De la fédération des chimistes... à... la Conférence Pasteur
Notre communauté le sait, le projet de Fédération des chimistes en France a avorté car après maintes réflexions, la SFC ne l’a pas adopté. Dans le même temps, à la satisfaction générale et sans difficulté, naissait une «Fédération des matériaux» à l’initiative de nos amis de la Société Française de Métallurgie et des Matériaux (SF2M), à laquelle s’associent, bien entendu, la SFC et de nombreuses autres associations.
Le thème des matériaux serait-il plus fédérateur que celui de la chimie~? Je ne le crois pas… Alors~?
Il me semble que si l’on analyse les raisons qui ont conduit à l’échec dans un cas et qui vont conduire au succès dans l’autre, on voit émerger deux points principaux~: les motifs et les statuts.
En ce qui concerne les motifs -~je vais essayer sur ce point de ne pas pratiquer la langue de bois~!~- dans le cas de la Fédération des chimistes, on se trouvait en présence de problèmes financiers d’une association et d’une demande impérative de ses bailleurs de fonds industriels que l’on peut résumer par la formule~: «dépenser moins pour avoir plus~!». Les discussions ont consisté à trouver un argumentaire cohérent pour expliquer l’intérêt scientifique grâce à de probables phénomènes de synergie et à partir de là, chaque association pouvait justifier son existence propre par sa participation à un ensemble qui n’était malheureusement que légèrement plus important.
Dans le cas de la Fédération des matériaux, le problème a été pris d’une manière moins équivoque. Le congrès de Tours a été imaginé, conçu et réalisé sur la base de la participation de pratiquement toutes les sociétés savantes travaillant dans le domaine des matériaux, et devant son très grand succès, il devenait logique de créer une structure de concertation pour maintenir forte cette dynamique.
Venons-en à ce qui concerne les statuts qui reflètent clairement les motivations initiales. Le projet de statuts de la Fédération des chimistes présentait une organisation très structurée avec conseil d’administration, bureau, comité de pilotage…, beaucoup plus proche de celui d’une association que de ce que l’on pouvait attendre d’une simple fédération. À l’inverse, lorsqu’on examine ce que propose la Fédération des matériaux, on voit une organisation très légère qui est une simple incitation à la concertation des organismes qui en font partie.
Les chimistes arriveront-ils à se regrouper~? Une remarque préliminaire : tous les acteurs le souhaitent. La Fondation de la Maison de la Chimie, qui a depuis longtemps le souci d’aider à un tel rapprochement, propose une formule nouvelle dite «Conférence Pasteur». Cette idée est très séduisante car cette «Conférence» n’étant plus une fédération de sociétés savantes, le système devient plus ouvert et l’on peut y voir adhérer le CNRS et pourquoi pas les départements d’autres grands organismes dans lesquels la chimie joue un rôle important. Dès lors que des participants de statuts très différents adhèrent, il devient clair que chaque organisme conserve ses particularités, ce qui implique pour que chacun se sente bien, d’éviter les structures lourdes et les hiérarchies~!
Ce grand rassemblement pourrait alors être le moteur de réflexions pluridisciplinaires autour de la chimie.
Bernard Sillion
Rédacteur en Chef
Couverture
Illustration reproduite avec l’aimable autorisation de Biomet Merck France.
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