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Recherche industrielle et grands chimistes

Article paru dans l'Actualité Chimique N°232 - février 2000
Rédigé par Sillion Bernard

L’actualité chimique s’oriente vers la publication de numéros thématiques : thèmes pluridisciplinaires montrant, soit l’impact de la chimie sur la société, comme ce fut le cas avec le numéro de novembre, soit les évolutions récentes dans les différentes disciplines de la chimie. Préparer une revue thématique demande au minimum six à huit mois et nous vivrons donc une période de transition jusqu’au mois de septembre.
Pour le sommaire de février, un effort a été fait pour regrouper des articles sur des domaines dont l’importance des développements industriels est connue. La polymérisation photoinduite doit son essor actuel aux problèmes associés à l’environnement et aux économies d’énergie. Le craquage catalytique est un procédé clé de l’industrie du raffinage pour le contrôle de la production de carburants. Le génie chimique est incontournable pour l’industrialisation des résultats, et doit être prise en compte très tôt dans toute recherche finalisée. Enfin, les matériaux organiques fluorés ont conquis une position très forte dans les technologies de pointes (matériaux piézoélectriques, revêtement anti-adhérents pour métaux et textiles…) et sont indispensables dans la vie moderne.
A l’occasion de son compte rendu de la 13e Conférence de l’European Colloid and Interface Society qui s’est tenue à Dublin, G. Schorsch montre l’émergence de l’Irlande dans le domaine de l’industrie chimique de pointe. Nous allons sans doute assister dans le cadre européen à un rééquilibrage des sites industriels.
Y a-t-il une relation entre la capacité d’une nation à générer une élite scientifique et sa performance industrielle ?
La Fédération des Sociétés Européennes publie son enquête sur les 100 chimistes les plus célèbres des trois derniers siècles, et le principal intérêt de cette étude est de montrer l’Angleterre et l’Allemagne en tête des « nominés », bien avant la France qui occupe la troisième place, ce qui, me semble-t-il, est un bon reflet de l’importance industrielle de ces trois pays pendant la période considérée.
Je recommande la lecture du papier de Colin Russel qui décrit à merveille les difficultés de l’exercice de sélection de ce « hit-parade » (il faut vivre avec son temps et même la science n’échappe pas à la mode…).
Presque un quart des sociétés consultées n’a pas répondu , un autre quart n’a cité que ses propres ressortissants, et, par conséquent, seulement vingt sociétés qualifiées de « fair » (dont bien entendu celle de Grande-Bretagne) ont rempli correctement le questionnaire…
Sauf le respect dû à cette élite sortie du sondage, je ne puis pour terminer m’empêcher d’avoir une pensée pour les milliers de plus modestes chimistes de ces trois siècles à qui peut s’appliquer la très belle phrase de Théodore Monod* : « L’homme, cette étincelle entre deux gouffres, trace ici un chemin qui s’effacera après son passage. ».

Bernard Sillion
Rédacteur en chef

  • Théodore Monod, Le chercheur d’absolu, Gallimard, Folio, 1997.

Couverture : Les revêtements durcis par photoréticulation sont appréciés car ils permettent des cadences de séchage rapides (moins d’une seconde), sans émission de solvant volatil. Le revêtement anti-rayure des "compact-disc" est un exemple d’application de cette technologie.

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