Le prix Jeune Chercheur 2019 de la Division Chimie de Coordination récompense cette année Matteo MAURO, Maître de Conférences à l’Université de Strasbourg, à l’Institut de Physique et Chimie des Matériaux de Strasbourg.

Matteo Mauro a débuté ses études en chimie à l’Université “Aldo Moro” de Bari où il s’est initié à la catalyse homogène en travaillant dans le laboratoire du Pr. Michele Aresta. Il a poursuivi son parcours à l’Université de Milan, où il obtenu sa thèse en chimie inorganique en 2009 sous la direction du Pr. Giuseppe D’Alfonso. Son travail de thèse concernait les complexes des métaux de transition phosphorescents et leurs applications dans l’optoélectronique telles que les diodes organiques à émission de lumière (OLEDs). Dans ce cadre, il a étudié différentes familles de composés et il a, entre autres, développé une nouvelle famille de complexes dinucléaires très émissifs contenant deux unités rhénium(I) tris-carbonyle. Ces molécules ont montré des performances exceptionnelles dans les dispositifs OLEDs montrant un rendement quantique externe de l’ordre de 10% voir par exemple Adv. Mater., 2012, 2054 ainsi que un phénomène d’augmentation de l’émission induit par l’agrégation J. Am. Chem. Soc., 2010, 132, 14397. Durant la même période, il a également développé des structures cristallines poreuses formées par des sels doubles luminescents d’iridium(III) Angew. Chem. Int. Ed., 2010, 49, 1222.

Il a ensuite effectué un stage postdoctoral de trois ans, grâce à une bourse de la Fondation Alexander von Humboldt, dans le laboratoire de recherche dirigé par la Pr. Luisa De Cola à l’Université de Münster en Allemagne. Ce travail lui a permis d’étendre son champ d’expertise en photochimie et chimie de matériaux de coordination supramoléculaires. Pendant cette période, il a notamment développé des metallosurfactants luminescents basés sur des complexes d’iridium(III) Dalton Trans., 2011, 40, 12106 et Re(I) Nanoscale, 2015, 7, 12000 montrant des propriétés d’auto-assemblage en milieux aqueux.
Matteo a été recruté comme Maître de Conférences à l’Institut de Science et Ingénierie Supramoléculaires à l’Université de Strasbourg au sein de la même équipe en 2012 et a obtenu son habilitation en 2014. Pendant cette période, il s’est intéressé à une nouvelle famille de complexes tridentés de platine(II) très luminescents à l’état solide. Tandis que d’une coté la suppression de l’agrégation moléculaire permettait la fabrication d’OLED très performantes Adv. Mater., 2013, 25, 437, il a exploité en parallèle la formation d’interactions supramoléculaires faibles de type métallophiliques conduisant à une modulation des propriétés photophysiques de complexes luminescents. Dans ce contexte, des résultats remarquables ont été obtenus, permettant de visualiser et suivre en temps réel le processus d’assemblage de ces composés ayant des dynamiques complexes dans et hors équilibre thermodynamique Nature Chem., 2016, 8, 10.
Une deuxième thématique de recherche portée par Matteo vise au développement de matériaux supramoléculaires sensibles à la lumière et donnant une réponse mécanique (actionneurs souples) pour des applications potentielles dans la biomédecine en tant que muscles artificiels et la vectorisation de médicaments. Dans ce contexte, des metallo-polymères supramoléculaires photo-commutables ont été développés montrant des propriétés gélifiantes accrues dans milieu organique Angew. Chem. Int. Ed. 2016, 55, 1313; Chem. Commun., 2017, 53, 8344 et aqueux Chem. Eur. J. 2016, 52, 18718. Ces gels ont montré une contraction de leur volume sous irradiation UV et des propriétés auto-cicatrisantes. Les propriétés de ces métallopolymères ont été étudiées à l’échelle sub-moléculaire à l’interface liquide-solide et sous irradiation en collaboration avec le Pr. Paolo Samorí. Une étude à l’aide de microscopie à effet tunnel a montré que ces composés sont capables d’effectuer de façon réversible des cycles de contraction et d’expansion sous irradiation UV et visible, respectivement Small, 2017, 13, 1701790.
Récemment, son expertise dans la chimie des complexes photoactifs a été reconnue par des invitations à contribution dans des volumes spéciaux dédiées aux matériaux pour les OLEDs Beilstein J. Org. Chem., 2018, 14, 1459., au phénomène d’augmentation de l’émission induit par l’agrégation Isr. J. Chem., 2018, 58, 901 ainsi qu’aux composés de coordination supramoléculaires photoactifs Chem. – Eur. J., 2017, 23, 17626; Eur. J. Inorg. Chem., 2018, 2090
En 2018, Matteo a obtenu deux financements, l’un comme Chercheur Emergent du LabEx CSC de l’Université de Strasbourg et un ANR JCJC, qui lui ont permis de démarrer ses recherches indépendantes au sein de l’Institut de Physique et Chimie de Matériaux de Strasbourg (IPCMS) et, ainsi, d’établir plusieurs collaborations locales, nationales et internationales.
Par ailleurs, il a été membre du comité scientifique local pour l’organisation de conférences internationales très prestigieuses.
A ce jour, Matteo est (co-)auteur de 52 publications dans des journaux à comité de lecture à haut facteur d’impact, ainsi que co-inventeur de 4 brevets. En 2017, il a été chercheur invité à l’Université de Hokkaido (Japon) dans le laboratoire de chimie de coordination dirigé par la Pr. Masako Kato. Pour son travail doctoral, il a été récompensé par le prestigieux prix ENI Award « Début en recherche » en 2010. Plus récemment, il a été lauréat d’une des bourses de l’Université de Strasbourg Institut d’Études Avancées (2013). Il a été sélectionné comme un des 2018 Emerging Investigators par la revue J. Mater. Chem. B ainsi que parmi les finalistes de l’European Young Chemist Award en 2018.