Le Prix de la Division de Chimie de Coordination, dans la catégorie des «moins de 40 ans», récompense cette année Jean-Cyrille Hierso, Professeur à L’institut de chimie moléculaire de l’Université de Bourgogne (UMR CNRS 5260) à Dijon.

Jean-Cyrille Hierso, après une Maîtrise de Chimie-Physique à l’Université Paul Sabatier de Toulouse obtenue en 1993, intègre l’équipe du Dr. Bruno Chaudret au Laboratoire de Chimie de Coordination de Toulouse pour un DEA consacré à l’étude de nanoparticules du palladium et du platine, formées en solution à partir de complexes organométalliques. Il soutient sa thèse de Doctorat en novembre 1997 à l’Université Paul Sabatier, sur la synthèse de nanoparticules par dépôt chimique en phase vapeur (OMCVD) au départ de complexes de coordination du palladium et du platine sous la direction du Professeur Philippe Kalck, et en collaboration avec le laboratoire des matériaux de l’École Nationale Supérieur de Chimie de Toulouse. Il montre que l’introduction d’une faible quantité de gaz réactif en CVD permet d’abaisser à moins de 100 °C la température de dépôt métallique. Cette maîtrise inédite permet de former des agrégats ultra-dispersés de grande pureté sur des surfaces planes ou pulvérulentes. Il étudie à la fois la réactivité organométallique en phase gazeuse et les lois de germination et de croissance des agrégats (Chem. Mater. 1996, 8, 2481 et 2000 12, 390). Ce travail fondateur pour lui trouve encore des résonances dans les développements en catalyse hétérogène qu’il conduit actuellement (Adv. Funct. Mater. 2011, 21, 1064). Il s’en suit un stage post-doctoral au Laboratoire de Chimie de Coordination du CNRS, à Toulouse, sur la chimie des ligands pyrazolyl borate pour la synthèse de complexes organométalliques du tantale à liaisons agostiques, sous la direction du Professeur Michel Etienne. Jean-Cyrille poursuit sa formation par un second stage post-doctoral à vocation industrielle dans l’équipe du Professeur Jan Reedik à l’Université de Leiden, aux Pays Bas. Il travaille alors sur des complexes de coordination du cobalt, en vue d’applications comme initiateurs de polymérisation radicalaire pour des peintures non-toxiques.

Il est nommé en 2001 Maître de Conférences à l’Université de Bourgogne rejoignant l’équipe du Professeur Philippe MEUNIER, et initie alors une ligne de recherche totalement originale sur des ligands phosphine ferrocéniques polydentes, pour en étudier leurs propriétés, leur chimie de coordination et leurs applications en catalyse de couplage croisé. Une grande variété de ligands et de complexes aux multiples facettes est ainsi créée et valorisée (Chem. Soc. Rev. 2007, 36, 1754). Dans un premier temps, ces nouveaux ligands sont utilisés pour catalyser les couplages C–C ou C–N au palladium, et plus récemment, la démonstration est faite de la possibilité d’activation des liaisons C–H et C–Cl (Angew. Chem. 2010 49, 6650). Son travail en collaboration avec le Dr. Henri Doucet (Université de Rennes 1) contribue ainsi de manière très significative au développement d’une catalyse en présence d’une très faible quantité de catalyseur (inférieure à 0,01 %), en utilisant ses ligands ferrocéniques très robustes, initiant ainsi de nouvelles pistes pour la synthèse organique moderne. Il faut citer encore ses contributions méthodologiques et conceptuelles sur l’arylation d’alcynes (Org. Lett. 2004, 6, 3473 ou Organometallics 2008, 27, 1506, etc.), qui en font aujourd’hui l’un des experts du domaine, comme en témoigne la mise au point référence dans le domaine très abondamment citée (Angew. Chem. 2007, 46, 834). De manière plus fondamentale, il est le premier à pointer du doigt l’existence et l’importance de couplages spin-spin indirects entre atomes de phosphore à contrainte stérique significative (J. Am. Chem. Soc. 2004 126, 11077), ce qui a conduit dès lors la communauté internationale des chimistes à réaliser que ces couplages «à travers l’espace» sont plutôt communs, mais n’avaient jamais été mis en évidence et modélisés.

En 2006, il a soutenu avec succès son «Habilitation à Diriger des Recherches» à l’Université de Bourgogne, et a été nommé Professeur en 2009 au sein de cette même Université. La grande richesse et polyvalence scientifique qui le caractérise, avec comme axe central la chimie de coordination et tous les développements et applications qu’il sait en tirer, c’est traduite par la publication de 54 articles cités plus de 1000 fois à ce jour. Il a donné de nombreuses conférences invitées sur tous les continents et a déjà effectué de nombreux séjours dans plusieurs Universités étrangères (Münster, Hong-Kong, Kiev). Enfin, il faut noter qu’il a été invité très récemment à donner des conférences dans plusieurs congrès internationaux majeurs : dont La Gordon Conference « Physical Organic Chemistry » 2009, aux États-Unis, la Conférence ICOMC 2010 à Taipei (XXIVth International Conference On Organometallic Chemistry) et il sera l’un des quatre jeunes conférenciers pléniers européen à la XIXth European Conference on Organometallic Chemistry (EuCOMC) à Toulouse en 2011. Les projets développés par Jean-Cyrille sont inspirés des principes d’une chimie propre et durable en phase avec les aspirations de notre société. Des approches innovantes plus récentes concernent également des applications thérapeutiques et d’imagerie médicale. Sa créativité se traduit aussi par la prise de brevets (ligands polyphosphines hétérogénéisables PCT 2011). Finalement, lorsqu’il délaisse la science c’est au sport qu’il se consacre, soit comme « partenaire » de rugby de ses enfants, pratiquants bourguignons en moins de 9 ans (!), soit pour entretenir son 2e dan de ceinture noire de karaté Shotokan.