Professeur de physique-chimie à l’Université de Naples, puis directeur de l’École normale supérieure de Pise jusqu’au début de cette année (laboratoire SMART), Vincenzo Barone est un spécialiste de chimie théorique, mondialement reconnu pour son développement d’approches théoriques et calculatoires pour l’étude des propriétés structurales, dynamiques, électroniques, spectroscopiques ou de réactivité de systèmes complexes (matériaux, nanostructures, biomolécules…). Il est aussi l’une des références mondiales dans le domaine de la chimie quantique.

Dès le début de sa carrière, il a établi des liens très forts avec la France, où il a débuté ses premières recherches en chimie sous la tutelle d’André Julg à l’Université de Marseille. Après un « Laureat » en chimie théorique à l’Université de Naples, il a effectué son postdoctorat (1978-1981) à l’Université de Grenoble, sous la direction de Robert Subra, André Grand et Yves Ellinger. Leurs travaux sur la caractérisation des propriétés électroniques des radicaux organiques sont devenus le fruit d’une longue collaboration qui se poursuivra jusque dans les années 2000, lorsque l’équipe grenobloise partira à la retraite. Cette collaboration a été facilitée par un canal privilégié de contacts entre les écoles françaises et italiennes de chimie théorique, représentées dans les années 1970-80 par Gaston Berthier (Paris) et Giuseppe Del Ré (Naples). Ce canal a donné naissance au « CHITEL » (Congres des chimistes théoriciens d’expression latine), le congrès de chimie théorique le plus ancien avec le « Sanibel symposium ». Il a aussi démarré une collaboration étroite avec des expérimentateurs du CEA de Grenoble (Paul Rey et Jean Cadet). Durant cette même période, il rencontre à Naples Abdou Boucekkine, a l’origine des liens très forts avec l’école rennaise de chimie théorique inorganique. Avec l’élargissement de ses thématiques de recherche, son nombre de collaborations avec la France n’a cessé de croitre. On peut mentionner ses travaux avec l’Université de Pau sur la spectroscopie vibrationnelle (projet CNRS PICS, Claude Pouchan et Philippe Carbonniere). Plus récemment, ce réseau s’est étalé sur un troisième axe de recherche portant sur la photochimie, avec Thomas Gustavsson (CEA, Gif-sur-Yvette) et Carlo Adamo (Chimie ParisTech) et s’est également étendu au domaine de l’astrochimie avec Cecilia Ceccarrelli (Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble).

Toutes ces collaborations ont donné lieu à plus de 80 publications étalées sur une période de presque quarante ans, durant laquelle il a été amené à séjourner dans plusieurs laboratoires français et a été professeur invité à l’ENS Ulm (André Rassat), à l’UPMC (Esmail Alikhani) et à l’Université de Pau (Claude Pouchan). Il a également contribué au développement de la chimie théorique en France en s’impliquant dans le conseil scientifique de l’IRSAMC (Institut de Recherche sur les Systèmes Atomiques et Moléculaires Complexes) à Toulouse et au sein du conseil scientifique de l’Institut de chimie du CNRS (2008-2012). Président de la Societa Chimica Italiana (2011-2013), membre de plusieurs académies des sciences (Italie, Europe, Russie), ERC Advanced Grant (2013-2017), auteur de 750 publications (indice h : 86, 55 000 citations), Vincenzo Barone a reçu de nombreux prix et distinctions (Cesare Pisani Medal, 100 Excellence Italian Prize).