Chimie et société : quel dialogue ?
Une consultation participative initiée par la commission Chimie et Société
Cela a été dit et redit en sciences sociales depuis au moins une vingtaine d’années~: l’opinion du public vis-à-vis de la science n’est pas directement corrélée à la quantité d’information scientifique qu’on lui fournit afin «de lui faire comprendre», «de le convaincre», «de faciliter l’acceptabilité», mais dépend d’une relation de confiance beaucoup plus complexe, dont les composantes sont multiples.
Et pourtant, ce qu’on connaît depuis longtemps comme «le modèle du déficit» survit et semble même se renforcer dans certains discours. Selon ce modèle, le scientifique ou l’industriel devrait tenter d’«apaiser les inquiétudes du public», à travers une démarche d’explication dans laquelle les arguments techniques, formulés dans un langage accessible, jouent le rôle central. Le public est souvent présenté comme ayant une réaction émotive, «irrationnelle» vis-à-vis des risques techniques. La raison serait qu’il ne comprend pas la science, la solution qui s’impose donc est plus d’éducation et de vulgarisation.
La commission Chimie et Société, qui réfléchit depuis plusieurs années à ce problème difficile, a déjà organisé plusieurs colloques sur ce thème, mais avec un public composé pour l’essentiel de membres de la communauté scientifique. Elle tente actuellement une autre démarche. L’ambition est de trouver d’autres formes de dialogue avec les non-chimistes. La première condition est que les deux parties s’adressent la parole, et essaient de comprendre l’autre. L’objectif déclaré est de retrouver les clés d’une relation plus harmonieuse, afin de mieux gérer à l’avenir les réactions contradictoires quant aux bienfaits et méfaits de la chimie. Le premier pas dans cette démarche était d’identifier les points de blocage qui existent dans les rapports actuels, mais aussi les leviers sur lesquels nous appuyer pour les faire évoluer. Il s’agissait de comprendre ensemble pour agir ensemble.
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