Réédition moderne de l’ouvrage de Marie Meurdrac, plusieurs fois réédité au XVIIe siècle, et qui peut être considéré comme un important témoignage sur les premiers pas de la chimie en tant que discipline scientifique.

Présentée et annotée par Jean Jacques, cette nouvelle édition reprend les fameuses recettes de beauté et de santé d’une certaine Marie Meurdrac, dont on sait finalement peu de choses, sinon qu’elle a passé toute sa vie dans son laboratoire du Château de Gros Bois (Val-de-Marne), à mettre au point des remèdes à partir de plantes médicinales (les Simples), d’extraits animaux (os et sang humains en particulier) et de métaux. Toutes ces recettes ont été expérimentées, avec succès, par l’auteur elle-même. Un témoignage étonnant sur la science et les soins de beauté de l’époque.

Voici donc qu’il y a trois siècles une voix de femme s’élève pour nous apporter témoignage sur ce qu’était la chimie et la «science» des produits de beauté de ce temps-là. Vous n’y rencontrerez pas grand-chose qui soit encore utilisable, mais vous y retrouverez ce qui fera toujours la qualité d’une recherche sans âge~: la volonté de savoir, la bonne volonté, l’ambition de bien faire et de faire savoir ce que l’on sait. Avec, en prime, le charme insolite et le merveilleux des Contes de ma mère l’Oye.

«Quand j’ai commencé ce petit Traité, ça a été pour ma seule satisfaction, et pour ne pas perdre la mémoire des connaissances que je me suis acquises par un long travail, et par diverses recherches plusieurs fois réitérées. J’ai été tentée de le publier, mais si j’avais des raisons de le mettre en lumière, j’en avais pour le tenir caché~; je m’objectais à moi-même que ce n’était pas la profession d’une femme d’enseigner~; qu’elle se doit demeurer dans le silence, écouter et apprendre, sans témoigner qu’elle sait~; qu’il est au-dessus d’elle de donner un Ouvrage au public, et que cette réputation n’est pas d’ordinaire avantageuse, puisque les hommes méprisent et blâment toujours les productions qui partent de l’esprit d’une femme. Je me flattais d’un autre côté que je ne suis pas la première qui ai mis quelque chose sous la Presse, que les Esprits n’ont point de sexe~; et que si ceux des femmes étaient cultivés comme ceux des hommes, et que l’on employât autant de temps et de dépenses à les instruire, ils pourraient les égaler.» Marie Meurdrac (1666).