Corine Mathonière, professeure de Chimie à l’Université de Bordeaux, a suivi un magistère en chimie à l’université de Paris VI (Pierre et Marie Curie), puis a effectué un doctorat (1990-1993) à l’université de Paris XI (Orsay) sous la co-direction des professeurs Olivier Kahn et Jean-Jacques Girerd. Ses travaux de thèse portaient sur la complémentarité des propriétés optiques et magnétiques de composés moléculaires. Elle effectue ensuite un séjour postdoctoral dans le groupe du professeur Peter Day à Londres (1993-1994) où elle étudie de nouveaux aimants moléculaires (Inorg. Chem. 1996, 35, 4932).
Elle rejoint en 1994 l’Université de Bordeaux en tant que maître de conférences. Ses recherches menées à l’Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux (ICMCB, Pessac) dans le groupe du professeur Olivier Kahn sont alors dédiées à la synthèse et l’étude des propriétés de composés moléculaires magnétiques et photo-commutables. Ses travaux sur les systèmes photomagnétiques à base d’octacyanométalates (Angew. Chem. Int. Ed. 2004 43 5648, J. Am. Chem. Soc. 2006, 128, 270, Angew. Chem. Int. Ed. 2020 59 3117) ont un impact important dans les domaines de la chimie de coordination et du magnétisme moléculaire. Au fil des années, elle développe un réseau de collaborations nationales et internationales qui ont permis d’obtenir et de caractériser les premiers analogues moléculaires des réseaux Bleus de Prusse photomagnétiques (J. Am. Chem. Soc. 2008 130, 252 ; J. Am. Chem. Soc. 2014, 136, 15461), et de mettre en évidence pour la première fois un phénomène de tristabilité dans une molécule-aimant photo-induite (J. Am. Chem. Soc. 2013 135 15880). En 2010, elle est promue Professeure à l’Université de Bordeaux et est nommée membre Junior de l’Institut Universitaire de France pour la période 2010-2015.
En 2021, Corine Mathonière rejoint l’équipe Matériaux Moléculaires & Magnétisme (M3) dirigée par Rodolphe Clérac au Centre de Recherche Paul Pascal (CRPP, Pessac). Elle s’intéresse aujourd’hui à de nouveaux polymères de coordination bidimensionnels et tridimensionnels à base d‘ions de transition et de ligands radicalaires dont certains présentent des propriétés magnétiques semblables aux matériaux magnétiques inorganiques à base d’ions terres rares (Science 2020, 370, 587). Les défis actuels de ses travaux sont de concevoir des aimants et des matériaux moléculaires magnétiques performants tout en étant plus respectueux de l’environnement, de par leurs compositions et leurs procédés de fabrication.
Corine Mathonière est également très impliquée dans la vie de l’Université de Bordeaux. Elle a été directrice-adjointe du LABEX AMADEUS (2011-2021), et est actuellement directrice de l’Ecole Doctorale des Sciences Chimiques de l’Université de Bordeaux. En mai 2024, Corine Mathonière a été nommée membre Senior de l’Institut Universitaire de France pour la période 2024-2029.
Après des études à Chimie ParisTech et à Sorbonne Université, Antoine a effectué un Doctorat sous la direction des Prs. M. Malacria et L. Fensterbank (2008–2012). Les travaux en catalyse à l’or qu’il a menés dans leur laboratoire lui ont valu un prix de thèse Springer. Il a poursuivi sa formation par un stage post-doctoral à l’Université Technique de Berlin sous la direction du Pr. M. Oestreich (2012–2015), notamment grâce à une bourse de la Fondation Alexander von Humboldt.
Fin 2015, il a intégré l’équipe du Pr. M. Etienne au LCC comme chargé de recherche pour développer une thématique sur la transformation du diazote. En 2017, Antoine a obtenu un financement “Starting Grant” du Conseil Européen de la Recherche (ERC). Depuis 2018, il codirige l’équipe « Activation de Petites Molécules » avec Sébastien Bontemps.
En 2022, l’Institut de Chimie de Toulouse lui délivre le prix “Jeune Chercheur”. Ses recherches actuelles se focalisent sur l’emploi d’espèces organométalliques réactives pour la transformation des petites molécules et des liaisons fortes via des processus coopératifs.
Le prix de thèse DCC 2023 a été attribué à Eva Pugliese pour ses travaux intitulés Photocatalyse moléculaire pour l’activation de petites molécules, sous la direction du Prof. Ally Aukauloo et la codirection du Dr. Zakaria Halime, travaux de recherche menés à l’Institut d’Orsay de Chimie Moléculaire et des Matériaux de l’Université Paris-Saclay.
Le grand défi de son travail de doctorat était d’apporter une compréhension approfondie du cycle photocatalytique de réduction du CO2 en CO induit par la lumière en utilisant le mélange d’une porphyrine de fer conçue comme catalyseur, d’un photosensibilisateur et d’un donneur d’électrons sacrificiel. Il est important de mentionner que différentes propositions figuraient déjà dans la littérature, mais sans aucune preuve spectroscopique de la présence d’intermédiaires. Mme Pugliese a synthétisé et étudié l’activité photocatalytique d’une porphyrine de fer flanquée de groupes urée pour servir d’échafaudage à des liaisons hydrogène en deuxième sphère de coordination. Elle a réalisé en parallèle des études spectroélectrochimiques et photophysiques pour prouver que c’est l’espèce Fe(I) qui est l’état stable et que l’étape limitante est la coordination du CO2 sur l’espèce de Fe(I), résultats qui marquent un changement de paradigme dans l’activation du CO2 [1]. Capitalisant sur les propriétés extraordinaires de la porphyrine de fer précédemment étudiée, elle s’est attelée ensuite à la conception d’une photocathode pour réduire le CO2 en solution aqueuse.
En parallèle, elle a abordé l’oxydation d’alcènes par le dioxygène grâce à un catalyseur à base de fer qui est activé par absorption de la lumière via un photosensibilisateur. Elle a étudié les mécanismes complexes de la photocatalyse moléculaire et a identifié les espèces photogénérées fer-hydroperoxo et fer-peroxo caractérisées par spectroscopie UV-vis et RPE, écartant tout doute sur un mécanisme radicalaire caché [2].
[1] E. Pugliese, P. Gotico, I. Wehrung, B. Boitrel, A. Quaranta, M.-H. Ha-Thi, T. Pino, M. Sircoglou, W. Leibl, Z. Halime, A. Aukauloo, Dissection of Light-Induced Charge Accumulation at a Highly Active Iron Porphyrin: Insights in the Photocatalytic CO2 Reduction, Angew. Chem. Int. Ed. 2022, 61, e202117530.
[2] E. Pugliese, N. T. Vo, A. Boussac, F. Banse, Y. Mekmouche, J. Simaan, T. Tron, P. Gotico, M. Sircoglou, Z. Halime, W. Leibl, A. Aukauloo, Photocatalytic generation of a non-heme Fe(iii)-hydroperoxo species with O2 in water for the oxygen atom transfer reaction, Chem. Sci. 2022, 13, 12332-12339.
Clément Camp est ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, agrégé de Sciences Physiques en 2009.
Il a effectué sa thèse de doctorat à l’université Joseph Fourier sous la direction de M. Mazzanti, sur la chimie de coordination et la réactivité de complexes mono- et polymétalliques d’éléments f(lanthanides et uranium) à très bas degré d’oxydation. Pour cela, il a mis au point deux stratégies : l’utilisation de ligands non-innocents servant de réservoirs d’électrons (par exemple J. Am. Chem. Soc. 2010, 132, 17374-17377; Chem. Sci. 2012, 3, 2433-2448), et l’utilisation de ligands siloxides permettant de stabiliser des composés très réducteurs et réactifs (par exemple Angew. Chem. Int. Ed. 2012, 51, 12280-12284; J. Am. Chem. Soc. 2013, 135, 12101-12111; Angew. Chem. Int. Ed. 2013, 52, 12646-12650; J. Am. Chem. Soc. 2014, 136, 6716-6723).
Il a ensuite rejoint de 2013 à 2015 le groupe du professeur John Arnold (University of California, Berkeley, USA) pour un séjour postdoctoral au cours duquel il a diversifié sa gamme d’éléments métalliques d’intérêt (Co, Nb, Ta, Th), renforçant son expertise dans la conception sous atmosphère inerte d’espèces organométalliques très sensibles. Il a étudié plus particulièrement l’activation de petites molécules, notamment P4 (J. Am. Chem. Soc. 2014, 136, 17652-17661), H2 (Chem. Commun. 2014, 50, 2612-2614), PCO– (Chem. Sci. 2015, 6, 6379-6384), N3– (Chem. Commun. 2016, 52, 5538-5541).
À la suite de son entrée au CNRS (octobre 2015) au laboratoire de Catalyse, Polymérisation, Procédés et Matériaux (CP2M – Villeurbanne), il a élargi ses domaines d’expertise vers la chimie du solide et la catalyse. Clément développe de nouvelles méthodologies de synthèse innovantes afin de combiner deux centres métalliques ayant des réactivités très différentes. Il immobilise ensuite ces paires hétérobimétalliques à la surface de matériaux par une approche de chimie organométallique de surface (COMS) pour obtenir des espèces actives originales, inaccessibles en solution. Il étudie le comportement des catalyseurs bimétalliques ainsi obtenus afin d’identifier des effets coopératifs et dépasser les réactivités des métaux initiaux pris individuellement. Cette thématique bénéficie déjà d’une reconnaissance internationale et a conduit à de nombreux articles scientifiques (par exemple, Chem. Sci. 2023, 14, 861-868; Chem. Commun. 2022, 58, 8214-8217; Inorg. Chem.2022, 61,5715-5730; J. Am. Chem. Soc. 2021 143, 4844–4856; J. Catal. 2020, 392, 287-301; J. Am. Chem. Soc. 2019, 141, 19321-19335; Chem. Eur. J. 2018, 24, 4361-4370).
Il a obtenu un grand nombre de financements en tant que chercheur principal pour soutenir son activité de recherche (notamment CNRS MOMENTUM 2017, ANR JCJC 2021, ERC StG 2022) et a reçu la médaille de bronze du CNRS en 2022. Il est investi au sein de la SCF depuis sa première adhésion en 2010.
Gilles Gasser was born, raised and educated in the French-speaking part of Switzerland.
After a PhD thesis in supramolecular chemistry with Prof. Helen Stoeckli-Evans (University of Neuchâtel, Switzerland), Gilles undertook two post-docs, first with the late Prof. Leone Spiccia (Monash University, Australia) in bioinorganic chemisty and then as an Alexander von Humboldt fellow with Prof. Nils Metzler Nolte (Ruhr-University Bochum, Germany) in bioorganometallic chemistry.
In 2010, Gilles started his independent scientific career at the University of Zurich as a Swiss National Science Foundation (SNSF) Ambizione Fellow before obtaining a SNSF Assistant Professorship in 2011.
In 2016, Gilles moved to Chimie ParisTech, PSL University (Paris, France) to take a PSL Chair of Excellence. Gilles is an RSC Fellow and was the recipient of several fellowships and awards including the Alfred Werner Award from the Swiss Chemical Society, an ERC Consolidator Grant and Proof of Concept, the Thieme Chemistry Journal Award, the Jucker Award for his contribution to cancer research, the European BioInorganic Chemistry (EuroBIC) medal and recently the Pierre Fabre Award for therapeutic innovation from the Société de Chimie Thérapeutique (SCT).
He was elected an Overseas Fellow of the Churchill College, University of Cambridge, where he is currently spending 5 months. Gilles’ research interests lay in the use of metal complexes in different areas of medicinal and biological chemistry.
Le prix de thèse DCC 2022 a été attribué à Mathilde Rigoulet pour ses travaux portant sur « Ligands Bidentes en chimie de l’or: de la stabilisation d’espèces réactives à la catalyse » et réalisés au Laboratoire Hétérochimie Fondamentale et Appliquée (LHFA) de l’université Toulouse III, Paul Sabatier sous la direction du Dr Didier Bourissou et du Dr Karinne Miqueu.
Résumé de la thèse
Historiquement, la chimie de l’or est très récente et ses premières utilisations en catalyse datent des années 1970.[1] Les quantités de catalyseurs nécessaires pour atteindre de bons rendements étant élevées, l’or a été considéré comme « catalytiquement mort » en 1995.[2] Ce point de vue a totalement changé en 1998, quand Teles a découvert les propriétés carbophiles de l’or.[3] Celles-ci ont depuis été largement exploitées pour développer de nouvelles réactions catalysées par l’or, notamment pour la synthèse de molécules hautement fonctionnalisées.[4]
Pour étendre la chimie de l’or au-delà de la p-activation, la conception de ligands appropriés, notamment des ligands bidentes, a été nécessaire. Le second site de coordination modifie les propriétés de l’or et contrôle sa réactivité. Grâce à l’utilisation de tels ligands, des réactions élémentaires avec l’or ont été mises en évidence, ouvrant la voie vers de nouveaux cycles catalytiques AuI/AuIII. De plus, des intermédiaires clés ont pu être isolés et caractérisés permettant d’appréhender les mécanismes mis en jeu.[5]
L’objectif de ce travail de thèse était d’étendre la réactivité de l’or et d’augmenter la variété des complexes accessibles, en utilisant des ligands « sur mesure » qui influencent très fortement les propriétés de l’or en termes de liaison et de réactivité. La synthèse et la caractérisation de complexes originaux ainsi que le développement de nouvelles réactivités se sont accompagnés d’études théoriques pour la description des propriétés électroniques et la compréhension des mécanismes mis en jeu.
Grâce à l’utilisation d’un ligand hémilabile (P,N), un complexe d’or(I) présentant une liaison hydrogène Au∙∙∙H-N a été synthétisé et caractérisé. Ce type de liaison étant totalement inédit avec l’or, la nature de celle-ci a été étudiée en détail par diverses méthodes computationnelles.[6]
La possibilité de combiner l’addition oxydante d’iodures d’aryle et la p-activation d’alcènes à l’or (deux types de réactivité majeure des complexes d’or) a été démontrée. Le complexe d’or (P,N) permet de réaliser de manière efficace l’hétéroarylation des alcènes. La réaction est robuste, générale et régiosélective. Le mécanisme a été étudié en détail expérimentalement et par DFT. Les calculs ont mis en évidence le lien étroit entre le mode de coordination de l’alcène à l’or (h2 ou h1) et la régiosélectivité.[7] Enfin, en utilisant un ligand chélate (P,P), des complexes carbéniques a-CF3 d’or(I) ont pu être synthétisés, caractérisés et leurs réactivités étudiées. La nature de la liaison Au=C a été analysée de manière approfondie expérimentalement et théoriquement, permettant de rationaliser la stabilisation de telles espèces.[8]
[1] G. C. Bond, Gold Bull. 1972, 5, 11–13.
[2] H. Schmidbaur, Naturwiss Rundsch 1995, 48, 443–451.
[3] J. H. Teles, S. Brode, M. Chabanas, Angew. Chem. Int. Ed. 1998, 37, 1415–1418.
[4] a) N. D. Shapiro, F. D. Toste, Synlett 2010, 2010, 675–691. b) A. S. K. Hashmi, Gold Bull. 2004, 37, 51–65. c) A. S. K. Hashmi, L. Schwarz, J.-H. Choi, T. M. Frost, Angew. Chem. Int. Ed. 2000, 39, 2285–2288.
[5] a) M. Joost, A. Amgoune, D. Bourissou, Angew. Chem. Int. Ed. 2015, 54, 15022–15045. b) R. T. Mertens, S. G. Awuah, in Catal. Met. Complexes Nanomater. Fundam. Appl., American Chemical Society, 2019, pp. 19–55.
[6] M. Rigoulet, S. Massou, E. D. S. Carrizo, S. Mallet-Ladeira, A. Amgoune, K. Miqueu, D. Bourissou, PNAS 2019, 116, 46–51.
[7] a) M. Rigoulet, O. Thillaye du Boullay, A. Amgoune, D. Bourissou, Angew. Chem. Int. Ed. 2020, 59, 16625–16630. b) M. Rigoulet, K. Miqueu, D. Bourissou, Chem. Eur.J. 2022, 28, e202202110
[8] M. Rigoulet, D. Vesseur, K. Miqueu, D. Bourissou, ACIE, 2022, 61, e202204781
Carole Duboc a effectué sa thèse (1995-1998) sous la direction du Pr Marc Fontecave à l’université Joseph Fourier de Grenoble puis un stage postdoctoral à l’université du Minnesota sous la direction du Pr W. B. Tolman dans le domaine de la chimie bio-inorganique.
En 2000, elle a été recrutée chargée de recherche CNRS dans le Laboratoire des Champs Magnétiques Intenses de Grenoble, avec comme défi de développer, dans ce laboratoire de physique, un nouvel axe de recherche centré sur les applications en chimie et biochimie de la spectroscopie RPE à haut champ. Dans ce contexte, elle a établi un projet original combinant expérience et théorie, permettant une compréhension détaillée de la structure électronique de complexes métalliques pour conduire à l’élaboration rationnelle de molécules à propriétés magnétiques spécifiques.
En 2007, elle intègre le département de chimie moléculaire de l’université Grenoble Alpes. Il s’agissait de concevoir et de synthétiser des complexes de métaux de transition bio-inspirés modélisant la structure et la fonction de sites actifs enzymatiques, avec comme objectifs non seulement de comprendre leurs mécanismes d’action, mais aussi de développer des catalyseurs efficaces et sélectifs. L’originalité de son approche a été de se concentrer sur des complexes de métaux non nobles et d’étudier leurs propriétés physico-chimiques ainsi que leurs réactivités.
Citons en particulier des catalyseurs à base de Ni-Fe pour la production d’H2, ou de Mn pour la réduction d’O2.
A partir de 2010, elle développe une thématique sur l’étude de complexes de métaux de transition bio-inspirés à ligands thiolates. Ce projet a conduit à de nombreux complexes modèles structuraux et/ou fonctionnels de métalloenzymes. Plus récemment, son équipe s’est tournée vers l’activation de petites molécules, ce qui a abouti au développement de catalyseurs originaux pour différentes applications (activation de O2, production de H2, etc.). Dernièrement, un défi important du domaine a été relevé en développant des catalyseurs physisorbés sur du graphite capable de réduire le CO2 de manière sélective en méthane comme seul autre produit carboné dans l’eau à pH acide.
L’extraordinaire énergie que Carole Duboc met dans sa recherche rejaillit sur les communautés auxquelles elle appartient à commencer par la communauté des chimistes inorganiciens grenoblois, au sein du Labex Arcane qu’elle anime aujourd’hui ou dans le projet interdisciplinaire
DéfiCO2 qu’elle a monté avec d’autres collègues chimistes, économistes et sociologues. En parallèle, et sans insister sur les responsabilités qu’elle a prises au sein de bureaux de groupes scientifiques divers, Carole Duboc est une personne incontournable pour l’organisation de manifestations majeures et écoles thématiques qui font rayonner notre communauté, que ce soit au niveau local, français et international.
Carole Duboc est actuellement Directrice de recherche 1ère classe au CNRS et membre de la SCF depuis 2006.
Simon Tricard est ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, agrégé en Sciences Physiques en 2005. Il a effectué sa thèse de doctorat à l’Université Paris-Saclay sous la direction du Pr Talal Mallah en 2009. Il a ensuite effectué trois stages de post-doctorat à l’université de Harvard (groupe du Pr G. M. Whitesides), au LCCCNRS à Toulouse (groupe du Dr A. Bousseksou) et au LPCNO à l’INSA de Toulouse (groupe du Dr B. Chaudret).
En 2014, il a été recruté chargé de recherche CNRS au laboratoire LPCNO. Ses compétences acquises dans les domaines de la chimie moléculaire, de la nanochimie et de la chimie de surfaces avec une expertise en propriétés magnétiques et optiques, lui ont donné les outils nécessaires pour développer un sujet de recherche original sur la synergie entre propriétés électriques, magnétiques et optiques de matériaux nouveaux, constitués de nanoparticules auto-assemblées par des entités moléculaires. Simon Tricard a pu mener à bien ce type de projet interdisciplinaire grâce à sa maîtrise de concepts variés en physique et en chimie.
Il fait état de nombreuses publications dans des journaux à haut facteur d’impact et a également effectué de nombreuses présentations orales dans des conférences nationales et internationales révélant une activité de recherche très dynamique, comme le montre aussi le grand nombre de financements de recherche acquis en tant que chercheur principal. Il a également établi plusieurs collaborations nationales et internationales (Allemagne, Etats-Unis, Chine) validées par plusieurs articles communs.
Le dynamisme de Simon Tricard est révélé aussi par ses activités collectives tant au niveau local que national. Notamment, il a été membre du comité national du CNRS et secrétaire scientifique de la section 14 du CNRS de 2016 à 2021. Il est aussi fortement impliqué dans la mission handicap s’efforçant à rendre la situation d’handicap reconnue, acceptée et banalisée.
Simon Tricard est actuellement Chargé de recherche classe normale au CNRS et membre de la SCF depuis 2012.
Né à Saint Gallen (CH) en 1967, Peter Faller a passé son enfance et sa scolarité à Arbon au bord du lac de Constance. Ses études secondaires le mèneront à intégrer le « Lehrerseminar » à Kreuzlingen où il obtiendra le diplôme d’instituteur. Peu après, il reprend ses études à l’Université de Zürich dans le domaine de la Biochimie où il obtiendra un diplôme (équivalent master) en Biochimie portant sur l’étude structurale de la « métallothionein-3 », une métalloprotéine qui possède des clusters de thiolate de zinc (II) et de cuivre (I) sous la direction du Prof. Milan Vasak. Thématique de recherche qu’il continuera en thèse de doctorat au sein de la même équipe en s’intéressant aux problématiques de repliement de la métallothionein-3, la formation de ses clusters métalliques et enfin sa relation entre sa structure et son activité biologique. Ces travaux de recherches lui permettront d’obtenir le titre de Docteur en philosophie de Biochimie de l’Université de Zürich en 1998. Par la suite, il débutera des travaux post-doctoraux au Commissariat à l’énergie atomique de Saclay (F) dans l’équipe du Dr. A. William Rutherford où il travaillera sur la thématique du photosystème II, plus précisément sur des aspects de transferts d’électrons couplés aux transferts de protons et à la formation de radicaux caroténoïdes. Il poursuivra de l’autre côté du Rhin ses travaux postdoctoraux sur le photosystème II en étudiant entre autres des mécanismes de toxicité de Cd(II) dans l’équipe du Dr. A. Krieger-Liszkay à Freiburg (D).
C’est en janvier 2003 qu’il arrive en France dans la ville de Toulouse au Laboratoire de Chimie de Coordination (LCC) du CNRS sous la direction du Prof. Jean-Jacques Bonnet, qui lui confie alors la création d’une équipe qui travaillera à l’interface de la chimie de coordination et de la biologie au sein du LCC. En automne de la même année, il est nommé Professeur de chimie à l’Université Paul Sabatier en section 32 du CNU. Les travaux qu’il dirige dans son équipe portent sur une nouvelle thématique qui vise à élucider le rôle des ions métalliques dans l’agrégation et la toxicité du peptide amyloïde-beta en lien avec la maladie neurodégénérative d’Alzheimer. Son équipe réalise alors des avancées significatives dans ce domaine en proposant des modèles structuraux de complexes métalliques de Cu(I/II), Zn(II) ou de Fe(II) avec le peptide amyloïde-beta ainsi que la catalyse d’activation du dioxygène par des complexes de cuivre/amyloïde-beta. Par la suite, son équipe étudiera le transfert des ions métalliques entre le peptide amyloïde-beta et des protéines.
Après douze années de recherches au LCC et d’enseignements à l’Université Paul Sabatier de Toulouse, Peter Faller se rapproche de nouveau du Rhin. Il est ainsi nommé en 2015 professeur à l’Université de Strasbourg dans Institut de Chimie UMR 7177 dirigé par le Dr. Jean Weiss. Cette arrivée alsacienne le conduit à prendre un nouveau départ scientifique en créant l’équipe de recherche « Biométaux et Chimie Biologique ». Ce nouvel élan a eu un fort impact sur l’orientation de ses recherches avec l’apparition de plusieurs nouvelles thématiques centrées sur le développement de sondes luminescentes à cuivre(II) pour une détection en milieu biologique, l’étude mécanistique des chélateurs complexés à du cuivre, zinc ou fer dans leur activité anticancéreuse, et enfin le développement de complexes de métallo-peptides antimicrobiens.
Outre ses activités d’enseignant-chercheur à la faculté de Chimie de Strasbourg, il devient en 2018 directeur adjoint de son UMR 7177. Il est enfin chair du comité international qui encadre la conférence biennale ISABC « International Symposium for Applied Bioinorganic Chemistry », participe ou a participé aux équipes éditoriales des journaux J. Biol. Inorg. Chem, Inorganics, J. Inorg. Biochem et Metallomics. Enfin, Peter Faller vient d’être nommé membre senior de l’Institut Universitaire de France.
Grégory Nocton a effectué sa thèse au CEA de Grenoble avec Marinella Mazzanti (2006-2009) sur la réactivité redox et la chimie de coordination de l’uranium. Les principaux résultats de ce travail ont concerné la première observation d’échange magnétique dans les assemblages pentavalents d’uranyle (J. Am. Chem. Soc. 2008, 130, 16633-16645), la synthèse et l’étude spectroscopique de composés d’uranyle pentavalent stables (J. Am. Chem. Soc. 2010, 132, 495-508) et la mise au point de méthodes originales pour l’accès à des assemblages oxo ou nitrure d’uranium (Angew. Chem. Int. Ed. 2007, 43, 7584 ; 2008, 47, 3040-3042). Grégory a ensuite effectué son post-doctorat à l’université de Californie de Berkeley avec le professeur Richard Andersen et a travaillé avec des complexes de basse valence de lanthanides et de métaux de transition se spécialisant dans l’analyse spectroscopique et théorique détaillée de complexes métalliques ayant une structure électronique singulière (Organometallics 2013, 32, 5305-5312 ; 2014, 33, 6819-6829 ; J. Am. Chem. Soc. 2014, 136, 8626-8641).
En décembre 2011, Grégory est recruté au CNRS (CRCN) au Laboratoire de Chimie Moléculaire de l’Ecole polytechnique et travaille sur la synthèse de composés organométalliques et leur caractérisation profonde (spectroscopie et théorie) avec plusieurs objectifs : (i) synthétiser des molécules très originales pour faire avancer les connaissances en chimie organométallique synthétique (Angew. Chem. Int. Ed. 2017, 56, 4266-4271 ; J. Am. Chem. Soc. 2018, 140, 14443-14449), (ii) mieux comprendre la nature singulière de la liaison métal-ligand et la corrélation électronique dans les complexes d’éléments f (Chem. Eur. J. 2021, 27, 6860-6874), (iii) utiliser ces propriétés singulières pour magnifier la réactivité chimique de métaux de transition (J. Am. Chem. Soc. 2017, 139, 10633-10636), (iv) activer et fonctionnaliser des petites molécules importantes telles que O2, N2O, N2, CO2 ou CH4 (Dalton Trans. 2018, 47, 9226-9229), (v), développer des (photo)-catalyseurs originaux pour des procédés de chimie verte (vi), construire des édifices multi-métalliques pour la détection de gaz de combats et de polluants, et (vii) développer des aimants moléculaires pour les technologies quantiques (Angew. Chem. Int. Ed. 2021, 60, 6042-6046).
Ces projets se développent grâce à d’importantes collaborations locales, nationales et internationales (Grégory Danoun, Ecole polytechnique ; Carine Clavaguéra, Paris-Saclay ; Boris Le Guennic et Olivier Cador, Rennes ; Olivier Maury, Lyon ; Laurent Maron, Toulouse ; Corinna Hess, TUM, Allemagne ; John Arnold and Richard Andersen, UC Berkeley, USA ; Henry La Pierre, Georgia Tech, USA) financées par des projets ANR, ERC et AID. Grégory a soutenu son HDR en 2016 et a reçu la même année la médaille de bronze du CNRS. En septembre 2017, il a été nommé professeur chargé de cours à temps incomplet (40 %) à l’Ecole polytechnique. Depuis septembre 2018, il est membre élu du comité du département de chimie de l’Ecole polytechnique et co-responsable du parcours chimie et interfaces de la troisième année d’Ecole et du master I de l’Institut Polytechnique de Paris. Il est co-auteur de 50 articles, 4 chapitres de livres et a présenté 45 communications orales dont 23 à l’international.
Nikos Kostopoulos a fait sa thèse à l’Université de Paris, au Laboratoire d’Electrochimie Moléculaire, sous la direction d’Elodie Anxolabéhère-Mallart. Sa thèse est intitulée « Activation électro-chimique du dioxygène par des porphyrines de fer et de manganèse. Vers des oxydations aérobies électrocatalytiques de substrats organiques ». Le sujet de cette thèse repose sur une approche électrochimique originale visant à développer de nouveaux procédés d’oxydation et d’halogénation inspirés des systèmes naturels pour remplacer les procédés non durables actuellement utilisés. Dans la nature, des protéines à hème, comme le Cytochrome P450, sont capables de réaliser des réactions d’oxydation et halogénation dans des conditions physiologiques, à travers l’activation réductrice de O2. Dans l’approche bio-inspirée proposée dans cette thèse, nous visons à réaliser cette activation en utilisant des porphyrines synthétiques de Fe et de Mn comme catalyseurs, et des électrodes comme source des électrons nécessaires. Nous nous concentrons à la fois sur l’étude des espèces intermédiaires-clefs et à leurs réactivités, à l’aide des méthodes électrochimiques, comme la voltamétrie cyclique, la microscopie électrochimique à balayage (SECM), l’électrolyse préparative, et à l’aide des spectroscopies couplées à l’électrochimie comme la spectroélectrochimie UV-Visible et Raman.
Les résultats obtenus dans le cadre de cette thèse, ont déjà donné lieu à trois publications dans des journaux internationaux, deux sur le mécanisme de l’activation de O2 par des porphyrines de Fe (Inorg. Chem. 2020, 59 (16), 11577-11583 et Angew Chem Int Ed Engl 2020, 59 (38), 16376-16380) et une sur l’oxydation et halogénation électrochimique aérobie du cyclooctène catalysées par une porphyrine de Mn (Chem. Commun. 2021, 57 (10), 1198-1201).
Depuis les travaux de Ziegler en 1952 sur l’oligomérisation de l’éthylène avec des composés à base d’aluminium, la production d’oléfines-α-linéaires (LAOs) n’a cessé d’augmenter (6,2Mt en 2018).1 Deux types principaux de mécanismes ont été identifiés : les mécanismes de « Cossee-Arlman »2 et « métallacyclique ».3,4 Ce dernier conduit classiquement à une meilleure sélectivité en LAO. Les complexes de nickel sont connus pour suivre le mécanisme de Cossee-Arlman, moins sélectif. L’objectif de ces travaux était de générer un fragment de nickel permettant de former des LAOs sélectivement à partir de l’éthylène via métallacycle, obtenu par couplage oxydant.
Dans cette optique, entre-autres, la génération de complexes de nickel(II) dicationiques a été étudiée.5 L’association de complexes de nickel L2Ni(ORF)2 (RF = C(CF3)3) avec l’acide de Lewis fort, Al(ORF)3, a ainsi été envisagée pour former le fragment dicationique désiré avec le contre-ion robuste et non coordinant [Al(ORF)4]–.6 Le système L2Ni(ORF)2 / 2 Al(ORF)3 s’est montré actif en dimérisation de l’éthylène (jusqu’à 91%), révélant ainsi un nouveau système catalytique exclusif pour cette réaction.7 Une étude multidisciplinaire alliant théorie (DFT), synthèse, catalyse et GC-MS a permis de comprendre le mode de fonctionnement de notre système, mettant ainsi en avant le design d’un nouvel acide de Lewis stable et réactif, la formation d’une espèce cationique de nickel ainsi que le passage par un nickel-hydrure.
Au-delà de l’oligomérisation de l’éthylène, la méthode développée au cours de ma thèse, impliquant abstraction de ORF- par Al(ORF)3, pourrait permettre l’accès à de nombreux cations coordinativement insaturés, et donc à la réactivité exacerbée.
1 H. Olivier-Bourbigou, P.-A. Breuil, L. Magna, T. Michel, M. F. Espada Pastor, D. Delcroix, Chem. Rev., 2020, 120, 7919-7983
2 J. Arlman, P. Cossee, J. Catal., 1964, 3, 99-104
3 J. R. Briggs, J. Chem. Soc. Chem. Comm., 1989, 674-675
4 J. Petit, L. Magna, N. Mézailles, Coord. Chem. Rev., 2022, 450, 214227
5 V. Tognetti, A. Buchard, A. Auffrant, I. Ciofini, P. Le Floch, C. Adamo, J. Mol. Model., 2013, 19, 2107-2118
6 (a) I.M Riddelstone, A. Kraft, J. Schaeffer, I. Krossing, Angew. Chem. Int. Ed., 2018, 57, 13982-14024. (b) J. Petit, L. Magna, N. Mézailles, Organometallics, 2021, 40, 4133-4142.
Le prix de thèse DCC 2020 a été attribué à Etienne Gauthier pour ses travaux portant sur « Chiral complexes based on helicenic N-heterocyclic carbenes: synthesis, structure, photophysical and chiroptical properties », réalisés à l’Université de Rennes 1 sous la direction du Dr Jeanne Crassous et le co-encadrement du Dr Ludovic Favereau.
Les hélicènes sont des molécules composées de n cycles
aromatiques ou hétéro-aromatiques ortho-fusionnés. Ils
présentent une topologie hélicoïdale qui leur confère une
chiralité inhérente ainsi que des propriétés chiroptiques
remarquables notamment des forts pouvoirs rotatoires, un
dichroïsme circulaire intense ainsi que des propriétés d’émission
de lumière circulairement polarisée.[1,2]
En parallèle, les carbènes N-hétérocycliques (NHCs en anglais) sont des ligands riches en électrons, fortement s-donneurs capables de former des
liaisons carbène-métal très stables avec une large variété de métaux de transition.[3]
La combinaison des hélicènes et des ligands NHC apparaît donc comme une stratégie attrayante pour synthétiser des nouvelles structures organométalliques chirales aux propriétés innovantes.[4]
Dans ce contexte, mes travaux de thèse concernaient la diversification de ligands possédant des structures variées (mode de coordination monodente ou bidente, position de l’unité hélicénique ortho-fusionnée au carbène ou substituée sur le carbène) et la coordination à des métaux de transition comme le rhénium, le cuivre ou l’or. Par exemple, des complexes de rhénium à base de NHCs hélicoïdaux ont été préparés et ont présenté de la phosphorescence circulairement polarisée dans le vert avec des temps de vie particulièrement longs de l’ordre de la dizaine à la centaine de microsecondes.[5] En dehors d’applications en tant qu’émetteurs chiraux, ces nouveaux complexes pourraient trouver un intérêt en catalyse asymétrique ou pour la fonctionnalisation de surfaces métalliques.
[1] C.-F. Chen, Y. Shen, Helicene Chemistry, Springer Berlin Heidelberg, Berlin, Heidelberg, 2017
[2] E. S. Gauthier et al., Angew. Chem. Int. Ed. 2020, 59, 22840–22856.
[3] M. N. Hopkinson et al., Nature 2014, 510, 485–496
[4] N. Hellou, et al., Angew. Chem. Int. Ed. 2017, 56, 8236–8239
[5] E. S. Gauthier et al., Angew. Chem. Int. Ed. 2020, 59, 8394–8400.
Le prix jeune chercheur 2020 de la Division Chimie de Coordination récompense Kevin BERNOT, Maître de Conférences à l’INSA de Rennes et à l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes. Kevin Bernot a effectué sa thèse (2004-2007) sous la direction Pr. Andrea Caneschi dans le laboratoire du Pr. Dante Gatteschi à Florence, en Italie.
Il y a étudié l’influence de l’anisotropie magnétique d’ion 3d et 4f sur les propriétés de chaines et molécules-aimants (J. Am. Chem. Soc. 2006, 128, 7947-7956. J. Am. Chem. Soc. 2008, 130, 1619-1627; J. Am. Chem. Soc. 2009, 131, 5573-5579). Ses travaux de thèse lui ont valu l' » ADocMolMag 2008 « , prix de la meilleure thèse européenne en magnétisme moléculaire, décernée par le réseau européen MagMaNet. Il a poursuivi par un post-doctorat dans le même laboratoire et démontré qu’une chiralité de spin peut être observée dans des molécules-aimants triangulaires (Phys. Rev. Lett. 2008, 100, 247205). En 2008, Kevin Bernot a été recruté Maitre de Conférences dans le laboratoire du Pr. Olivier Guillou à l’INSA de Rennes (UMR 6626 Institut des Sciences Chimiques de Rennes). Il a combiné son expertise en magnétisme moléculaire avec celle du laboratoire centré sur la luminescence des polymères de coordinations à base de terres rares. Il a ainsi étudié les corrélations de magneto-luminescentes dans les molécules-aimants (Angew. Chem.-Int. Edit. 2012, 51, 1606-1610; Angew. Chem.-Int. Edit. 2013, 52, 350-354. Chem. Eur. J. 2014, 20, 1569-1576). II a ensuite dévelloppé un axe de recherche de la molécule vers le matériau en syntétisant des molécules-aimants luminescentes et sublimables (Chem.-Eur. J. 2012, 18, 11379-11387) permettant de former des films dans lesquelles leurs propriétés magnetiques sont préservées (ACS Nano 2016, 10, 5663-5669; Appl. Surf. Sci. 2018, 432, 7-14). Il a soutenu son HDR en 2015.
Actuellement, Kevin Bernot étudie l’agencement supramoléculaire de chaines-aimants au sein de polymères de coordination (Chem. Eur. J. 2018, 24, 6983-6991) ou sous forme de nanotubes supramoléculaires chiraux (Angew. Chem.-Int. Ed. 2020, 59, 780-784).Il collabore etroitement avec les autres chimistes rennais impliqués dans l’études des propriétés magnetiques des molécules-aimants à base de lanthanides (B. Le Guennic, L. Norel, F. Pointillart, O. Cador,…) ainsi qu’avec des partenaires étrangers (PICS FloRennes,…) Kevin Bernot est responsable de l’enseignement de la thermochimie appliquée à l’INSA, et intervient également dans le Master co-habilité UR1-INSA-ENSCR. Il est intervenu dans l' »école franco-indienne de Magnétisme Moléculaire « . Il a récemment vulgarisé le concept de molécules-aimants auprès des ingénieurs (Techniques de l’Ingenieur 2019, re277). Kevin Bernot est membre IUF Junior (promotion 2017) et chairman du Congrès Européen de Magnétisme Moléculaire (ECMM) qui aura lieu à Rennes en 2022. Il est membre de la SCF depuis 2009 et a été membre du comité d’organisation des JIREC 2018 à Erquy (Division Enseignement et Formation). Il est co-auteur de 92 articles, 2 chapitres de livre et éditeur invité d’une revue.
Le prix chercheur confirmé 2020 de la Division Chimie de Coordination récompense Jean-René HAMON, Directeur de recherche CNRS à l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes.
Entré au CNRS en 1981, Jean-René Hamon a effectué sa thèse d’état soutenue en 1982 sous la direction scientifique de Didier Astruc dans le Laboratoire de Chimie des Organométalliques de l’Université de Rennes 1 dirigé par René Dabard, sur l’élaboration de complexes sandwichs du fer(I) réservoirs d’électrons et l’activation de l’oxygène moléculaire via le radical anion superoxyde (J. Am. Chem. Soc. 1981, 103, 758-766; 1981, 103, 7502-7514; 1983, 105, 5951-5953). Il a ensuite rejoint le groupe de Kenneth N. Raymond à l’Université de Californie à Berkeley aux Etats-Unis pour un stage post-doctoral, au cours duquel il fût victime d’un tragique accident de travail où il perdit la vue et subit une sévère mutilation de la main gauche. A son retour à Rennes et avec l’aide de ses collègues, il s’est principalement intéressé à la conception, la synthèse et la réactivité de complexes organométalliques du fer dia- et paramagnétiques (Organometallics 1991, 10, 1045-1054 ; J. Am. Chem. Soc. 2001, 123, 9984-10000). De nombreux exemples de ses travaux traitent de la synthèse et la caractérisation de complexes inorganiques du fer et autres complexes homo et hétéro-bimétalliques (Inorg. Chem. 2007, 46, 1123-1134 ; Angew. Chem. Int. Ed. 2008, 47, 8687-8691.), de l’isolation d’hydrures de fer à nombre d’électrons de valence variable, de la stabilisation d’intermédiaires de la réduction de l’azote moléculaire, de la communication électronique entre deux atomes métalliques au travers de divers ligands carbonés (J. Am. Chem. Soc. 2008, 130, 17372-17383 ; Organometallics 2018, 37, 4156-4171.), ou encore de l’étude des complexes de bases de Schiff (dont il est maintenant un expert internationalement reconnu) et de leurs propriétés en tant que composés moléculaires ou catalyseurs (Coord. Chem. Rev. 2018, 357, 144-172 ; 2019, 389, 94-118.).
La qualité de ses travaux originaux lui a valu la reconnaissance de notre communauté, avec l’obtention du prix Gineste de thèse de l’Université de Rennes 1 (1983), de la médaille de bronze du CNRS (1983), du Prix Cahours-Houzeau de l’Académie des Sciences (1995), du titre «honoraria de Profesor Extraordinario » de l’Université Catholique de Valparaiso au Chili (2010) ou encore de son élection à l’European Academy of Sciences and Arts (2014). Jean-René Hamon s’est aussi investi considérablement tout au long de sa carrière dans des collaborations internationales fructueuses, en particulier avec le Chili où il a été l’un des acteurs majeurs dans le développement des relations franco-chiliennes en chimie de coordination. Il est notamment à l’initiative de la mise en place d’un laboratoire franco-chilien (LIA CNRS) qui regroupe l’Institut des sciences chimiques de Rennes et sept universités chiliennes, et qu’il dirige depuis 2009. Membre très actif de la Société Chimique de France, il a été vice-président (2007-2009), puis président (2010-2012) de notre Division.
Le lauréat 2019 du prix de thèse DCC est Philipp Gotico qui a réalisé une thèse intitulée « Stratégies bio-inspirées pour la réduction catalytique et la valorisation du dioxyde de carbone » à l’Université Paris Sud, sous la direction du Dr Winfried Leibl.
Le prix Jeune Chercheur 2019 de la Division Chimie de Coordination récompense cette année Matteo MAURO, Maître de Conférences à l’Université de Strasbourg, à l’Institut de Physique et Chimie des Matériaux de Strasbourg.
Matteo Mauro a débuté ses études en chimie à l’Université “Aldo Moro” de Bari où il s’est initié à la catalyse homogène en travaillant dans le laboratoire du Pr. Michele Aresta. Il a poursuivi son parcours à l’Université de Milan, où il obtenu sa thèse en chimie inorganique en 2009 sous la direction du Pr. Giuseppe D’Alfonso. Son travail de thèse concernait les complexes des métaux de transition phosphorescents et leurs applications dans l’optoélectronique telles que les diodes organiques à émission de lumière (OLEDs). Dans ce cadre, il a étudié différentes familles de composés et il a, entre autres, développé une nouvelle famille de complexes dinucléaires très émissifs contenant deux unités rhénium(I) tris-carbonyle. Ces molécules ont montré des performances exceptionnelles dans les dispositifs OLEDs montrant un rendement quantique externe de l’ordre de 10% voir par exemple Adv. Mater., 2012, 2054 ainsi que un phénomène d’augmentation de l’émission induit par l’agrégation J. Am. Chem. Soc., 2010, 132, 14397. Durant la même période, il a également développé des structures cristallines poreuses formées par des sels doubles luminescents d’iridium(III) Angew. Chem. Int. Ed., 2010, 49, 1222.
Il a ensuite effectué un stage postdoctoral de trois ans, grâce à une bourse de la Fondation Alexander von Humboldt, dans le laboratoire de recherche dirigé par la Pr. Luisa De Cola à l’Université de Münster en Allemagne. Ce travail lui a permis d’étendre son champ d’expertise en photochimie et chimie de matériaux de coordination supramoléculaires. Pendant cette période, il a notamment développé des metallosurfactants luminescents basés sur des complexes d’iridium(III) Dalton Trans., 2011, 40, 12106 et Re(I) Nanoscale, 2015, 7, 12000 montrant des propriétés d’auto-assemblage en milieux aqueux.
Matteo a été recruté comme Maître de Conférences à l’Institut de Science et Ingénierie Supramoléculaires à l’Université de Strasbourg au sein de la même équipe en 2012 et a obtenu son habilitation en 2014. Pendant cette période, il s’est intéressé à une nouvelle famille de complexes tridentés de platine(II) très luminescents à l’état solide. Tandis que d’une coté la suppression de l’agrégation moléculaire permettait la fabrication d’OLED très performantes Adv. Mater., 2013, 25, 437, il a exploité en parallèle la formation d’interactions supramoléculaires faibles de type métallophiliques conduisant à une modulation des propriétés photophysiques de complexes luminescents. Dans ce contexte, des résultats remarquables ont été obtenus, permettant de visualiser et suivre en temps réel le processus d’assemblage de ces composés ayant des dynamiques complexes dans et hors équilibre thermodynamique Nature Chem., 2016, 8, 10.
Une deuxième thématique de recherche portée par Matteo vise au développement de matériaux supramoléculaires sensibles à la lumière et donnant une réponse mécanique (actionneurs souples) pour des applications potentielles dans la biomédecine en tant que muscles artificiels et la vectorisation de médicaments. Dans ce contexte, des metallo-polymères supramoléculaires photo-commutables ont été développés montrant des propriétés gélifiantes accrues dans milieu organique Angew. Chem. Int. Ed. 2016, 55, 1313; Chem. Commun., 2017, 53, 8344 et aqueux Chem. Eur. J. 2016, 52, 18718. Ces gels ont montré une contraction de leur volume sous irradiation UV et des propriétés auto-cicatrisantes. Les propriétés de ces métallopolymères ont été étudiées à l’échelle sub-moléculaire à l’interface liquide-solide et sous irradiation en collaboration avec le Pr. Paolo Samorí. Une étude à l’aide de microscopie à effet tunnel a montré que ces composés sont capables d’effectuer de façon réversible des cycles de contraction et d’expansion sous irradiation UV et visible, respectivement Small, 2017, 13, 1701790.
Récemment, son expertise dans la chimie des complexes photoactifs a été reconnue par des invitations à contribution dans des volumes spéciaux dédiées aux matériaux pour les OLEDs Beilstein J. Org. Chem., 2018, 14, 1459., au phénomène d’augmentation de l’émission induit par l’agrégation Isr. J. Chem., 2018, 58, 901 ainsi qu’aux composés de coordination supramoléculaires photoactifs Chem. – Eur. J., 2017, 23, 17626; Eur. J. Inorg. Chem., 2018, 2090
En 2018, Matteo a obtenu deux financements, l’un comme Chercheur Emergent du LabEx CSC de l’Université de Strasbourg et un ANR JCJC, qui lui ont permis de démarrer ses recherches indépendantes au sein de l’Institut de Physique et Chimie de Matériaux de Strasbourg (IPCMS) et, ainsi, d’établir plusieurs collaborations locales, nationales et internationales.
Par ailleurs, il a été membre du comité scientifique local pour l’organisation de conférences internationales très prestigieuses.
A ce jour, Matteo est (co-)auteur de 52 publications dans des journaux à comité de lecture à haut facteur d’impact, ainsi que co-inventeur de 4 brevets. En 2017, il a été chercheur invité à l’Université de Hokkaido (Japon) dans le laboratoire de chimie de coordination dirigé par la Pr. Masako Kato. Pour son travail doctoral, il a été récompensé par le prestigieux prix ENI Award « Début en recherche » en 2010. Plus récemment, il a été lauréat d’une des bourses de l’Université de Strasbourg Institut d’Études Avancées (2013). Il a été sélectionné comme un des 2018 Emerging Investigators par la revue J. Mater. Chem. B ainsi que parmi les finalistes de l’European Young Chemist Award en 2018.
Le prix Chercheur Confirmé 2019 de la Division Chimie de Coordination récompense cette année Talal MALLAH, Professeur à l’Université Paris Sud/Université Paris Saclay depuis 1996, à l’Institut de Chimie Moléculaire et des Matériaux d’Orsay.
Talal Mallah a préparé une thèse de doctorat sous la direction du Professeur Olivier Kahn sur l’interaction d’échange au sein de complexes binucléaires de Cu(II). Puis, il a effectué un stage post-doctoral à l’Université d’Oxford chez le Professeur Peter Day sur la chimie et la physique des sels de transfert de charge contenant des espèces paramagnétiques (J. Am. Chem. Soc. 1992, 114, 10722).
Il a alors été recruté Maître de Conférences en 1991 à l’Université Pierre et Marie Curie où il a travaillé avec le Professeur Michel Verdaguer. Ses travaux ont conduit à l’élaboration des premiers aimants moléculaires à température ambiante (Science 1993, 262, 1554 ; Nature 1995, 378, 701) et des premières molécules à haut spin (J. Chem. Soc. Chem. Commun. 1995, 61-62) suivant une approche rationnelle.
Talal Mallah a ensuite été promu Professeur à l’Université Paris Sud en 1996. Ses travaux de recherche sont centrés sur trois axes : le magnétisme moléculaire, la nanochimie et la fonctionnalisation de surfaces avec la chimie de coordination comme dénominateur commun.
En magnétisme moléculaire, Talal Mallah s’est intéressé à la compréhension du phénomène de l’anisotropie magnétique au sein des complexes mononucléaires des métaux de transition en combinant théorie et expériences. Ses travaux sur ce sujet menés depuis 2005 ont été enrichis grâce à une collaboration étroite avec Nathalie Guihéry et ses collègues (Université de Toulouse) et ont permis une grande avancée dans le domaine (Angew. Chem. Int. Ed. 2005, 44, 1876 ; J. Am. Chem. Soc. 2013, 135, 3017 ; Chem. Sci. 2014, 5, 3418).
En nanochimie, il a développé avec sa collègue Laure Catala la synthèse de nanocristaux de réseaux de coordination qui a permis de mettre au point un protocole de synthèse d’objets de type cœur-multicoquilles conduisant à un contrôle moléculaire de la taille et de la structure des objets et donc de leurs propriétés (photo)magnétiques (J. Am. Chem. Soc. 2007, 129, 3778 ; Angew. Chem. Int. Ed. 2009, 48, 183 ; J. Am. Chem. Soc. 2012, 134, 222; Adv. Funct. Mater. 2014, 24, 5402).
Dans le domaine de la fonctionnalisation de surfaces (Si, nanotubes de carbone, magnétiques), une collaboration fructueuse s’est établie avec Serge Palacin (CEA-Saclay) et a permis la croissance contrôlée de plots de réseaux de coordination magnétiques à l’échelle moléculaire et de molécules-aimants sur des surfaces de silicium (Chem. Commun. 2005, 2020 ; Chem. Commun. 2010, 46, 4327). Ces travaux ont été le catalyseur pour le développement de l’assemblage de molécules-aimants sur nanotubes de carbone et sur surfaces magnétiques où les propriétés d’aimants de molécules individuelles ont été mises en évidence (Angew. Chem. Int. Ed. 2009, 48, 4949 ; Nanoscale 2010, 2, 139 ; Nat. Comm. 2016, 7, 13646).
Talal Mallah est également très impliqué dans l’enseignement. Il est responsable du Master 2 Chimie Inorganique. Depuis plus de dix ans, il donne des cours dans deux Master 2 au Liban et au Vietnam et à la préparation à l’agrégation externe de Sciences Physique de l’ENS Paris Saclay. Il a, à plusieurs reprises, été invité pour donner des cours dans des Universités étrangères.
Talal Mallah a été membre Senior de l’Institut Universitaire de France pour la période 2013-2017 et récipiendaire du prix thématique Paul Pascal de l’académie des Sciences en 2015.
Le prix 2018 de la Division de Chimie de Coordination, récompense cette année Jean-François NIERENGARTEN, Directeur de Recherche à l’Ecole Européenne de Chimie, Polymères et Matériaux de Strasbourg au sein de l’UMR 7042.
Après une thèse dans le Laboratoire de Chimie Organo-Minérale sous la direction de Jean-Pierre Sauvage et Christiane Dietrich-Buchecker puis un stage post-doctoral à l’ETH (Zürich, Suisse) sous la direction de François Diederich, Jean-François Nierengarten a obtenu un poste de Chargé de Recherche au CNRS en 1996. Il est aujourd’hui Directeur de Recherche (DR 1) et responsable d’une équipe au sein de son UMR.
Jean-François Nierengarten est un expert internationalement reconnu dans de nombreux domaines de la chimie. Il est l’auteur de contributions majeures en chimie des fullerènes, en chimie des complexes cuivreux luminescents et en chimie supramoléculaire. Il a su largement dépasser les champs traditionnels de la chimie de synthèse pour être un précurseur dans de nouveaux domaines à l’interface avec les matériaux. Avec son équipe, il a en particulier abordé des problématiques innovantes en chimie de coordination et a été l’un des premiers à reconnaître le potentiel des complexes cuivreux en tant que matériaux électroluminescents (Adv. Mater. 2006, 9, 1005). Cette thématique est aujourd’hui un axe de recherche majeur de la chimie moléculaire du cuivre. Dans ce domaine, Jean-François Nierengarten a développé une chimie de coordination originale alliant le développement de matériaux luminescents (Chem. Commun. 2007, 3077, Inorg. Chem. 2013, 52, 12140, Chem. Eur. J. 2014, 20, 12083, J. Am. Chem. Soc. 2018, 140, 2336) et l’élaboration de systèmes sophistiqués sièges de processus photo-induits (Inorg. Chem. 2003, 42, 8783, Chem. Commun. 2004, 1582, Chem. Commun. 2007, 3556). On peut également noter un ensemble de travaux importants et très innovants dans le domaine des porphyrines. En particulier, Jean-François Nierengarten a préparé de nombreux systèmes supramoléculaires par coordination apicale de métallo-porphyrines avec des ligands azotés. Il a ainsi élaboré des systèmes photo-actifs originaux (New J. Chem. 2008, 32, 159, Chem. Eur. J. 2014, 20, 223) et montré qu’il était possible de contrôler le dépliement de macromolécules multi-porphyriniques par action de diverses contraintes (« stresses ») externes (Chem. Eur. J. 2017, 23, 11011). Jean-François Nierengarten et son groupe de recherche ont également élucidé le rôle joué par le métal dans les interactions supramoléculaires entre une métallo-porphyrine et le C60 (Angew. Chem. Int. Ed. 2015, 54, 1255).
Les thématiques abordées sont vastes et vont de la synthèse à des applications dans le domaine des matériaux moléculaires en passant par l’élaboration d’édifices supramoléculaires à propriétés électroniques originales. La production scientifique de Jean-François Nierengarten est tout à fait hors norme (265 publications et 17 chapitres d’ouvrage) avec de nombreux articles dans des journaux à fort impact. Cette production est associée à un facteur H = 53 et plus de 9600 citations. Cette notoriété se concrétise aussi par de très nombreuses conférences sur invitation dans des congrès internationaux et par plusieurs distinctions dont le prix Catalan-Sabatier de la Société Royale de Chimie Espagnole en 2013. Jean-François Nierengarten a été invité à rejoindre les Editorial Boards de Chemical Communications (2013) et de Chemistry-a European Journal (2014), ce qui démontre également un excellent niveau de reconnaissance à l’échelle internationale. Il a été par ailleurs plusieurs fois éditeur ou co-éditeur pour des numéros spéciaux (Tetrahedron Symposium-in-Print, Comptes Rendus Chimie, J. Mater. Chem. B, Structure and Bonding). Il a aussi édité plusieurs livres. Outre ses activités de recherches, Jean-François Nierengarten s’est également engagé dans la promotion de la chimie. En sa qualité de secrétaire de la division Fullerenes, Nanotubes, and Carbon Nanoclusters de l’Electrochemical Society (ECS) de 2008 à 2013, il a par exemple activement participé à l’organisation d’une quinzaine de symposiums durant les congrès annuels de l’ECS. Finalement, il peut aussi être souligné que Jean-François Nierengarten a été en détachement sur un poste de Professeur à l’ECPM (2007-2010). Ce détachement a été pour lui l’occasion de s’impliquer fortement dans l’enseignement de la chimie.
Le lauréat du premier prix de thèse DCC est Claus Hierlinger qui a réalisé la thèse intitulée ≪ Synthèse, caractérisation et propriétés optoélectroniques des complexes d’iridium : de cycles de chélation de 5 cycles a 6≫ en cotutelle entre les Universités de Rennes 1 et Saint Andrews, sous la direction du Dr Véronique Guerchais et du Pr Eli Zysman-Colman.
Le prix Junior 2017 de la Division Chimie de Coordination de la Société Chimique de France récompense le Dr. Fabrice Pointillart, Chargé de Recherche CNRS à l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes (UMR 6226).
Fabrice Pointillart a effectué ses études de premier et second cycle à l’Université Denis Diderot (Paris VII) puis à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI) où il a soutenu sa thèse de chimie inorganique, chimie et physique des matériaux en 2005. Son travail de thèse, réalisé au laboratoire de Chimie Inorganique et Matériaux Moléculaire du CNRS-UPMC sous la direction du Professeur Michel Verdaguer et du Dr Cyrille Train, concernait d’une part l’auto-assemblage de réseaux tridimensionnels (3D) magnétiques chiraux à pont oxalate pour l’observation de l’anisotropie magnéto-chirale et d’autre part la synthèse de complexes de coordination à ligands radicalaires verdazyls. L’un des résultats majeurs de son travail de thèse a été l’élaboration d’un réseau 3D d’ions Pd(II) présentant un état triplet (S=1) fondamental.
Fabrice Pointillart a ensuite effectué deux années de stage post-doctoral comme boursier DFG au sein du Laboratoire de Magnétisme Moléculaire de l’Université de Florence en Italie, sous la direction des Professeurs Dante Gatteschi et Roberta Sessoli. Il s’est alors intéressé aux complexes de coordination d’ions lanthanides présentant une relaxation lente de leur aimantation (appelés « molécules aimants »). Il a notamment fortement participé à la mise en évidence du rôle fondamental des interactions magnétiques intra- et intermoléculaires pour l’observation du comportement de molécules aimants.
En 2005 il a intégré, comme chargé de recherche au CNRS, le groupe du Dr. Lahcène Ouahab à l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes de l’Université de Rennes 1. Il développe alors une activité de recherche combinant le savoir-faire historique du groupe dans le domaine de la chimie du fragment organique tétrathiofulvalène (TTF) à ses connaissances sur la chimie et le magnétisme des ions lanthanides. L’association du ligand TTF et des ions lanthanides s’avère être une excellente idée et il obtient la première structure cristallographique d’un complexe de coordination d’ion lanthanide à ligand TTF et démontre l’efficacité de la sensibilisation de la luminescence des ions lanthanides par effet antenne et transfert d’électron photo-induit du chromophore organique TTF. Il étudie la première molécule aimant à ligand TTF et réalise la corrélation magnéto-structurale entre les propriétés magnétiques et de luminescence. Il développe par la suite différentes stratégies pour mieux comprendre et améliorer les propriétés magnétiques de ces molécules aimants. Nous pourrons ainsi citer l’un de ses plus grands résultats avec l’enrichissement isotopique d’une molécule aimant permettant d’observer pour la première fois un effet mémoire à champ magnétique nul pour un complexe monomérique d’ion Dy(III). Ce travail a fait l’objet de la couverture de la prestigieuse revue Angewandte Chemie.
Plus récemment il a élargi sa thématique de recherche aux complexes chiraux pour l’observation de la luminescence circulairement polarisée et la décoration de nanoparticules d’oxyde métallique pour l’observation de l’effet mémoire à l’échelle atomique ce qui lui a valu de recevoir un financement ERC Consolidator en 2016.
Outre ses activités de recherche, il a encadré et fait partager sa passion pour la chimie de coordination à bon nombre d’étudiants français et étrangers venus réaliser un stage au laboratoire et en étant coordinateur d’un accord bilatéral de programme d’échange d’étudiants entre les Universités de Rennes 1 et d’Osaka. Il est impliqué dans de nombreux et prestigieux programmes et projets de recherche. Il a su également tisser un réseau de collaborations nationales et internationales. Il s’est également investi dans la promotion de la chimie au grand public avec le tournage d’une vidéo relatant la recherche qu’il développe au laboratoire ou bien encore l’écriture d’article grand public par exemple dans la revue L’Actualité Chimique. Il a participé à l’organisation de conférences telles que les Journées de la Chimie de Coordination (JCC) en 2014 ou encore il a été co-chair d’un symposium à l’ICCC2016.
Au cours de sa carrière, Fabrice Pointillart a développé un savoir-faire unique en chimie de coordination de ligands électro-actifs et des ions lanthanides menant à la publication de 76 articles parues dans des revues internationales à forts facteurs d’impact. La qualité de son travail a été reconnue par ses pairs notamment par le financement d’un projet ANR (programme blanc, dont Fabrice Pointillart était le coordinateur), par l’attribution de la Prime d’Excellence Scientifique (2011) puis Prime d’Encadrement Doctoral et de la Recherche (2015), et la Médaille de Bronze du CNRS en 2014.
Le Prix 2016 de la Division de Chimie de Coordination, récompense cette année Dominique LUNEAU, Professeur à l’Université Claude Bernard de Lyon.
Après un DUT de chimie au Mans en 1981, puis un diplôme d’ingénieur chimiste à l’ENSC de Clermont-Ferrand en 1983, Dominique Luneau a soutenu une thèse de chimie de coordination de l’Université Paul Sabatier à Toulouse en 1987. Son travail de thèse, réalisé au Laboratoire de Chimie de Coordination du CNRS sous la direction de J.-P. Tuchagues, concernait la synthèse et l’étude des relations entre structure et propriétés magnétiques de complexes polynucléaires du manganèse(II). L’un des résultats majeur de son travail de thèse a été l’obtention d’un complexe dodécanucléaire du manganèse(II) (Inorg. Chem. 1988, 27, 3912-3918).
Il a ensuite passé deux années comme boursier JSPS au sein du Laboratoire de Chimie de Coordination de l’Institut for Molecular Science d’Okazaki au Japon, sous la direction des Professeurs S. Kida et H. Okawa. Pendant ces deux années, il s’y intéresse à l’utilisation des complexes de dioximes pour l’élaboration d’aimants à base moléculaire. Cela le conduit à synthétiser les premiers complexes polynucléaires à pont dioximate (Dalton Trans. 1990, 469-475).
En 1989 il passe avec succès le concours CR2 du CNRS pour un projet dans l’équipe de Paul Rey au Laboratoire de Chimie de Coordination du CEA-Grenoble dirigé par Jean-Claude Marchon. Il va y développer, jusqu’en 2002, la chimie de coordination des radicaux libres nitronyl nitroxyde pour l’ingénierie d’aimants à base moléculaire. Il s’agit sans doute là d’une de ses contributions majeures à la chimie de coordination. Il a en effet l’idée d’incorporer les radicaux nitronyl nitroxyde, qui sont des bases de Lewis faible, dans des chélates (J. Am. Chem. Soc. 1991, 113, 1245-1251). Cette recette simple va permettre d’étendre la chimie de coordination des radicaux nitroxydes à la plupart des ions métalliques d et f (Inorg. Chem. 1998, 37, 4518-4523 ; Inorg. Chem. 2014, 53, 9548−9560). Il s’en est suivi plusieurs résultats marquants. Il découvre ainsi la transition de spin moléculaire dans des complexes Cu(II)-nitroxyde qui résulte du basculement réversible thermo-induit d’une interaction antiferromagnétique qui devient ferromagnétique. Il a également synthétisé des polymères de coordination métal-radical qui sont des aimants à base moléculaire à hautes températures de Curie (Tc ~ 50K) (Angew. Chem. Int. Ed. 2002, 41, 586-589 ; Coord. Chem. Rev. 2005, 249, 2591- 2611).
En 2002, il quitte le CNRS pour un poste de Professeur à l’Université Claude Bernard Lyon 1. Il intègre le Laboratoire des Multimatériaux et Interfaces (UMR 5615) où il crée une équipe centrée sur la chimie de coordination et les matériaux moléculaires magnétiques. Au nombre de ses résultats marquants depuis son arrivée à Lyon il faut noter : l’obtention de systèmes polymétalliques Cu(II)-Dy(III) à nucléarité contrôlée qui sont des molécules-aimants (SMMs) (Angew. Chem. Int. Ed. 2006, 45, 4659-4662) ; l’introduction de la chiralité dans les molécules-aimants et l’obtention du premier multiferroïque à base moléculaire (Chem. Sci., 2012, 3, 1169–1176) ; l’élaboration de systèmes magnétiques à base de complexes de calixarènes et thiacalixarènes avec un exemple rare de polyoxohexavanadate à valence mixte VIIIVIV5 (Inorg. Chem. 2005, 44, 9112-9120 ; Dalton Trans., 2007, 4582-4588 ; J. Am. Chem. Soc. 2008, 128, 2365-2371) ou encore des complexes osmium-nitrosyl pour le relargage d’oxyde nitrique à usage anticancéreux (Inorg. Chem. 2013, 52, 6260−6272).
Outre ses activités de recherches, ses enseignements au niveau L3 et M1 concernent pour une bonne partie la chimie de coordination. Il s’est également investit dans la promotion de la chimie, et de la chimie de coordination en particulier, en tant que membre de longue date de la SCF et par sa participation dans l’organisation de conférences. De 2007 à 2013 il a fait partie du bureau de la section Rhône-Alpes d’abord comme secrétaire puis comme Vice-président. En 1994 avec Paul Rey il a organisé CONCOORD-GECOM et en 2006 il a présidé à l’organisation du deuxième symposium MOLMAT. En 2012 il a assuré la coordination et l’organisation logistique de la remise des Grands Prix de la SCF à Lyon et en 2013 il a présidé l’organisation des Journées de la Division Chimie de Coordination à Lyon.
Dominique Luneau a développé une grande maîtrise dans la chimie de coordination de systèmes sophistiqués à base d’éléments d et f avec des résultats marquant tout au long de sa carrière. Ses recherches ont conduits à 159 publications dans des journaux avec des facteurs d’impact élevés et ses travaux font référence comme l’indique le nombre élevé de citations de ses articles. Il a fait preuve d’une grande mobilité géographique et thématique. Il est impliqué dans de très nombreuses collaborations nationales et internationales. Enfin, Dominique Luneau s’impliqué fortement au service de la communauté scientifique nationale.
Le prix Junior 2015 de la Division de Chimie de Coordination de la Société Chimique de France récompense le Dr. David Sémeril, Chargé de Recherche CNRS à l’Institut de Chimie de Strasbourg (UMR CNRS-UDS 7177).
David Sémeril est un spécialiste des métaux de transition, de la conception de ligands multifonctionnels, et de la catalyse homogène. En 2001, il a obtenu le grade de Docteur de l’Université de Rennes pour une thèse préparée sous la co-direction du Prof. Pierre H. Dixneuf et du Dr. Christian Bruneau. Son mémoire de thèse, récompensé par le prix Pierre-Gineste de l’Université de Rennes 1, portait sur la synthèse de "Catalyseurs du ruthénium sélectifs pour la métathèse et la cycloisomérisation de diènes et d’énynes fonctionnalisés".
A l’issue de son travail de doctorat, David Sémeril a effectué deux séjours scientifiques en Italie (Laboratoires de F. Ciardelli, Pise et C. Bianchini, Florence), au cours desquels il a contribué activement à la mise au point de catalyseurs d’oligomérisation et polymérisation d’oléfines très performants.
Son parcours l’a ensuite conduit à un recrutement CR2 au CNRS (2003). Il rejoint alors le "Laboratoire de Chimie Inorganique Moléculaire et Catalyse", dirigé par le Dr. Dominique Matt au sein l’Institut de Chimie de Strasbourg. Il y soutient son Habilitation à Diriger des Recherches en 2008.
A son arrivée à Strasbourg, David Sémeril entame des recherches centrées sur "l’exploitation des propriétés intrinsèques de plateformes calix4arène et résorcin4arène en catalyse homogène". Parmi les concepts développés figure l’idée que le confinement d’un centre catalytique au sein d’une poche moléculaire peut engendrer des sélectivités de forme. Pour cela, il élabore des coordinats hémisphériques phosphorés capables d’envelopper un centre catalytique après complexation. Il montre qu’avec de tels ligands, l’étreinte stérique créée autour d’un atome de rhodium catalysant une réaction d’hydroformylation, impose à l’aldéhyde en formation d’adopter la forme la plus appropriée à "l’espace réactionnel", en l’occurrence la forme linéaire. Les coordinats étudiés, des diphosphites basés sur un macrocycle calix4arène, constituent les premiers coordinats calixaréniques capables d’orienter une réaction d’hydroformylation vers la formation sélective d’aldéhyde linéaire, et ceci, quelle que soit la nature du substrat oléfinique.
Un autre volet des recherches de David Sémeril concerne l’étude de phosphines tertiaires dont l’atome de phosphore est greffé sur une cavité moléculaire capable de se comporter en récepteur. Il démontre que certaines d’entre elles, associées à du nickel ou du palladium, produisent d’excellents catalyseurs de formation de liaison carbone-carbone fonctionnant en mode supramoléculaire. Aucun catalyseur supramoléculaire de couplage CC n’avait été écrit avant ces travaux.
Plus récemment, David Sémeril a montré comment des phosphines et carbènes N-hétérocycliques à encombrement stérique variable – tous bâtis sur des cavitands
résorcinaréniques fonctionnalisés sur leur deux bords – pouvaient efficacement influencer le déroulement de réactions de type Suzuki-Miyaura.
David Sémeril est co-auteur de 67 publications parues dans des revues internationales de premier rang (Coord. Chem. Rev. 2014, Angew. Chem. 2014 / 2006, Chem. Eur. J., 2015 / 2010 / 2008 / 2004 / 2003, Chem. Commun. 2011 / 2002…). Pour un aperçu de ses travaux sur les métallo-cavitands, on pourra se reporter à une mise au point récente parue dans Coord. Chem. Rev. en 2015 (CCR, 2014, 279, 58-95), où il montre toute la puissance des ligands phosphorés dérivés de cavités de type calix4arène et résorcin4arène en catalyse homogène et chimie verte. L’originalité de ses travaux sur des molécules combinant métal de transition et cavité moléculaire ainsi que sa contribution à la catalyse supramoléculaire lui ont valu d’être invité dans de nombreux congrès et universités, tant en France qu’à l’étranger
Le prix Junior 2015 de la Division de Chimie de Coordination de la Société Chimique de France, récompense le Dr. Sébastien Floquet, maître de conférences à l’Institut Lavoisier de Versailles, UMR 8180, Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines / Université Paris-Saclay.
Sébastien Floquet fait ses études en premier et second cycles à l’Université de Reims Champagne Ardenne (URCA), puis un DEA de Chimie Inorganique à l’Université de Paris Sud 11. Après une année comme scientifique du contingent au CEA de Marcoule pour concevoir un montage pilote afin d’étudier la dissolution oxydante d’oxydes de Ruthénium(IV) par l’ozone en milieu alcalin, Sébastien retrouve le Laboratoire de Chimie Inorganique pour y effectuer sa thèse sous la direction du Dr Marie-Laure Boillot. Il étudiera plusieurs familles de complexes ferriques à conversion de spin thermo- ou photo-induites et il s’intéressera en particulier à une famille de complexes ferriques anioniques à base de ligands salicylaldehyde thiosemicarbazones. A l’issue de sa thèse obtenue en 2001, Sébastien rejoint le groupe du Prof. Claude Piguet à l’Université de Genève pour 2 années de stage post-doctoral. Le sujet de recherche porte sur la synthèse d’hélicates de lanthanides. Une première année sera principalement consacrée à l’obtention et à l’étude d’hélicates homotrimétalliques Ln3L39+; la seconde année sera dédiée à l’étude de la formation sélective d’hélicates hétéro-trimétalliques comprenant deux ions Ln3+ différents, ce qui constitue un véritable défi compte-tenu de la faible différence de taille entre les ions Ln3+. Hormis la synthèse organique multi-étapes de ligands, cette expérience à Genève permettra à Sébastien d’acquérir une solide expérience en thermodynamique et dans la caractérisation des complexes en solution par RMN, compétences qui lui seront extrêmement précieuses pour la suite de sa carrière. Son stage post-doctoral conduira à la publication de 6 articles (voir par exemple Chem. Eur. J., 2003, 9, 1860 et Chem. Eur. J., 2004, 10, 1091).
Sébastien est recruté maître de conférences à l’Université de Versailles en 2003 pour travailler avec le Prof. Emmanuel Cadot dans le groupe animé alors par le Prof. Francis Sécheresse au sein de l’Institut Lavoisier de Versailles. A partir de là, il s’intéresse aux composés supramoléculaires obtenus à partir du complexe cationique Mo2O2S22+. En milieu aqueux, ces complexes s’auto-assemblent autour de ligands organiques pour donner des composés cycliques variés (Isr. J. Chem., 2011, 51, 290). Sébastien s’attachera à apporter des éléments permettant de comprendre la formation de ces cycles et les paramètres qui permettent à la fois de stabiliser thermodynamiquement ces cycles et d’encapsuler sélectivement un ligand plutôt qu’un autre (Dalton Trans., 2008, 4565). Il cherchera par ailleurs à développer de nouvelles méthodologies RMN pour caractériser ces objets en solution et en particulier la RMN DOSY, peu employée à l’époque (J. Am. Chem. Soc., 2009, 131, 17254). C’est à cette période que ces composés se révèleront électro-actifs vis-à-vis de la réduction des protons en hydrogène en milieu organique ou dans l’eau (J. Phys. Chem. C, 2008, 112, 1109). Sébastien obtiendra un projet ANR JCJC (2009-2012) pour développer ce sujet qui l’intéresse encore actuellement. En dehors des systèmes cycliques, le synthon Mo2O2S22+ peut également être associé à des ligands classiques de la chimie de coordination. Les complexes dinucléaires ainsi obtenus sont étudiés en collaboration avec des équipes de chercheurs Moldaves depuis quelques années et des propriétés biologiques remarquables sur la croissance de biomasse ou la résistance des abeilles apis mellifera ont été mises en évidence et brevetées récemment. Ces études se poursuivent actuellement avec un potentiel de valorisation important. Enfin, Mo2O2S22+ peut réagir avec des polyoxotungstates vacants ou des molybdates de type MoxOyn- pour donner des composés moléculaires spectaculaires (Chem. Soc. Rev., 2012, 7335) qui peuvent présenter un intérêt pour du piégeage de cations ou de la catalyse compartimentée. Ces systèmes géants sont au coeur d’une nouvelle thématique initiée au laboratoire par Sébastien depuis 2010 et qui vise à préparer des matériaux amorphes ou organisés de type cristaux liquides basés sur les interactions ioniques de ces
systèmes anioniques avec des cations organiques plus ou moins sophistiqués (New J. Chem., 2012, 36, 865), une étape clé pour envisager des propriétés intéressantes et des applications futures pour ces molécules.
Sébastien Floquet est co-auteur de 60 publications L’ensemble de ses travaux et de ses projets de recherche lui ont valu d’être nommé membre junior de l’Institut Universitaire de France en 2014. Les travaux menés en collaboration avec des laboratoires de l’académie des Sciences de Moldavie lui ont permis d’être co-inventeur de 2 brevets et de recevoir plusieurs récompenses dans des salons internationaux pour l’innovation à Bruxelles (2014) et à Genève (2015). Il est par ailleurs officier de réserve spécialiste à la DGA depuis 2011 et Directeur Adjoint de l’Ecole Doctorale Sciences Chimiques 2MIB de l’Université Paris-Saclay depuis 2014.
Le prix Sénior 2014 de la Division de chimie de coordination de la Société Chimique de France, récompense le Dr. Sylviane Sabo- Etienne, Directeur de Recherche CNRS au Laboratoire de Chimie de Coordination, UPR-CNRS 8241 à Toulouse (LCC).
Entrée au CNRS au LCC dans l’équipe de Danièle Gervais, Sylviane Sabo-Etienne est ensuite partie à Brest dans l’équipe d’Hervé des Abbayes. Après un séjour d’un an à Chapel Hill dans l’équipe de Maurice Brookhart, elle est revenue au LCC dans l’équipe de Bruno Chaudret, puis a fondé une équipe indépendante en 2006.
Le domaine de prédilection de Sylviane Sabo-Etienne se situe à l’interface de la chimie organométallique, de la chimie de coordination et de la catalyse, avec une synergie importante entre expérience et théorie et en combinant recherche fondamentale et valorisation.
Sylviane Sabo-Etienne s’est tout d’abord consacrée à la chimie des polyhydrures. Par l’isolementdu premier complexe dihydrogène du tantale, elle a pu apporter des éléments déterminants dans la compréhension des phénomènes de couplages d’échanges quantiques. Elle a également obtenu les premiers complexes silanes comportant 2 liaisons σ-Si-H coordonnées sur un centre métallique et mis en évidence le rôle crucial des interactions secondaires aussi bien pour la stabilisation des espèces que dans les processus d’échanges et les étapes catalytiques. Parmi tous les complexes originaux obtenus, l’on peut citer le complexe dinucléaire où un équivalent de SiH4 est piégé entre deux atomes de ruthénium (un mode inédit de coordination), des composés où l’activation C-H peut être initiée par activation Si-H et des ligands de type pince «H-Si-P-Si-H ».
Puis Sylviane Sabo-Etienne a initié une nouvelle thématique concernant le problème de l’activation de boranes et isolé des espèces telles qu’un composé comportant 2 modes de coordination différents de boranes sur un même centre métallique et un complexe possédant 2 ligands σ différents. Elle a également décrit un composé particulièrement original où le mésitylborane est coordonné sur le centre métallique via 2 liaisons σ-B-H mais ceci avec 1 seul atome de bore, et démontré la première étape de déshydrogénation de l’ammoniaborane en aminoborane. Au niveau catalytique, plusieurs résultats importants ont été obtenus, tels que la synthèse de vinylboranes, la production réversible de dihydrogène via la formation d’un complexe borylène du ruthénium et la cyclisation déshydrogénante de diamineboranes.
Parallèlement, Sylviane Sabo-Etienne s’est attaquée au problème de l’activation C-H et du dihydrogène et obtenu des résultats qui constituent un ensemble unique dans la communauté des chimistes travaillant dans ce domaine, avec, par exemple, un article publié à PNAS concernant les transferts d’hydrogène dans des complexes orthométallés, modèles pour la réaction de Murai et l’isolement d’un nouveau complexe bis(dihydrogène) incorporant la tricyclopentylphosphine qui conduit à des résultats remarquables dans le contexte du stockage de l’hydrogène.
L’ensemble de ses études sur la chimie des complexes σ a permis d’identifier le rôle majeur des interactions secondaires et à proposer pour les métaux de transition tardifs un mécanisme général (σ-CAM) qui complète les deux mécanismes généralement invoqués dans le domaine d’activation de liaisons E-H, à savoir addition oxydante/élimination réductrice versus métathèse de liaisons σ pour les métaux de transition précoces. Ce concept publié en 2007 a un impact important car il est généralisable à des réactions catalytiques variées et démontre l’importance des complexes σ en catalyse.
Durant sa carrière, Sylviane Sabo-Etienne a également toujours eu le souci de combiner recherche fondamentale et applications, dans le cadre ou non de collaborations industrielles. Ainsi, son intérêt pour les études mécanistiques en catalyse l’a conduit à s’intéresser à la réaction d’hydrocyanation du butadiène, et ses études ont démontré le rôle unique du nickel et apporté des éléments importants sur celui des acides de Lewis. Elle a aussi élaboré de nouveaux matériaux énergétiques, directement utilisables pour des applications dans les airbags.
Sylviane Sabo-Etienne est à ce jour co-auteur de 141 publications et 4 brevets. Elle publie dans les meilleurs journaux de notre discipline (depuis 2009 : 7 Angew. Chem., 4 JACS, 6 Inorg. Chem., 5 Dalton Trans., 2 Chem. Commun., 1 Acc. Chem. Res., …) et est pleinement reconnue à l’étranger.
Elle a obtenu en 2010 le Prix Frankland de la RSC et a été nommée Seaborg lecturer à l’Université de Californie à Berkeley.
Elle est membre de l’Advisory Board de plusieurs journaux et a été pendant plusieurs années membre de l’Editorial Board de Dalton Trans
Le prix Junior 2013 de la Division de chimie de coordination, récompense le Dr. Christelle Hureau, chargée de recherche CNRS au Laboratoire de chimie de coordination, UPR CNRS 8241 à Toulouse,
Christelle Hureau a soutenu en 2003 une thèse à l’Université de Paris-sud Orsay sous la co-direction du Prof. Jean-Jacques Girerd et des Dr. Geneviève Blondin et Elodie Anxolabéhère-Mallart.
Elle a ensuite effectué trois années de stages postdoctoraux à l’Université Joseph Fourier, Grenoble (Prof. L. Charlet), au CEA Saclay (Dr. S. Un) et Paris-Diderot (Drs. B. Limoges et V. Balland).
En 2007, elle a été recrutée chargée de recherche CNRS dans l’équipe « Chimie Biologique » du Prof. Peter Faller au LCC à Toulouse.
Depuis le début de son parcours scientifique, Christelle Hureau a démontré un grand intérêt pour la chimie de coordination appliquée aux systèmes biologiques et modèles. En ce début de brillante carrière, elle a développé des études centrées sur « l’étude de l’interaction entre le peptide amyloïde-β et les ions Cu(II/I), Fe(II), Zn(II) dans le cadre de la maladie d’Alzheimer » et l’implication de ces complexes sur la production d’espèces réactives de l’oxygène (ROS) et sur l’agrégation des peptides Aβ. Elle a apporté au groupe de Toulouse son expérience et ses compétences sur des techniques avancées appliquées aux systèmes biologiques, notamment RPE dont RPE pulsée et ENDOR, avec marquage isotopique, RMN paramagnétique, XANES,… qui ont donné lieu à des résultats remarquables concernant l’influence du mode de coordination du cuivre(II) en relation avec la cascade amyloïde responsable de la maladie d’Alzheimer.
Récemment, elle a initié un nouvel axe de recherche : le développement d’outils thérapeutiques dans le cadre de la maladie d’Alzheimer. L’approche originale, basée sur des concepts de chimie de coordination, s’appuie sur deux mécanismes qui permettraient de bloquer la cascade amyloïde
Christelle Hureau est co-auteur de 56 publications dont 18 en auteur-correspondant : nombre de ses publications dans des journaux de très haut prestige (Coord. Chem. Rev. 2012, Angew. Chem. 2011 / 2009 / 2009, PNAS 2010, Chem. Eur. J., 2012…).
Elle s’est vue décernée la médaille de bronze du CNRS en 2012 et le prix Jeune Chercheuse de l’Institut de Chimie de Toulouse en 2011.
Le Prix 2012 de la Division de Chimie de Coordination récompense cette année Yves Journaux, Directeur de recherche à l’Institut Parisien de Chimie Moléculaire de l’UPMC (UMR7201) à Paris.
Yves Journaux a débuté sa carrière à une époque pionnière du magnétisme moléculaire au cours de laquelle ont été synthétisées de nombreuses molécules modèles comprenant seulement deux ions magnétiques. Cela a permis d’aller très loin dans l’interprétation théorique des propriétés magnétiques de ces molécules et de comprendre plus finement les facteurs conduisant aux différents types d’interaction. C’est ce socle de connaissances théoriques qui a permis les développements récents en magnétisme moléculaire (aimants moléculaires, molécules aimants, chaînes aimants). C’est dans ce contexte, qu’après des études de chimie-physique à l’Université Paris Sud Orsay, Yves Journaux intègre en 1975 le laboratoire de Spectrochimie des Éléments de Transition créé la même année par le Pr Olivier Kahn. Il y prépare un DEA, puis une thèse d’université sur les propriétés magnétiques de complexes dinucléaires du nickel soutenue en 1978. En 1979, il est embauché au CNRS comme Attaché de Recherche et affecté au même laboratoire où il prépare une thèse d’état intitulée «Symétrie Orbitalaire et Magnétisme Moléculaire» qu’il soutiendra en 1985. Les travaux de thèse d’Yves Journaux ont porté sur la relation entre la symétrie des orbitales contenant les électrons célibataires et les propriétés magnétiques des complexes polynucléaires. L’un des objectifs de ce travail était de synthétiser des composés modèles ayant des propriétés magnétiques prévisibles, démontrant ainsi la pertinence de l’approche théorique développée par O. Kahn pour décrire l’interaction d’échange. Pour illustrer ce modèle, Yves Journaux a synthétisé les composés hétérométalliques CuVO, CuCr et CuFe. Les deux premiers composés présentent un couplage ferromagnétique par «design», car les orbitales décrivant les électrons célibataires des ions cuivre et vanadyle ou chrome possèdent des symétries incompatibles (composés à orbitales orthogonales), tandis que le dernier présente un couplage antiferromagnétique du fait du recouvrement entre les orbitales magnétiques des ions cuivre et fer (JACS 1982, 104, 2165 et 1983, 105, 7585). C’est à la même époque qu’il montre, avec J.J. Girerd et O. Kahn, l’équivalence des modèles théoriques d’Anderson et d’Hoffmann utilisant des orbitales orthogonales et celui de Kahn utilisant des orbitales qui se recouvrent (Chem. Phys. Lett. 1981, 82, 534). Peu après sa thèse, il montre avec Y. Pei l’importance de la topologie pour obtenir des molécules à haut-spin dans les complexes polynucléaires en élaborant des molécules possédant un état fondamental S=9/2, un record à l’époque (Chem. Commun. 1986, 1300; Inorg. Chem. 1989, 28, 100 et 1990, 29, 3967). Il participe également à cette période à la quête d’aimants à précurseurs moléculaires qui a été le sujet majeur en magnétisme moléculaire dans les années 87-95, en obtenant le premier «aimant moléculaire» présentant une température d’ordre supérieure à 10K (JACS 1989, 111, 5739).
En 1987, il part au Royaume-Uni pour effectuer un stage post-doctoral au Clarendon Laboratory à Oxford où il travaille sur l’Effet Hall Quantique Fractionnaire et s’initie à l’utilisation de très hauts champs magnétiques et de la cryogénie très basse température.
A son retour de post-doc, il reprend ses travaux sur le magnétisme moléculaire avec plusieurs axes de recherche impliquant: l’utilisation de ligands plus élaborés (Inorg. Chem. 1996, 35, 4170; EurJIC 2000, 951 et 2002, 323), la synthèse de polymères de coordination 2D et 3D (ICA 1998, 278, 159; C.R. Chimie 2001, 4, 207), et la stabilisation des hauts degrés d’oxydation des ions métalliques avec des ligands oxamates et oxamides (Dalton Trans. 1998, 781; Chem. Commun. 1998, 989).
Les années 2000 constituent un tournant dans la carrière d’Yves Journaux avec l’émergence de nouvelles thématiques et l’utilisation des concepts de la chimie métallosupramoléculaire pour élaborer des composés magnétiques. Tout d’abord, il commence à s’intéresser avec A. Aukauloo et X. Ottenwaelder à la non-innocence des ligands avec l’objectif de réaliser des interrupteurs magnétiques contrôlés par électrochimie (EurJIC 1999, 1067; Dalton Trans. 2005, 2516 et 2527). Cette voie de recherche se perpétue actuellement avec l’élaboration de composés hybrides formés à partir de complexes métalliques et d’oligomères conducteurs (Dalton Trans. 2010, 39, 4751). Par ailleurs, il s’investit de plus en plus dans la modélisation des propriétés magnétiques des systèmes complexes. En effet, les années 2000 voient l’apparition dans la littérature de nombreux complexes polynucléaires de haute nucléarité et de réseaux magnétiques aux topologies inédites où il est impossible, du fait de la taille des matrices à considérer, de modéliser les propriétés magnétiques y compris en utilisant les ordinateurs les plus puissants. Pour surmonter cette difficulté, Yves Journaux a développé avec J. Cano la simulation des propriétés magnétiques de ces systèmes complexes par calcul Monte-Carlo Classique (Inorg. Chem. 2001, 40, 188 et 3900). Mais la dernière période a surtout été marquée par l’utilisation par Yves Journaux de nouveaux ligands oxamides et en particulier, de ligands polytopiques avec des groupements oxamates en ortho ou en para de cycle benzénique qui lui ont permis d’obtenir un nombre considérable de composés originaux (Dalton Trans. 2008, 2780; Coord. Chem. Rev. 2010, 254, 2281). Il a bien montré que ce type de ligands s’approche de l’idéal pour le magnétochimiste car il s’auto-assemble avec les ions métalliques pour former des complexes polynucléaires métallacyclophanes ou des mésocates capables de jouer le rôle de ligand vis-à-vis d’autres ions métalliques. Mais également et c’est capital pour le magnétochimiste, il a montré que ce type de ligand est capable de transmettre l’interaction entre les ions métalliques et tout particulièrement une interaction ferromagnétique par mécanisme de polarisation de spin lorsque les groupements oxamates sont en position ortho du cycle benzénique (Angew. Chem. 2001, 40, 3039). Parmi tous les résultats obtenus avec cette nouvelle famille de ligands, il faut citer l’obtention de complexes hexa, octa et nonanucléaires aux propriétés magnétiques prévisibles (Inorg. Chem. 2004, 43, 2768 et 7594; Angew. Chem. 2004, 43, 850), mais également la formation de réseaux 2D et 3D présentant un ordre magnétique et comportant de larges canaux (Angew. Chem. 2008, 47, 4211; Chem. Commun. 2012, 48, 3539; Chem.-Eur. J. 2012, 18, 1608).
Avec d’autres ligands oxamates présentant un fort encombrement stérique, Yves Journaux a obtenu une des premières chaînes aimant (Adv. Mater. 2004, 16, 1597; Chem. Eur. J. 2007, 13, 2054), et plus récemment la première chaîne aimant chirale (Chem. Commun. 2010, 46, 2322; Chem. Eur. J. 2011, 17, 12482).
La plupart de la chimie développée par Yves Journaux est basé sur l’utilisation de ligands oxamides. Elle a été initiée à Orsay et elle a essaimé à l’université de Valence (Espagne) grâce à plusieurs post-docteurs qu’il a encadrés depuis 1986. Cette collaboration avec les Profs. F. Lloret et M. Julve, et les Drs. R. Ruiz et E. Pardo continue et se déroule maintenant dans le cadre d’un LEA de l’UPMC animé par Y. Journaux entre l’IPCM et l’ICMol de l’Université de Valence.
Les activités de recherche de Yves Journaux se sont traduites par 4 chapitres de livre et de 135 publications citées environ 5000 fois. En dehors de ses activités de recherche, Yves Journaux s’est investi dans la gestion de la recherche en étant chargé de mission auprès du département chimie du CNRS pour la section 14 entre 2000 et 2005, puis directeur du laboratoire CIM2 (UMR 7071) à l’UPMC entre 2005 et 2008. Il est actuellement responsable de l’équipe Matériaux Magnétiques Moléculaires et Absorption X (MMMAX) à l’IPCM.
Le Prix de la Division de Chimie de Coordination, dans la catégorie des «moins de 40 ans», récompense cette année Jean-Cyrille Hierso, Professeur à L’institut de chimie moléculaire de l’Université de Bourgogne (UMR CNRS 5260) à Dijon.
Jean-Cyrille Hierso, après une Maîtrise de Chimie-Physique à l’Université Paul Sabatier de Toulouse obtenue en 1993, intègre l’équipe du Dr. Bruno Chaudret au Laboratoire de Chimie de Coordination de Toulouse pour un DEA consacré à l’étude de nanoparticules du palladium et du platine, formées en solution à partir de complexes organométalliques. Il soutient sa thèse de Doctorat en novembre 1997 à l’Université Paul Sabatier, sur la synthèse de nanoparticules par dépôt chimique en phase vapeur (OMCVD) au départ de complexes de coordination du palladium et du platine sous la direction du Professeur Philippe Kalck, et en collaboration avec le laboratoire des matériaux de l’École Nationale Supérieur de Chimie de Toulouse. Il montre que l’introduction d’une faible quantité de gaz réactif en CVD permet d’abaisser à moins de 100 °C la température de dépôt métallique. Cette maîtrise inédite permet de former des agrégats ultra-dispersés de grande pureté sur des surfaces planes ou pulvérulentes. Il étudie à la fois la réactivité organométallique en phase gazeuse et les lois de germination et de croissance des agrégats (Chem. Mater. 1996, 8, 2481 et 2000 12, 390). Ce travail fondateur pour lui trouve encore des résonances dans les développements en catalyse hétérogène qu’il conduit actuellement (Adv. Funct. Mater. 2011, 21, 1064). Il s’en suit un stage post-doctoral au Laboratoire de Chimie de Coordination du CNRS, à Toulouse, sur la chimie des ligands pyrazolyl borate pour la synthèse de complexes organométalliques du tantale à liaisons agostiques, sous la direction du Professeur Michel Etienne. Jean-Cyrille poursuit sa formation par un second stage post-doctoral à vocation industrielle dans l’équipe du Professeur Jan Reedik à l’Université de Leiden, aux Pays Bas. Il travaille alors sur des complexes de coordination du cobalt, en vue d’applications comme initiateurs de polymérisation radicalaire pour des peintures non-toxiques.
Il est nommé en 2001 Maître de Conférences à l’Université de Bourgogne rejoignant l’équipe du Professeur Philippe MEUNIER, et initie alors une ligne de recherche totalement originale sur des ligands phosphine ferrocéniques polydentes, pour en étudier leurs propriétés, leur chimie de coordination et leurs applications en catalyse de couplage croisé. Une grande variété de ligands et de complexes aux multiples facettes est ainsi créée et valorisée (Chem. Soc. Rev. 2007, 36, 1754). Dans un premier temps, ces nouveaux ligands sont utilisés pour catalyser les couplages C–C ou C–N au palladium, et plus récemment, la démonstration est faite de la possibilité d’activation des liaisons C–H et C–Cl (Angew. Chem. 2010 49, 6650). Son travail en collaboration avec le Dr. Henri Doucet (Université de Rennes 1) contribue ainsi de manière très significative au développement d’une catalyse en présence d’une très faible quantité de catalyseur (inférieure à 0,01 %), en utilisant ses ligands ferrocéniques très robustes, initiant ainsi de nouvelles pistes pour la synthèse organique moderne. Il faut citer encore ses contributions méthodologiques et conceptuelles sur l’arylation d’alcynes (Org. Lett. 2004, 6, 3473 ou Organometallics 2008, 27, 1506, etc.), qui en font aujourd’hui l’un des experts du domaine, comme en témoigne la mise au point référence dans le domaine très abondamment citée (Angew. Chem. 2007, 46, 834). De manière plus fondamentale, il est le premier à pointer du doigt l’existence et l’importance de couplages spin-spin indirects entre atomes de phosphore à contrainte stérique significative (J. Am. Chem. Soc. 2004 126, 11077), ce qui a conduit dès lors la communauté internationale des chimistes à réaliser que ces couplages «à travers l’espace» sont plutôt communs, mais n’avaient jamais été mis en évidence et modélisés.
En 2006, il a soutenu avec succès son «Habilitation à Diriger des Recherches» à l’Université de Bourgogne, et a été nommé Professeur en 2009 au sein de cette même Université. La grande richesse et polyvalence scientifique qui le caractérise, avec comme axe central la chimie de coordination et tous les développements et applications qu’il sait en tirer, c’est traduite par la publication de 54 articles cités plus de 1000 fois à ce jour. Il a donné de nombreuses conférences invitées sur tous les continents et a déjà effectué de nombreux séjours dans plusieurs Universités étrangères (Münster, Hong-Kong, Kiev). Enfin, il faut noter qu’il a été invité très récemment à donner des conférences dans plusieurs congrès internationaux majeurs : dont La Gordon Conference « Physical Organic Chemistry » 2009, aux États-Unis, la Conférence ICOMC 2010 à Taipei (XXIVth International Conference On Organometallic Chemistry) et il sera l’un des quatre jeunes conférenciers pléniers européen à la XIXth European Conference on Organometallic Chemistry (EuCOMC) à Toulouse en 2011. Les projets développés par Jean-Cyrille sont inspirés des principes d’une chimie propre et durable en phase avec les aspirations de notre société. Des approches innovantes plus récentes concernent également des applications thérapeutiques et d’imagerie médicale. Sa créativité se traduit aussi par la prise de brevets (ligands polyphosphines hétérogénéisables PCT 2011). Finalement, lorsqu’il délaisse la science c’est au sport qu’il se consacre, soit comme « partenaire » de rugby de ses enfants, pratiquants bourguignons en moins de 9 ans (!), soit pour entretenir son 2e dan de ceinture noire de karaté Shotokan.
Le prix de la Division de Chimie de Coordination récompense cette année Rinaldo Poli, Professeur à l’ENSIACET, membre Senior de l’Institut Universitaire de France, et responsable de l’équipe « Ligands chiraux, complexes et catalyse » au Laboratoire de Chimie de Coordination du CNRS.
Le parcours scientifique de Rinaldo Poli commence en Italie, à Pise, dans les années 80, avec une solide formation en chimie organométallique sur la synthèse des composés métallo-carbonyles sous la direction de Fausto Calderazzo, l’un des pionniers de notre discipline.
Déjà, dans le cadre de sa thèse, il s’échappe un an à Londres pour travailler sur les métallo-alkyles, avec Geoffrey Wilkinson, puis rentre à Pise terminer son doctorat à l’école normale supérieure (1985). Il part alors effectuer un stage post-doctoral de deux années à l’Université de Texas A & M, à College Station, sous la direction de F. A. Cotton. Là, il utilise d’abord avec succès les composés carbonyles préparés dans sa thèse pour engendrer des composés bimétalliques du Mo(II) à liaison quadruple, mais ne va pas se limiter à ce métal et, avec Cotton, il va publier en deux ans 19 articles, dont 4 JACS sur les systèmes polymétalliques à liaison multiple.
Il prend alors son indépendance scientifique et commence sa carrière académique aux états unis en 1987 sur un poste d’assistant professeur à l’Université de Maryland, où il va gravir les échelons pour devenir professeur titulaire en 1995.
Au cours de la période américaine de sa carrière, il devient l’un des spécialistes mondiaux de l’étude des composés organométalliques à couche ouverte, et le « modèle de Poli » devient alors « la » référence pour l’étude de ces composés, comme en témoignent deux de ses revues sur ce thème (Chemical Reviews, 1996, 96, 6, 2135 ; Chemical Society Reviews, 2003, 32,1) citées chacune près de 140 fois.
Recruté en 1996 sur un poste de Professeur à l’Université de Bourgogne, où il restera 7 ans, il aborde un nouveau projet sur la catalyse de polymérisation. Il est détaché au LCC en tant que Directeur de Recherches en 2003 et nommé Professeur à l’Institut National Polytechnique de Toulouse en 2005. Au LCC, grâce à sa large culture scientifique et à son charisme, il parvient à fédérer plusieurs équipes et faire travailler ensemble avec succès des chercheurs venus d’horizons différents, intégrant en particulier un groupe d’enseignants chercheurs localisés sur l’IUT de Castres. Son équipe performante, et très soudée sur le plan humain, vient d’être évaluée par l’AERES qui l’a classée en catégorie A+.
-# L’étude des complexes hydrures et des réactions de transfert de proton, en collaboration avec l’équipe d’Elena Shubina à l’INEOS de Moscou (exemples : J. Am. Chem. Soc, 2003, 125, 11106 ; Chem. Eur. J., 2010, 16, 189) ;
-# une chimie « verte » des complexes du molybdène dans l’eau, en relation avec la catalyse d’oxydation, en partie en collaboration avec Carlos Romao (Portugal) (Organometallics, 2005, 24, 2582) et avec Maurizio Peruzzini (Florence) (Organometallics 2008, 27, 2281);
-# La chimie de coordination de ligands hybrides bi-fonctionnels appliquée à la catalyse asymétrique (avec le concours d’Eric Manoury et Agnès Labande, son équipe vient de publier le premier exemple de catalyse asymétrique du couplage de Suzuki-Miyaura avec des ligands NHC : Organometallics, 2010, 29, 1879) ;
-# La catalyse d’hydroamination des oléfines non activées, activité démarrée préalablement dans l’équipe par Jean-Jacques Brunet (Organometallics 2009, 28, 4764);
-# La compréhension du rôle des complexes de coordination en polymérisation radicalaire contrôlée, son activité personnelle favorite dans laquelle on trouve ses articles récents les plus cités (Prog. Polym. Sci. 2009, 34, 211; Chemistry, Eur. J. 2008, 14, 4046 ; Chemistry, Eur. J. 2007, 13, 2480 ; Angew. Chem., Int. Ed. 2006, 45, 5058)…
Rappelons que Rinaldo Poli enseigne à l’ENSIACET, où il s’est lourdement investi dans l’enseignement des divers aspects de la Science des polymères, et dans la mise en place de cours spécialisés de catalyse option chimie verte et de polymères fonctionnels option matériaux qu’il donne en anglais, à l’attention des élèves de troisième année.
Une analyse bibliométrique révèle qu’il est auteur d’environ 270 publications, citées à ce jour 4843 fois, avec une courbe ascendante qui dépasse les 350 citations par an en 2009, et que son indice h est de 32. Rinaldo a récemment organisé deux conférences et travaille de manière intensive à l’organisation de deux nouvelles conférences internationales, dont il est co-chairman avec Philippe Kalck : la conférence EuCheMS « 19th EuCOMC » (Toulouse 2011) et la 18th ISHC (Toulouse, 2012).
Doué d’une énorme capacité de travail, mais très organisé, il a été coordonnateur principal de cinq réseaux de recherche et a participé à trois autres réseaux européens. Il a présenté 186 conférences dans le monde, a été Professeur invité dans de nombreux pays et en particulier il a récemment été lauréat de la fondation Humboldt, ce qui lui a permis d’effectuer deux séjours en Allemagne ces deux dernières années. Rappelons qu’il s’investit beaucoup dans les sociétés savantes (ACS, SCI, SCF), et qu’il est actuellement chairman de l’Editorial Board du European Journal of Inorganic Chemistry. Rinaldo est également membre nommé du Comité National en Section 14.
Sachant que Rinaldo a eu de nombreux Prix au cours de la période américaine de sa carrière et plus récemment des communautés allemande (prix Humboldt déjà cité) et italienne (prix senior du groupe interdivisionnel de chimie organométallique de la SCI 2010), il était temps que notre division récompense aujourd’hui cet excellent collègue qui, guidé par sa passion du métier de chercheur et d’enseignant, œuvre avec motivation, dynamisme et efficacité pour la chimie durable en veillant toujours à la reconnaissance de notre discipline dans le monde.
Le Prix de la Division de Chimie de Coordination 2009 est attribué à Stéphane Bellemin-Laponnaz, chargé de recherche de 1ère classe au sein de l’UMR CNRS 7177 à l’Université de Strasbourg.
Stéphane a été l’un des derniers étudiants du regretté John Osborn, avec qui il a publié ses premiers travaux sur l’isomérisation des alcools allyliques catalysée par des complexes oxo du rhénium. Ces catalyseurs homogènes sont maintenant régulièrement appliqués dans des synthèses totales de produits naturels (Amphidinolide B1, Apratoxin A, Leucascandrolide A…).
Sa thèse, soutenue en 1998, a été récompensée par le Prix Adrerus 1999. Il a ensuite effectué un stage post-doctoral au MIT sous la direction du Professeur Gregory C. Fu, avec qui il a travaillé sur le dédoublement cinétique d’amines et d’alcools par réactions d’acylation. Entré au CNRS en 2000, il est devenu le premier collaborateur de Lutz Gade, qui venait d’intégrer l’Université Louis Pasteur.
Promu CR1 en 2004, il a soutenu brillamment son habilitation à diriger des recherches, et a rapidement obtenu la médaille de Bronze du CNRS (2005). Au moment de la nomination de Lutz Gade à l’Université de Heidelberg, il est resté seul à la tête de l’équipe et a co-encadré le travail des doctorants encore localisés à Strasbourg.
Plus récemment, il a rejoint l’équipe du Professeur Richard Welter tout en conservant son indépendance scientifique. Sa collaboration scientifique avec Lutz Gade s’est prolongée par plusieurs thèses dirigées en co-tutelle, tandis que l’obtention d’une ACI jeune chercheur (2004-2007) lui a permis de diriger seul une nouvelle thèse, et de publier 15 articles en totale indépendance scientifique depuis 2004.
Il est à ce jour co-auteur de 56 publications.
Les recherches de Stéphane Bellemin-Laponnaz ont pour thème central la catalyse asymétrique, avec trois orientations principales :
En résumé, le travail accompli à ce jour par Stéphane Bellemin-Laponnaz est parmi les plus élégants réalisés en France dans le domaine des applications des composés de coordination en catalyse asymétrique, tandis que l’originalité et la rigueur de son approche scientifique sont déjà au meilleur niveau mondial, justifiant pleinement le Prix qui lui est attribué aujourd’hui.
Stéphane Bellemin-Laponnaz recevra son Prix dans le cadre des journées de la Division de Chimie de Coordination 2010 (28-29 Janvier 2010, Ecole Polytechnique, Palaiseau) où il présentera l’une des conférences invitées.
Le Prix de la Division de Chimie de coordination récompense cette année Christian Bruneau, responsable du groupe «Catalyse et Organométalliques» au sein de l’UMR 6226 : CNRS – Université de Rennes I – Sciences chimiques de Rennes.
Christian Bruneau a fait des études d’ingénieur à l’Institut National Supérieur de Chimie Industrielle de Rouen. Il a obtenu sa thèse en 1979 à l’école de chimie de Rennes (ENSCR) sur une thématique Chimie organique et environnement. Entré au CNRS en 1980, il a d’abord poursuivi ses travaux à l’ENSCR, puis a effectué une mobilité thématique vers les organométalliques et la catalyse homogène en 1986 dans le laboratoire de Pierre Dixneuf. Il a innové à la fois par la création de nouveaux catalyseurs pour des réactions d’intérêt industriel, et par le développement de nouvelles réactions catalytiques, deux orientations de recherche qui ont fait la notoriété internationale de l’équipe dont il a pris la Direction en 2000.
Ayant d’abord largement développé l’étude des réactions d’addition de nucléophiles aux alcynes terminaux mettant en jeu des intermédiaires vinylidènes organométalliques (Acc. Chem. Res. 1999, 32, 311), il a ensuite trouvé de nouvelles applications pour ces composés en orientant logiquement ses recherches vers la métathèse des oléfines et des énynes. Parmi ses travaux les plus cités, on trouve en effet la découverte d’une nouvelle famille de catalyseurs de métathèse bien définis de type ruthénium-allénylidène (Chem. Eur. J., 2000, 6, 1847).
Plus récemment, ses efforts se sont portés sur la catalyse asymétrique, avec deux directions privilégiées : l’hydrogénation des énamides et l’allylation. Parmi ses résultats les plus originaux, citons l’hydrogénation énantiosélective d’énamides tétrasubstitués en utilisant un catalyseur engendré par combinaison d’un pré-catalyseur du ruthénium et d’un ligand optiquement pur en conditions acides. Les travaux les plus récents de ce projet ont été valorisés par une collaboration avec une firme pharmaceutique pour la production d’intermédiaires de synthèse optiquement purs. Citons également ses travaux remarquables sur l’isolement d’intermédiaires allyl-Ru(IV) impliqués dans l’allylation énantiosélective et les réactions catalytiques en cascade. Enfin, l’un de ses nouveaux projets (J. Am. Chem. Soc. 2008, 130, 1156) concerne l’activation catalytique de liaisons C-H non réactives par le développement de nouveaux complexes du Ru(II) à ligands carbène et carbonate. Christian Bruneau est co-auteur de 170 publications et 4 brevets. Il a co-édité deux livres, dont « Ruthenium catalysts and fine chemistry » (Springer, 2004), et le tout récent « Metal vinylidenes and allenylidenes in catalysis » (Wiley, Mai 2008).
Soulignons également la forte implication de Christian Bruneau dans des tâches d’intérêt général pour la communauté des chimistes Rennais comme directeur de l’UMR6509 puis au sein de l’UMR6226, et dans des réseaux de recherche européens dont IDECAT. Ces activités au niveau national et international sont remarquablement mises en lumière cette année par son travail à la tête du comité d’organisation du congrès ICOMC 2008.
Le Prix de la Division de Chimie de Coordination 2007 dans la catégorie des « moins de 40 ans » a été attribué à Narcis Avarvari, chargé de recherches au CNRS au Laboratoire de chimie, ingéniérie moléculaire et matériaux d’Angers (UMR 6200 CNRS Université d’Angers).
D’origine Roumaine, Narcis Avarvari a commencé ses études de chimie à l’Université « Alexandru Ioan Cusa » en Roumanie. A 18 ans, il a obtenu la médaille d’argent aux olympiades internationales de chimie à Halle, en Allemagne.
En 1993, il est entré à l’École Polytechnique dans le cadre du Programme Européen de l’École. Son travail de thèse sous la direction de François Mathey et Pascal Le Floch a été distingué en 1999 par le Prix de thèse de l’École Polytechnique. Ce travail a fait en particulier l’objet d’une publication à Science sur les premiers ligands macrocycliques du phosphore sp2. Il a effectué un stage post-doctoral à Zurich à l’ETH avec Hansjoërg Grützmacher, et est entré au CNRS en 1999 comme chargé de recherche dans le laboratoire dirigé par Patrick Batail, dans l’équipe de Marc Fourmigué .
Il a obtenu son habilitation à diriger des recherches en 2006. Ses domaines d’investigation sont centrés sur la chimie de coordination et organométallique et orientés vers des applications dans le domaine des matériaux moléculaires. Une grande part de son activité concerne en particulier l’étude de complexes électroactifs incorporant des tétrathiafulvalènes fonctionnalisés par des pyridines ou des phosphines. Ses succès les plus récents concernent les matériaux moléculaires chiraux à base de groupements TTF-oxazoline, et les premiers conducteurs moléculaires chiraux à base de EDT-TTF-Me-Ox (JACS, 2005, 127, 5748).
La très grande culture scientifique de Narcis Avarvari lui permet d’exploiter ses découvertes dans de multiples directions. Ainsi, les dérivés TTF-phosphinooxazolines qu’il a synthétisés sont également étudiés en catalyse énantiosélective, comme catalyseurs modulables.
Agé de 36 ans, auteur de 56 publications, Narcis est d’une stature scientifique exceptionnelle, et son dynamisme se mesure également dans le nombre des programmes internationaux qu’il a initiés. On perçoit déjà qu’il sera une des figures marquantes de sa génération en chimie.
Narcis Avarvari présentera une conférence invitée et recevra son Prix lors des prochaines journées de la Division de Chimie de Coordination qui auront lieu en Janvier 2008 à Dijon.
Le Prix 2006 de la Division Chimie de Coordination de la SFC a été attribué à Dominique Matt, 54 ans, Directeur de recherche au CNRS à l’Institut de Chimie de Strasbourg.
Titulaire d’une thèse d’Etat obtenue en 1980 sous la direction de Pierre Braunstein, il effectué deux stages post doctoraux, l’un de 14 mois comme assistant à l’ETH –Zurich sous la direction du Professeur Venanzi, et le second au Hauptlaboratorium de la BASF-Ludwigshafen.
Entré au CNRS en 1983 dans l’équipe de Pierre Braunstein, il a participé au programme de valorisation du dioxyde de carbone, et a contribué en particulier à la découverte d’un système très performant PdII/phosphine pour la co-oligomérisation catalytique butadiène-CO2.
En 1990, l’Ecole des Hautes Etudes de l’Industrie Chimique de Strasbourg, alors dirigée par Jean-Claude Bernier, lui a donné de nouvelles ouvertures, et il a pu créer sa propre équipe, le « Groupe de Chimie Inorganique Moléculaire », dont la thématique principale était la synthèse de ligands hybrides et de coordinats à mobilité réduite ainsi que leurs applications en chimie de coordination et catalyse.
Promu Directeur de Recherche en 1991, il s’est intéressé en particulier à l’élaboration d’extractants polyphosphorés pour la complexation sélective d’ions métalliques. Une des retombées importantes de ses travaux fut la découverte de complexants des lanthanides ayant une sélectivité remarquable pour le praséodyme. Cette période a marqué le point de départ de ses activités de recherche en catalyse supramoléculaire, qui constituent aujourd’hui son axe principal de recherche, centré sur la chimie des métallocavitands dérivés des calixarènes, résorcinarènes et cyclodextrines. Ses résultats récents les plus significatifs concernent la synthèse de complexes moléculaires associés à un centre catalytique confiné dans un espace cavital, ainsi que la découverte de catalyseurs très performants bâtis sur des plateformes calixarène et cyclodextrine.
Le nombre de brevets résultant de ses activités de recherche est de 7 (avec 5 extensions), déposés au nom des entreprises CEA, SNPE, BASF, ULP.
Notons qu’il collabore avec la société américaine GENZYME pour la mise au point d’un procédé industriel de production d’amino-acides utilisant des ligands synthétisés dans son laboratoire.
Dominique Matt est l’auteur de 157 publications et a fait récemment plusieurs très belles couvertures des périodiques européens Angewandte Chemie et Chemistry. Il a donné plus de 90 conférences dans le monde, et dispense depuis 1999 un cours de chimie organométallique à l’Université de Saarbrücken.
Un récent « feature article », Chem. Commun. 2005, 5603 constitue une entrée en matière significative sur ses travaux récents.
Dominique Matt présentera une conférence lors du prochain symposium scientifique annuel de la Division de Chimie de coordination qui aura lieu en janvier 2007 à Paris
Le Prix 2005 de la Division Chimie de coordination, décerné pour cette année 2005 à un(e) junior né(e) après le 30 septembre 1966, a été attribué à Muriel Hissler qui a obtenu sa thèse en 1988 suite à des travaux sur la conception de molécules contenant des complexes luminescents de métaux de transitions où de lanthanides réalisés sous la direction du Dr R. Ziessel et du Pr A. Harriman (Université Louis Pasteur).
Après un séjour post-doctoral chez le Pr. R. Eisenberg (Université de Rochester, USA), où elle a travaillé sur des chromophores à base de platine(II) pour l’obtention d’état à charges séparées à longues durées de vie, elle a intégré en 1999 "l’équipe Phosphore et Matériaux Moléculaires" dirigée par le Pr. Régis Réau (UMR 6509 CNRS-Université de Rennes 1). Son thème de recherche principal est le développement d’oligomères organophosphorés -conjugués pour l’opto-électronique. Parmi ses résultats les plus marquants, on peut citer la synthèse des premiers polymères conducteurs à motifs phospholes, la mise au point de matériaux organophosphorés pour des diodes électroluminescentes et la synthèse d’édifices à conjugaison .
L’ensemble de ces travaux à donner lieu à 44 publications et 1 brevet.
Muriel Hissler présentera une conférence lors du prochain symposium scientifique annuel de la Division de Chimie de coordination qui aura lieu en janvier 2006 à Toulouse
Le Prix de la Division « Chimie de coordination» de la SFC, décerné pour l’année 2004 à un chercheur sans limitation d’âge, a été attribué à Hervé Des Abbayes, professeur à Brest, pour ses travaux de pionnier dans le domaine de la catalyse par transfert de phase organometallique, pour la découverte de nouvelles réactions organometalliques fondamentales telles que la double insertion de carbonyle dans les complexes métaux-alkyle et pour son implication actuelle en chimie bioinorganique.
Le Prix de la Division «Chimie de coordination» de la SFC, décerné pour l’année 2003 à un junior de moins de 39 ans, a été attribué à Azzedine Bousseksou, chargé de recherche CNRS.
Azzedine Bousseksou a effectué sa thèse dans le laboratoire du professeur François Varret à Versailles, thèse présentée en 1992 devant l’université Paris VI.
En 1993, il est nommé chargé de recherche au CNRS au LCC où il est depuis dix ans. Depuis janvier 2003, il est responsable au LCC de l’équipe " Propriétés physiques moléclaires " comprenant huit membres dont deux chercheurs CNRS et un groupe d’ étudiants.
Azzedine Bousseksou est un spécialiste des transitions de spin, un phénomène de bistabilité moléculaire découvert par Cambi en 1931 avec un complexe cationique tris-dithiocarbamate de fer synthétisé par Delépine en 1907.
Ce domaine a été introduit en France par Jacqueline Zarembovitch puis Olivier Kahn à Orsay. Pendant sa thèse, Azzedine Bousseksou a participé à la collaboration entre Jacqueline Zarembovitch et François Varret. en étudiant les transitions de spin thermiques de composés inorganiques de Fe(III).par spectrométrie Mössbauer. Au laboratoire de chimie de coordination, il a cherché à comprendre le mécanisme de l’établissement de ce phénomène de transition de spin, en particulier par ses études sous champs intenses et pulsés.
Ses recherches ont porté non seulement sur ces aspects fondamentaux, mais également sur les applications du phénomène de transition de spin avec hystérésis à température ambiante à la mise en forme de dispositifs nanoscopiques à mémoire moléculaire qu’il a récemment brevetés.
Patrick Cassoux est directeur de recherche CNRS de 1ère classe au Laboratoire de chimie de coordination du CNRS à Toulouse, laboratoire dont il a été directeur adjoint de 1988 à 1993 et dans lequel il dirige actuellement une très importante équipe de recherche. Il est l’une des figures emblématiques de la chimie française. Très connu de la communauté scientifique nationale et internationale depuis sa découverte des supraconducteurs inorganiques molé-culaires de type (TTF)Ni(dmit)22 au début des années 1980, Patrick Cassoux a contribué de façon très dynamique au développement de la recherche française sur les matériaux inorganiques et leurs propriétés physiques. Son parcours scientifique, extrêmement varié, est allé de l’effet Faraday aux nanofils en passant par la spectroscopie de micro-ondes et les supraconducteurs. Ses principales contributions peuvent se regrouper schématiquement dans les axes suivants :
fabrication de nanofils de (supra)-conducteurs moléculaires et de films d’aimants moléculaires originaux.
Diplômé de l’École Nationale Supérieure de Chimie de Toulouse en 1965, Patrick Cassoux est rentré, en qualité d’attaché de recherche, au Département de chimie inorganique de l’université Paul Sabatier de Toulouse où il a préparé sa thèse de doctorat sous la direction de F. Gallais. Chargé de recherche au CNRS en 1971, il a effectué, en 1973, un séjour à l’université du Michigan. Il y a appris, sous la direction de R. Kuczkowski, la spectroscopie de micro-ondes, avant de revenir en 1974 au Laboratoire de chimie de coordination de Toulouse qui venait d’être créé. Après une réorientation thématique fondamentale vers la chimie des matériaux, il a effectué en 1979 un séjour au Centre de Recherche et Développement de la General Electric. Ce séjour lui a permis de se familiariser, grâce à l’expertise de L. Interrante, avec les conducteurs moléculaires et il a été promu directeur de recherche en 1981.
Outre ses fonctions directoriales au LCC, Patrick Cassoux a été notamment membre d’un groupe d’expert du ministère (GER 22, 1996-1997), membre de la section 42 du Comité national (1996-2000) et membre de comités de lecture de plusieurs journaux. Il est auteur ou co-auteur de plus de 230 publications, 3 brevets et 1 cession de licence, et 9 chapitres de livre et revues. Il est récipiendaire de plusieurs prix et distinctions : Médaille de bronze du CNRS (1970), prix Paul Pascal de l’Académie des sciences (1987), prix du Concours innovation ADERMIP de Toulouse (1988).
Patrick Cassoux s’est fait remarquer par la qualité et l’originalité de sa recherche, mais aussi comme leader qui a su largement rassembler autour de lui au LCC par son charisme scientifique, son humanisme, son altruisme et sa personnalité enjouée alliant rigueur et humour.
Le prix de la SFC lui a été remis le 5 décembre à l’université Bordeaux I où il donnera cette année le séminaire « Olivier Kahn », à l’occasion du 3e anniversaire de la disparition de ce dernier dont il était un ami proche.
Michèle Salmain, chargée de recherche au CNRS dans la laboratoire de Gérard Jaouen à l’ENSCP.
Agée de 38 ans, elle a une très forte activité visible sur le plan international dans le domaine de la bio-organométallique (immunoanalyse, développements d’immunocapteurs). Son travail s’est traduit par plus de 47 articles et 4 conférences invitées.
Le prix a été remis lors du congrès SFC Eurochem Toulouse 2002
Jean-Jacques GIRERD, professeur à l’Université de Paris XI.