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Perspectives européennes

Article paru dans l'Actualité Chimique N°175 - mai-juin 1993
Rédigé par Balavoine Gilbert

Une session plénière du Comité National de la Recherche Scientifique est un événement important pour le monde scientifique. Le Comité National qui est la plus haute instance scientifique en France, par le nombre comme par la qualité de ses membres, joue un rôle fondamental et exemplaire dans l’évolution de la recherche et comme conseil auprès du CNRS pour la gestion de la recherche, les recrutements et les choix scientifiques. Il a, notamment, la charge d’étudier dans notre pays la conjoncture scientifique et ses perspectives.

Le Comité National, qui ne s’était pas réuni en session plénière depuis 1948, a renoué avec cette pratique lors d’une première session en 1990, au Palais de l ‘ U N E S C O , consacrée á l’interdisciplinarité. La deuxième session plénière qui s’est tenue à Strasbourg, les 22 et 23 avril derniers sur le thème “«Perspectives européennes de la recherche scientifique»”, a confirmé la fonction prospective du Comité National dans le contexte de l’après Maastricht et de la préparation du quatrième programme cadre. Cette manifestation, inaugurée par M. François Fillon, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, et présidée par M. François Kourilsky, a rassemblé plus de 700 participants dont une centaine d’étrangers provenant notamment de 23 pays européens. L’importance de l’événement justifie que L’Actualité Chimique y consacre les quelques lignes de l’éditorial du troisième numéro de sa nouvelle formule, ainsi que quelques pages dans la rubrique Recherche.

«La recherche scientifique est un atout pour l’Europe et l’Europe est indubitablement un atout et une chance pour la recherche» a affirmé François Kourilsky.

«Après la mise en œuvre des premiers grands instruments dans les années soixante et l’institution des programmes communautaires par la suite, parachever l’œuvre accomplie par l’émergence d’une véritable Europe de la science est bien l’enjeu crucial des années quatre-vingt-dix» a de son côté déclaré François Fillon.

Les témoignages talentueux de Wolf Lepenies, recteur du Wissenschaftskolleg de Berlin, et des prix Nobel Carlo Rubbia et Georges Charpak, ainsi que les débats des six tables rondes ont apporté la preuve éloquente de la nécessité d’une véritable vision stratégique dans la construction d’une Europe de la science et d’une Europe par la science. Cette Europe là doit être l’affaire de tous, c’es-à-dire des laboratoires, des grands organismes, mais surtout celle des chercheurs.

Les douze propositions issues des six tables rondes témoignent des préoccupations et des urgences ressenties par la communauté scientifique : le multilinguisme, la cohérence de l’évaluation scientifique, la sensibilisation de la jeunesse aux métiers de la recherche, la création d’une association européenne de la science à l’instar de l’AAAS (American Association for de Advancement of Science), l’édition scientifique, faciliter la mobilité des visiteurs scientifiques vers et à l’intérieur de la CEE, l’aide et la coopération avec les scientifiques des pays d’Europe centrale et orientale et des pays du Sud.

L’Europe scientifique s’organise aussi par discipline, par thème et par programme. Dans le quatuor instrumental de l’orchestre européen actuellement constitué de la Commission des Communautés européennes, des procédures COST, de la Fondation Européenne de la Science et du cadre Eurêka, la communauté des chimistes doit être attentive à ce que l’œuvre de notre discipline ait la place qu’elle mérite et soit interprétée sans fausse note. La mise en place d’un programme COST Chimie, la mobilisation des industriels et des organismes de recherche pour défendre la place de notre discipline dans le prochain programme cadre de recherche et de développement de la CEE, indiquent la direction à suivre.

Gilbert Balavoine
Professeur
Institut de Chimie Moléculaire d’Orsay

Couverture
L’unité de fabrication d’hexaméthyléne diamine de Chalampé (Rhône-Poulenc).

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