– Présentation
Le 1er décembre 2016, la Société chimique de France et l’American chemical society ont signé un accord de collaboration, comprenant l’attribution d’un prix conjoint. Il est remis en France à un chimiste Américain chaque année impaire. Les candidatures doivent être présentées par une section régionale ou une division scientifique de la SCF.
Le jury est le même que pour les Grands Prix nationaux de la SCF. Il est constitué de sept personnalités internationalement reconnues, membres de la SCF, dont la liste est soumise à l’avis du conseil d’administration de la SCF. Le jury peut s’entourer d’avis extérieurs, essentiellement en provenance de l’étranger. Les critères habituels de sélection des dossiers et de classement des candidats par le jury sont communiqués au conseil d’administration. – Remise des Prix
La remise des Prix binationaux a lieu dans le cadre de la cérémonie solennelle des Grands Prix de la SCF, généralement au 2e trimestre de l’année suivante.
Archive des lauréats
2023 - Kendall N. Houk
Kendall N. Houk
Professeur à l’Université de Californie de 2009 à 2021 (Saul Weinstein Chair in organic chemistry), Kendall N. Houk est depuis 2021 professeur de recherche émérite.
Ce prix lui est attribué pour ses contributions remarquables en chimie et biochimie moléculaire, en particulier ses descriptions par des méthodes théoriques des mécanismes de réaction. Ses méthodes de dynamique moléculaire ont permis de discuter les bifurcations dans les réactions pouvant conduire à deux produits provenant d’un seul état de transition : un défi pour la modélisation qu’il a résolue. Ses recherches théoriques sur les mécanismes et la conception des réactions catalysées par les enzymes ont conduit au concept de « théozymes » qu’il a créé.
Auteur de 1 500 publications (avec un index h phénoménal), il a reçu un nombre impressionnant de distinctions : Prix Roger Adams en 2021 (le plus important donné en chimie organique par l’ACS), et le prix Foresight Feynman Theory en 2021. Il est ainsi récompensé par la communauté expérimentale et la communauté des théoriciens.
Son importante collaboration avec la France a conduit à une vingtaine de publications avec des chercheurs de nombreux laboratoires : Rennes (Grée, Soulé) Paris (Cossy), Mulhouse (Blanchard), Saclay (Taran), Strasbourg (Wencel-Delord, Hoveyda).
2021 - Vincent L Pecoraro
Vincent L Pecoraro
Vincent L Pecoraro, 64 ans, professeur à l’Université du Michigan, est connu internationalement pour ses contributions majeures en chimie bio-inorganique, notamment sur le rôle de complexes et clusters du manganèse dans l’oxydation photosynthétique de l’eau. Il est également pionnier dans la conception de mimes de métalloenzymes et dans l’étude de complexes de type metallacrowns dont des propriétés magnétiques et/ou de luminescence uniques permettent des développements en imagerie médicale, domaine dans lequel des brevets ont été récemment déposés avec une équipe du centre de biophysique moléculaire d’Orléans.
Il a reçu de nombreuses distinctions américaines et internationales mais ses liens avec la communauté française sont particulièrement remarquables. Ils ont conduit à 35 publications communes et au dépôt de quatre brevets sur l’utilisation des matallacrowns à base de lanthanide comme sondes en biologie. Il a permis de nombreux échanges d’étudiants entre la France et les USA et en particulier quatre de ses étudiants ont reçu une bourse Chateaubriand de l’ambassade de France aux États-Unis.
Vincent Pecoraro a été lauréat en 2010 de la Chaire internationale Blaise Pascal qui lui a donné l’occasion d’un séjour d’une année en France. En 2021, il est docteur Honoris causa de l’Université d’Aix-Marseille et lauréat d’une bourse du Studium Research Professorship (Loire Valley Institute). Il est actuellement président de l’International Society of Biological Inorganic Chemistry.
2019 - Robert H. Crabtree
Robert H. Crabtree
Professeur de chimie, Robert H. Crabtree, anglo-américain, a été initié à la chimie par deux géants anglais, M.L.H. Green et J. Chatt. Il a effectué un postdoctorat à l’ICSN dans le groupe de H. Felkin (1973-75) avant d’y être attaché puis chargé de recherche (1975-77). Il quitte le CNRS en 1977 pour l’Université de Yale où il détient depuis 2010 la chaire de chimie « Whitehead Distinguish Professor ».
Robert Crabtree est souvent considéré comme un organométallicien, mais l’impact de sa recherche dépasse très largement ce domaine. La catalyse d’hydrogénation et ses études sur les hydrures l’ont conduit à la découverte d’un catalyseur d’hydrogénation de référence, appelé catalyseur de Crabtree. La seconde étape de sa carrière a été consacrée aux réactions d’oxydation, notamment de la liaison C-H et de l’eau en relation en particulier avec la photosynthèse (en collaboration avec G. Brudvig) ; il a développé des catalyseurs à base d’iridium particulièrement efficaces pour l’oxydation de l’eau. Il s’est aussi préoccupé de développer des méthodes chimiques efficaces et respectueuses de l’environnement, en cherchant s’il était possible de stocker l’énergie sous forme de liaisons chimiques (C-H notamment) dans des systèmes moléculaires. Ses résultats sur les systèmes cycliques saturés ont attiré l’attention d’industriels comme GE Global Research et Air Products Corp.
Robert Crabtree est une référence mondiale (plus de 600 articles, facteur h : 110). Il est membre de trois académies – American Association of Art and Science (2011), National Academy of Science of USA (2017), Royal Society (2018) – et a reçu de nombreux prix : prix de chimie organométallique de la RSC (1991) et de l’ACS (1993), RSC Mond (2009) et Centenary RSC Award (2014).
Francophone en raison d’origines familiales, il entretient depuis le début de sa carrière des relations étroites avec la France – Yves Chauvin fut son parrain au CNRS – et n’a cessé de collaborer avec de nombreux laboratoires. Professeur invité (Dijon, Orsay, Montpellier), il a travaillé également avec des chercheurs à Toulouse (Chaudret, Sabo-Etienne) et Grenoble (Collomb, Deronzier, Duboc à l’Université et Koepf au CEA). Il a été invité régulièrement à des comités et réunions scientifiques ayant lieu en France (CONCOORD). Membre de nombreux jurys de thèse, il est particulièrement apprécié des étudiants en raison du caractère pédagogique de ses présentations. Son souci de communiquer et d’enseigner est illustré par son livre The Organometallic Chemistry of the TransitionMetals (7e édition, 2019, Wiley) très apprécié des professeurs français.
2017 - Karl M. Kadish
Karl M. Kadish
Professeur à l’Université de Houston
La SCF a décidé de désigner le professeur Karl M. Kadish comme premier lauréat du Prix Franco-Américain, en reconnaissance de ses découvertes remarquables dans le domaine de l’électrochimie des porphyrines et phtalocyanines, et plus récemment des fullerènes et métallo-fullerènes, et aussi pour son implication exemplaire dans la collaboration avec la communauté française.
Karl M. Kadish a obtenu son PhD à la Penn State University en 1970 et a été ensuite chercheur post-doctoral à l’University of New Orleans (1970-71) puis chargé de recherche à l’Université de Paris 6 (1971-72). Apres quatre ans à la California Sate University, il a rejoint l’Université de Houston en 1976 pour y être nommé professeur.
Son domaine de recherche est la chimie analytique, l’électrochimie et la spectro-électrochimie de composés d’intérêt biologique, et plus spécifiquement des porphyrines et dérivés apparentés. Ses travaux constituent la référence pour les chercheurs qui s’intéressent aux processus redox des complexes macrocycliques de type porphyrine, phthalocyanine, corolle, qui ont fait et font toujours l’objet d’un nombre considérable de travaux. Il s’est aussi intéressé plus récemment à la chimie et l’électrochimie des fullerènes, organo-fullerènes et métallo-fullerènes.
Ses collaborations de recherche avec les groupes français ont été initiées en 1971 et ont été poursuivis durant plus de 40 ans à Paris, Strasbourg, à l’École Supérieure de Chimie Industrielle de Lyon (ESCIL), et plus récemment à l’Université de Dijon où il séjourna régulièrement au titre de professeur invité, participant activement à l’élaboration de nouveaux projets de recherche et d’édition. K Kadish fut « Co-Chairman » à Dijon de la première « International conference on porphyrins and phthalocyanines » (ICPP-1) devenue le congrès mondial de référence de la chimie macrocyclique (porphyrines et dérivés).
Karl Kadish est depuis 2003 Docteur Honoris Causa de l’Université de Bourgogne (UB), en reconnaissance des liens très étroits établis avec cette université. Il a aussi initié de nombreux programmes d’échanges entre les universités françaises avec lesquelles il a collaboré et l’Université de Houston. Ces programmes ont permis à une centaine d’étudiants français de se rendre à Houston pour préparer un master, un PhD ou s’initier à une ou plusieurs techniques analytiques lors de stages de six mois à un an. Une Société des Porphyrines et Phthalocyanines (SPP), dont le siège est à Dijon, a été fondée par K. Kadish qui en est le président depuis sa création. Le bilan de cette collaboration scientifique franco-américaine est exceptionnel.
Karl Kadish a publié 570 articles dans les journaux à fort impact, dont plus de 250 articles cosignés avec un laboratoire français sur la période 1973-2017. Il a édité plus de 80 livres et dirigé une équipe qui a accueilli plus de 125 étudiants en Master, PhD et chercheurs postdoctoraux. Il est actuellement éditeur en chef du Journal of Porphyrins and Phthalocyanines et président de la Society of Porphyrins and Phthalocyanines depuis sa création en 2000. Il a coédité une série de 53 volumes intitulée The Porphyrin Handbook et Handbook of Porphyrin Science. Parmi ceux-ci, 20 volumes du Handbook of Porphyrins and Related Macrocycles et 44 volumes du Handbook of Porphyrin Science ont été coédités avec Roger Guilard. En parallèle, il a publié un manuel, Practical Electrochemistry (2015) et une série de six volumes du Handbook on Carbon Nanomaterials (2011-2014). Il a présenté 88 conférences lors de congrès internationaux cosignés par des chercheurs français.