– Présentation
Le Prix franco-allemand « Georg Wittig – Victor Grignard » est un prix bisannuel, créé en partenariat avec la Gesellschaft Deutscher Chemiker (GDCh). Il est remis en France à un chimiste allemand chaque année paire, et en Allemagne à un chimiste français chaque année impaire. L’octroi du prix, selon l’accord réciproque passé avec la GDCh, est couplé avec la venue en France du lauréat allemand pour trois conférences dont les titres et dates sont diffusés par les canaux habituels de la SCF.
Selon le souhait des lauréats, L’Actualité Chimique pourra publier une mise au point relative à leurs travaux récents.
Les candidatures doivent être présentées par une section régionale ou une division scientifique de la SCF.
Le jury est le même que pour les Grands Prix nationaux de la SCF. Il est constitué de sept personnalités internationalement reconnues, membres de la SCF, dont la liste est soumise à l’avis du conseil d’administration de la SCF. Le jury peut s’entourer d’avis extérieurs, essentiellement en provenance de l’étranger. Les critères habituels de sélection des dossiers et de classement des candidats par le jury sont communiqués au conseil d’administration.
– Modalités d’attribution
Le jury a à sa disposition la liste des prix attribués les dix années précédentes, avec le profil scientifique des lauréats. Chaque candidat fait l’objet d’un rapport qui doit mettre en lumière ses qualités scientifiques et son aptitude à recevoir ce Prix, dont une collaboration avérée avec des chimistes français ou des échanges avec la France est un des critères.
Ces rapports (2 pages au maximum) seront transmis au bureau de la SCF pour communication aux membres du conseil d’administration.
Le coordonnateur du jury présente ensuite un rapport global et une proposition de classement des candidats devant le conseil d’administration.
Le choix définitif est, autant que faire se peut, entériné de manière consensuelle après discussion en présence du coordonnateur du jury.
Si besoin est, un vote à bulletin secret est effectué à la majorité absolue des suffrages exprimés pour les deux premiers tours du scrutin.
Le jury doit par la suite fournir un court texte de justification concernant les lauréats pour diffusion externe.
– Communication des résultats
Peu après le conseil d’administration et que les lauréats aient été personnellement informés, les résultats sont annoncés sur le site Internet de la SCF et présentés dans L’Actualité Chimique accompagnés du texte de justification.
– Remise des Prix
La remise des Prix binationaux a lieu dans le cadre de la cérémonie solennelle des Grands Prix de la SCF, généralement au 2e trimestre de l’année suivante. Une mise au point sur les travaux récompensés peut être publiée dans L’Actualité Chimique après accord entre chaque récipiendaire et la rédaction de L’Actualité Chimique.
Andrea Rentmeister, Professeur à la Ludwig- Maximilians-Universität à Munich
Andrea Rentmeister a étudié la chimie à l’Université Technique de Graz et à l’Université de Bonn, où elle a obtenu son doctorat en 2007 sous la direction du Professeur Michael Famulok, pour son travail sur des aptamères anti-β-secrétase et des sondes pour la structure de l’ARN. De 2007 à 2010, elle a été chercheuse postdoctorale au California Institute of Technology avec la Professeur Frances Arnold, avant de devenir en 2010 Professeur Junior en biochimie des ARN à l’Université de Hambourg. Elle a rejoint l’Université de Münster en 2013 en tant que Professeur en Chimie de marquage de biomolécules, puis en 2020 Professeur de chimie biologique et chimie de marquage de biomolécules. Début 2024, elle a rejoint la Ludwig- Maximilians-Universität à Munich, sur une chaire de chimie organique et biologique.
Ses recherches se concentrent sur l’ingénierie de l’ARN et se situent à l’interface entre la chimie et la biochimie. Elles visent à comprendre les mécanismes et à contrôler les processus affectant l’expression et la dégradation de l’ARNm. Pour ce faire, elle développe des approches chimiques et chimio-enzymatiques innovantes pour aborder des questions biologiques et explorer les systèmes biologiques.
Andrea Rentmeister a une collaboration avec Françoise Débart, Université de Montpellier et beaucoup d’autres liens scientifiques avec la communauté française (Institut Pasteur, École Polytechnique, hôpital Necker, etc.).
Andrea Rentmeister a une production scientifique riche de plus de 100 articles, elle est par ailleurs auteure ou co-auteur de 5 chapitres de livres et elle a donnée plus de 130 conférences.
Elle a été récompensée par un Emmy Noether Fellowship (2012), le Hoechst-Award de la Fondation Aventis (2015). Elle a obtenu une ERC Consolidator Grant (2018) et une ERC Proof-of-Concept Grant (2022). Elle a été (2019-2023) Présidente de la section Biochimie de la Société Chimique Allemande GDCh, elle est membre de la Royal Society of Chemistry et correspondant étranger de l’Académie autrichienne des sciences.
Andrea Rentmeister studied Chemistry at the Technical University of Graz and the University of Bonn, where she earned her PhD in 2007 under the supervision of Prof. Michael Famulok. After a postdoctoral stay at the California Institute of Technology with Prof. Frances H. Arnold, she started her independent career as a Junior Professor at the University of Hamburg in 2010. In 2013, Andrea was appointed as Associate Professor at the Westfälische Wilhelms-Universität Münster, and in 2020 promoted to Full Professor. Since 2024, she is Chair of Organic and Biological Chemistry at the Ludwig-Maximilians-Universität in Munich. Research in her lab focuses on RNA at the interface of chemistry and biochemistry and aims to understand and ultimately control the processes affecting mRNA expression and turnover.
She was awarded an Emmy Noether Fellowship (2012), the Hoechst-Award of the Aventis Foundation (2015), an ERC Consolidator Grant (2018) and an ERC Proof-of-Concept Grant (2022).
She is a fellow of the Royal Society of Chemistry and a corresponding member abroad of the Austrian Academy of Sciences.
Lutz Ackermann est actuellement Professeur à l’université de Göttingen où il est le directeur fondateur du « Wölher Institute for Sustainable Chemistry ».
Il a réalisé une thèse au Max Planck Institut à Mülheim sous la direction du Professeur Aloïs Fürstner en 2001. Pendant cette période, il effectue en 1999 un premier court séjour en France dans le laboratoire du Professeur Pierre Dixneuf. Après un séjour postdoctoral à l’université de Californie à Berkeley en 2003, il débute ses propres axes de recherche à l’université de Munich (LMU). Il développe tout d’abord des travaux sur la réaction d’hydroamination intermoléculaire catalysée par les complexes du titane, puis dès 2005, il s’intéresse avec succès à la réaction «d’activation C-H» par des complexes du ruthénium(II), réaction qui en était alors à ses balbutiements. Ses travaux visionnaires dans ce domaine lui valent une réputation internationale et dès 2007 il est recruté comme «Full» Professeur, le plus jeune de sa génération, à l’université de Göttingen. Il y poursuit le développement de cette réaction catalytique d’activation de liaisons C-H et rapidement propose une première avancée majeure en mettant en évidence l’assistance bénéfique de groupements carboxylates qui orientent le catalyseur vers des sites privilégiés. Cette découverte fondamentale a inspiré les travaux de nombreux chimistes à travers le monde. Par la suite, ayant pour objectif une catalyse plus éco-compatible, il initie le développement des catalyseurs 3d moins couteux, moins toxiques mais plus abondants pour catalyser l’activation de liaisons C-H inertes. Récemment, il réalise une nouvelle avancée majeure en combinant cette activation/fonctionnalisation de liaisons C-H par des catalyseurs 3d tels que des dérivés du cobalt et la régénération du catalyseur par électro-catalyse au lieu d’utiliser des oxydants chimiques en quantités stoechiométriques.
Lutz Ackermann a ainsi contribué au développement de la Catalyse verte en offrant des procédés propres et économes en énergie et réactifs. De plus, ces méthodes constituent une pierre angulaire pour le développement de médicaments modernes qui se sont par exemple avérés particulièrement efficaces pour la fonctionnalisation sélective de peptides d’intérêt pharmaceutiques.
L’ensemble de cette activité scientifique de très haut niveau lui a permis d’être l’auteur de 460 articles, donnant lieu à plus de 37000 citations à ce jour, et de présenter plus de 290 conférences invitées. Par ailleurs de nombreux prix sont déjà venus récompenser sa jeune et remarquable carrière, parmi lesquels le Gottfried-Wilhelm-Leibniz-Preis (DFG-2017) et AstraZeneca Excellence in Chemistry Award (2011). En 2021 il a obtenu une ERC Advanced Grant.
Enfin au cours de sa courte mais déjà exceptionnelle carrière il a su tisser des liens forts avec la chimie française (Université de Strasbourg, Sorbonne Université, CPE Lyon, Université Montpellier).
Son parcours
Après avoir obtenu sa thèse de l’Université de Regensburg (1989) sous la supervision d’Henri Brunner, effectué un postdoctorat au « Dyson Perrins Laboratory for Organic Chemistry » à l’Université d’Oxford (1990) avec John M. Brown, Walter Leitner a été recruté comme chercheur associé par le Max-Planck-Gesellschaft pour travailler dans le groupe « CO2-Chemistry » à l’Université Friedrich-Schiller de Jena (1992-1995) et dirigé par Eckhard Dinjus. C’est à ce moment qu’il a commencé à développer la chimie du CO2. En 1995, il rejoint le Max-Planck-Institut für Kohlenforschung comme chef de groupe et dirige plus tard les laboratoires techniques. Cet environnement lui permet d’établir son programme de recherche sur l’utilisation du CO2 supercritique comme solvant. En 2002, il succède à W. Keim à la tête de la chaire de Chimie technique et pétrochimie à l’Institut für Technische and Makromolekulare Chemie à Aachen. Depuis 2017, il dirige le département « Molecular Catalysis » du Max- Planck-Institute for Chemical Energy Conversion (MPI CEC) à Mülheim an der Ruhr.
Le professeur Leitner est un pionnier dans le domaine de la chimie du CO2, notamment pour son utilisation à la fois comme solvant alternatif supercritique mais aussi comme réactif. Par ailleurs, il est aujourd’hui reconnu internationalement dans le domaine de la catalyse pour la chimie durable, en particulier pour avoir astucieusement su associer la catalyse au génie chimique (réactions en flux continu, support sur phase liquide ionique ou multiphasique). Parmi ses travaux les plus marquants, on retiendra notamment l’hydrogénation du CO2 particulièrement en acide formique, ou la copolymérisation du CO2 avec un époxyde pour former des polyéthercarbonates, dont les produits sont de nos jours industrialisés et commercialisés par Covestro (anciennement Bayer Materials Science) sous le nom de Cardyon®.
Sa production scientifique
Est remarquable et compte plus de 350 articles (index h : 66) et environ 60 brevets (dont certains en cours d’exploitation). Il a coédité plusieurs ouvrages – Chemical Synthesis Using Supercritical Fluids (Wiley, 1999), Multiphase Homogeneous Catalysis (Wiley, 2005), Handbook ofGreen Chemistry, Vol 4-6 : Green Solvents (Wiley, 2010) – et a été éditeur scientifique du journal Green Chemistry (2004-2016). Ses travaux lui ont valu une renommée internationale (plus de 100 conférences et séminaires invités) et il a reçu en 2014 le prestigieux « European Sustainable Chemistry Award » de l’EuChemS.
Son engagement pour la communauté scientifique
Walter Leitner oeuvre également pour la communauté scientifique par l’organisation de conférences et séminaires dans le but de promouvoir la chimie verte. Il a été notamment chairman des conférences « Green Solvents », membre du comité d’organisation du 15e ICC (International Congress on Catalysis, Munich, 2013). Il a été choisi par l’EFCATS (European Federation of Catalysis Societies) pour organiser à Aachen le congrès Europacat 2019 – manifestation la plus importante autour de la catalyse en Europe –, et est également depuis 2019 le chairman des « Gordon Conference » sur la chimie verte. Walter Leitner a tissé de longue date des liens forts avec la communauté scientifique française. Il collabore depuis les années 1990 avec les Universités de Rennes, Toulouse et CPE Lyon, et a notamment été le coordinateur du projet européen SYNFLOW (2010-2014). Il est actuellement impliqué dans le programme doctoral européen Erasmus Mundus « SINCHEM » sur la chimie industrielle durable (partenariat 2012-2020 avec Lyon).
Le Prix franco-allemand est décerné à Paul Knochel pour ses travaux remarquables dans le développement de nouvelles méthodes de synthèse pour préparer des organométalliques du zinc et du magnésium polyfonctionnels avec LiCl comme catalyseur ouvrant la voie à de nombreuses applications industrielles, et pour son implication avec la communauté française.
Paul Knochel est l’un des leaders mondiaux de la communauté des chimistes organiciens. Ses travaux ont largement étendu les utilisations des organométalliques en synthèse organique, tant au niveau fondamental qu’appliqué. Il a développé de nouvelles méthodes pour préparer des organométalliques du zinc et du magnésium polyfonctionnels (contenant par exemple des groupes ester, cyano, nitro ou cétone). Cette préparation est basée sur l’emploi du chlorure de lithium comme catalyseur. Ce sel (produit à l’échelle de la tonne par Rockwood Lithium Inc. en Allemagne) rend plus nucléophiles (et donc plus réactives) les espèces organométalliques par coordination de l’ion chlorure sur le métal, augmente l’acidité et l’électrophilie des composés organométalliques en réduisant leur agrégation par coordination, et augmente la solubilité des organométalliques et des sels métalliques dans les solvants organiques (THF, toluène).
Parmi les résultats importants, un échange brome-magnésium a été réalisé grâce à iPrMgCl.LiCl. Des bromures aromatiques ou hétéroaromatiques polyfonctionnels ont pu être transformés en dérivés du magnésium dans des conditions très douces. Cette méthode a permis, entre autres nombreuses applications, la synthèse d’un produit anti-VIH : l’émivirine.
LiCl complexé à des bases métalliques encombrées augmentant la solubilité des amidures de magnésium a permis la déprotonation directe et souvent difficile par les méthodes habituelles d’un grand nombre de composés aromatiques et hétérocycliques. L’addition de LiCl à une suspension de métal active l’insertion de ce métal dans une liaison carbone-halogène d’halogénures organiques. Cette méthode tout à fait générale s’applique en particulier au zinc (poudre commerciale) et permet d’éviter l’utilisation du diéthylzinc pyrophosphorique pour la préparation d’organométalliques du zinc. Ces espèces organométalliques ont conduit au développement de nouvelles méthodes de couplage mixtes reposant sur des systèmes catalytiques à base de palladium, nickel, cobalt, cuivre ou fer*.
Sa production scientifique est exceptionnelle : 767 publications (dont Angew. Chem. Int. Ed. (plus de 100), JACS, Nature Chem. ; indice h : 85), 47 brevets, deux ouvrages, 633 séminaires ou conférences. Ses travaux lui ont valu une reconnaissance internationale qui s’est traduite par l’attribution de nombreux prix ou médailles tant au niveau académique qu’industriel (Médaille Berthelot, Prix Victor Grignard, IUPAC Thieme Prize, Leibnitz Prize, Karl-Ziegler Prize, Nagoya Gold Medal, Otto-Bayer Prize, Janssen Prize, Merck Award, Lilly European Distinguished Lectureship Award…), et d’une ERC Advanced Grant en 2008. Il est membre de l’Académie des sciences de France, de Bavière, d’Allemagne, et du Center for Advanced Studies à Munich.
Les relations qu’il a tissées avec les laboratoires français sont aussi exceptionnelles (Paris 5, Paris 6, Marseille, École Polytechnique, Rouen, Rhodia, Roussel Uclaf), et il est également intervenu en enseignement (DEA à l’Université de Cergy-Pontoise). En 2014, un laboratoire international associé a été créé entre les Universités de Munich (P. Knochel) et Chimie ParisTech-CNRS (G. Cahiez) pour développer la chimie organométallique orientée vers la synthèse organique et la catalyse homogène.
*Voir Knochel P. et coll., Couplages mixtes catalysés par le fer, le cobalt et le chrome, L’Act. Chim., 2015, 393-394, p. 62.
Lutz Gade est professeur à l’Université de Heidelberg depuis octobre 2003. Après des études supérieures à l’Université de Bonn et à l’Université technique de Munich, il rejoint l’Université de Cambridge pour y préparer une thèse soutenue en 1991. Il retourne en Allemagne à l’Université de Würzburg où il soutient son habilitation en 1996 et occupe pendant deux ans les fonctions de « Privatdozent ».
En octobre 1998, il est nommé professeur de chimie inorganique à l’Université de Strasbourg. Il crée alors et dirige le Laboratoire de chimie organométallique et catalyse, s’investissant grandement dans la chimie strasbourgeoise ; il assure la direction du DEA, devient président de la commission de spécialistes de la 32e section et publie chez Wiley-VCH son livre de chimie inorganique, Koordinationschemie. Durant cette période, il devient membre de l’IUF.
En novembre 2003, l’Université de Heidelberg lui propose un poste de professeur à l’Institut de chimie inorganique. Nommé en 2006 doyen de la Faculté de mathématiques et de sciences naturelles, il assume jusqu’en 2013 la direction d’un centre de recherche sur la catalyse (SFB 623) et fait partie jusqu’en 2014 du directorat d’un institut associant l’Université d’Heidelberg et BASF (CaRLa).
Sa carrière scientifique a un impact international remarquable en chimie de coordination et en catalyse organométallique. Ses travaux couvrent un très large domaine de la chimie moléculaire organique et inorganique et se concentrent actuellement dans le design de ligands présentant une asymétrie moléculaire pour le développement de nouveaux catalyseurs performants en synthèse asymétrique. Il étudie les mécanismes des réactions en associant des études théoriques poussées à des procédés expérimentaux détaillés.
L’ensemble de ses travaux (plus de 8 000 citations, facteur h de 48) a conduit à 283 publications, deux brevets, trois livres et plus de 250 conférences invitées. Lutz Gade a des liens très étroits avec la communauté scientifique française depuis son passage à Strasbourg où il a maintenu de nombreuses connexions, aussi bien en recherche qu’en pédagogie, enseignant à l’ENS de la rue d’Ulm et collaborant au travers de co-tutelles de thèses avec Strasbourg et Montpellier. Parfait connaisseur du système français, il a été deux fois président de comités d’évaluation de laboratoires français par la HCERES (Haut conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur).
Le Prix franco-allemand récompense cette riche expérience et des résultats remarquables qui font de Lutz Gade un leader reconnu au niveau mondial dans le domaine des chimies organométalliques et de coordination.
Matthias Beller, 52 ans, est Professeur à l’Université de Rostock et Directeur du Leibniz Institut für Katalyse de Rostock
Après son doctorat (1989) en synthèse organique avec le Prof. Lutz Tietze à Göttingen, il a fait un stage post-doctoral d’une année dans le laboratoire de B. Sharpless (lauréat Nobel 2001) au MIT en 1990, et a commencé une carrière dans l’industrie comme responsable de projet en catalyse chez Hoechst AG (Francfort) pendant 5 ans (1991-1995). En 1996, il est professeur C3 à l’Université Technique de Munich, puis devient professeur C4 en Catalyse en 1998 à l’âge de 36 ans à l’Institut de Catalyse Organique (IfOK) de Rostock, avec la mission de le restructurer. En 10 ans il a fait de son institut «Leibniz Institut für Katalyse» (LIKAT) un des meilleurs centres internationaux de catalyse
Son activité de recherche en catalyse est impressionante avec de fortes interactions avec l’industrie. Il a innové dans les carbonylations (Pd) et hydroformylations (Rh) catalytiques et ses catalyseurs au palladium à ligands Phosphines ou NHCarbenes sont utilisés dans l’industrie à l’échelle de 100 Kg à plusieurs tonnes chez Umicore, Evonik, Solvias et pour ceux du rhodium chez Degussa-Oxeno. Il a créé des catalyseurs du fer capables d’hydrogéner ou d‘hydrosilyler des cétones ou des aldéhydes, et de deshydrater ou de réduire des amides. En relation avec la catalyse et l’énergie, il a découvert des catalyseurs pour la production d’hydrogène à partir des alcools et de la biomasse, ou par réduction photocatalytique de l’eau.
Sa production scientifique est absolument remarquable avec 630 publications dans les meilleurs journaux et ses 110 brevets, (Facteur h= 85) et plus de 400 invitations dans des congrès, des universités et dans l’industrie. Sa reconnaissance internationale est reflétée par des prix : 2006: Prix Leibniz et Federal Cross of Merit of Germany; 2009: German National Academy of Science «Leopoldina»; 2010: Paul Rylander Award of the Organic Reaction Catalysis Society, USA; 2010: European Sustainable Chemistry Award; 2011 Prix Gay-Lussac-Humboldt.
Ses interactions avec la France sont exemplaires: M. Beller a des coopérations de recherche avec le LCC et INSA de Toulouse (ligands et catalyse asymétrique et les nanoparticules du fer). Il a été professeur invité à Strasbourg, Paris, et Rennes. Il a accueilli 7 post docteurs Français lauréats Humboldt et dans le cadre d’un Réseau européen d’excellence IDECAT il a accueilli 6 doctorants de Rennes conduisant à 6 publications. M. Beller fait tous les deux ans des cours de Catalyse et Chimie verte à Rennes. Depuis 2013 il coordonne avec Rennes un laboratoire international associé du CNRS.
La SCF lui décerne le Prix Franco-Allemand pour ses découvertes remarquables dans le domaine de la Catalyse et leur retombées pour le développement durable, pour ses valorisations industrielles et les collaborations fructueuses qu’il a initiées avec la France.
Présenté par la section régionale Alsace
65 ans. Professeur. Directeur du Max Planck Institut für Polymerforschung de Mayence
Après des études de chimie de 1966 à 1969, il part à Bâle où il soutient un doctorat en 1972. Il est ensuite chercheur à l’ETH de Zurich où il passe son habilitation et est nommé Privat-Dozent en 1977. En 1979, il est nommé professeur à l’université de Cologne qu’il quitte en 1984 pour l’Université de Mayence où, en 1989, il est nommé directeur du Max-Planck-Institut für Polymerforschung.
Ses thématiques sont très vastes puisqu’elles englobent les réactions de polymérisation, la chimie des organométalliques, les polymères multifonctionnels, la chimie physique des matériaux moléculaires, jusqu’aux dispositifs électroniques par cristaux liquides. Enfin, ses derniers travaux sont consacrés au graphène poreux et aux dendrimères.
Sa production scientifique est tout à fait étonnante : 1 324 publications (43 570 citations) et de nombreuses conférences. Membre de nombreux comités d’évaluation en Allemagne, aux Pays-Bas et en France, il est membre du Sénat de la Deutsche Forschungsgemeinschaft. Il fut président de la Gesellschaft Deutscher Chemiker de 2008 à 2009. De nombreux prix ont reconnu sa dimension nationale et internationale : prix Max-Planck (1993), prix Philips Morris (1997), membre de l’Academia Leopoldina (1999), Professeur honoris causa de 5 universités, Polymer Award de l’ACS (2011). Il fait partie de dix comités éditoriaux et est éditeur associé du J. Am. Chem. Soc. depuis 2006. Il a par ailleurs mené des collaborations entre le MPI für Polymerforschung de Mayence avec des laboratoires de recherches de Bordeaux, Paris et Strasbourg.
Le Prix Franco-Allemand 2010 a été attribué à :
Markus Antonietti, directeur de l’Institut Max Planck de chimie colloïdale de Postdam (Allemagne)
pour ses travaux remarquables et variés dans le domaine de la chimie douce et de la chimie des matériaux ainsi que pour ses collaborations suivies avec la communauté française.
Candidature présentée par la division de chimie du solide et la section régionale Auvergne.
Markus Antonietti a fait ses études à Mayence où il obtient son Diplom Chemiker en 1983, puis son doctorat en 1985. Il est alors assistant dans cette université, il passera son habilitation en 1990. Il est Hochsuldozent en 1991 et nommé, la même année, professeur à l’université de Marburg, mais, en 92, il quitte l’ouest pour l’est afin de réorganiser le Max Planck Institute de Postdam. Il y réussit très bien puisque, depuis 1993, il en est le directeur et l’a développé. Il est aussi professeur à l’université.
Ses thématiques scientifiques ont varié, puisque d’abord polymériste à ses débuts et spécialiste de l’assemblage des co -polymères, il s’est orienté vers la chimie des sols gels et la modélisation de la formation des nano et meso critallites. Depuis quelques années, il a migré vers la chimie des colloïdes et la conversion de la bio masse, le carbone colloïdal, la photosynthèse artificielle.
Auteur ou co-auteur de 480 publications et de 22 brevets il a donné près de 300 conférences dont plus de 100 dans des meeting internationaux.
Directeur du Max Planck de Postdam, secrétaire adjoint de la section Sciences naturelles de l’Académie de Berlin – Brandebourg, il est professeur à l’université de Postdam.
Il a déjà obtenu de nombreuses distinctions, dont le prix de l’union des industries chimiques d’Allemagne en 1992, le prix de la société chimique espagnole en 2003, Fellow de la Royal society of Chemistry en 2006 et une Grant Senior de l’ERC en 2008, sans oublier la médaille d’or du groupe Macromolécules de la RSC.
Il est membre du comité éditorial de 9 journaux dont le New Journal of Chemistry, Chemistry of Materials et Macromolecular Journal. Il a collaboré avec plusieurs équipes françaises dont celles de Bordeaux et de Paris ; l’attestent près de 30 publications communes franco-allemandes. Il est très actif dans le réseau européen matériaux dirigé par J. Etourneau et est le coordonnateur de l’axe fort CNRS – Max Planck sur les nanocristaux.
Martin Jansen, pour sa contribution remarquable à la chimie du solide et notamment en synthèse et élaboration de nouveaux composés
Carsten Bolm, développement en méthodologie de synthèse notamment asymétrique en s’appuyant sur la catalyse utilisant les métaux de transition et des groupes principaux avec des préoccupations autant mécanistiques qu’applicatives.
Herbert W. Roesky, chimiste inorganicien particulièrement créatif dont la longue carrière, au plus haut niveau et au bénéfice de l’enseignement, de la recherche et du rayonnement de la chimie, a été reconnu au plan international par de hautes distinctions dont le grand prix de la Maison de la Chimie (1998), et au plan français par son élection comme Membre Associé de l’Académie des Sciences (2002) et sa nomination comme Docteur Honoris Causa de l’Université Paul Sabatier de Toulouse (2000). Ses livres «Chemische Kabinettstücke» (Curiosités chimiques) et «Chemie en miniature» ainsi que les conférences remarquables de chimie expérimentale qu’il présente dans diverses écoles et universités en ont fait un véritable héraut de notre discipline.
Lutz Tietze (Institut de chimie organique de Göttingen), spécialiste de la chimie organique