Arsenic et... vieilles dentelles
Deux articles de ce numéro sont consacrés à l’arsenic. En cherchant ce qui pourrait être la couverture de ce numéro, j’ai sorti de ma bibliothèque le livre intitulé : Éléments de chimie appliquée à la médecine et aux arts par M. Orfila, 6e édition, édité à Paris, Libraire de Crochard, rue et place de l’École de Médecine n° 13, en 1835.
Je ne résiste pas au plaisir de citer un passage (p. 30 et 31, tome II) consacré aux « Propriétés essentielles » :
« Exposé à l’action du gaz oxygène ou de l’air humide, à froid, il absorbe 8 p. d’oxygène pour 100 de métal et devient noir et terne, Berzelius et quelques autres chimistes pensent qu’il passe à l’état de protoxyde noir. Proust ne croyait pas devoir admettre cet oxyde, et le regardait comme formé d’arsenic métallique et d’acide arsénieux, puisqu’en le chauffant directement dans des vaisseaux fermés, on en retire ces deux corps. Quoiqu’il en soit, en considérant ce produit, qui ne diffère pas de la poudre aux mouches, comme un oxyde distinct, on peut le regarder comme formé de 92,62 d’arsenic (8 atomes) et de 7,38 d’oxygène (3 atomes). Il attire promptement l’humidité de l’air, se pelotonne et prend un aspect rougeâtre ; s’il est accumulé en assez grande quantité, il s’échauffe, s’embrase et met le feu aux substances avides d’oxygène dans lesquelles il est enfermé. Il est arrivé un accident de cette nature dans un des magasins de la rue des Lombards. »…
Merci à M. Orfila qui parlait si bien d’un produit semblable à la « poudre aux mouches » qui « attire promptement l’humidité », qui se « pelotonne »… et qui m’a fourni matière à un éditorial !
Bernard Sillion
Rédacteur en chef
Couverture : Dans la salle de découvertes scientifiques ÉbulliScience, Georges Charpak, prix Nobel de physique, réfléchit, comme les visiteurs, à la curieuse rotation des anagyres (voir article p. 39). Photo J.-L. Bertheau.
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