Prix et Lauréats
Lauréats 2024
Prix André Collet
Ce prix a été, cette année, conjointement décerné aux Dr. Ling Peng et Dr. Mihail Barboiu.
Dr. Ling Peng
Ling Peng, directrice de recherche de classe exceptionnelle au CNRS, est responsable de l’équipe Biomolécules et Biomatériaux du Centre Interdisciplinaire de Nanoscience de Marseille (CINaM). Depuis son entrée au CNRS, Ling Peng travaille activement à l’interface de la chimie et de la biologie.
Les travaux du Dr Peng dans la chimie des dendrimères supramoléculaires capables de s’auto-assembler ont inspiré et transformé le domaine de la science des dendrimères pour les applications biomédicales. Elle a développé une approche supramoléculaire véritablement innovante pour la synthèse de dendrimères fondée sur l’auto-assemblage de briques moléculaires amphiphiles. Ces briques moléculaires amphiphiles peuvent être facilement conçues et rapidement synthétisées, pour former après auto-assemblage une grande variété de dendrimères supramoléculaires. Il est particulièrement remarquable que ces dendrimères supramoléculaires sont modulables et adaptatifs pour former des complexes d’inclusion et encapsuler des molécules invitées, y compris des agents thérapeutiques, des acides nucléiques et des agents d’imagerie pour différentes applications biomédicales. Ce concept pionnier a permis aux scientifiques de concevoir des dendrimères supramoléculaires de tailles, formes, propriétés et fonctions diverses pour des applications spécifiques.
Dr Ling Peng est co-autrice de plus de 160 publications internationales et de 7 brevets. Son équipe de recherche est labellisée par la Ligue contre le Cancer depuis 2016. Elle est membre distinguée de la Société Chimique de France, et a déjà été honorée par le prix du Dr et de Mme Henri Labbé de l’Académie des Sciences et le Grand Prix SCF SUD PACA.
Dr. Mihail Barboiu
Mihail Barboiu est Directeur de Recherche de Classe Exceptionnelle au CNRS et responsable de l’équipe Nanosystèmes Supramoléculaires Adaptatifs. Il a apporté des contributions très significatives à la recherche en chimie supramoléculaire et en chimie constitutionnelle dynamique, où il s’agit de générer des systèmes supramoléculaires fonctionnels à partir de blocs moléculaires qui interagissent et s’échangent de manière réversible. L’auto-assemblage contrôlé de composants peut permettre la circulation très efficace d’informations structurelles du niveau moléculaire vers des systèmes ayant une dimension nanométrique ou même micrométrique. A ce niveau, il est bon de rappeler les nombreuses études qui ont exploré les architectures de canaux ioniques artificiels comme systèmes potentiels de la conduction naturelle des ions. De façon étonnante on constate beaucoup moins d’apports et de progrès dans le domaine des canaux d’eau synthétiques. Or, le développement biomimétique de canaux d’eau et de pores contribue à une meilleure connaissance de la fonction de transport sélectif d’eau des canaux naturels, les Aquaporines, pour offrir de nouvelles stratégies afin de fabriquer des systèmes de purification de l’eau hautement sélectifs. C’est le mérite du Dr Barboiu d’être devenu un pionnier du développement des premiers canaux d’eau artificiels ! Il a décrit comment ces systèmes peuvent répondre à son premier objectif du maintien d’une fonction naturelle, il a apporté de nombreuses connaissances dans le domaine des canaux d’eau artificiels biomimétiques, et il a réalisé des découvertes capitales pour l’avenir. En même temps, ces canaux d’eau synthétiques sont des modèles d’étude de l’hydrodynamique de l’eau à l’échelle moléculaire applicables à de nombreux scénarios biologiques mais aussi pour des applications industrielles comme le dessalement ou la purification de l’eau.
Mihail Barboiu est auteur de plus de 350 publications internationales et de 7 brevets. Il a présenté plus de 450 conférences invités et orales dans des manifestations internationales. Il a supervisé plus de 100 post doctorants, doctorants et étudiants de master.
Membre de la Société Chimique de France depuis 1999, il a obtenu le Titre de reconnaissance de la SCF pour les travaux en 2015. L’Académie des sciences et la Société Chimique de Roumanie l’ont également honoré par l’attribution du prix « du mérite » de l’académie (2008) et la médaille Costin Nenitescu de la SCR (2007). Le Dr Barboiu a reçu le RSC Surfaces and Interfaces Award 2015 et a été nommé Fellow of the Royal Society of Chemistry (FRSC). Il a reçu le Mid-Carrer Award 2014 de la part de la Société de Chimie Coréenne, et l’European Young Investigator Award 2004 de l’European Science Fondation et EUROHORCs. Ce dernier prix, considéré comme précurseur de l’ERC est le premier obtenu par un candidat de l’Institut de Chimie du CNRS en 2004.
Prix Henry Le Chatelier
Pr Nicolas Giuseppone
Nicolas Giuseppone effectue ses études supérieures à l’Université Paris-Saclay et y obtient son Doctorat sur l’utilisation des iodures de lanthanide en catalyse asymétrique au laboratoire du Professeur H.B. Kagan sous la direction du Dr. Jacqueline Collin. Puis il rejoint en tant que chercheur post-doctoral le laboratoire du Professeur K.C. Nicolaou au Scripps Research Institute de La Jolla (Université de San Diego, Californie). Il y travaille sur la première synthèse totale de la Diazonamide A, un anticancéreux d’origine marine. Après une année, il est recruté par le CNRS en tant que chargé de recherche et rejoint le laboratoire du Professeur Jean-Marie Lehn pour y démarrer des recherches dans le domaine de la chimie supramoléculaire. En 2008, il est nommé Professeur de Chimie à l’Université de Strasbourg et crée sa propre équipe de recherche à l’Institut Charles Sadron (UPR CNRS). Il reçoit une bourse du Conseil Européen de la Recherche (ERC) en 2010, est nommé membre junior de l’Institut Universitaire de France en 2013, et il est promu Professeur Classe Exceptionnel (PRCE2) en 2020.
Il a été sous-directeur de l’Institut Charles Sadron de 2012 à 2023, et directeur de la Fédération de Recherche sur les Matériaux et les Nanosciences du Grand Est de 2018 à 2023. Il est également le référent à l’Intégrité Scientifique de l’Université de Strasbourg depuis 2017.
Il devient membre senior de l’Institut Universitaire de France en 2023 (chaire fondamentale) et reçoit la Médaille d’Argent du CNRS en 2024.
Ses travaux de recherches utilisent la chimie supramoléculaire et les moteurs moléculaires pour concevoir de nouveaux systèmes actifs hors équilibre et des matériaux intelligents capables d’interagir avec leur environnement.
Prix Christiane Dietrich-Buchecker
Dr Clément Falaise
Clément Falaise est chargé de recherche au sein de l’Institut Lavoisier de Versailles. Il a obtenu son doctorat en 2014 à l’Université de Lille, sous la direction de Thierry Loiseau (UCCS), en travaillant sur la chimie de coordination des actinides tétravalents. Il a ensuite rejoint le groupe de May Nyman (Oregon State University) où ses travaux portaient sur la compréhension des mécanismes de formation des nano-édifices d’uranyle en solution aqueuse, puis le groupe de Stéphane Cordier (ISCR) pour développer des systèmes supramoléculaires à base de clusters luminescents.
Depuis 2017, ses recherches se concentrent sur la physico-chimie des polyanions inorganiques (polyoxométallates, clusters métalliques, clusters de bore) en solution aqueuse. Il étudie l’origine du caractère (super)chaotrope des polyanions et exploite cette propriété, encore ignorée il y a 10 ans, afin d’associer les polyanions avec une grande variété de substances organiques non-ioniques (surfactants ou macrocycles organiques). Sa maîtrise des processus de reconnaissances moléculaires amplifiés par l’effet chaotrope lui permet de concevoir des complexes hôte-invité commutables, des structures hybrides poreuses, des vésicules multi-lamellaires, ou encore des microtubules artificiels.
Ses travaux ont été valorisés à travers une soixantaine de publications et différents contrats de recherche (ANR, MOMEMTUM-CNRS, EMERGENCE@INC). Depuis 2021, il est membre du comité national de la recherche scientifique (section 14).
Lauréats 2022
Prix André Collet
Ce prix a été, cette année, conjointement décerné aux Dr. Anne-Marie Caminade et Pr. Paolo Samori.
Dr. Anne-Marie Caminade
Anne-Marie Caminade, directrice adjointe du Laboratoire de Chimie de Coordination (LCC-CNRS) à Toulouse depuis 2021, directrice de recherche classe exceptionnelle (DRCE CNRS).
Son nom est immédiatement associé au domaine des dendrimères, dans lequel elle a été et reste la personne la plus productive au monde. Elle est à l’origine des dendrimères phosphorés, sur lesquels elle a su développer dans un premier temps une recherche fondamentale très importante et de qualité pour ensuite montrer l’étendue très large des applications de ces espèces dans des domaines aussi variés que la catalyse (métallique ou organique), la science des matériaux et la biologie / nanomédecine. Une grande partie de ses activités est liée à la chimie supramoléculaire, sous divers aspects, que ce soit des phénomènes liés à la multivalence, des associations électrostatiques, des interactions par π-stacking ou des liaisons hydrogène.
Sa production scientifique est remarquable. Elle entretient pour cela de nombreuses collaborations nationales et internationales.
500 publications (h index = 76, 17700 citations), 2 livres édités, 55 chapitres d’ouvrage, Co-inventrice de 18 brevets prioritaires dont 16 ont été étendus à l’international, 3 brevets étant à la base de la création de 2 start-ups (Dendris et IMD-Pharma), 180 conférences invitées, Présidente de plusieurs congrès internationaux, Membre de comités éditoriaux de journaux scientifiques et fréquemment éditrice invitée.
Elle a déjà été honorée par la SCF par le Prix de la Division Chimie Organique en 2006, et par le Grand Prix Achille Le Bel en 2021.
Pr. Paolo Samori
Paolo Samorì est professeur à l’Université de Strasbourg, directeur de l’Institut de Science et d’Ingénierie Supramoléculaires (ISIS) et directeur du laboratoire de nanochimie. Il est membre étranger de l’Académie royale flamande de Belgique pour les sciences et les arts (KVAB), membre de la Royal Society of Chemistry (FRSC), membre de l’Académie européenne des sciences (EURASC), membre de l’Academia Europaea, membre de l’Académie européenne des sciences et des arts, membre de l’International Engineering and Technology Institute (IETI), Socio corrispondente, Sezione di Scienze Matematiche, Fisiche e Naturali ; Accademia Nazionale di Scienze Lettere e Arti di Modena, membre de la Materials Research Society (MRS), membre de l’Institut d’études avancées de l’Université de Strasbourg (USIAS), membre sénior de l’Institut Universitaire de France (IUF).
Il a obtenu une Laurea (maîtrise) en chimie industrielle à l’Université de Bologne en 1995. En 2000, il a obtenu son doctorat en chimie à l’Université Humboldt de Berlin (Prof. J. P. Rabe). Avant de rejoindre ISIS, il a été chercheur permanent à l’Istituto per la Sintesi Organica e la Fotoreattività du Consiglio Nazionale delle Ricerche de Bologne. Il a publié plus de 400 articles sur la nanochimie, les sciences supramoléculaires, la chimie des matériaux et la microscopie à balayage, avec un accent particulier sur le graphène et d’autres matériaux 2D ainsi que sur les nanomatériaux organiques/polymères et hybrides fonctionnels pour des applications en optoélectronique, énergie et détection.
Il a reçu de nombreux prix prestigieux, notamment le E-MRS Graduate Student Award (1998), le MRS Graduate Student Award (2000), le prix IUPAC pour les jeunes chimistes (2001), le prix Vincenzo Caglioti (2006), le prix Nicolò Copernico (2009), le prix Guy Ourisson (2010), l’ERC Starting Grant (2010), la médaille d’argent du CNRS (2012), le prix Catalán-Sabatier (2017), le Grignard-Wittig Lectureship (2017), l’ERC Proof of Concept Grant (2017), le RSC Surfaces and Interfaces Award (2018), la médaille Blaise Pascal en science des matériaux (2018), le prix Pierre Süe (2018), l’ERC Advanced Grant (2019), le prix « Étoiles de l’Europe » (2019), l’ERC Proof of Concept Grant (2020) et le RSC/SCF Joint Lectureship in Chemical Sciences (2020).
Prix Christiane Dietrich-Buchecker
Pr. Thomas Hermans
Thomas Hermans est professeur de chimie à l’Université de Strasbourg et directeur du Laboratoire des systèmes complexes sans équilibre. Il a étudié le génie chimique et la chimie à l’Université de technologie d’Eindhoven (2000-2006), puis a obtenu un doctorat à la faculté de génie biomédical sous la direction du professeur E.W. (Bert) Meijer (2006-2010). Il a ensuite rejoint le groupe du professeur Bartosz Grzybowski à la Northwestern University en tant que chercheur postdoctoral (2010-2013).
Il a reçu l’ERC Starting Grant 2017, le Thieme Chemistry Award 2018, le Prix Guy Ourisson 2018, la Mercator Fellowship 2020, le Prix Forcheur Jean-Marie Lehn 2022, et a été Young Scientist au World Economic Forum et à la World Laureates Association 2019-2020.
L’objectif principal du groupe de recherche est d’obtenir des matériaux adaptatifs, autoréparables, autoreproduits et finalement vivants en utilisant l’auto-assemblage moléculaire dans des conditions loin de l’équilibre. Il est également cofondateur et directeur technique de Qfluidics, une entreprise qui travaille sur la fluidique sans paroi pour la chimie des flux et le pompage magnétostatique à faible cisaillement pour le transport de produits biologiques délicats.
Lauréats 2020
Prix Chercheur Confirmé
Mir Wais Hosseini
Mir Wais Hosseini, membre émérite Senior d’IUF, est Professeur de Classe Exceptionnelle 2 à l’Université de Strasbourg et directeur du laboratoire de tectonique moléculaire. Son domaine de recherche est celui de la chimie supramoléculaire au sens large, sous plusieurs aspects bien distincts, allant des assemblages organisés à l’état cristallin aux mouvements moléculaires contrôlés (tourniquets moléculaires). Son approche, relevant de la tectonique moléculaire, traite de la construction d’architectures moléculaires de grande taille dont les composants («tectons») sont assemblés par des interactions non covalentes. L’intérêt de cette approche, fondée sur l’autoassemblage et l’auto-organisation moléculaire, réside dans le fait que la confection d’édifices moléculaires de grande taille (millimétrique), dont la structure peut être contrôlée et programmée selon une, deux, voire trois dimensions, est difficilement envisageable par une voie de synthèse classique fondée sur la création, étape par étape, de liaisons covalentes.
Prix Jeune Chercheur
Sébastien GOEB
Sébastien Goeb, a préparé une thèse de doctorat à l’Université de Strasbourg sous la direction du Dr Raymond Ziessel. Il a travaillé sur l’étude du transfert d’énergie photo-induit dans des dyades à base BODIPY, et des polyades organométalliques de Ruthenium et d’Osmium. Il a ensuite effectué un stage postdoctoral dans le groupe du Prof. Felix N. Castellano (États-Unis) où il a étudié des complexes de platine photo-actifs commutables. Après une deuxième expérience postdoctorale avec le Dr Jean-Luc Parrain à Marseille consacrée à la synthèse de cycles benzéniques tendus, il a été nommé chargé de recherche CNRS en 2009 au sein du laboratoire MOLTECH-Anjou et a rejoint l’équipe du Prof. Marc Sallé. Depuis, son activité de recherche porte sur la conception d’architectures moléculaires stimulables construites par auto-assemblage. Plus précisément, il conçoit des hôtes moléculaires riches en électrons capables de moduler leurs propriétés de complexation par l’application d’un stimulus redox.