Chimie durable : la carotte ou le bâton ?
Le sommet de la Terre à Johannesburg a mis encore une fois en évidence les incompréhensions qui se manifestent lorsqu’il s’agit d’évoquer le développement durable au niveau politique. Mais si l’on s’en tient au plan strictement technique qui est le nôtre ici, de l’analyse des causes du réchauffement de la Terre et de l’effet de serre, des critères qui caractérisent les énergies propres… etc, les diagnostics divergent, et ces différences servent, bien entendu, les analyses politiques. Les positions politiques reflètent-elles réellement l’activité technique des différents pays en matière de développement durable~? Il est intéressant d’observer que dans certains pays industrialisés comme aux États-Unis, alors que le discours politique est plutôt conservateur en matière de réglementation, la recherche est active dans le domaine des procédés durables, en particulier en chimie. En matière de développement, il n’est pas certain qu’il y ait un «avant» et un «après» la prise de conscience écologique. On sait que tous les procédés de chimie, chimie lourde, chimie des grands intermédiaires, chimie fine évoluent, et cela depuis longtemps pour des raisons économiques, mais aussi pour des considérations écologiques (même avant que l’adjectif ne devienne d’usage courant). On oppose souvent économie à écologie, mais les concepts modernes d’économie d’atomes, de chimie douce, le développement de procédés dans l’eau ou le gaz carbonique supercritique ne vont pas nécessairement vers une élévation du coût du procédé et il est probable que, dans le futur, le «bâton» de la réglementation sera moins efficace que la «carotte» de la simplification du procédé, plus économique parce que moins dangereux, et ne nécessitant pas d’installations lourdes de traitement de rejets. À cet égard, le colloque SFC Environnement organisé par une équipe animée par J.-F.~Fauvarque montrera, avec des intervenants industriels et universitaires, ce que font et peuvent faire la chimie et l’électrochimie pour l’environnement.
Lors d’un colloque organisé par la SCI, la SFGP, l’AFTP, le CNISF et la SFC, avec le soutien du CNRS, et qui aura lieu à la Maison de la Chimie le 21~novembre, les problèmes des risques chimiques seront discutés dans une perspective de chimie durable. Il était souhaitable que, sur un sujet d’une telle importance, les sociétés scientifiques du domaine de la chimie s’associent pour tirer des conclusions communes. Dans le futur, cette coopération pourrait se poursuivre en explorant, par des colloques organisés en commun, ce que recouvre sur le plan scientifique cette notion de chimie durable/procédés nouveaux comme évoqués ci-dessus, mais aussi ce que peut apporter la chimie des substances naturelles qui fera d’ailleurs l’objet du numéro spécial de L’Actualité Chimique terminant l’année 2002.
Bernard Sillion
Rédacteur en Chef
Note : Les lecteurs trouveront dans ce numéro un article sur la «catalyse hétérogène et chimie fine». Cet article a été encarté afin de pouvoir être introduit dans le numéro spécial sur la catalyse de mai-juin 2002 dont il fait partie.
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