La Médaille de l’innovation honore des recherches scientifiques exceptionnelles qui ont conduit à une innovation marquante sur le plan technologique, thérapeutique ou sociétal.
Pour cette seconde édition, le jury a récompensé trois chercheurs : le physicien Alain Benoît (spécialiste des solides à très basse température), le biologiste José-Alain Sahel (spécialiste de la vision), et Patrick Couvreur, pharmacien et biochimiste, spécialiste des nanotechnologies médicales, auteur de 450 publications* et dépositaire d’une cinquantaine de brevets.
Professeur à l’Université Paris-Sud (Institut Galien, Châtenay-Malabry) et titulaire de la chaire d’innovation technologique du Collège de France (2009-2010), ce pionnier des nanomédicaments a réussi l’exploit de faire pénétrer des principes actifs au cœur des cellules malades par de nouveaux systèmes d’administration et de vectorisation, ouvrant la voie à de nouveaux traitements plus efficaces.
C’est lors de son post-doctorat en 1977 à Zürich qu’il réussit une première mondiale en injectant dans des cellules de la fluorescéine dans des nanocapsules de nylon. Il utilisera par la suite un polymère à base de cyanoacrylate (une colle chirurgicale non toxique et biodégradable) pour l’élaboration de nanocapsules.
En 1984, il rejoint le laboratoire de pharmacie galénique de Châtenay ; il dirigera le laboratoire Physico-chimie, pharmacotechnie, biopharmacie de 1998 à 2010. En 1997, il montre que ses nanoparticules peuvent contourner les mécanismes de résistance des tumeurs. Cette découverte, brevetée, le conduit à fonder la même année la start-up BioAlliance – cotée en bourse en 2005, cette société emploie à ce jour plus de 60 salariés et vient d’entamer la dernière phase d’essais cliniques dans le traitement d’un cancer du foie.
Patrick Couvreur travaille actuellement sur un nouveau vecteur, le squalène, un lipide naturel et biocompatible, qui permet de transporter de dix à vingt fois plus de principe actif que les autres nanovecteurs. Le médicament n’est plus enfermé dans une capsule, mais accroché par une liaison chimique au squalène. Cette nouvelle découverte permettra d’administrer toutes sortes de médicaments (antibiotiques, antiviraux, anticancéreux). Il vient de créer une nouvelle entreprise, Medsqual, pour développer ce concept, notamment dans le traitement du cancer du pancréas.
*Voir dans nos deux numéros spéciaux publiés à l’occasion de l’Année internationale de la chimie : L’Act. Chim., 2011, 348-349, p. 58 et 353-354, p. 88.
Photo © CNRS Photothèque/Céline Anaya-Gautier