En juillet 2011, la chute d’une météorite a été observée dans le désert sud marocain. Trois mois ont été nécessaires pour découvrir les premiers fragments et trois autres pour leur attribuer une origine martienne. Un consortium international étudie cet événement tout à fait exceptionnel – puisque la dernière chute martienne connue date de 1962 – et les premiers résultats sont parus dans Science en octobre dernier 1. Le consortium, dirigé par Hasnaa Chennaoui Aoudjehane (Univ. Hassan II, Casablanca), professeur associé à l’UPMC, regroupe une majorité de chercheurs français dont trois géologues, Albert Jambon de l’Institut des sciences de la Terre de Paris (UPMC/CNRS), Violaine Sautter et Brigitte Zanda du Laboratoire de Minéralogie et Cosmochimie du Muséum (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS), qui ont pu mener des analyses géochimiques poussées.
La plupart des météorites trouvées ont séjourné préalablement un certain temps à la surface de la Terre et donc subi les attaques du temps. La découverte d’une météorite d’origine martienne fraîchement tombée constitue un événement exceptionnel justifiant la mobilisation des meilleurs spécialistes mondiaux de la discipline. La météorite de Tissint est une shergottite picritique, c’est-à-dire une roche magmatique riche en olivine. Elle est particulièrement riche en verre noir formé par la fusion de la roche sous l’effet d’un choc intense lors d’un impact. Ce verre contient à la fois des bulles de gaz, aujourd’hui ouvertes, attestant du piégeage de gaz atmosphérique martien, et les marques des interactions entre l’intérieur, la surface et l’atmosphère martienne. La présence de traces de soufre et de fluor irrégulièrement réparties dans ce verre suggère une altération aqueuse à partir du sol martien par l’intermédiaire de fissures préexistantes avant qu’un choc ne soit venu les figer dans le verre pour l’éternité.
• Source : UPMC, 12/10/2012.
1 Chennaoui Aoudjehane H. et al., Tissint martian meteorite: A fresh look at the interior, surface and atmosphere of Mars, Science, 2012, 338(6108), p. 785.
Photo : © C. Smith, National History Museum, Londres.