Propos de rentrée
L’année académique qui s’ouvre devrait être fertile en événements. Depuis plusieurs
années, d’États généraux en Pacte pour la Recherche et en créations administratives (les agences, les réseaux, les pôles…), le système français de la recherche évolue. Cependant, les débats ne se calment guère, nourris par la critique des moyens affectés à la recherche et par les difficiles questions du statut des Universités et de leurs personnels. Des décisions énergiques sont annoncées par le gouvernement, qui donneront certainement naissance à des réflexions et des réactions : nous chercherons à nous en faire l’écho.
Mais pour l’heure, qui est encore de trêve estivale, jetons un regard vers le passé, en espérant y trouver quelque sagesse. Les festivités et les manifestations scientifiques du 150e~anniversaire de la création de la Société Chimique de France tout juste retombées –~colloque SFC07 et réunion à Paris des responsables des sociétés savantes de la chimie des principaux pays, dont on trouvera un compte rendu dans ce numéro (p.~62)~– nous y invitent. Elles fournissent l’occasion de se pencher une nouvelle fois sur ce que représente une société savante en France. L’article de Marika Blondel-Mégrelis que nous vous avons présenté dans le dossier du mois dernier fait bien sentir le paradoxe constitutif de leur existence, basée dès les origines sur les initiatives de quelques individus animés par leur dévouement à la communauté des chimistes, mais très irrégulièrement soutenue par la partie industrielle de cette communauté. Comment comprendre que cette fragilité des origines reste obstinément d’actualité~? Ceci entraîne une dangereuse faiblesse des moyens des sociétés savantes, qui décourage la motivation des chimistes anonymes. Comment comprendre cette contradiction que la SFC ait un nombre de membres dérisoire par rapport à ceux des sociétés américaine, anglaise ou allemande, comme on a pu encore le constater au cours des réunions du 150e~anniversaire citées plus haut, bien qu’elle soit un partenaire qu’elles respectent à la mesure de la qualité de la chimie française~? Comment ne pas voir les dangers de ce déséquilibre pour le sain épanouissement de tout un domaine technique~? Comment y remédier~? Les élections en cours pour le renouvellement du Conseil d’administration de la Société permettront-elles aux membres d’envoyer, par leur civisme, un signal encourageant~?
En parallèle de ces célébrations, la Société Française de Chimie est rebaptisée «Société Chimique de France»~: SFC devient SCF et un nouveau logo va bientôt être rendu public. Ce changement reste encore à officialiser par de hautes instances de la République, mais peut déjà s’annoncer. Il a été voulu pour montrer la permanence de notre société et le dossier cité plus haut rappelle que la société a connu plusieurs changements de nom sans que sa continuité n’en soit affectée.
Dans la rubrique Recherche, quatre médaillés de bronze 2006 du CNRS présentent leurs travaux. À côté de l’obligatoire diversité des thèmes concernés –~puisque les médaillés sont sélectionnés par les diverses sections du Comité national~–, les articles reflètent aussi la diversité des personnes. La présentation globale d’une méthode physico-chimique encore en développement (la microscopie électrochimique) avec ses promesses tant pour aller vers la compréhension fondamentale de la chimie des surfaces que pour la création de nouveaux objets, côtoie des présentations très ciblées. Parmi celles-ci, on note la vigueur des études des mécanismes catalytiques, stimulées par la recherche de nouvelles performances~: nouveaux matériaux polymères oléfiniques, chimie verte. On appréciera aussi une très belle étude où la chimie joue avec l’enchevêtrement des brins d’ADN et laisse entrevoir les démarches interventionnistes innovantes et prometteuses comme on en trouve à l’interface chimie/biologie.
Paul Rigny
Rédacteur en chef
Couverture
Photographie Freddy Minc, DR.
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