Anny Jutand
Directrice de recherche au CNRS, ENS rue d’Ulm – Paris

Ingénieur ENSCP, Anny Jutand a obtenu son Doctorat en 1980 à l’Université Paris 13 (avec J.-F. Fauvarque) puis fait un post-doc (80-81) à Stockholm (avec B. Akermark).
Nommée chargée de recherche au CNRS en 1981, elle a rejoint l’équipe de C. Amatore à l’ENS en 1984. Elle est Directrice de recherche depuis 1992.

Anny Jutand a été une pionnière du couplage catalytique mixte catalysé par le palladium (1977) et le nickel, avant même Negishi, avec les dérivés RMgX, RLi et enolate de zinc.
Elle est une experte internationale, rarissime, de l’élucidation des mécanismes de réactions catalysées par les complexes de métaux par étude électrochimique, RMN, UV, cinétique et caractérisation d’espèces catalytiques. Elle a montré par exemple la stabilisation d’espèces du Palladium(0) par les halogénures, caractérisé le Pd(IV) dans la réaction de Catellani, montré le rôle de OH- dans la réaction de Suzuki-Miyaura, caractérisé le Cu(I) dans la réaction de couplage C-N, démontré l’autocatalyse de AcOH dans l’activation C-H au ruthenium(II) et l’intervention du fer(I) dans des réactions de cyclisation, etc.

À ce jour, ses travaux ont donné lieu à 168 publications (citées plus de 7000 fois), 9 chapitres de livre, 7 brevets. Elle a fait 22 conférences à l’étranger entre 2008 et 2012 et en particulier elle a été sollicitée pour enseigner l’étude des mécanismes réactionnels à l’Université de Wuhan (Chine). Elle a coopéré en élucidant les mécanismes de réactions obscures avec des laboratoires étrangers (10) mais surtout avec des équipes françaises (10) leur apportant un meilleur niveau de compréhension et de visibilité internationale.
Par sa formation d’étudiants de master, de doctorants, de post-docteurs et ses apports mécanistiques aux équipes françaises et internationales elle a contribué au rayonnement de la catalyse et de la chimie moléculaire et organométallique française, en France et au plan international.

Sur proposition du jury, le conseil d’administration de la SCF lui décerne le Prix Joseph-Achille Le Bel, conjointement avec Joël Moreau, pour son œuvre unique et remarquable dans l’élucidation de mécanismes réactionnels, l’introduction de nouveaux concepts en chimie organométallique et organique, et la visibilité et le rayonnement internationaux de la catalyse française.

Joël Moreau

Professeur à l’ENSCM, Montpellier

Après des études à l’Université de Poitiers, Joël Moreau obtient une thèse, puis un Doctorat en 1976 avec R. Corriu à Montpellier. Il a ensuite effectué un stage post doctoral au « Inorganic Chemistry Laboratory » d’Oxford avec Malcom Green. Sa carrière commence, comme chargé de Recherche au CNRS, dans un laboratoire de l’Université de Montpellier puis dans le laboratoire mixte avec la société Rhône-Poulenc. Il a été nommé Directeur de Recherche CNRS en 1985 puis Professeur à l’ENSCM en 1995. Il est nommé Directeur de cette école en 2002.

Pendant toute sa carrière Joël Moreau combine une très forte activité scientifique et une forte activité au bénéfice de la formation (Directeur d’une Ecole de chimie) et de la gestion de la recherche (Directeur d’UMR et membre du Comité National du CNRS). Parmi les reconnaissances de la qualité de son investissement dans ces activités, il a été élu Président de la section 16 du CoNRS et Président de la fédération Gay-Lussac des Écoles de Chimie et de Génie Chimique.

Ses thématiques de recherche ont fortement évolué au cours de sa carrière : de la synthèse organique aux matériaux moléculaires via les céramiques. C’est dans les domaines des matériaux hybrides nano-structurés qu’il a acquis une réputation internationale : Fibres chirales, généralisation de la nano-structuration par auto-organisation, catalyseurs acides photo-engendrés pour la micro-lithographie d’organo-silices, nano-architectures conjuguées. Dans ce dernier domaine, grâce aux propriétés électroniques et optiques des systèmes conjugués, des applications ont été proposées par l’équipe de J. Moreau : Systèmes ionochromes, diodes luminescentes, capteurs de gaz, thermochromes. Ces dernières années, il a combiné plusieurs « premières » scientifiques et des réussites technologiques.

À ce jour ses travaux ont donné lieu à 202 publications, 9 brevets, 125 conférences, 37 thèses.

Sur proposition du jury,le conseil d’administration de la SCF lui décerne le Prix Joseph-Achille Le Bel, conjointement avec Anny Jutand, pour ses contributions majeures dans le domaine des matériaux hybrides nano-structurés et pour son implication forte et dynamique au service de la chimie à Montpellier et en France.