53 ans, professeure à l’Université de Turin

La SCF a décidé de décerner à Silvia Bordiga le prix Franco-Italien, pour ses travaux remarquables pour l’étude de matériaux nano-structurés à haute surface spécifique (zéolithe), pour sa renommée internationale dans le domaine des MOF, ainsi que pour les coopérations dynamiques établies avec la communauté des chimistes français de la catalyse.

Silvia Bordiga a débuté sa carrière à l’Université de Turin où elle a obtenu en 1993 son doctorat intitulé « New structures in zeolitic frameworks: synthesis, characterization and properties » sous la direction du professeur Adriano Zecchina. Promue en 2016 au grade de Professoressa ordinaria (le plus haut grade du professorat dans le système académique italien), elle est aussi depuis 2012 « Full Professor » à l’Université d’ Oslo.

Silvia Bordiga est une spécialiste reconnue internationalement des méthodes spectroscopiques de pointe qu’elle a développées et appliquées pour la compréhension fine des propriétés physicochimiques des matériaux nanostructurés à haute surface spécifique. Sa renommée internationale est fondée sur sa capacité exceptionnelle à développer et appliquer ces méthodes en vue d’étudier la performance de tels matériaux en catalyse hétérogène. Parmi ses contributions notables, on peut noter ses travaux sur la définition du site actif et du mécanisme catalytique de plusieurs systèmes à base de zéolithes d’intérêt industriel : la TS-1 (titane silicate), un catalyseur unique pour l’oxydation partielle avec H2O2, les Fe-zéolithes (pour l’oxydation partielle avec N2O), le H-zéolithes pour le procédé « methanol to olefins », sur les zéolithes échangées au cuivre pour la réduction sélective de NOx avec NH3. Plus récemment, elle est devenue une référence incontournable dans le domaine des « metal organic framework » (MOF).

Dans ses domaines d’expertise, Silvia Bordiga s’est affirmée comme une référence mondiale, ce qui lui a permis d’établir des collaborations fécondes avec les laboratoires académiques les plus prestigieux, mais aussi avec de grands groupes industriels (BASF, Topsoe, SAES Getters, ENI, Evonik…). Elle s’est aussi distinguée à travers des travaux collaboratifs nombreux et fructueux avec des laboratoires français comme en attestent les 46 publications, 4 revues et 8 actes de congrès co-signés avec un membre de la communauté scientifique française. Il est à noter, par exemple un JACS 2008 cité 1 174 fois en partenariat avec l’Institut Lavoisier de l’Université Versailles St-Quentin en Yvelines et un Nature 2015 déjà cité 180 fois avec l’ESRF. Silvia Bordiga a tissé des liens particulièrement forts avec l’ESRF de Grenoble (et bien avant aussi avec le LURE) en participant au bureau pendant cinq ans et en assurant la présidence du comité scientifique de sélection de l’ESRF pendant deux ans et demi.
Elle s’est investie dans la construction de cadres formels de collaborations en obtenant deux bourses doctorales « VINCI » de l’Université Franco-Italienne, trois thèses en co-tutelle (deux avec CPE Lyon et une avec l’IFPEN), en participant à l’échange d’étudiants Master Erasmus Mundus (Université de Turin Université de Lyon 1), en participant à quatre contrats de recherche européens impliquant son équipe et au moins un partenaire français (Network of Excellence « IDECAT », STREP « MOFCAT », NMP « NANOMOF » et, en tant que sub-contractor, H2020 « PRODIA » avec notamment l’IRCELYON. Elle s’est aussi particulièrement investie dans la formation au niveau master et doctoral en France (École de catalyse « NANOCAT »), et en devenant professeure référent du Master Erasmus Mundus MaMaSELF (« Master in material science exploring large scale facilities ») qui rassemble un consortium de cinq universités, parmi lesquelles Rennes 1 et Montpellier.

Ses contributions exceptionnelles se traduisent par un bilan impressionnant au regard de la durée de sa carrière : 372 publications, 19 000 citations (index h = 83).