Après son doctorat en sciences des matériaux à l’Université Pierre et Marie Curie (1992) et un postdoctorat à l’Université Johannes Gutenberg de Mayence (All.) au Laboratoire de Chimie inorganique de P. Gütlich, Azzedine Bousseksou commence sa carrière au CNRS en 1993 comme chargé de recherche au Laboratoire de Chimie de Coordination (LCC) à Toulouse, et obtient en 2000 son habilitation à diriger des recherches. En 2003, il crée et dirige l’équipe scientifique « Matériaux moléculaires commutables ». Aujourd’hui, directeur de recherche de classe exceptionnelle, il dirige le LCC depuis 2013 (~ 300 membres).

Ce chercheur mondialement reconnu dans le domaine de la transition de spin moléculaire et des matériaux moléculaires commutables a marqué son domaine en le faisant volontairement évoluer de l’étude des propriétés de bistabilité au niveau fondamental vers la mise en forme et l’intégration dans des dispositifs pour la photonique, la nanoélectronique et la nanomécanique.

Spécialiste de la transition de spin, il a développé trois approches conceptuelles complémentaires qui représentent aujourd’hui les fils conducteurs de l’évolution de son domaine au niveau mondial : le transport nanoélectronique (spintronique moléculaire), avec la mise en place des tous premiers dispositifs moléculaires permettant de coupler un état de spin avec le transport électronique dans une jonction nanométrique ; l’optique, menant à des dispositifs photoniques très performants avec la mise en place de capteurs nanothermométriques (brevetés) dépassant les dispositifs commerciaux actuels ; la variation réversible de volume moléculaire, avec la réalisation des premiers nano-actuateurs à sens contrôlé dont la combinaison chimique avec des polymères a permis la mise en place de matériaux actifs (« muscles artificiels ») avec des applications avancées en robotique et en micro-/ nanomécanique (projet ERC 2019 en cours d’évaluation). Chercheur très actif, Azzedine Bousseksou a été membre du réseau d’excellence européen sur le magnétisme moléculaire REX MAGMANET, de l’Institut européen sur le magnétisme moléculaire (EIMM), directeur du GdR « Magnétismeet commutation moléculaires » (2007-2011), co-coordinateur d’un GdRI franco-japonais (2004-2011), et membre du comité national du CNRS (2000-2004 et 2012-2016).

Son activité et sa production scientifiques sont exceptionnelles : plus de 300 publications (citées plus de 12 000 fois ; facteur h : 60), 14 brevets (dont 2 exploités), 4 chapitres de livre, 90 conférences dans des congrès internationaux, huit séjours invités à l’étranger. Ses nombreuses reconnaissances et distinctions témoignent de son rayonnement scientifique, lui conférant une position de leader mondial : membre de l’Académie des sciences, de l’Académie européenne des sciences, de l’Académie européenne des sciences et des arts, membre fondateur de l’Académie algérienne des sciences et des technologies (2015) ; prix de la division Chimie de coordination (2003), Prix Langevin de l’Académie des sciences (2009), Médaille d’argent du CNRS (2010), prix de la Société coréenne du magnétisme (2012).

Le Prix Süe lui est attribué pour sa contribution au rayonnement de la chimie dans le domaine du magnétisme moléculaire et de l’étude des matériaux moléculaires bistables à transition de spin, et ses nombreuses responsabilités collectives.