Didier Astruc
Didier Astruc, 54 ans, professeur à l’université Bordeaux I, a préparé, sous la direction de René Dabard, une thèse d’État sur la chimie des ferrocènes-cages. Après un stage post-doctoral aux États-Unis (prof. R.R. Schrock au MIT) sur la chimie organométallique du nobium et du tantale, il est détaché pour 4 ans au CNRS à Rennes.

C’est à cette époque qu’il commence à développer le concept de réservoir d’électrons en stabilisant un nouveau degré d’oxydation, le Fel. Ces composés sont encore actuellement les molécules neutres les plus riches en électrons ayant jamais été isolées et bien caractérisées. Didier Astruc a combiné l’activation moléculaire et la catalyse classique par les métaux de transition avec l’activation par transfert d’électron.

Une des découvertes majeures de son groupe de recherche a été la polyfonctionnalisation en étoiles des aromatiques polyméthylés par l’intermédiaire de complexes du fer, du ruthénium, du cobalt et du rhodium. Ce concept est maintenant utilisé pour synthétiser des arbres moléculaires de topologies variées dont certaines sont chirales. Didier Astruc a également étudié la structure électronique des radicaux mono- et bimétalliques impliquant de nouveaux degrés d’oxydation (concept de caméléon). Il a développé les fonctions des complexes réservoirs d’électrons dans trois directions :

  • Les transports stoechiométriques d’électron pour l’activation moléculaire et la science des matériaux,
  • L’initiation de la catalyse par transfert d’électron en chaîne,
  • La catalyse redox.
    Après une année sabbatique à Berkeley où il a collaboré à l’université de Californie avec K.P.C. Vollhardt sur la reconnaissance redox dans les complexes homo- et hétérobimétalliques et la synthèse électrocatalytique de zwitterions organobimétalliques initiée par les complexes réservoirs d’électrons du fer (I), il a développé à l’Institut Universitaire de France de nouveaux axes de recherche dans le domaine des nano-sciences. Parallèlement, l’apport de la thermodynamique à la chimie organométallique dendritique a été recherché dans le souci d’établir des références électrochimiques universellement fiables.

Didier Astruc a publié 225 articles et donné 193 séminaires ou conférences de recherche. Il est l’auteur de Electron-Transfer and Radical Processes in Transition-Metal Chemistry (Wiley-VCH), d’un livre de chimie organométallique (à paraître), et rédacteur d’un volume de Handbook on Electron Transfer, à paraître chez Wiley-VCH.

Prix de la division Chimie de coordination de la Société Chimique de France en 1981 et Prix franco-allemand Alexander von Humboldt en 1989 (conjointement avec Marc Julia), il a été professeur invité, pour des périodes prolongées (Californie, Allemagne, Espagne).

Pierre H. Dixneuf
Pierre H. Dixneuf, 60 ans, est professeur de classe exceptionnelle depuis 1994. Après une thèse sous la direction de René Dabard, il a effectué un stage postdoctoral avec M.F. Lappert à l’université de Sussex. P. Dixneuf a effectué toute sa carrière à l’université de Rennes.

La contribution scientifique de P. Dixneuf est très importante, plus de 250 articles et 3 brevets ; il a obtenu des résultats remarqués et innovants dans plusieurs domaines :

  • Utilisation des métallacumulènes (vinylidènes, allénylidènes du ruthénium, Ru=(C=)nCRl2) et l’activation des alcynes.
  • Synthèse de nouveaux systèmes catalytiques dérivés du ruthénium qui se sont avérés de bons catalyseurs de métathèse d’alcynes et d’énynes.
  • Formation sélective de liaisons C-C dans des conditions très douces.
  • Valorisation du CO2, dans des réactions catalytiques avec économie d’atomes.

Une réaction particulièrement innovante concerne l’addition de carbamate à l’aide de catalyseurs du ruthénium (RuC12L arène) sur des acétyléniques monosubstitués. Cette réaction spécifique aux alcynes terminaux conduit à des vinylcarbamates et correspond à une addition non classique de type anti-Markovnikov par l’intermédiaire d’un ruthénium vinylidène Ru=C=CHR électrophile utilisé pour la première fois en catalyse.

Cette réaction a permis de développer de nouveaux concepts des métaux vinylidène en catalyse. Ce type de catalyse est efficace pour la synthèse de carbonates cycliques et de vinyles oxazolidinones. Ces oxazolidinones ont été valorisées par hydrogénation énantiosélective à l’aide de catalyseurs chiraux du ruthénium. Cette nouvelle réaction d’activation d’alcynes a été l’étape initiale dans des études d’activations stÏchiométriques d’alcynes.

Pierre Dixneuf a présenté de nombreuses conférences. I1 a obtenu un prix de l’Académie des sciences et plusieurs distinctions internationales : Prix de Recherche (Fondation A. Von Humboldt), Dr honoris causa (université de Waterloo, Canada), lauréat JSPS du Japon. Professeur invité dans plusieurs universités (Canada, États-Unis, Espagne, Russie, Japon), il a participé à trois réseaux de recherche européens et a été directeur scientifique adjoint au département Sciences chimiques du CNRS. Depuis le ler janvier 2000, il est le directeur du nouvel Institut de Chimie à Rennes