Le Prix 2016 de la Division de Chimie de Coordination, récompense cette année Dominique LUNEAU, Professeur à l’Université Claude Bernard de Lyon.

Après un DUT de chimie au Mans en 1981, puis un diplôme d’ingénieur chimiste à l’ENSC de Clermont-Ferrand en 1983, Dominique Luneau a soutenu une thèse de chimie de coordination de l’Université Paul Sabatier à Toulouse en 1987. Son travail de thèse, réalisé au Laboratoire de Chimie de Coordination du CNRS sous la direction de J.-P. Tuchagues, concernait la synthèse et l’étude des relations entre structure et propriétés magnétiques de complexes polynucléaires du manganèse(II). L’un des résultats majeur de son travail de thèse a été l’obtention d’un complexe dodécanucléaire du manganèse(II) (Inorg. Chem. 1988, 27, 3912-3918).
Il a ensuite passé deux années comme boursier JSPS au sein du Laboratoire de Chimie de Coordination de l’Institut for Molecular Science d’Okazaki au Japon, sous la direction des Professeurs S. Kida et H. Okawa. Pendant ces deux années, il s’y intéresse à l’utilisation des complexes de dioximes pour l’élaboration d’aimants à base moléculaire. Cela le conduit à synthétiser les premiers complexes polynucléaires à pont dioximate (Dalton Trans. 1990, 469-475).

En 1989 il passe avec succès le concours CR2 du CNRS pour un projet dans l’équipe de Paul Rey au Laboratoire de Chimie de Coordination du CEA-Grenoble dirigé par Jean-Claude Marchon. Il va y développer, jusqu’en 2002, la chimie de coordination des radicaux libres nitronyl nitroxyde pour l’ingénierie d’aimants à base moléculaire. Il s’agit sans doute là d’une de ses contributions majeures à la chimie de coordination. Il a en effet l’idée d’incorporer les radicaux nitronyl nitroxyde, qui sont des bases de Lewis faible, dans des chélates (J. Am. Chem. Soc. 1991, 113, 1245-1251). Cette recette simple va permettre d’étendre la chimie de coordination des radicaux nitroxydes à la plupart des ions métalliques d et f (Inorg. Chem. 1998, 37, 4518-4523 ; Inorg. Chem. 2014, 53, 9548−9560). Il s’en est suivi plusieurs résultats marquants. Il découvre ainsi la transition de spin moléculaire dans des complexes Cu(II)-nitroxyde qui résulte du basculement réversible thermo-induit d’une interaction antiferromagnétique qui devient ferromagnétique. Il a également synthétisé des polymères de coordination métal-radical qui sont des aimants à base moléculaire à hautes températures de Curie (Tc ~ 50K) (Angew. Chem. Int. Ed. 2002, 41, 586-589 ; Coord. Chem. Rev. 2005, 249, 2591- 2611).

En 2002, il quitte le CNRS pour un poste de Professeur à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Il intègre le Laboratoire des Multimatériaux et Interfaces (UMR 5615) où il crée une équipe centrée sur la chimie de coordination et les matériaux moléculaires magnétiques. Au nombre de ses résultats marquants depuis son arrivée à Lyon il faut noter : l’obtention de systèmes polymétalliques Cu(II)-Dy(III) à nucléarité contrôlée qui sont des molécules-aimants (SMMs) (Angew. Chem. Int. Ed. 2006, 45, 4659-4662) ; l’introduction de la chiralité dans les molécules-aimants et l’obtention du premier multiferroïque à base moléculaire (Chem. Sci., 2012, 3, 1169–1176) ; l’élaboration de systèmes magnétiques à base de complexes de calixarènes et thiacalixarènes avec un exemple rare de polyoxohexavanadate à valence mixte VIIIVIV5 (Inorg. Chem. 2005, 44, 9112-9120 ; Dalton Trans., 2007, 4582-4588 ; J. Am. Chem. Soc. 2008, 128, 2365-2371) ou encore des complexes osmium-nitrosyl pour le relargage d’oxyde nitrique à usage anticancéreux (Inorg. Chem. 2013, 52, 6260−6272).

Outre ses activités de recherches, ses enseignements au niveau L3 et M1 concernent pour une bonne partie la chimie de coordination. Il s’est également investit dans la promotion de la chimie, et de la chimie de coordination en particulier, en tant que membre de longue date de la SCF et par sa participation dans l’organisation de conférences. De 2007 à 2013 il a fait partie du bureau de la section Rhône-Alpes d’abord comme secrétaire puis comme Vice-président. En 1994 avec Paul Rey il a organisé CONCOORD-GECOM et en 2006 il a présidé à l’organisation du deuxième symposium MOLMAT. En 2012 il a assuré la coordination et l’organisation logistique de la remise des Grands Prix de la SCF à Lyon et en 2013 il a présidé l’organisation des Journées de la Division Chimie de Coordination à Lyon.

Dominique Luneau a développé une grande maîtrise dans la chimie de coordination de systèmes sophistiqués à base d’éléments d et f avec des résultats marquant tout au long de sa carrière. Ses recherches ont conduits à 159 publications dans des journaux avec des facteurs d’impact élevés et ses travaux font référence comme l’indique le nombre élevé de citations de ses articles. Il a fait preuve d’une grande mobilité géographique et thématique. Il est impliqué dans de très nombreuses collaborations nationales et internationales. Enfin, Dominique Luneau s’impliqué fortement au service de la communauté scientifique nationale.