Le prix 2018 de la Division de Chimie de Coordination, récompense cette année Jean-François NIERENGARTEN, Directeur de Recherche à l’Ecole Européenne de Chimie, Polymères et Matériaux de Strasbourg au sein de l’UMR 7042.

Après une thèse dans le Laboratoire de Chimie Organo-Minérale sous la direction de Jean-Pierre Sauvage et Christiane Dietrich-Buchecker puis un stage post-doctoral à l’ETH (Zürich, Suisse) sous la direction de François Diederich, Jean-François Nierengarten a obtenu un poste de Chargé de Recherche au CNRS en 1996. Il est aujourd’hui Directeur de Recherche (DR 1) et responsable d’une équipe au sein de son UMR.

Jean-François Nierengarten est un expert internationalement reconnu dans de nombreux domaines de la chimie. Il est l’auteur de contributions majeures en chimie des fullerènes, en chimie des complexes cuivreux luminescents et en chimie supramoléculaire. Il a su largement dépasser les champs traditionnels de la chimie de synthèse pour être un précurseur dans de nouveaux domaines à l’interface avec les matériaux. Avec son équipe, il a en particulier abordé des problématiques innovantes en chimie de coordination et a été l’un des premiers à reconnaître le potentiel des complexes cuivreux en tant que matériaux électroluminescents (Adv. Mater. 2006, 9, 1005). Cette thématique est aujourd’hui un axe de recherche majeur de la chimie moléculaire du cuivre. Dans ce domaine, Jean-François Nierengarten a développé une chimie de coordination originale alliant le développement de matériaux luminescents (Chem. Commun. 2007, 3077, Inorg. Chem. 2013, 52, 12140, Chem. Eur. J. 2014, 20, 12083, J. Am. Chem. Soc. 2018, 140, 2336) et l’élaboration de systèmes sophistiqués sièges de processus photo-induits (Inorg. Chem. 2003, 42, 8783, Chem. Commun. 2004, 1582, Chem. Commun. 2007, 3556). On peut également noter un ensemble de travaux importants et très innovants dans le domaine des porphyrines. En particulier, Jean-François Nierengarten a préparé de nombreux systèmes supramoléculaires par coordination apicale de métallo-porphyrines avec des ligands azotés. Il a ainsi élaboré des systèmes photo-actifs originaux (New J. Chem. 2008, 32, 159, Chem. Eur. J. 2014, 20, 223) et montré qu’il était possible de contrôler le dépliement de macromolécules multi-porphyriniques par action de diverses contraintes (« stresses ») externes (Chem. Eur. J. 2017, 23, 11011). Jean-François Nierengarten et son groupe de recherche ont également élucidé le rôle joué par le métal dans les interactions supramoléculaires entre une métallo-porphyrine et le C60 (Angew. Chem. Int. Ed. 2015, 54, 1255).

Les thématiques abordées sont vastes et vont de la synthèse à des applications dans le domaine des matériaux moléculaires en passant par l’élaboration d’édifices supramoléculaires à propriétés électroniques originales. La production scientifique de Jean-François Nierengarten est tout à fait hors norme (265 publications et 17 chapitres d’ouvrage) avec de nombreux articles dans des journaux à fort impact. Cette production est associée à un facteur H = 53 et plus de 9600 citations. Cette notoriété se concrétise aussi par de très nombreuses conférences sur invitation dans des congrès internationaux et par plusieurs distinctions dont le prix Catalan-Sabatier de la Société Royale de Chimie Espagnole en 2013. Jean-François Nierengarten a été invité à rejoindre les Editorial Boards de Chemical Communications (2013) et de Chemistry-a European Journal (2014), ce qui démontre également un excellent niveau de reconnaissance à l’échelle internationale. Il a été par ailleurs plusieurs fois éditeur ou co-éditeur pour des numéros spéciaux (Tetrahedron Symposium-in-Print, Comptes Rendus Chimie, J. Mater. Chem. B, Structure and Bonding). Il a aussi édité plusieurs livres. Outre ses activités de recherches, Jean-François Nierengarten s’est également engagé dans la promotion de la chimie. En sa qualité de secrétaire de la division Fullerenes, Nanotubes, and Carbon Nanoclusters de l’Electrochemical Society (ECS) de 2008 à 2013, il a par exemple activement participé à l’organisation d’une quinzaine de symposiums durant les congrès annuels de l’ECS. Finalement, il peut aussi être souligné que Jean-François Nierengarten a été en détachement sur un poste de Professeur à l’ECPM (2007-2010). Ce détachement a été pour lui l’occasion de s’impliquer fortement dans l’enseignement de la chimie.