Présentation
La Société chimique de France et la Société Chimique Portugaise ont signé un accord de collaboration, comprenant l’attribution d’un prix conjoint. Il est remis en France à un chimiste Portugais chaque année paire. Les candidatures doivent être présentées par une section régionale ou une division scientifique de la SCF.
Le jury est le même que pour les Grands Prix nationaux de la SCF. Il est constitué de sept personnalités internationalement reconnues, membres de la SCF, dont la liste est soumise à l’avis du conseil d’administration de la SCF. Le jury peut s’entourer d’avis extérieurs, essentiellement en provenance de l’étranger. Les critères habituels de sélection des dossiers et de classement des candidats par le jury sont communiqués au conseil d’administration.
Remise des Prix
La remise des Prix binationaux a lieu dans le cadre de la cérémonie solennelle des Grands Prix de la SCF, généralement au 2e trimestre de l’année suivante.
Archive des lauréats
2024 - Filipa Ribeiro
Filipa Ribeiro
Filipa RIBEIRO, Full Professor au Chemical Engineering Department, Instituto Superior Técnico (IST), University of Lisbon, Portugal
Après avoir obtenu son doctorat à l’université de Lisbonne en 1989 en partenariat avec l’IFPEN, consacrant le début de sa collaboration très prolifique avec la France, la professeur Ribeiro a ensuite obtenu un poste de professeur au Département d’Ingénierie Chimique de l’Université de Lisbonne (Instituto Superior Técnico, IST).
Tout en présentant un caractère fondamental, ses activités de recherche ont une visée appliquée significative. Elles se situent principalement en transformation catalytique des carburants et des effluents gazeux, en particulier dans le domaine de la catalyse acide ou bifonctionnelle pour des applications de raffinage et pétrochimie, et prennent en compte des problématiques industrielles importantes telles que les processus de désactivation des catalyseurs zéolithiques, ou les conséquences du mélange de biomasse à une charge pétrolière dans les procédés de craquage catalytique. Filipa Ribeiro a également développé des recherches dans le domaine de la catalyse environnementale (réduction des NOx, décomposition des COVs), ainsi que dans le captage et la valorisation de CO2.
Sa collaboration avec les laboratoires et les partenaires industriels français est quasiment ininterrompue depuis près de 40 ans, et génératrice d’une production scientifique importante (62 articles, 4 brevets). Elle a collaboré principalement avec l’IFPEN, le Laboratoire de Réactivité de Surface (Sorbonne Université), l’Université de Strasbourg, ainsi qu’avec les Universités de Poitiers, de Lyon, de Montpellier et de Lorraine. Elle a été partenaire de projets bilatéraux franco-portugais, de projets européens, d’un GDRI, ce qui l’a amenée à diriger de nombreux doctorats en co-tutelle avec la France. Ses collègues français soulignent sa très bonne francophilie, ce qui l’a amenée à être invitée à de nombreux jurys de thèse en France.
Enfin, elle a beaucoup œuvré pour la communauté au sein de sociétés savantes, puisqu’elle a été membre très active de la division “Catalyse et Matériaux Poreux” de la Société Portugaise de Chimie, dont elle a été présidente de 2013 à 2016. A ce titre, elle a été la représentante du Portugal au sein d’associations internationales telles que la FISOCAT (Fédération Ibéro-Américaine des Sociétés de Catalyse), la FEZA (Fédération Européenne des Sociétés de Zéolithes) et l’EFCATS (Fédération Européenne des Sociétés de Catalyse).
La professeure Filipa Ribeiro a une production scientifique riche de 165 articles (h-index : 36, près de 4700 citations). Elle est par ailleurs auteure ou co-auteure de 6 brevets, 9 chapitres de livres, 16 conférences invitées et 80 présentations dans des congrès. Elle a été récompensée par le prix senior de la Fédération Ibéro-américaine des Sociétés de Catalyse en 2022 pour l’ensemble de sa carrière.
2022 - José Nuno Canongia Lopes
José Nuno Canongia Lopes
José Nuno Canongia Lopes est actuellement Professeur au Chemical Engineering Department de l’Université de Lisbonne. Depuis 2019, il dirige le CQE (Centro de Quimica Estrutural), plus grand centre de recherche de l’Université de Lisbonne dans le domaine de la Chimie avec plus de 400 chercheurs.
José Nuno Canongia Lopes est un chercheur internationalement reconnu, notamment pour ses travaux sur les liquides ioniques. Ses centres d’intérêt se situent dans les domaines de la modélisation moléculaire de fluides complexes et de matériaux, tels que les liquides ioniques, les composés organométalliques, les apatites, les matériaux carbonés, les dendrimères. Ses recherches ont par conséquent des répercussions considérables pour de nombreuses applications. Dans le cadre d’une collaboration très active, José Nuno Canongia Lopes et Agílio Pádua ont publié en 2006 un champ de forces, applicable à un grand nombre de liquides ioniques, très utilisé expérimentalement, ce qui a permis des avancées nombreuses et significatives. José Nuno Canongia Lopes s’implique également dans des recherches expérimentales, notamment dans des mesures de propriétés thermophysiques importantes pour la description des équilibres de phases pour les fluides.
Ces recherches exceptionnelles ont conduit à la publication d’environ 230 articles de haut niveau. Certains articles de référence font partie du Top 5 des articles les plus cités en chimie (source Web of Science). Signe de reconnaissance supplémentaire, José Nuno Canongia Lopes est invité régulièrement à donner des conférences plénières, certaines dans les Congrès les plus importants du domaine des liquides ioniques.
Au-delà de visites de courte durée, José Nuno Canongia Lopes entretient une collaboration depuis plus de 20 ans avec Agílio Pádua, à l’Université de Clermont-ferrand, où il a été professeur invité en 2006 et actuellement avec le Laboratoire de Chimie de l’ENS de Lyon. Certaines des publications issues de ces collaborations ont littéralement révolutionné les recherches sur les liquides ioniques.
2020 - João Rocha
João Rocha
João Rocha est un chimiste du solide de renommée internationale. Il dirige actuellement l’Institut des Matériaux de l’Université d’Aveiro (CICECO) qu’il a fondé en 2002, le plus grand institut portugais dans le domaine de la science et de l’ingénierie des matériaux. Son parcours scientifique a commencé avec la RMN du solide sur des argiles et des zéolithes au cours de sa thèse en 1990 et de son postdoctorat dans le groupe de Jacek Klinowski à Cambridge. Depuis 1991, il mène ses recherches à l’Université d’Aveiro où il est habilité à diriger des recherches en 1997 et est nommé « Full Professor » en 1999.
Ses recherches couvrent un spectre particulièrement large, vont de domaines très fondamentaux jusqu’à des aspects très appliqués. Au-delà de la RMN du solide, qu’il continue à utiliser et développer comme outil de caractérisation avancée, il mène des recherches très fructueuses dans le domaine des solides poreux (synthèse de très nombreux analogues de zéolithes, des silicates de métaux de transition et de lanthanides), avec des applications surtout en catalyse mais aussi en magnétisme, luminescence, stockage et séparation de gaz. L’un de ces composés, un silicate de zirconium, a donné lieu à un médicament (Lokelma®) comme traitement de l’hyperkaliémie (excès de potassium dans le plasma sanguin). Il est également particulièrement reconnu pour ses travaux sur les MOF (« metal-organic framework ») et polymères de coordination incorporant des ions lanthanides, avec comme application principale la luminescence et la nanothermométrie. Il développe par ailleurs des recherches sur des nanoparticules d’oxydes en tant qu’agents de contraste en IRM, et sur des matériaux poreux pour le relargage contrôlé de petites molécules.
Auteur de près de 500 articles (indice h : 74 ; environ 22 500 citations), co-auteur de 25 chapitres de livre et co-inventeur de 4 brevets, João Rocha est membre de l’Académie européenne des sciences (EURASC), de l’Académie des sciences du Portugal, de Chemistry Europe, Fellow de la Royal Society of Chemistry. En tant que membre du National Science and Technology Council, il fut conseiller du Premier ministre du Portugal (2012-2014). Il a reçu le « Prize for Scientific Excellence » (Portuguese Science Foundation, 2005), le « Madinabeitia-Lourenço Award » (Société espagnole de chimie, 2014) et le Prix Ferreira da Silva en 2016 (la plus haute distinction de la Société portugaise de chimie).
João Rocha entretient des liens avec de très nombreux chercheurs français (Caen, Lille, Bordeaux, Mulhouse) en chimie du solide et chimie des matériaux hybrides et poreux, RMN du solide ou encore chimie de coordination. Il est particulièrement investi dans le fonctionnement de la recherche française, participant à de très nombreux comités scientifiques et d’évaluation de laboratoires et réseaux français (PIA, HCERES, ANR, European Starting Grants, Labex MATISSE, CHARM3AT). Il s’est fortement impliqué dans le réseau européen COST MP1202 (2012-2016) sur le design des matériaux hybrides organiques/inorganiques.
2018 - Armando J.L. Pombeiro
Armando J.L. Pombeiro
Le Prix franco-portugais – le premier attribué par la SCF – lui est décerné pour ses travaux remarquables dans la synthèse de catalyseurs multinucléaires innovants à base de complexes métalliques utilisés dans les procédés d’intérêt industriel, et son implication avec la communauté française.
Diplômé d’ingénierie chimique à l’Instituto Superior Téchnico (IST) de Lisbonne en 1971, Armando Pombeiro a rejoint l’Université du Sussex où il obtint son PhD en 1976. Actuellement professeur à l’IST, il dirige le Centre de chimie structurale et préside le Collège de chimie de l’Université de Lisbonne. Ses activités de recherche ont toujours porté sur une thématique orientée synthèse et catalyse dont il assume encore la coordination.
Armando Pombeiro a développé́ des catalyseurs extrêmement innovants à base de complexes métalliques, et c’est dans le domaine de l’oxydation qu’il s’est fait un nom au plan international. Il a par exemple découvert des procédés de carboxylation oxydante des alcanes avec des catalyseurs au vanadium, d’oxydation des alcanes par peroxydation en alcools et cétones par catalyse au cuivre multinucléaire, et d’oxydation du cyclohexane en acide adipique par l’ozone. Il a mis au point une variété de catalyseurs souvent moléculaires du cuivre et du vanadium jusqu’aux catalyseurs multinucléaires et/ou polymères de coordination pour la péroxydation dans l’eau, s’appuyant souvent sur l’électrochimie et les calculs théoriques pour élucider les mécanismes des réactions.
Ses travaux ont donné lieu à plus de 700 publications et 40 brevets, allant jusqu’à la frontière des procédés industriels, et lui ont valu plusieurs prix (Prix de la Société Royale de Chimie Espagnole, Prix Ferreira da Silva de la Société Chimique Portugaise, Prix de la Société d’Électrochimie Portugaise) et de nombreux honneurs (membre de l’Académie des sciences du Portugal depuis 1988 et secrétaire général (2001-2005)). Co-fondateur de la Société Portugaise d’Électrochimie dont il fut le président, il a été aussi membre du Haut Conseil pour la science, la technologie et l’innovation du Portugal.
Ses coopérations avec la France sont multiples. Il a enseigné en DEA puis en master à l’École polytechnique de Palaiseau (2003-2016). En recherche, il a animé avec Christian Amatore un projet franco-portugais INIC-CNRS sur l’activation des petites molécules et de liaisons métal-ligands par électrochimie (1992-96) – conduisant à l’édition de Trends in molecular electrochemistry (M. Dekker, 2004) et à de nombreuses publications –, a participé au réseau européen Marie Curie (1994-1997) sur les systèmes métal-carbènes, coordonné par Stefano Maiorana (Milan) et impliquant Pierre Dixneuf, puis animé un réseau européen Marie Curie sur la catalyse en milieux aqueux, coordonné par Maurizio Peruzzini (Florence), impliquant Jean-Pierre Majoral et Rinaldo Poli (2004-2007). Organisateur du congrès international ICOMC 2012 à Lisbonne, il a invité vingt chimistes français à présenter une communication orale en plus du conférencier plénier (Bruno Chaudret) et des deux conférenciers invités (Sylviane Sabo-Etienne, Jean-François Carpentier), faisant ainsi de la France la délégation la plus impliquée.