En août 2014, après dix ans de voyage, la sonde spatiale Rosetta de l’Agence spatiale européenne (ESA) a atteint son objectif : la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. Le 12~novembre de la même année, le monde entier a retenu son souffle et suivi l’épopée de l’atterrisseur Philae, largué depuis Rosetta, qui s’est posé sur le noyau de la comète et a fonctionné quelques jours après plusieurs rebonds sur la surface.

Avec ce projet, l’Europe s’inscrit durablement dans l’histoire de l’exploration du système solaire en allant sonder l’un des objets les plus primitifs qui nous soit accessible~: une comète, gardant une partie des clés de la formation du système solaire il y a 4,5~milliards d’années, et peut-être aussi des origines de la vie sur notre planète.

L’extraordinaire épopée de Rosetta se poursuit et devrait s’achever en septembre 2016 avec une sonde qui, trop loin du Soleil, à bout de ressource d’énergie solaire, viendra doucement se poser sur le noyau. Elle aura alors engrangé une quantité faramineuse d’informations sur la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. L’analyse de la composition chimique du noyau a un rôle central dans cette mission qui a emporté (sur Rosetta et Philae) des spectromètres UV, IR, micro-ondes, ainsi que des spectromètres de masse et un chromatographe en phase gazeuse couplé à un spectromètre de masse (CPG-SM).

Le professeur Uwe Meierhenrich, de l’Université de Nice Sophia Antipolis, est l’un des acteurs de cette mission, en tant que co-investigateur de l’instrument COSAC, un CPG-SM embarqué à bord de Philae. Son livre Comets and their Origin occupe une position chronologique particulière car il a été écrit juste avant l’arrivée de la sonde. Il constitue une somme très complète des connaissances concernant ces objets singuliers que sont les comètes, avant les résultats de la mission Rosetta. Mêlant science fondamentale et instrumentation, il décrit en détail pourquoi la mission a été décidée, ses enjeux, en quoi elle consiste et quel est son héritage spatial, en particulier après les survols de la comète de Halley en 1986. Les différents modèles de formation des comètes sont décrits avec leurs bases observationnelles. Rosetta devra trancher entre ces modèles ou en proposer un nouveau.

L’originalité de ce livre est qu’il est écrit par un chimiste ; l’accent est donc mis sur la chimie, son langage et ce qu’elle peut nous apprendre sur les comètes. Le professeur Meierhenrich travaillant tout particulièrement sur la question de l’origine de la vie et de la chiralité, on comprendra à la lecture de l’ouvrage pourquoi rechercher des molécules dites «prébiotiques» et des structures chirales dans le noyau de la comète et comment s’y prendre pour atteindre ces objectifs.

Il faudra des années pour « digérer » les données de la mission Rosetta, un nouvel ouvrage viendra alors compléter celui-là, mais la porte d’entrée dans le monde de l’astrochimie cométaire est désormais à notre disposition.

Hervé Cottin