50 ans, DR CNRS, directeur du LAMS, Université Pierre et Marie Curie, Paris

La SCF a décerné à Philippe Walter le Prix Joseph-Achille Le Bel pour son rôle dans le développement des méthodologies et des outils de caractérisation analytique dans les sciences des matériaux du patrimoine et de l’archéologie.

Philippe Walter est directeur de recherche au CNRS et directeur du Laboratoire d’archéologie moléculaire et structurale (UMR 8220 CNRS-Université Pierre et Marie Curie) qu’il a fondé en 2012. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud-Lyon, il entre au CNRS en 1995 comme chargé de recherche et est affecté à l’UMR 171 – Laboratoire du Centre de Recherches et de Restauration des Musées de France – où il développe une activité de recherche originale consistant en la mise au point de nouveaux outils analytiques de caractérisation des matériaux du patrimoine, domaine dans lequel il fait figure de leader mondial.

Son activité consiste essentiellement dans le développement des moyens de la science des matériaux en vue de réaliser des analyses directes non destructives ou des analyses sur de minuscules prélèvements. Les principales méthodes mises en jeu sont la spectroscopie de rayons X et les méthodes spectroscopiques optiques (proche et moyen infrarouge et spectroscopie Raman). Il complète ces approches, si nécessaire, par un recours au rayonnement synchrotron ou aux plateformes d’analyses équipées d’équipements mi-lourds (AGLAE, STEM, ToF-SIMS…). Un aspect important de l’instrumentation développée par Philippe Walter est la portabilité, permettant d’effectuer des analyses non invasives in situ et un accès aux œuvres impossible à transporter. Il porte ainsi le projet de Laboratoire mobile d’imagerie chimique non invasive des objets du patrimoine, financé par la région Ile-de France, caractérisé par différents dispositifs d’imagerie par spectrométrie de fluorescence des rayons X large surface ou haute résolution (50 microns), imagerie hyperspectrale visible et proche infrarouge, imagerie hyperspectrale induite par laser, techniques de caractérisation ponctuelle, notamment par diffraction des rayons X. Philippe Walter a participé aux développements de nombreux instruments originaux en collaboration avec le Louvre, la NASA, le CNES et le synchrotron Soleil ayant donné lieu à des dépôts de brevets. Au travers de nombreuses collaborations, il a travaillé à l’étude des tombes de l’époque ramesside à Louxor, établi des collaborations avec des musées nationaux (Palais Barberini à Rome, musée Capodimonte à Naples, musée du Prado à Madrid…) et participé à des chantiers à Delphes ainsi que dans la grotte Chauvet.

À côté de cette importante activité d’instrumentation, Philippe Walter développe un thème de recherche sur l’étude physicochimique des matériaux de la peinture, de leurs propriétés et de leur vieillissement à long terme. Elle porte sur l’analyse des matériaux constitutifs des œuvres peintes et sur les techniques employées au cours des âges, du Paléolithique supérieur au XIXe siècle en passant par l’Égypte ancienne et la Renaissance. Parmi les nombreux résultats spectaculaires obtenus, on peut retenir l’étude des glacis utilisés par Léonard de Vinci pour réaliser les ombres sur les visages. En collaboration avec L’Oréal, des recherches sur les fards de l’Égypte ancienne l’ont conduit à être commissaire de deux expositions, l’une à Paris au Musée de Cluny, l’autre au musée du Caire.

Son double ancrage en chimie et en sciences du patrimoine donnent à Philippe Walter une image forte et particulièrement réussie de l’interdisciplinarité à laquelle il apporte une forte contribution dans le domaine de l’enseignement. Cette intense activité a conduit à 120 publications, deux livres, des écrits de vulgarisation, et à de nombreuses conférences (250) dans des congrès scientifiques, historiques ou dans des manifestations moins spécialisées et auprès d’un grand public.

Philippe Walter a occupé la Chaire annuelle d’innovation technologique du Collège de France (2013-14). Il a été professeur associé à l’Université de Liège (2005-2013) et est actuellement « Senior Scientist » au Rijksmuseum d’Amsterdam. Il a reçu de nombreuses distinctions : Prix de la division Chimie physique de la SCF (1994), Médaille de bronze du CNRS (2000), Médaille d’argent du CNRS (2008), Prix Grammatikakis-Neuman de l’Académie des sciences (2004), Prix de la Fondation IxCore (2009), Prix Franklin-Lavoisier (2010).