Hommage à Daniel Duprez
« Toutes les personnes qui ont eu la chance de collaborer avec lui garderont en mémoire au-delà de ses qualités scientifiques, ses nombreuses qualités humaines telles que sa générosité, son esprit toujours constructif et son optimisme. »
Né en 1945, Daniel Duprez a obtenu le Diplôme d’Ingénieur de l’Ecole Nationale des Industries Chimiques ENSIC (Nancy) en 1967. Après être entré au CNRS en 1969, Daniel Duprez a obtenu un Doctorat ès Sciences (INPL Nancy) en 1975. Ses travaux portaient sur la conversion des aromatiques sur alumines et sur l’étude des mécanismes de formation des grosses molécules aromatiques de la houille. Suite à un détachement de 2 ans (1976-1978) dans le groupe « Catalyse » du centre de recherche Elf-Solaize, il a rejoint le laboratoire de catalyse à Poitiers en 1978
C’est durant cette période qu’il a initié les premiers travaux sur le vaporeformage sélectif des aromatiques sur métaux. Ces travaux lui ont permis de développer le concept de mobilité de surface en catalyse. Les vitesses de réaction étant beaucoup plus impactées par la nature du support que par la phase métallique, il a proposé un mécanisme bifonctionnel métal/support dans lequel l’hydrocarbure est activé sur le métal et l’eau sur les sites hydrophiles du support. C’est pour mesurer cette mobilité, qu’il a développé une technique d’échange 18O/16O en utilisant le métal comme porte d’entrée de l’oxygène dans le matériau. L’expérience acquise dans le domaine des hydrocarbures a par la suite été appliquée au vaporeformage des alcools et notamment de l’éthanol pour la production d’hydrogène (piles à combustibles).
Depuis les années 90, Daniel a également appliqué le concept de mobilité à la Catalyse de dépollution automobile où le principe de « Stockage d’oxygène » dans les matériaux s’est avéré décisif pour rendre compte des performances accrues des catalyseurs à base de cérine en conditions transitoires de concentration d’oxygène. L’outil développé à Poitiers a été adapté à l’étude des matériaux à très haute mobilité d’oxygène (cérine et surtout composés mixtes cérine-zircone), en introduisant dans le modèle de mobilité des étapes supplémentaires telles que les formations d’espèces superoxydes et peroxydes. Plus récemment et particulièrement depuis son éméritat en 2011, Daniel Duprez s’est attaché à comprendre le rôle des interfaces et des joints de grains (dislocations) dans les phénomènes de mobilité et les processus catalytiques. Son expertise reconnue dans le monde entier des Etats-Unis au Japon se traduit par plus de 300 publications scientifiques, 20 revues et chapitres de livres et 78 conférences invitées.
En parallèle à son activité scientifique intense, Daniel a joué un rôle important dans le développement de la catalyse hétérogène à Poitiers en étant directeur adjoint du Laboratoire de Catalyse en Chimie Organique (LACCO) entre 1991 et 1999 puis directeur du LACCO pendant 2 mandats, de 2000 à 2007. Il a ensuite dirigé de 2008 à 2010 la Fédération REAUMUR qui a conduit à la création de l’Institut de Chimie, des Milieux et Matériaux de Poitiers (IC2MP).
Daniel Duprez a fortement contribué à promouvoir la catalyse française au niveau international notamment durant ses 2 mandats de Président de DivCat de la SCF de 2006 à 2012.
Daniel Duprez a également beaucoup œuvré pour l’éducation des générations futures aux principes fondamentaux et à la pratique de la catalyse. Il a servi la communauté des chimistes de manière désintéressée en organisant ou en participant à l’organisation de symposiums et de conférences internationales. Il a enseigné à la communauté par le biais d’excellentes revues critiques très importantes sur différents aspects de la catalyse. Il a incarné tout au long de sa carrière l’esprit de l’enseignant et du chercheur, tout en apportant des contributions très importantes à l’application de la catalyse dans des domaines ayant un grand impact sur la synthèse chimique durable et la production de vecteurs énergétiques pour l’avenir.
Directeur de recherche émérite de 2011 à 2021, Daniel a continué à venir régulièrement à l’IC2MP pour échanger avec ses collègues et transmettre son savoir, toujours avec bienveillance. Parti à Lyon depuis un an pour raison de santé et se rapprocher de ses enfants, il continuait de prendre des nouvelles des uns et des autres tant sur le plan professionnel que personnel. Sa curiosité scientifique restait très présente et ses envois occasionnels d’articles de journaux scientifiques ou non pour échanger sur l’actualité vont tristement nous manquer. Toutes les personnes qui ont eu la chance de collaborer avec lui garderont en mémoire au-delà de ses qualités scientifiques, ses nombreuses qualités humaines telles que sa générosité, son esprit toujours constructif et son optimisme.