La guerre des terres rares
Ces quinze dernières années, les terres rares sont devenues indispensables à l’élaboration de produits de hautes technologies critiques en matière d’énergie ou d’application militaire. Au départ, elles constituaient un très faible marché, mais le développement des technologies propres dans les années 1990, à l’initiative des pays développés, a conduit à une explosion de la demande (alliages métalliques pour les batteries, aimants permanents pour les éoliennes, luminophores pour l’éclairage de basse énergie). Leur extraction étant polluante et les Chinois en proposant des concentrés à bas coût, les pays développés se sont retirés de cette activité, la laissant aux Chinois.
En 2010, la Chine diminue brutalement ses quotas d’exportation de terres rares, mettant dans une situation délicate l’industrie basée sur celles-ci qui réalise brutalement, mais un peu tard, que la Chine est en position de monopole (elle en fournit 97~%) et qu’il n’y a pas de plan~B.
La contre-attaque est lancée. Les Américains possédant l’une des plus grandes réserves de terres rares mettent de gros moyen. L’Europe, autour de Rhodia Rare Earth Systems se mobilise dans la recherche de nouveaux approvisionnements et le recyclage des produits en fin de vie. Les Japonais, les plus menacés, se lancent dans le même processus. De son côté, la Chine, qui a en fait mesuré le danger des dégâts environnementaux créés par leur extraction intensive, souhaite elle aussi trouver des approvisionnements extérieurs. Par ailleurs, elle veut profiter de sa croissance interne pour assurer la fourniture des meilleurs produits finis sur son marché et prendre définitivement une position de leader mondial sur les produits…
Cet article a pour objet de cerner les causes de cette situation désolante dans laquelle les pays développés (États-Unis, Europe, Japon et Corée) se sont plongés et de faire le point sur la pertinence et la nature de la contre-attaque qui se met en place.
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