elu vice-président du conseil scientifique en 1994, réélu en 1998, il a, pendant ces deux mandats, fortement contribué à modifier le paysage de la recherche à l’université d’Angers et dans la région Pays-de-Loire. En particulier un nombre considérable d’équipes labellisées a vu le jour à Angers ainsi qu’une école doctorale dynamique dont il est à l’origine.
Jean-Yves Lallemand, 58 ans, est directeur de recherche au CNRS (classe exceptionnelle) et professeur à l’École polytechnique.
Après une thèse d’État sur la synthèse d’alcaloïdes, sous la direction de Marc Julia, il effectue un stage post-doctoral aux États-Unis (J.D. Roberts, Califor-nia Institut of Technology) où il s’initie à la RMN du carbone 13 juste naissante. A côté d’études d’alcaloïdes complexes, il développe les techniques impulsionnelles et de transformation de Fourier.
En 1973, il rejoint le laboratoire de chimie de l’ENS pour y installer un service de RMN et créer une équipe indépendante orientée vers la synthèse de produits naturels. En RMN, le premier résultat important est la mise au point d’une technique permettant de dénombrer facilement et avec une bonne sensibilité le nombre de protons portés par un carbone, technique toujours utilisée. Parallèlement, il démarre les premières expériences de RMN 2D, immédiatement appliquées à l’élucidation de composés naturels complexes ou sur de très faibles quantités. Comme cela s’est produit plusieurs fois dans sa carrière, les études RMN serviront de prétexte à des exercices de synthèse totale comme celle du Polygodial, un antiappétant très puissant sur les insectes.
Vers 1978, Jean-Yves Lallemand aborde pour la première fois des sujets touchant la biologie lors de l’étude de l’interaction du cis-platine avec des oligonucléotides modèles d’ADN. Une autre étude concerne l’exploration du site de fixation de l’hémoglobine.
En 1981, il constitue un nouveau groupe de recherche en RMN à l’Institut de Chimie des Substances Naturelles (CNRS, Gif-sur-Yvette) et est nommé maître de conférences à l’École polytechnique. La nouvelle équipe RMN de l’ICSN s’affirmera rapidement en France et sur le plan international comme spécialiste des nouvelles méthodes de RMN multidimension-nelle et hétéronucléaire, en particulier avec la première expérience de « détection inverse », maintenant largement utilisée pour l’augmentation de sensibilité qu’elle procure. Au fil des années, l’équipe a publié de nombreuses innovations au niveau des méthodes RMN (RMN 3D), du traitement du signal, des logiciels ou de la RMN in vivo sur rats, cellules de plantes en culture ou organes perfusés. Certains développements, tels le suréchantillonnage et le « filtrage digital » dans les différentes dimensions des spectres, sont aujourd’hui intégrés en standard dans les spectromètres modernes.
Parallèlement, il développe son activité en synthèse organique. Cette recherche, qui relève de la synthèse multiétapes, met en jeu la chimie organique classique mais aussi la chimie organométallique, la photochimie et la chimie radicalaire. Elle a permis la découverte de nombreuses réactions ; on peut signaler l’amélioration considérable de la cuprostannylation d’alcynes par l’addition de plusieurs équivalents d’eau.
Enfin, Jean-Yves Lallemand a récemment apporté une contribution importante à la compréhension des mécanismes fondamentaux intervenant dans la mucoviscidose. Partant d’un raisonnement de chimiste, il a peut-être mis le doigt sur une stratégie alternative de traitement de maladies génétiques consistant à activer, par des molécules simples, des gènes peu exprimés ou en sommeil et produisant des protéines de substitution remplaçant fonctionnellement la protéine déficiente. Ses résultats ont conduit à un essai thérapeutique de phase II, utilisant la colchicine comme inducteur, dont les premiers résultats sont très encourageants.
Jean-Yves Lallemand est l’auteur de 247 publications, 4 brevets et une licence. Il a donné de nombreuses conférences à l’étranger et dirigé une cinquantaine de thèses.
Outre son élection à l’Académie des sciences, il a reçu le prix de la division Chimie organique de la SFC (1980), le prix de l’Académie des sciences (1984), la Médaille d’argent du CNRS (1984) et le prix Grammaticakis-Neuman de l’Académie des sciences (1993).
Depuis 2000, il dirige l’Institut de Chimie des Substances Naturelles du CNRS à Gif-sur-Yvette.
Didier Astruc
Didier Astruc, 54 ans, professeur à l’université Bordeaux I, a préparé, sous la direction de René Dabard, une thèse d’État sur la chimie des ferrocènes-cages. Après un stage post-doctoral aux États-Unis (prof. R.R. Schrock au MIT) sur la chimie organométallique du nobium et du tantale, il est détaché pour 4 ans au CNRS à Rennes.
C’est à cette époque qu’il commence à développer le concept de réservoir d’électrons en stabilisant un nouveau degré d’oxydation, le Fel. Ces composés sont encore actuellement les molécules neutres les plus riches en électrons ayant jamais été isolées et bien caractérisées. Didier Astruc a combiné l’activation moléculaire et la catalyse classique par les métaux de transition avec l’activation par transfert d’électron.
Une des découvertes majeures de son groupe de recherche a été la polyfonctionnalisation en étoiles des aromatiques polyméthylés par l’intermédiaire de complexes du fer, du ruthénium, du cobalt et du rhodium. Ce concept est maintenant utilisé pour synthétiser des arbres moléculaires de topologies variées dont certaines sont chirales. Didier Astruc a également étudié la structure électronique des radicaux mono- et bimétalliques impliquant de nouveaux degrés d’oxydation (concept de caméléon). Il a développé les fonctions des complexes réservoirs d’électrons dans trois directions :
Didier Astruc a publié 225 articles et donné 193 séminaires ou conférences de recherche. Il est l’auteur de Electron-Transfer and Radical Processes in Transition-Metal Chemistry (Wiley-VCH), d’un livre de chimie organométallique (à paraître), et rédacteur d’un volume de Handbook on Electron Transfer, à paraître chez Wiley-VCH.
Prix de la division Chimie de coordination de la Société Chimique de France en 1981 et Prix franco-allemand Alexander von Humboldt en 1989 (conjointement avec Marc Julia), il a été professeur invité, pour des périodes prolongées (Californie, Allemagne, Espagne).
Pierre H. Dixneuf
Pierre H. Dixneuf, 60 ans, est professeur de classe exceptionnelle depuis 1994. Après une thèse sous la direction de René Dabard, il a effectué un stage postdoctoral avec M.F. Lappert à l’université de Sussex. P. Dixneuf a effectué toute sa carrière à l’université de Rennes.
La contribution scientifique de P. Dixneuf est très importante, plus de 250 articles et 3 brevets ; il a obtenu des résultats remarqués et innovants dans plusieurs domaines :
Une réaction particulièrement innovante concerne l’addition de carbamate à l’aide de catalyseurs du ruthénium (RuC12L arène) sur des acétyléniques monosubstitués. Cette réaction spécifique aux alcynes terminaux conduit à des vinylcarbamates et correspond à une addition non classique de type anti-Markovnikov par l’intermédiaire d’un ruthénium vinylidène Ru=C=CHR électrophile utilisé pour la première fois en catalyse.
Cette réaction a permis de développer de nouveaux concepts des métaux vinylidène en catalyse. Ce type de catalyse est efficace pour la synthèse de carbonates cycliques et de vinyles oxazolidinones. Ces oxazolidinones ont été valorisées par hydrogénation énantiosélective à l’aide de catalyseurs chiraux du ruthénium. Cette nouvelle réaction d’activation d’alcynes a été l’étape initiale dans des études d’activations stÏchiométriques d’alcynes.
Pierre Dixneuf a présenté de nombreuses conférences. I1 a obtenu un prix de l’Académie des sciences et plusieurs distinctions internationales : Prix de Recherche (Fondation A. Von Humboldt), Dr honoris causa (université de Waterloo, Canada), lauréat JSPS du Japon. Professeur invité dans plusieurs universités (Canada, États-Unis, Espagne, Russie, Japon), il a participé à trois réseaux de recherche européens et a été directeur scientifique adjoint au département Sciences chimiques du CNRS. Depuis le ler janvier 2000, il est le directeur du nouvel Institut de Chimie à Rennes
John Osborn, avait 59 ans, était professeur à l’université Louis Pasteur de Strasbourg depuis 1976.
Originaire du Kent, il avait effectué ses études supérieures à l’université de Cambridge (Angleterre) et ses travaux de thèse à l’Imperial College à Londres, avec le Professeur Wilkinson. Après une année de ICI fellow, il était devenu« assistant professor » à l’université d’Harvard à Cambridge aux États-Unis, puis professeur associé dans cette même université. C’est en 1975 qu’il fut accueilli à l’université Louis Pasteur, où il était devenu, dès 1978, directeur de 1’ERA CNRS n° 721 jusqu’en 1985, puis de 1’URA 424 depuis 1985. I1 était professeur à la classe exceptionnelle depuis 1992, de même que professeur à l’Institut Universitaire de France depuis cette date.
La carrière scientifique de John Osborn a été consacrée à la chimie organométallique appliquée à la catalyse homogène. On peut ainsi distinguer trois types de contributions marquantes :
Depuis lors, John Osborn a aussi découvert d’autres catalyseurs extrêmement efficaces :
J. Osborn s’était attaché à définir les mécanismes intimes de ces réactions. Ses travaux les plus remarquables, dans ce domaine, sont certainement ceux réalisés par RMN in situ des processus mis en jeu : l’observation directe d’intermédiaires réactionnels ou de processus dynamiques interconversion lui a ainsi permis de contribuer de manière considérable à la compréhension de réactions telles que :