Faut-il jeter l'indice h aux orties ?
Les universitaires français sont assez virevoltants.
Il était de bon ton dans les années~80 de consulter discrètement les éditions papier du «citation index» pour savoir qui, et combien de fois, avait cité nos publications (et celles de nos collègues~!), et proclamer que tout cela n’avait guère d’importance. Il a fallu quelques «tubes» tels que les zéolites en catalyse, la chimie supramoléculaire en organique, les supraconducteurs à haute Tc dans le solide, les nanotubes de carbone en physique… qui vinrent par effet de mode submerger les initiateurs découvreurs par une avalanche de papiers telle une nuée de sauterelles s’abattant sur un champ vierge de la science. Puis vint la généralisation de «la toile» qui permit de s’apercevoir avec stupeur d’un nombre hallucinant de citations pour certaines publications et d’auteurs si prolixes qu’il fallait imaginer des armées d’esclaves enfermés nuit et jour dans les caves d’instituts pour assouvir leur soif d’écrire.
Les surfeurs français prenaient, bien après nos collègues américains ou anglais, conscience de l’importance qu’avait pris le comptage bibliométrique. Dans nos doctes assemblées des comités du CNRS ou de l’Inserm, on se mit à parler citations, d’abord sous le manteau, puis plus ouvertement avec l’accès généralisé au «web of science» et la naissance de l’AERES, l’Agence nationale d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Passant d’un extrême à l’autre, les gouvernances élaborèrent des indicateurs écrits bibliométriques pour l’évaluation de «l’excellence» des universités, puis des unités et pire, des individus.
C’est ainsi que dans une nouvelle religion numérique, s’instaurait le nouveau culte des «bibliométrophiles» s’agenouillant avec ferveur devant le chiffre magique : le «facteur~h».
Le fichier PDF à télécharger contient deux articles :
«La chimie déresponsabilisée» (p.~3 de R.E.~Eastes)
et «Faut-il jeter l’indice h aux orties~?» (p.~3-4 de J.-C.~Bernier)