Alexander Kuhn, Professeur à l’Institut des Sciences Moléculaires (NSysA) de Bordeaux.
Après une thèse de doctorat en 1994 au Centre de recherche Paul Pascal (CRPP) de Bordeaux, Alexander Kuhn a effectué un stage post-doctoral au California Institute of Technology grâce à l’obtention d’une bourse de la fondation Alexander von Humboldt. Il a obtenu son HDR en 1999 à Bordeaux. Il a accompli sa carrière professionnelle comme enseignant chercheur d’abord à l’Université de Bordeaux 1 en tant que Maître de Conférences (à partir de 1996), et jusque PRCE2 (depuis 2018) à Bordeaux INP. Alexander Kuhn est aussi Professeur adjoint à VISTEC (Thaïlande) et à Henan University en Chine).
Ses recherches s’articulent autour de 4 axes principaux :
1) La structuration multi-échelle de la surface d’électrodes. Les approches développées par A. Kuhn permettent un contrôle précis aux échelles moléculaire, supramoléculaire, nanométrique, sous-micrométrique, micrométrique et millimétrique. L’amplification de l’activité électrochimique ainsi obtenue permet une amélioration significative de la sensibilité ou de la puissance des dispositifs, tels que les biocapteurs ou les bio-piles miniaturisées.
2) L’électrochimie bipolaire avec la synthèse de particules Janus, qui sont des nano- et microstructures dissymétriques dotées de deux ou plusieurs propriétés physico- chimiques différentes. L’électrochimie bipolaire, qui brise la symétrie des objets lorsqu’on applique un champ électrique, est une méthode simple et efficace pour la synthèse de telles particules en solution. C’est un outil de choix pour les domaines tels que la nanotechnologie, l’électronique ou la catalyse. C’est una activité phare dans les recherches menées par A. Kuhn qui en est un leader mondial.
3) Mouvement et actionnement : Les objets synthétisés par électrochimie bipolaire peuvent être utilisés pour générer du mouvement en réponse à des stimuli extérieurs tels que la lumière ou des molécules de « carburant ». De plus, la réaction d’électrochimie bipolaire peut être utilisée directement pour provoquer une propulsion de petits objets grâce à un mécanisme d’auto-régénération ou à une production localisée de bulles de gaz apportant ainsi une contribution originale aux outils disponibles pour la génération contrôlée de mouvement. Le groupe d’A. Kuhn l’a appliqué en utilisant des polymères conducteurs pour induire des déformations bien maîtrisées dans le domaine de la microfluidique.
4) la chiralité. L’intérêt d’Alexander Kuhn pour la chiralité a commencé pendant son post-doctorat et n’a fait que s’accroitre avec ses travaux sur l’approche chirale absolue qui consiste à induire un excès énantiomérique pendant une synthèse organique grâce à des phénomènes purement physico-chimiques. Il a ainsi développé la première surface métallique nanostructurée pour imprimer une information chirale à l’échelle moléculaire dans une électrode métallique. Les électrodes mésoporeuses obtenues ont été utilisées pour la séparation énantiosélective et l’électrosynthèse chirale, atteignant des excès énantiomériques impressionnants allant jusqu’à 98%. Dans le projet ELECTRA, financé par une subvention ERC Advanced Grant en 2017, il a développé une exploration des approches électrochimiques non-conventionnelles pour comprendre les réactions impliquées dans l’émergence de l’homochiralité sur terre dans des conditions prébiotiques.
A. Kuhn s’est également investi dans la vie institutionnelle scientifique et dans l’administration de la recherche, au niveau local, national et international en prenant des responsabilités dans différents bureaux et conseils (Membre du bureau SCF de la subdivision Electrochimie, section aquitaine, Ecoles doctorales, ENSCPB, AERES, comité national du CNRS, commission de spécialistes).
Alexander Kuhn est très impliqué dans la « bioelectrochemical society ». Il est membre de comités de lecture de différents journaux prestigieux Bioelectrochemistry (2007-), Electroanalysis (2012-), Electrochim. Acta (2013-2017), ChemPhysChem (2015-), Sci.Rep. (2015-), ChemElectroChem (2018-), Microchim.Acta (2020-), Chair du editorial board de ChemPhysChem (2019-2022).
Ses travaux ont conduit à plus de 280 publications (https://orcid.org/0000-0002-1962-4863) et 10 brevets, essentiellement dans le domaine de l’électrochimie, avec des applications en chimie analytique, bioélectrochimie, catalyse, nanomatériaux, particules Janus, micromoteurs, actionneurs, chiralité. Ces travaux ont été largement diffusés dans des publications grand public par le CNRS.
En 2015, il a été nommé membre distingué sénior de la SCF, et en 2023 il a obtenu la Médaille d’argent du CNRS.