La SCF a décidé de décerner le Prix Félix Trombe 2020 à Yves Péretié, co-fondateur de la société Abnet La Vigie, fabricant de produits détergents pour l’industrie et le grand public. Le savoir-faire de cette société réside dans l’utilisation de produits à base aqueuse sans Composés organiques volatils (COV) et avec une efficacité reconnue. L’activité est essentiellement de la formulation par mélange de liquides et de poudres dans des mélangeurs à partir de matières premières reçues de grossistes.
Le parcours d’Yves Péretié est remarquable : il est né dans une famille de six enfants en 1952 à Paris et habite avec sa famille à Saint Denis à partir de 1959. Sa scolarité en Seine Saint-Denis s’est arrêtée en 4e de rattrapage pour ensuite être reprise brièvement dans un lycée parisien. Une entrée dans la vie professionnelle à seize ans comme apprenti dans une officine de pharmacie lui permet d’obtenir un CAP et un brevet de préparateur en pharmacie.
Un contact avec les laboratoires Debat lui permet de démarrer comme commercial où il réussit rapidement à faire le 2e CA de la société. Il suit en parallèle de son travail, une formation continue à l’Institut National des Cadres Supérieurs de la Vente (INCSV) au CNAM, dont il est diplômé en 1981.
Il quitte les laboratoires Debat pour rejoindre une jeune entreprise de négoce en produits nettoyant/dégraissant (Viatick) où il a l’occasion de faire développer un produit de lavage très efficace pour les avions de l’armée selon un cahier des charges qu’il a mis au point avec Dassault. Il gagne bien sa vie et embauche une vingtaine de commerciaux à cette époque.
Suite à une séparation difficile en 1990 (et n’ayant aucune formation dans la chimie), il redémarre de zéro en attaquant le développement d’un produit de nettoyage à partir du « Que Sais-Je » sur les savons et détergents. Son objectif, réaliser un « Nettoyant-dégraissant véritablement muti-usages ».
Sans aucuns moyens financiers, les essais se font dans une kitchenette avec des pots de yaourts en verre en guise d’éprouvettes et des abaisses langues en bois en guise d’agitateurs pour fabriquer des mélanges de produits dégraissants. Les tests sont faits sur le modèle automobile pendant 1,5 an avant d’aboutir à une première formule en 1992.
Sa capacité à nettoyer des cas difficiles lui a offert l’opportunité de reportages sur son produit, notamment à Télé Matin sur France 2 avec William Leymergie en 1996, à l’issue de quoi il obtient son premier contrat significatif en fabriquant en full service pendant trois ans le Vigor Surpuissant du groupe Eau écarlate, qui finance une longue campagne de publicité télévisée.
La fabrication démarre dans un bidon de 200 litres en guise de mélangeur et avec une rame de bateau en guise d’agitateur pour se poursuivre quelques mois après dans une cuve de 2000 litres avec un mélangeur électrique fait maison dans un garage. Durant cette période, Y. Péretié vend en faisant duporte-à-porte.
La société Abnet est créée avec trois personnes et une stratégie de ne pas protéger ses formules par un brevet pour des raisons de coûts et de risque de copie. La discrétion sur les formules reste toujours la règle aujourd’hui.
La croissance de l’entreprise se fait au travers d’une diversification commerciale réussie auprès de clients prestigieux dans des domaines très variés (Michelin, Total, PSA, Renault, Facom (outillage), Servo, USHIP et Plastimo (bateau), Zéfal (vélo), SNCF et Deutsche Bahn (train) grâce à une efficacité reconnue de ces produits. Pour la petite histoire, les hélicoptères mis à la disposition de la Présidence de la République sont intégralement nettoyés avec l’Abnet.
Cette croissance a été accompagnée d’investissements dans des installations plus adaptées que sont les locaux de Vénéjan dans le Gard.
Depuis 2010 la société s’est dotée des services d’un chimiste de la SPCI à la retraite qui aide au développement de nouvelles formules en particulier dans le domaine de la chimie du végétal pour avoir une gamme Ecocert.
Le dernier contrat représentatif de la diversité et de l’efficacité du produit mis au point voilà bientôt trente ans est la décontamination radioactive pour le compte du CEA, d’Orano (ex-Areva) d’Onet Technologie et Nuvia.
La société travaille actuellement sur la conception d’un décontaminant entièrement biosourcé.