Professeur de chimie, Robert H. Crabtree, anglo-américain, a été initié à la chimie par deux géants anglais, M.L.H. Green et J. Chatt. Il a effectué un postdoctorat à l’ICSN dans le groupe de H. Felkin (1973-75) avant d’y être attaché puis chargé de recherche (1975-77). Il quitte le CNRS en 1977 pour l’Université de Yale où il détient depuis 2010 la chaire de chimie « Whitehead Distinguish Professor ».

Robert Crabtree est souvent considéré comme un organométallicien, mais l’impact de sa recherche dépasse très largement ce domaine. La catalyse d’hydrogénation et ses études sur les hydrures l’ont conduit à la découverte d’un catalyseur d’hydrogénation de référence, appelé catalyseur de Crabtree. La seconde étape de sa carrière a été consacrée aux réactions d’oxydation, notamment de la liaison C-H et de l’eau en relation en particulier avec la photosynthèse (en collaboration avec G. Brudvig) ; il a développé des catalyseurs à base d’iridium particulièrement efficaces pour l’oxydation de l’eau. Il s’est aussi préoccupé de développer des méthodes chimiques efficaces et respectueuses de l’environnement, en cherchant s’il était possible de stocker l’énergie sous forme de liaisons chimiques (C-H notamment) dans des systèmes moléculaires. Ses résultats sur les systèmes cycliques saturés ont attiré l’attention d’industriels comme GE Global Research et Air Products Corp.

Robert Crabtree est une référence mondiale (plus de 600 articles, facteur h : 110). Il est membre de trois académies – American Association of Art and Science (2011), National Academy of Science of USA (2017), Royal Society (2018) – et a reçu de nombreux prix : prix de chimie organométallique de la RSC (1991) et de l’ACS (1993), RSC Mond (2009) et Centenary RSC Award (2014).

Francophone en raison d’origines familiales, il entretient depuis le début de sa carrière des relations étroites avec la France – Yves Chauvin fut son parrain au CNRS – et n’a cessé de collaborer avec de nombreux laboratoires. Professeur invité (Dijon, Orsay, Montpellier), il a travaillé également avec des chercheurs à Toulouse (Chaudret, Sabo-Etienne) et Grenoble (Collomb, Deronzier, Duboc à l’Université et Koepf au CEA). Il a été invité régulièrement à des comités et réunions scientifiques ayant lieu en France (CONCOORD). Membre de nombreux jurys de thèse, il est particulièrement apprécié des étudiants en raison du caractère pédagogique de ses présentations. Son souci de communiquer et d’enseigner est illustré par son livre The Organometallic Chemistry of the TransitionMetals (7e édition, 2019, Wiley) très apprécié des professeurs français.