Bernard Valeur a le don du conteur, celui que les jeunes et les moins jeunes écoutent (ou lisent) avec les yeux écarquillés et des neurones en folie. Il nous offre ici un nouvel ouvrage, superbement présenté. Cette «~belle histoire~» est préfacée par Trinh Xuan Thuan, qui l’accompagne d’une forme de sous-titre résumé~: «~Pourquoi le monde est-il si beau~? ».
Et c’est bien de cela dont il s’agit : faire partager, en courts chapitres magnifiquement illustrés, cet émerveillement de ce que la nature peut nous offrir, l’expliquer aussi simplement que possible sans en déflorer le mystère profond et la magie. Le mot est lâché, il s’agit bien d’un livre magique, qui anticipe les questions et en suggère de nouvelles. Sa présentation sous forme d’album, le graphisme et les couleurs de la couverture, le papier glacé et les illustrations en font un ouvrage qu’on pourrait qualifier de luxueux, n’étant son prix tout à fait raisonnable.
Bernard Valeur et son éditeur nous renforcent dans la conviction que rien ne remplacera véritablement le livre, le plaisir du toucher et surtout celui de feuilleter au hasard de sa fantaisie –~j’oserais presque un certain «fantasy» anglo-saxon, à la fois imagination, création et solide base scientifique. De 7 à 77~ans et au-delà, voilà le livre, à la fois accessible et merveilleux, qui réconciliera les lecteurs avec la science, le progrès, loin du monstre technologique et déshumanisant dont on nous rebat les oreilles. Le «~Big Brother~» est là, mais est-il nécessaire de se sur-connecter et de se faire des millions d’amis fictifs, sans voix et sans chair~? La floraison de jeunes librairies de quartier, dans lesquelles il fait bon flâner, papoter, se faire des amis, est rassurant. Cet ouvrage, qui montre la joie et les beautés du monde, l’optimisme qui s’en dégage sans effort, et ses mystères que tout esprit curieux aura à cœur d’affronter, en font un livre rare à savourer devant une cheminée quand le froid hivernal s’installe ou dans les champs comme le sous-préfet.
La présentation du sommaire avec ses dix chapitres est en soi un plaisir des yeux et de l’esprit, comme par exemple le cinquième, «~Jeux de lumière et de couleurs dans le ciel et sur la Terre~», mais aussi la couleur et la lumière dans l’art, dans la société, dans la vie même. Chaque sous-chapitre en précise le contenu. On découvre ainsi les contributions de Michel Pastoureau (dont on connaît les livres sur la symbolique des couleurs, comme le dernier paru sur le «~rouge~»), de Dominique Cardon, la première à avoir été reconnue comme chercheure par le CNRS pour ses travaux sur les teintures, notamment naturelles, etc.
La chimie et la physique ne sont pas oubliées, qui sont à la base de la photographie et du cinématographe (quelle épopée~!), non plus que les cycles circadiens et leur importance en biologie humaine, animale comme végétale. Livre de sagesse, avec le mimétisme, le camouflage, avec la santé et la chirurgie (un peu trop optimiste probablement, sur la vision et la rétine en général). Une approche intéressante, en partie avec le physicien Serge Berthier, confronte la couleur basée sur les pigments et les couleurs liées à des structures photoniques. La nature, comme l’homme, a su jouer sur tous les tableaux pour produire de l’art…
En résumé, chaque chapitre, chaque page apporte son lot de surprises et d’émerveillement. À ne pas oublier comme livre cadeau, à toutes les occasions.
Rose Agnès Jacquesy