Après son doctorat à l’Université de Cambridge (dir. Stuart Warren), Jonathan P. Clayden a effectué un postdoctorat à l’École normale supérieure de Paris sous la direction de Marc Julia (1993-1994). Nommé professeur en 2001à l’Université de Manchester, il est depuis 2015 professeur de chimie à l’Université de Bristol. Ce spécialiste en synthèse asymétrique a obtenu des résultats remarquables dans la réactivité des organolithiens, et plus récemment dans le contrôle conformationnel dynamique de macromolécules hélicoidales.

Ses recherches se caractérisent par leur grande originalité et se sont concrétisées par de nombreux faits marquants, telle la découverte de formes originales de chiralité constituant une contribution majeure en stéréochimie. Il a en effet démontré que les amides aromatiques tertiaires n’étaient pas plans (contrairement aux amides classiques) et que des restrictions de rotation autour de la liaison C-N de la fonction amide étaient possibles, permettant l’établissement d’une chiralité axiale. Cette forme de chiralité, décrite à l’origine sur des composés biaryliques, est d’une importance primordiale dans la conception de catalyseurs chiraux, mais également dans l’étude de propriétés de biomolécules. Ce travail a connu des extensions très importantes dans les domaines de la chimie des acides aminés et de l’élaboration de nouvelles architectures moléculaires chirales. Un des thèmes majeurs de ses recherches actuelles, qui a conduit aux résultats les plus remarquables, est l’étude générale du contrôle conformationnel dynamique de macromolécules hélicoidales (protéines ou foldameres) : partant du postulat qu’une modification de structure a une des extrémités d’une hélice engendre des modifications conformationnelles qui se répercutent sur toute la longueur de la chaine, il a envisagé de modifier la structure globale de l’édifice, comme le sens de l’hélicité, ou d’induire à longue distance des réactions sélectives. Il a brillamment démontré cette hypothèse en créant des méthodes analytiques adaptées et en contrôlant à distance la stéréochimie de réactions. Il détient d’ailleurs le « record du monde » de l’induction longue distance, avec une réaction stéréosélective induite par un centre chiral distant de 61 atomes sur une chaine hélicoidale, soit une distance de 4 nm. Ces résultats ont été appliqués à la synthèse de molécules biomimétiques susceptibles de coder et véhiculer des informations. Ces phénomènes se rencontrent principalement dans des protéines transmembranaires, qui permettent la transmission du signal biologique de l’extérieur vers l’intérieur de la cellule via des processus chimiques. Ce projet a obtenu un financement de I’ERC.

Parallèlement, il a développé des recherches sur de nouvelles réactivités, en particulier celles des anions. L’un de ses plus remarquables résultats est la découverte de la capacité d’anions lithiés (nucléophiles) de s’additionner sur des aromatiques non appauvris (et donc nucléophiles), réactivité a priori très défavorisée. Cette propriété a été largement appliquée à de nombreux processus réactionnels totalement nouveaux : désaromatisations, migrations d’aromatiques de l’azote vers le carbone. Cette dernière réaction porte maintenant son nom : le réarrangement de Clayden. L’enseignement de la chimie organique a aussi fait sa notoriété. Il est en effet le principal co-auteur d’Organic Chemistry (2e édition, 2012, Oxford University Press), un ouvrage majeur qui figure dans les bibliothèques universitaires de par le monde, y compris dans sa traduction française, et qui est devenu une référence pour les enseignants et les étudiants.

Parfaitement francophone, Jonathan Clayden est depuis longtemps un partenaire privilégié de la chimie organique en France. Au cours de sa carrière, et depuis son stage postdoctoral à Paris, il a tissé de nombreux liens avec la communauté chimique française, en travaillant avec Aventis CropScience à Lyon, et plus récemment en collaborant avec Gilles Guichard sur la thématique des foldameres. Membre du comité d’évaluation du Labex SynOrg (Normandie-Centre), il a fait partie du comité d’experts de la Fondation pour le développement des substances naturelles (Académie des sciences). Très étroitement associé à l’édition scientifique et pédagogique, auteur de 283 publications (facteur h : 54), sa notoriété et sa visibilité internationales lui ont valu de nombreuses invitations dans des congrès internationaux, des séjours en tant que professeur invité – Rouen (2000 et 2001), Bordeaux (2003), Strasbourg (2005), Paris (Sorbonne Université, 2013) – et de nombreux prix : Novartis Young European Investigator Award (2004), RSC Award for stereochemistry (2005), Merck Prize of the RSC (2011), Tilden Prize of the RSC (2018).