Le prix Pierre Potier récompense chaque année les meilleures innovations en chimie en faveur du développement durable.
Pour cette 8e édition, le jury a attribué deux trophées et trois médailles :
• Trophée (catégorie Produit) à Arkema pour son Rilsan® haute température, un polymère de haute performance issu de matières premières végétales. Ce thermoplastique, fruit de plus de cinq ans de travail, est le premier polyphtalamide du marché résistant aux hautes températures et aux fluides agressifs. Flexible et extrudable, il permet de remplacer entièrement le métal ou le caoutchouc des tubulures utilisées dans l’automobile, le transport et dans certaines applications industrielles. Avec des coûts de fabrication réduits, ce produit répond aux exigences de durée de vie des pièces automobiles et au défi actuel d’alléger le poids des véhicules.
• Trophée (catégorie Procédé) à Diverchim pour une gamme de réactifs « cyclopropane » destinés aux industries pharmaceutiques et cosmétiques. Obtenus selon un procédé plus respectueux de l’environnement faisant intervenir un produit issu de la glycine, un acide aminé naturel et un catalyseur recyclable, le procédé ne génère que de l’azote non polluant et le produit est isolé facilement sans purification complexe, permettant une économie substantielle de solvants organiques polluants.
Ce procédé a d’ores et déjà permis à Diverchim de proposer une synthèse alternative eu Tasimeltéon™ développé par Bristol-Myers-Squibb/vanda Pharmaceuticals pour le traitement de l’insomnie.
• Médaille (catégorie Procédé) à BASF pour un processus de mise en peinture d’une caisse automobile en gamme courte seconde génération. L’innovation de la première génération se manifestait par la suppression de la couche d’apprêt et de sa cuisson dans des étuves. Pour cela, deux couches de plus faibles épaisseurs sont appliquées sans séchage intermédiaire et directement sur la couche de cataphorèse : une véritable révolution du procédé de mise en peinture. La seconde génération se traduit par une modification du séquençage des couches, l’optimisation de la formulation de la couche de protection et évite les défauts de séchage entre les deux couches. Ce procédé de mise en peinture, entièrement en phase aqueuse, réduit davantage l’impact environnemental sur l’ensemble de la chaîne : réduction de la quantité de peinture utilisée, réduction des émissions de dioxyde de carbone jusqu’à 20 % et de la consommation énergétique jusqu’à 25 %.
Soutenue par l’industrie automobile, en particulier par PSA Peugeot Citroën, cette nouvelle gamme de mise en peinture est d’ores et déjà en cours de déploiement industriel sur un de leurs sites en Chine. Ce constructeur réfléchit à développer la technologie gamme courte seconde génération sur ses lignes en France.
• Médaille (catégorie Produit) à SEPPIC, filiale du groupe Air Liquide (activité santé), pour son hydrotrope SIMULSOL SL7G, un heptyl glucoside efficace et biosourcé, qui bénéficie d’un procédé de fabrication respectueux des principes de la chimie verte.
Le développement de formules détergentes efficaces requiert des associations complexes de tensioactifs, sels, charges et adjuvants divers. De telles formules ne peuvent être stables sans l’intervention de produits hydrotropes qui favorisent la compatibilité de l’ensemble des ingrédients. Disponible sous forme concentrée (supérieure à 70 %), performant même utilisé à faibles doses, tant en milieu acide qu’alcalin, cet hydrotrope est en outre rapidement biodégradable, limitant ainsi son impact environnemental.
• Médaille (catégorie création Start-up) à Biolie, créée en janvier 2012, pour son procédé d’extraction enzymatique en phase aqueuse d’huile et d’actifs d’origine végétale.
Les enzymes, qui facilitent la déstructuration des parois végétales et contribuent ainsi à la libération des composés des végétaux, constituent une alternative à l’extraction au solvant. Cette solution permet de valoriser tous les produits issus du procédé (huile, actifs végétaux et farines protéiques) dans un concept de bioraffinerie, pour des applications dans les marchés des cosmétiques, des compléments alimentaires et de l’agroalimentaire. Soutenue par l’Ademe et OSEO, cette jeune start-up propose à ses clients un service allant de la R & D à la production d’ingrédients naturels.
• Prix ChemStart’Up 2013 : Innoveox, pour le traitement d’effluent organiques.
Organisé dans le cadre de l’ouverture en 2011 de la plateforme ChemStart-Up destinée à accueillir de jeunes entreprises innovantes en chimie fine/chimie des matériaux, ce prix associé au Prix Potier récompense une jeune entreprise chimique dont l’innovation présente de réelles perspectives de développement industriel et donc de création d’emplois.
Créée en 2008, Innoveox bénéficie d’un partenariat avec le CNRS et l’Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux (ICMCB). Mise au point par le professeur François Cansell, cette rupture technologique permet de détruire définitivement et totalement des déchets liquides organiques aqueux tout en récupérant 100 % de l’eau propre contenue dans l’effluent. Le procédé permet également de récupérer les métaux et ne dégage pas de gaz toxique ou d’odeur. De plus, les unités de traitement sont transportables sur site et évitent les dangers et le coût de déplacement des déchets spéciaux.
Ce prix récompense un long travail entrepris aux côtés de Total R & D et Total E & P à Lacq pour la destruction de résidus pétroliers 100 % organiques, avec à la clé de nombreuses applications et un nouveau brevet. Cette première mondiale a donné lieu à la signature d’un premier contrat de service entre la start-up et Total E & P.
Les prix ont été remis le 10 septembre lors d’une cérémonie au Ministère de l’Industrie en présence d’Yves Chauvin, prix Nobel de chimie 2005, de Philippe Goebel, président de l’Union des Industries Chimiques (UIC), de François Rocquet, représentant la Fédération pour les sciences de la Chimie (FFC), et d’Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement productif, qui a rappelé l’importance de la chimie et rendu hommage aux ingénieurs, chercheurs, industriels… qui participent activement à l’innovation, clé du développement de l’industrie française.