Auguste Laurent (1807-1853): précurseur de la chimie organique moderne et de la théorie atomique
Auguste Laurent, né près de Langres le 14~novembre 1807, a consacré l’essentiel de sa courte vie à la recherche académique en chimie organique. Laissant une œuvre expérimentale importante, notamment en chimie des composés aromatiques, il s’est surtout attaché à mettre de l’ordre face au chaos qui régnait sur le plan théorique. Sa théorie des combinaisons organiques, élaborée dès les premières années de sa carrière, est l’ébauche de distinction entre réactions d’addition et de substitution~; il y valorise pour la première fois le rôle de l’arrangement des atomes, considéré comme aussi important que leur nature, ce qui en fait un précurseur des travaux sur la structure chimique.
Ses propositions se heurtent au conservatisme de l’Académie des sciences pour qui la seule théorie acceptée est celle de Berzélius, la théorie dualiste électrochimique. Laurent va entrer dans un conflit de priorité avec Jean-Baptiste Dumas, «patron» de la chimie française, conflit qui va lui coûter une probable brillante carrière à Paris. «Exilé» à Bordeaux entre 1838 et 1845, il poursuit son objectif~: mettre de l’ordre dans la chimie, que l’on s’appuie ou non sur des considérations théoriques. Considérant que les formules brutes sont inefficaces, il est à la recherche de formules «synoptiques» permettant de classer les composés organiques. S’intéressant aux composés azotés dans les années 1840, il propose une interprétation moderne des réactions impliquant les amides et les imides, ainsi que l’importante loi «des nombres pairs» dans les composés azotés, qui lui permet de remettre au premier plan la distinction entre atomes et molécules. Usé par l’incompréhension persistante de ses collègues (à l’exception de Charles Gerhardt avec qui il se lie d’amitié) et miné par la maladie, Laurent s’éteint à Paris le 15~avril 1853.
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