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La chimie algérienne: introduction

Article paru dans l'Actualité Chimique N°273 - mars 2004
Rédigé par Vermeulin Pierre

L’Actualité Chimique voulait apporter sa contribution à l’Année de l’Algérie en France, l’année 2003, en faisant mieux connaître la chimie et les chimistes de ce pays. Nous sommes clairement en retard au rendez-vous et il faut essayer de trouver quelques excuses. La principale est bien qu’en 2003 nos collègues algériens, et notamment ceux d’Alger et de ses environs, ont connu des évènements qui ne leur ont laissé que peu de temps pour prendre la plume. La seconde est qu’un journal comme le nôtre se fabrique avec beaucoup de sueur et de temps. Les articles de nos collègues, bien qu’envoyés à la fin de l’Année de l’Algérie, paraissent ainsi pour l’Année de la Chine.

Quelle importance au fond~? Avons-nous besoin de commémorations officielles et d’un prétexte pour accueillir nos collègues algériens dans la revue~? Qu’ils s’y sentent chez eux~; les amis n’ont qu’à pousser la porte et n’ont pas à attendre que quelque événement offre l’occasion de les y inviter.

Invoquer l’amitié n’est pas ici figure de style. Tous les chimistes du monde sont nos amis, mais il en est quelques-uns qui le sont plus affectivement que d’autres. Beaucoup de nos lecteurs ont une relation particulière à l’Algérie, son peuple et, bien sûr, ses chimistes. Ce peut être quelquefois des mois ou des années passées sur les mêmes bancs de l’université, le souvenir de thèses préparées dans leur laboratoire, de coopérations d’enseignement et de recherche et, pour les plus âgés d’entre eux, la marque encore cuisante d’années de guerre. Certains, se souvenant qu’ils ont été associés après 1962 à l’édification de l’Université algérienne, saisiront ce moment pour exprimer leur gratitude aux anciens collègues et étudiants pour leur confiance, la foi en un monde que le partage du savoir rendrait plus juste et la courageuse poursuite de cet objectif. Nous savons aussi que pendant plusieurs années, les années les plus sombres pour nos collègues, la coopération scientifique a été de fait suspendue, les laissant bien seuls quand la solidarité et l’ouverture sur le monde étaient source d’espoir. Les deux articles qu’ils nous ont envoyés pour les faire mieux connaître ont donc un poids singulier.

Fidèles à notre philosophie, nous n’avons pas voulu des articles sur la chimie en Algérie, que des Français auraient bien pu écrire, mais des articles sur la chimie que des Algériens vivent et font progresser et qu’eux seuls peuvent décrire. Et le choix qu’ils ont fait de nous présenter leur enseignement et leur journal est significatif. C’est leur identité et leur espoir qu’ils affirment.

Ces deux articles n’auront pas épuisé la soif de connaître de nos lecteurs. Nous aurons envie d’en savoir bien plus sur la chimie que nos collègues algériens pratiquent, sur leurs priorités d’enseignement et de recherche, sur leurs coopérations nationales, régionales, internationales, sur ce qu’ils nous apportent et ce que nous pouvons leur apporter. Les bonnes habitudes sont, dit-on, difficiles à prendre~; mais, quand elles sont prises, elles sont une seconde nature. Nous sommes donc persuadés que ces deux articles auront une suite prochaine.

Se mieux connaître pour mieux coopérer, c’est bien sûr notre but. C’est vrai pour nos Sociétés de chimie et pour nos chimistes. Ce devrait être vrai aussi, nous l’espérons, pour nos décideurs des deux pays, qui lisent à l’occasion notre revue, et qui peuvent tant pour développer les échanges entre nos chercheurs et nos enseignants.

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