Jacques-Émile Dubois, un grand esprit
Jacques-Émile Dubois fut l’une des grandes figures de la chimie française de l’après guerre, mais plus largement de la science française. Il fut aussi un universitaire dont l’activité, l’enseignement et le rayonnement ont fait honneur à la France.
Sur le plan scientifique, il fut l’un des pionniers mondiaux de l’étude de la cinétique chimique rapide, un domaine qui verra un développement extraordinaire à partir des années 1995 grâce à l’utilisation des lasers. Divers prix Nobel ont récompensé ces recherches dont le plus récent est celui d’Ahmed Zewail. Mais qui commença avec celui de George Porter, Ronald Norrish et Manfred Eigen. Les travaux de J.-E.~Dubois appartiennent à cette première période, dite de la milliseconde.
Directeur de la recherche militaire, il fut l’un des artisans de cette collaboration entre recherche militaire et université, imitée du modèle américain, qui donna un coup de fouet à la recherche scientifique fondamentale au moment où les crédits étaient maigres. Il avait compris bien avant d’autres qu’entre recherche fondamentale et application, il n’y a pas de frontière et que l’innovation procède de l’inattendu. Il était aussi très attaché à l’université, à son rôle dans le pays, tant en diffusant le savoir qu’en le créant. Il fut l’un des fondateurs de l’Université Paris~7. Responsable du Conseil scientifique, nous avons travaillé ensemble et j’ai pu apprécier ses qualités intellectuelles exceptionnelles. J’en garde le souvenir d’un collègue enthousiaste, entreprenant, dynamique et plein de cette éthique intransigeante qui est la marque des grands universitaires.
Jacques-Émile Dubois était un grand esprit, qui a fait honneur à l’université française.
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