Leçons d'une enquête
L’analyse de l’enquête récente, menée par le bureau de la Société Française de Chimie, n’a pas réellement surpris le comité de rédaction.
De l’indifférence mais des attentes, tels sont les deux messages forts exprimés par nos lecteurs.
Certes, il est décourageant de constater que la moitié des personnes n’ait pas répondu à la question de savoir si la revue répondait, oui ou non, à leur attente.
Il est, par contre, motivant de relever que les réponses fournissent des indications, unanimes et précises, sur le contenu de la revue. A une large majorité, elles réclament des mises au point scientifiques, des articles sur des thèmes pluridisciplinaires, des informations sur les activités industrielles et sur les produits nouveaux, ainsi qu’une rubrique emploi… plus fournie.
L’interprétation du signal est évidente : en dépit des progrès, la revue ne donne toujours pas entière satisfaction. Mais les lecteurs n’ont pas trouvé d’autre revue de langue française pour se substituer à L’Actualité Chimique, et qui réponde mieux à leurs besoins.
Si elle est partagée, cette analyse interpelle la communauté chimique française. Ne traduit-elle pas une certaine coupure entre ses trois composantes – Enseignement, Recherche, Industrie – qui ne consultent pas les mêmes revues et ne partagent donc pas les mêmes préoccupations ?
Une telle situation ne favorise pas un dialogue approfondi au sein de la communauté dont les composantes concourent pourtant ensemble, de manière spécifique mais complémentaire, au développement, ou… au déclin de la chimie française.
L’Actualité Chimique tire les conséquences de cette analyse : elle poursuivra l’effort d’adaptation, étoffera sa partie industrielle et s’orientera vers des articles plus courts. Simultanément, elle est prête à participer à une concertation pour aider à la diffusion des informations techniques.
C’est ensemble qu’il faut oeuvrer pour une meilleure sélection des informations et leur rédaction sous une forme accessible et exploitable. A l’ère des progrès des technologies de la communication, la qualité – choix et contenu – des informations doit aussi progresser. Il nous faut trouver le niveau – ni trop spécialité, ni trop simpliste – qui permet un dialogue, large et fructueux. Certes, ce dialogue existe : il se chiffre en nombre de contacts, et devrait s’évaluer davantage en contenu et qualité des échanges. Trop d’initiatives sont encore prises, de manière indépendante et à des niveaux élevés. Les grandes consultations, colloques, assises ou autres plans sociaux restent-ils les seuls moyens de dynamiser la collaboration au sein de – et entre – les composantes de la communauté ou pour restituer la compétitivité des entreprises ?
La tâche est lourde. L’Actualité Chimique ne peut qu’y contribuer car elle dispose de moyens limités. Son apport et sa crédibilité dépendront de l’implication de ses membres. Elle doit aider à l’élaboration, l’entretien et la circulation de ce fond de connaissances qui constitue le socle et le ciment de la communauté.
Mais cette tâche n’est pas insurmontable. Les responsables des divisions et des sections régionales, et l’ensemble des membres de la Société sont sollicités pour proposer, sous forme brève, mises au point, informations, comptes rendus de manifestations, lettres au courier des lecteurs, pour mettre à la disposition de la communauté leurs compétences et leurs expériences.
C’est le devoir de tous, si nous voulons conserver une revue de langue française de bon niveau et éviter de nous orienter vers une chimie française à deux vitesses, condamnée à la relégation en deuxième division…
Le comité et l’équipe de rédaction sont à la disposition des membres pour, ensemble, mettre fin à l’indifférence et répondre aux attentes.
Gilbert Schorsch
Rédacteur en chef