Présentation
Les Grands Prix Le Bel et Süe sont attribués par le conseil d’administration. Ils récompensent des travaux reconnus au niveau international qui s’inscrivent dans le cadre des activités de la SCF. Chacun de ces prix peut être partagé entre deux personnes au plus.
Veuillez noter qu’il est impératif que les lauréats soient membres de la SCF au moment de la remise des prix.
Les candidatures doivent être présentées par une section régionale ou une division scientifique de la SCF.
Le jury
Le jury est constitué de sept personnalités internationalement reconnues, membres de la SCF, dont la liste est soumise à l’approbation du conseil d’administration de la SCF (chaque membre a un mandat de 2 ans maximum). Le jury peut s’entourer d’avis extérieurs, essentiellement en provenance de l’étranger. Les critères habituels de sélection des dossiers et de classement des candidats par le jury sont communiqués au conseil d’administration.
Modalités d’attribution
Le jury a à sa disposition la liste des prix attribués les dix années précédentes, avec le profil scientifique des lauréats. Chaque candidat fait l’objet d’un rapport qui devra mettre en lumière ses qualités scientifiques et son aptitude à recevoir un Grand Prix de la SCF.
Ces rapports (2 pages au maximum) sont ensuite transmis au bureau de la SCF pour communication aux membres du conseil d’administration.
Le coordonnateur du jury présente un rapport global et une proposition de classement des candidats devant le conseil d’administration qui suit la réunion du jury.
Le choix définitif est, autant que faire se peut, entériné de manière consensuelle après discussion en présence du coordonnateur du jury.
Si besoin est, un vote à bulletin secret est effectué à la majorité absolue des suffrages exprimés pour les deux premiers tours du scrutin.
Le jury doit fournir par la suite un court texte de justification concernant les lauréats pour diffusion externe.
Communication des résultats
Peu après le conseil d’administration et que les lauréats aient été personnellement informés, les résultats sont annoncés sur le site Internet de la SCF et présentés dans L’Actualité Chimique accompagnés du texte de justification.
Remise des Prix
La remise des Grands Prix de la SCF a lieu dans le cadre d’une cérémonie solennelle, généralement au 2e trimestre de l’année suivante. Une mise au point sur les travaux récompensés peut être publiée dans L’Actualité Chimique après accord entre chaque récipiendaire et la rédaction de L’Actualité Chimique.
Anne Lesage est ingénieure de recherche au Centre européen de résonance magnétique nucléaire à très hauts champs (CNRS/ENS/Université Lyon 1).
Ce prix lui est attribué pour ses travaux remarquables dans le développement de méthodes fondamentales et innovantes en RMN du solide, en particulier sa contribution à l’augmentation du pouvoir de résolution de cette spectroscopie (échelle atomique) et de la polarisation dynamique nucléaire (acteurs amplification 20, temps de gain divisé par 400).
Auteure de deux cents articles, six chapitres de livres, cinq brevets de nombreuses fois à des congrès internationaux, Anne Lesage est reconnue au niveau international dans le domaine de la RMN. Ses travaux ont été récompensés par la Médaille du cristal du CNRS en 2010, le Prix Jaffé et la Médaille Berthelot de l’Académie des sciences en 2018, et en 2023 par le Prix international Günther Laukien.
Hélène Budzinski, directrice de recherche au CNRS est directrice du laboratoire Environnements et Paléo-environnements Océaniques et Continentaux (EPOC, UMR 5805) à l’Université de Bordeaux.
Après une thèse en lien avec l’exploitation pétrolière, elle a intégré le CNRS en 1993 comme chargée de recherche et a développé des activités pionnières dans le domaine de l’éco-toxicologie en s’intéressant aux composés pharmaceutiques présents dans des milieux aquatiques. Ses travaux très innovants l’ont conduite à mettre au point des méthodes analytiques permettant le dosage à l’état de traces et d’ultra-traces de polluants comme les perturbateurs endocriniens et les plastifiants. Les données analytiques obtenues permettent de prendre en compte des approches cinétiques, théoriques et toxicologiques afin de mieux appréhender la notion de risque chimique en considérant les polluants initiaux mais aussi leurs produits de transformation.
Hélène Budzinski est auteure de plus de 350 articles et est fréquemment invitée (plus de 220 invitations) lors de conférences et séminaires en France et au niveau international. Elle a mené de nombreuses collaborations avec des structures régionales comme les pôles Environnement et Santé d’Aquitaine, de grands groupes industriels (Peugeot PSA, TOTAL, Danone, Veolia, Suez), ainsi qu’au niveau européen (INTERREG, ERANET, H2020).
Elle a dirigé ou codirigé 66 thèses et 26 chercheurs post-doctorants. Très impliquée également dans l’organisation de la recherche, elle a codirigé le Labex COTE et deux GDR CNRS / IFREMER / IRD et elle participe à de nombreux comités et conseils scientifiques comme ceux de l’IRD et de la région Aquitaine. Elle est membre du Conseil scientifique de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.
Elle a reçu le prix de la Division de Chimie Analytique de la SCF en 1997 et a été élue Membre distinguée senior de la SCF en 2017. Elle a reçu la médaille de bronze du CNRS en 1995 et la médaille d’argent du CNRS en 2017. En 2019, elle a reçu la Médaille Berthelot et Prix Philippe A Guye de l’Académie des Sciences.
Hélène Olivier-Bourbigou, 59 ans, est actuellement responsable de programme et coordinatrice de l’ensemble de la recherche fondamentale au sein de IFP Energies nouvelles (IFPEN). Elle a été responsable du département de catalyse moléculaire (une vingtaine de permanents) pendant plus de 15 ans à IFPEN Solaize. Elle est plus particulièrement impliquée dans la conception et le développement de nouveaux catalyseurs et procédés applicables dans le domaine du raffinage et la chimie pour un développement plus durable.
Parcours :
Distinctions :
Hélène Olivier-Bourbigou est une scientifique reconnue tant dans les milieux industriels qu’académiques, oeuvrant par ailleurs pour la communauté.
Après son doctorat en sciences des matériaux à l’Université Pierre et Marie Curie (1992) et un postdoctorat à l’Université Johannes Gutenberg de Mayence (All.) au Laboratoire de Chimie inorganique de P. Gütlich, Azzedine Bousseksou commence sa carrière au CNRS en 1993 comme chargé de recherche au Laboratoire de Chimie de Coordination (LCC) à Toulouse, et obtient en 2000 son habilitation à diriger des recherches. En 2003, il crée et dirige l’équipe scientifique « Matériaux moléculaires commutables ». Aujourd’hui, directeur de recherche de classe exceptionnelle, il dirige le LCC depuis 2013 (~ 300 membres).
Ce chercheur mondialement reconnu dans le domaine de la transition de spin moléculaire et des matériaux moléculaires commutables a marqué son domaine en le faisant volontairement évoluer de l’étude des propriétés de bistabilité au niveau fondamental vers la mise en forme et l’intégration dans des dispositifs pour la photonique, la nanoélectronique et la nanomécanique.
Spécialiste de la transition de spin, il a développé trois approches conceptuelles complémentaires qui représentent aujourd’hui les fils conducteurs de l’évolution de son domaine au niveau mondial : le transport nanoélectronique (spintronique moléculaire), avec la mise en place des tous premiers dispositifs moléculaires permettant de coupler un état de spin avec le transport électronique dans une jonction nanométrique ; l’optique, menant à des dispositifs photoniques très performants avec la mise en place de capteurs nanothermométriques (brevetés) dépassant les dispositifs commerciaux actuels ; la variation réversible de volume moléculaire, avec la réalisation des premiers nano-actuateurs à sens contrôlé dont la combinaison chimique avec des polymères a permis la mise en place de matériaux actifs (« muscles artificiels ») avec des applications avancées en robotique et en micro-/ nanomécanique (projet ERC 2019 en cours d’évaluation). Chercheur très actif, Azzedine Bousseksou a été membre du réseau d’excellence européen sur le magnétisme moléculaire REX MAGMANET, de l’Institut européen sur le magnétisme moléculaire (EIMM), directeur du GdR « Magnétismeet commutation moléculaires » (2007-2011), co-coordinateur d’un GdRI franco-japonais (2004-2011), et membre du comité national du CNRS (2000-2004 et 2012-2016).
Son activité et sa production scientifiques sont exceptionnelles : plus de 300 publications (citées plus de 12 000 fois ; facteur h : 60), 14 brevets (dont 2 exploités), 4 chapitres de livre, 90 conférences dans des congrès internationaux, huit séjours invités à l’étranger. Ses nombreuses reconnaissances et distinctions témoignent de son rayonnement scientifique, lui conférant une position de leader mondial : membre de l’Académie des sciences, de l’Académie européenne des sciences, de l’Académie européenne des sciences et des arts, membre fondateur de l’Académie algérienne des sciences et des technologies (2015) ; prix de la division Chimie de coordination (2003), Prix Langevin de l’Académie des sciences (2009), Médaille d’argent du CNRS (2010), prix de la Société coréenne du magnétisme (2012).
Le Prix Süe lui est attribué pour sa contribution au rayonnement de la chimie dans le domaine du magnétisme moléculaire et de l’étude des matériaux moléculaires bistables à transition de spin, et ses nombreuses responsabilités collectives.
Patrice Simon est professeur à l’Université Paul Sabatier (CIRIMAT, Toulouse) et directeur adjoint du Réseau sur le stockage électrochimique de l’énergie (RS2E). Après l’obtention d’un doctorat en science des matériaux l’École nationale supérieure de chimie de Toulouse, il est recruté comme maitre de conférences au Conservatoire des Arts et Métiers de Paris, chaire d’électrochimie industrielle, puis nommé en 2001 maitre de conférences à l’Université Paul Sabatier, et professeur des universités en 2007. Il est membre de l’Institut Universitaire de France depuis 2007 et de l’Académie des technologies depuis 2018.
Ses recherches portent sur les dispositifs de stockage de l’énergie, et plus spécifiquement les supercondensateurs (Li-ion). Elles ont permis notamment de revisiter la notion de double couche électrochimique dans les milieux confinés en mettant en lumière des structurations d’électrolytes et des interactions carbone/ions inattendues. Ses travaux prennent le plus souvent appui sur le développement de techniques électrochimiques avancées et sur des techniques de caractérisation originales comme la RMN in situ. Outre la compréhension des mécanismes de stockage aux interfaces, il étudie également sur la synthèse et la caractérisation de matériaux qui stockent l’énergie par des réactions électrochimiques très rapides, essentiellement confinées à la surface des matériaux, avec des applications dans le domaine des supercondensateurs, des batteries de puissance, de la nanofluidique et la désalination de l’eau de mer. Il s’intéresse par ailleurs à la mise au point de microsystèmes pour l’alimentation de réseaux de capteurs appelés l’« Internet des objets » (IOT).
Patrice Simon allie une compétence scientifique de tout premier plan dans le domaine des matériaux pour l’énergie, comme en témoigne sa production scientifique avec plus de 190 publications dans des revues internationales a fort impact (facteur h : 64), 11 chapitres de livres, 13 brevets, 70 conférences et séminaires invités, et des capacités exceptionnelles de structuration de la communauté à travers son rôle de directeur adjoint de RS2E et de directeur du réseau européen ALISTORE (2008-2017).
Ses travaux ont été récompensés par de nombreuses distinctions qui démontrent sa reconnaissance au plan international : Prix Tajima de l’International Society of Electrochemistry (2009), Médaille d’argent du CNRS (2015)*, RUSNANOPRIZE International Award on Nanotechnologies (2015), Médaille Charles Eichner de la Société Française de Métallurgie (2015), Lee Hsun Lecture Award of the ChineseAcademy of Sciences (2016), Brian Conway Prize in Physical Electrochemistry (2018).
Le Prix Pierre Süe lui est décerné pour sa remarquable contribution dans le domaine des nanosciences, des nanotechnologies et de l’électronique organique.
Son domaine de recherche est celui des nanosciences, des nanotechnologies et de l’électronique organique, avec l’objectif de répondre à des défis technologiques pour des applications bien identifiées. Ses projets sont focalisés sur les auto-assemblages sur surfaces, les matériaux organiques pour l’électronique, le graphène et autres matériaux bidimensionnels. Ses travaux prennent le plus souvent appui sur la chimie supramoléculaire pour optimiser les propriétés des matériaux moléculaires*. C’est cette approche qui lui a permis dans le cas des matériaux 2D, et plus particulièrement du graphène, de développer des structures poreuses pour le stockage de l’énergie et la purification de l’eau.
Paolo Samorì a publié 290 articles dans des revues internationales à fort impact (Nature Materials, Nature Nanotechnology, Nature Chemistry, PNAS, JACS, Angew. Chem…) donnant lieu à plus de 10 000 citations (indice h : 58) et a été éditeur invité de plusieurs numéros spéciaux d’Advanced Materials, Advanced Functional Materials et Chemical Society Reviews. Il est éditeur associé de Nanoscale et membre du comité éditorial de neuf revues (dont Chemical Society Reviews, Advanced Materials, Chemical Communications). Il a donné 130 conférences plénières ou invitées lors de congrès internationaux, a organisé ou co-organisé plus de 40 conférences et symposiums internationaux.
Impliqué dans 46 projets européens et nationaux, exerçant remarquablement ses talents à la frontière de nombreux domaines avec la chimie, Paolo Samorì a reçu un grand nombre de distinctions : prix Jeune chimiste de l’IUPAC (2001), Prix Nicolò Copernico (2009), Prix Guy Ourisson (2010), Médaille d’argent du CNRS (2012), Prix franco-espagnol Miguel Catalán-Paul Sabatier (2017), Prix franco-allemand Georg Wittig-Victor Grignard (2017), Prix Surfaces and Interfaces de la RSC (2018), Médaille Blaise Pascal en sciences des matériaux de l’EURASC (2018). À cette liste déjà impressionnante, il faut ajouter qu’il a obtenu une bourse « Starting Grant » du Conseil européen de la recherche (ERC) en 2010, a été élu membre junior de l’Institut Universitaire de France (2010), membre de la Royal Society of Chemistry (2012), de l’Académie européenne des sciences et de l’Academia Europaea (2014), membre honoraire de l’Université de Nova Gorica (Slovénie) en 2017 et de l’Université Shanghai Jiao Tong (Chine) en 2018.
*Voir Samorì P. et coll., Supramolecular engineering of guanine-based self-assembled architectures at surfaces and interfaces, L’Act. Chim., 2015, 399, p. 31.
74 ans, Professeur émérite à l’Université de Lille
Unité de Catalyse et chimie du solide, ENSCL- Université de Lille
La SCF a décerné à André Mortreux le Prix Pierre Süe pour sa contribution remarquable dans le développement de la catalyse organométallique et pour son rôle pionnier dans la catalyse appliquée à la chimie du végétal.
Après un doctorat à l’Université de Poitiers (1975), André Mortreux a débuté sa carrière d’enseignant-chercheur à Lille en 1977. Il y a grandement contribué à la création du Laboratoire de Catalyse qui réunit les catalyses homogène et hétérogène et qui deviendra en 2006 l’UCCS (Unité de Catalyse et Chimie du Solide). Il a créé et piloté une équipe de renommée internationale dont les principales réalisations portent sur la chimie des dérivés du pétrole (polymérisation, métathèse), la chimie du monoxyde de carbone, la chimie fine par l’ingénierie de la sphère de coordination du centre métallique visant à la synthèse de produits biologiquement actifs (médicaments) par catalyse asymétrique, et plus récemment la chimie verte impliquant l’utilisation de produits renouvelables issus du végétal.
Depuis plus de 40 ans, ses travaux ont très largement contribué à la réputation internationale et au rayonnement de la catalyse et de la chimie de coordination française. Il a réalisé des avancées majeures dans le domaine de la catalyse homogène fondamentale, tout en développant des applications industrielles cohérentes avec les contraintes du développement durable, respectant les principes de la « green chemistry », comme l’atteste le dépôt de 34 brevets, la plupart issus de collaborations avec de grands groupes industriels (Elf Atochem, Rhodia, Sanofi-Synthélabo, Hoffmann-Laroche, Béghin Say, Roquette). L’ensemble de sa contribution scientifique a donné lieu à 300 publications (index h de 43 et plus de 7 000 citations).
La qualité de ses travaux lui a valu de nombreuses récompenses parmi lesquelles le Prix Clavel-Lespiau de l’Académie des sciences (2001). Il a été nommé membre sénior de l’IUF en 2001 puis renouvelé en 2006. André Mortreux a également été très actif au sein de la Société Chimique de France où il a exercé les fonctions de secrétaire puis président de la section Nord Pas-de-Calais Picardie (1987-98), et membre du Bureau puis vice-président de la division Catalyse (1994-2002).
Chercheur au CEA, Marie-Paule Pileni est une spécialiste internationalement reconnue de la nano-physico-chimie au sens large (nanomatériaux, nanocristaux, colloïdes), mais également de photochimie et de photobiologie, domaines dans lesquels elle a débuté sa carrière.
Ses principales contributions concernent l’étude de systèmes colloïdaux de structure contrôlée comme nanoréacteurs (fabrication contrôlée de nanocristaux, modification chimique de macromolécule…) et l’utilisation de tensioactifs fonctionnalisés et de nanocristaux pour produire des assemblages stables et originaux (supra-agrégats, supracristaux, quasi-supracristaux) dont elle a principalement étudié les propriétés collectives physiques (optiques, magnétiques) et mécaniques. La structure cristalline des nanomatériaux joue un rôle clé sur ses propriétés physiques, sur leurs assemblages, et par voie de conséquence sur les propriétés collectives.
Marie-Paule Pileni possède une compétence scientifique de tout premier plan dans ces domaines d’excellence où elle a mené une recherche pluridisciplinaire très riche et très imaginative en ouvrant de nouvelles voies et en introduisant de nouveaux concepts, avec des applications dans le domaine de l’énergie et de la nanolithographie notamment.
Sa production scientifique est remarquable (343 publications dont 50 citées plus de 100 fois, 37 chapitres de livres, un brevet, 194 conférences, facteur h de 73).
L’excellence de sa recherche s’est traduite par de nombreux prix internationaux (États-Unis, Japon, Allemagne, Espagne, Pays Bas), un prix de l’Académie des sciences, Docteur Honoris Causa de l’Université de Chalmers, une bourse ERC Advanced en 2010 et son élection à plusieurs académies européennes (Royal Swedish Academy of Engineering Sciences, European Academy of Sciences, Academia Europaea, Academia net, Royal Society of Arts and Sciences de Göteborg, Fellow of the Royal Society of Chemistry). Elle est également membre de plusieurs comités éditoriaux de journaux internationaux (Eur. Phys. Lett., J. Phys Chem. Acc. Chem. Res., Langmuir…).
Elle a créé deux unités de recherche au sein de l’UPMC et a été administratrice de l’Institut Universitaire de France. Elle est commandeur dans l’Ordre du mérite.
Le prix Pierre Süe lui est décerné pour sa contribution remarquable au développement des recherches sur les nanocristaux et les supracristaux.
61 ans, DR CNRS, Directeur de l’IRDEP
La SCF lui décerne le prix Pierre Süe pour sa contribution remarquable au développement des recherches sur le photovoltaïque.
Daniel Lincot est également porteur de l’institut d’excellence sur les énergies décarbonées (IEED) créé avec le soutien du programme « Investissement d’avenir » et réunissant au-delà de l’IRDEP, l’Ecole Polytechnique, le CNRS, Air Liquide, Horiba, Jobin et Yvon et Riber.
Après une thèse en physique, sur la photo-électrochimie des semi-conducteurs, Daniel Lincot, s’intéresse au rôle des interfaces dans les processus de transfert de charge. Il s’appuiera ensuite sur cette expertise pour interpréter le fonctionnement des dispositifs photovoltaïques. Son implication dans le développement de cellules solaires au niveau industriel est un point remarquable de son dossier. EDF et l’ADEME lui permettent de développer cette technologie dans le cadre du projet CISEL, avant que la décision soit prise de créer en 2003 un laboratoire commun au sein de EDF R&D Chatou, puis une UMR CNRS-EDF-Chimie ParisTech, dédiée à l’énergie photovoltaïque en 2005 (IRDEP). Il s’en suivra la création d’une start-up, Nexcis, qui compte aujourd’hui 80 personnes et se positionne en leader mondial de cette technologie.
Daniel Lincot allie une compétence scientifique de tout premier plan dans le domaine des matériaux pour l’énergie, comme en témoigne sa remarquable production scientifique (253 publications et articles d’ouvrages, 26 brevets, 153 conférences et séminaires invités ; H= 44, 7500 citations) mais également des capacités de structuration de la communauté exceptionnelles.
Sa trajectoire scientifique a été marquée par l’attribution de différents prix (médaille d’argent du CNRS en 2004, médaille Charles Eichner de la Société Française de Métallurgie et de Matériaux en 2011, Prix de l’Electrochemical Society en 2013) démontrant s’il le fallait sa reconnaissance au plan international.
Le Prix SUE 2002 a été attribué à Abel Rousset, Professeur à l’Université Paul Sabatier (Toulouse III) et Directeur du Centre Interuniversitaire de Recherche et d’Ingénierie des Matériaux (CIRIMAT) UMR CNRS 5085.
Sa thèse de Doctorat obtenue en 1969 à l’Université Claude Bernard (LyonI) dans le Laboratoire du Prof. Paris lui a permis d’aborder, très en amont, les concepts de « chimie douce » et de « grains fins » (les nanomatériaux d’aujourd’hui). En collaboration avec le Laboratoire de Magnétisme de Grenoble (P. Mollard ; Prof. L. Neel), il obtient notamment des oxydes mixtes ainsi que de nouvelles phases métastables suffisamment divisés (quelques dizaines de nanomètres) permettant la première vérification expérimentale de la théorie du superantiferromagnétisme de Louis Neel (Prix Nobel de Physique 1970).
Nommé Maître de conférences à l’Université Paul Sabatier en 1976, il créé le Laboratoire de Chimie des Matériaux Inorganiques (LCMI) et devient Professeur en 1984.
Ses travaux portent alors sur des oxydes ferrimagnétiques à morphologie et texture contrôlées obtenus par chimie douce, en particulier des ferrites lacunaires à valence mixte originaux, sous forme de poudres ou de couches minces destinées à l’enregistrement magnétique. Ils s’intéressent également aux céramiques pour l’électronique notamment aux thermistances et varistances ainsi qu’aux premiers nanocomposites à matrice céramique (Al2O3,Cr2O3, MgO…) à renforts métalliques nanométriques (Fe, Cr…).
A titre d’exemples, signalons la très longue et fructueuse collaboration avec Thomson/LCC sur les thermistances à Coefficient de Températures Négatif (CTN) ayant abouti à la mise au point de nouvelles formulations et microstructures de manganites de métaux de transition pour des composants électroniques plus précis et plus stables. De même, c’est par le biais des travaux sur les nanocomposites céramique/nanoparticules métalliques que dès les années 1990, les premiers nanotubes de carbone (NTC) élaborés par voie catalytique ont été mis en évidence au laboratoire. C’est également à cette époque et parmi les premiers responsables de laboratoires universitaires en France que A. Rousset installe au LCMI un « atelier pilote » de fabrication de poudres (oxydes, métaux…) et de couches minces, outil indispensable pour mener à bien les nombreuses collaborations industrielles du laboratoire et réussir dans des conditions optimales un certain nombre de transferts vers l’industrie.
En 1998, à la demande de la Direction du CNRS, il est chargé de rassembler sur le site toulousain les laboratoires de Métallurgie (Prof. F. Dabosi) et de Physique des Polymères (Prof. C. Lacabanne) pour constituer avec le LCMI une nouvelle entité, le Centre Interuniversitaire de Recherche et d’Ingénierie des Matériaux (CIRIMAT), comptant 160 personnes dont 80 permanents et 50 doctorants, dont il prend la direction en 1999.
L’activité de recherche de A. Rousset se traduit par 322 publications, 37 brevets, la direction de 25 thèses et de 45 contrats industriels ainsi que de nombreuses conférences invitées.
Par ailleurs, il a créé, animé et dirigé à l’Université Paul Sabatier la plupart des enseignements de chimie du solide et de Science des Matériaux au niveau Licence, Maîtrise, DEA, DESS, Ecole Doctorale (Matériaux-Structure-Mécanique).
De 1990 à 1996 il a présidé l’Association pour le Développement de l’Enseignement, de l’Economie et de la Recherche en Midi-Pyrénées (ADERMIP). Enfin, depuis 1997 il est membre de l’Académie des Sciences Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse.
Le Prix Pierre Süe 2014 a été attribué conjointement à Michel Ephritikhine et à Claude Mirodatos
Michel Ephritikhine, 66 ans, Directeur de Recherche au CNRS- Émérite, CEA Saclay
Après un doctorat avec J. Levisalles (1975), suivi d’un post-doctorat chez M. L. H. Green à Oxford, Michel Ephritikhine débute sa carrière au CNRS dans l’équipe de H. Felkin où il travaille sur l’activation et la fonctionnalisation des alcanes (1976-1984). En 1984, il s’installe au CEA-Saclay.
Michel Ephritikhine est l’un des acteurs majeurs de la chimie des éléments f (actinides notamment) et en particulier des complexes organométalliques de ces éléments. Au CEA, il fonde et anime une équipe de recherche s’intéressant à la synthèse, la caractérisation et les propriétés de complexes organométalliques des éléments f, activité essentiellement non présente en France à l’époque et encore peu développée dans le monde notamment pour les actinides. Après avoir synthétisé le premier complexe de U(IV) monocappé par un cyclopentadienyl, il démontre qu’il est possible de stabiliser des complexes de U(III), degré d’oxydation considéré comme peu stable. En synthétisant de nombreux complexes dans lesquels l’actinide est entouré de ligands couramment utilisés dans la chimie des éléments d mais pas pour les éléments f, il démontre qu’il existe une chimie organométallique des actinides et il compare les complexes moléculaires 5f et 4f. Une retombée forte de ses travaux est la démonstration des préférences relatives des 5f et des 4f pour certains ligands, donnant ainsi des pistes importantes pour séparer actinides et lanthanides. Récemment, il s’est aussi intéressé à des propriétés physico-chimiques de complexes d’actinides (magnétisme, luminescence) et à l’activation de CO2.
À ce jour, ses travaux ont donné lieu à 259 publications (h-index = 43). Il a encadré 23 thèses. Il a été honoré par le prix de la DCC de la SFC en 1983, et par deux prix de l’Académie des Sciences (prix du Général Muteau en 1995, et Grand Prix fondé par l’État et médaille Berthelot en 2012).
La SCF lui décerne le Prix Pierre Süe pour sa contribution remarquable au développement de la chimie organométallique des éléments f et notamment des actinides.
Claude Mirodatos, 64 ans, DR CNRS, IRCELyon
Ingénieur ESCIL, Claude Mirodatos obtient son doctorat en 1977 à l’UCB Lyon. Il effectue un stage post-doctoral 1977-1978 à l’Université d’Edimbourg chez le Prof. C. Kemball. Il est actuellement à l’IRCELyon, membre de l’équipe «Ingénierie et intensification des procédés» qu’il a dirigée jusqu’en 2011
Claude Mirodatos est un expert reconnu en catalyse hétérogène qui a développé une recherche originale intégrant des travaux fondamentaux sur l’identification et le contrôle des sites actifs et de leur environnement en cours de réaction et des développements méthodologiques de génie catalytique allant jusqu’à la conception de réacteurs.
Son approche est basée sur des études cinétiques de phénomènes non stationnaires, couplées à la mise en œuvre de techniques spectroscopiques in situ et operando qui lui permettent d’identifier et de modéliser l’ensemble des étapes élémentaires de processus interfaciaux complexes. Le plus grand mérite de C. Mirodatos a été de ne pas limiter son champ d’étude à des systèmes modèles mais d’aborder l’étude de réactions et procédés d’intérêt industriel comme, par exemple le réformage du (bio-) éthanol, la purification de l’hydrogène issu du Water Gaz Shift, la méthanation de biogaz ; la valorisation des alcanes (méthane/méthanol ; méthanol/formaldéhyde ; le couplage oxydant du méthane) ou la conversion d’huile de pyrolyse par craquage catalytique.
Une autre réalisation remarquable de C. Mirodatos a été de bâtir, au travers de la coordination de deux projets Européens d’envergure, une thématique et une méthodologie uniques d’expérimentation à haut débit et de développer les outils permettant d’extraire une connaissance fondamentale du criblage à haut-débit.
À ce jour ses travaux ont donné lieu à 250 publications dans des revues internationales (h index = 40), il est coauteur de 15 brevets. Sa reconnaissance internationale est reflétée par les 57 conférences plénières et keynotes qu’il a donné. Membre élu du bureau de la Division Catalyse de la SCF et représentant français à l’EFCATS (2006-2012), il a été également membre élu de la section 14 du CoNRS de 2008 à 2011.
La SCF lui décerne le Prix Pierre Süe pour les prises de risque et l’originalité dont il a fait preuve dans sa manière d’aborder la catalyse hétérogène.
© Pierre Maraval (pour la photo de Claude Mirodatos)
Pierre Braunstein
Directeur de recherche au CNRS à Strasbourg
Ingénieur de l’École de Chimie de Mulhouse (1969), Pierre Braunstein est Docteur Ingénieur en 1971, il passe ensuite un Doctorat d’état à Strasbourg en 1974 (avec J. Dehand), il fait un séjour post-doctoral à Londres (Nyholm – 71-72) puis à Munich (E. O. Fischer 74-75).
Pierre Braunstein est un chercheur des organométalliques et de la chimie de coordination par excellence avec un impact en catalyse. L’équipe qu’il crée à Strasbourg est orientée initialement vers la synthèse de clusters organométalliques, clusters mixtes Pd-metal, Au-Pt, papillon Pt2Mo2 ou helicoïdal Pd4Mn4, complexes d10-d10, Co16 dendricluster. Il a montré que les particules issues des clusters étaient plus actives en catalyse que celles résultant de mélanges de complexes de métaux, à l’interface des nanosciences. Il a développé une chimie organo- et bimétallique de haut niveau par l’association des ligands hemilabiles, polydentants PNP, NNN, poly(NHC) etc et innové par la fabrication et l’étude de complexes de plus de 30 éléments, incluant des complexes à valences mixtes. Ses réalisations en catalyse homogène concernent la découverte et la mise au point de catalyseurs pour la synthèse de lactones par combinaison CO2/butadiène, la copolymérisation CO/éthylène, éthylène/olefin.
À ce jour, ses travaux ont donné lieu à 426 publications, 32 revues et chapitres, 10 brevets, 56 thèses. Il a présenté plus de 370 conférences en France et à l’étranger. Son activité éditoriale inclut une dizaine de journaux scientifiques et les comptes-rendus de l’académie des sciences dont il est Éditeur en chef depuis 2002.
Il a reçu plus de 10 prix internationaux prestigieux et la médaille d’argent CNRS en 1989. Il est membre de l’Académie des Sciences depuis 2005.
Sur proposition du jury, le conseil d’administration de la SCF lui décerne le Prix Pierre Süe pour ses découvertes remarquables et l’introduction de nouveaux concepts dans le domaine des clusters et des complexes de métaux variés à ligands polyfonctionnels.
Le Prix Pierre Suë 2010 a été attribué à :
Bruno Chaudret, directeur de recherche CNRS, directeur du laboratoire de chimie de coordination (LCC) de Toulouse
au regard de ses contributions importantes à la chimie organométallique et originales à la nano chimie.
Candidature proposée par la division de chimie organique et soutenue par la section Midi-Pyrénées.
Bruno Chaudret a fait ses études à l’ENSCP (1975), puis a préparé un PhD à l’Imperial College de Londres, avant de passer une thèse de doctorat en 1979 à Toulouse. Chargé de recherches au CNRS jusqu’en 1988, il est depuis 2008 directeur de recherche CE.
Ses travaux de recherche ont d’abord été tournés vers la synthèse de composés de coordination riches en hydrogène et la chimie organique des liaisons C-H et Si-H. Plus récemment, il s’est illustré par la synthèse originale de nanoparticules par voie organométallique dont il contrôle la taille et la surface. Il a ainsi pu mettre en évidence des propriétés physiques nouvelles (électroniques, optiques, magnétiques) susceptibles d’applications.
Auteur ou co-auteur de près de 360 publications et de 15 brevets, dont 7 étendus et 1 licencié, il a dirigé ou codirigé 47 thèses et donné de nombreuses conférences, dont 64 invitées dans des congrès internationaux et 57 dans des colloques nationaux.
Il a été membre du comité national et du conseil scientifique du département Chimie du CNRS. Il est depuis 2007 directeur du LCC et monte un nouveau laboratoire pluridisciplinaire à l’INSA de Toulouse. Il préside le conseil scientifique de l’IFP. Membre de plusieurs comités éditoriaux de journaux internationaux, il est rédacteur en chef de Oil and Gas Science Technology.
Médaille d’argent du CNRS en 1997, lauréat du Prix de la division de Chimie de Coordination en 1982 et du Prix Humbolt en 2006, et Lectureship Wilkinson de la RSC en 2008, il est membre de l’Académie des Sciences depuis 2005.
Présenté par la division de chimie du solide
58 ans. Professeur, directeur de l’Institut de chimie de Picardie (université d’Amiens)
Jean-Marie Tarascon a fait ses études supérieures à Bordeaux. Après une thèse préparée au laboratoire de chimie du solide sous la direction de J. Etourneau et de P. Hagenmuller, il travaille de 1978 à 1982 sur les supra conducteurs, notamment les phases de Chevrel. Il effectue un premier stage post-doctoral à Cornell puis aux Bell Laboratories à Murray Hill, et est embauché à Bellecore aux USA où il participe à l’aventure folle des supra YbaCuO, de 1983 à 1989. À cette date, il prend la direction du groupe Stockage de l’énergie jusqu’en 1994, année où, appelé par le professeur Figlarz, il revient en France à Amiens et dirige, de 1995 à 2008, le laboratoire de réactivité et chimie du solide associé au CNRS. Il en fait un centre de reconnaissance internationale d’inventivité et de compétences sur les batteries, d’abord LiMn2O4/C puis les batteries tout plastique Ions – Li PVDF avec un électrolyte DMC (brevet exploité par plus de 25 producteurs) et plus récemment de nouveaux types d’électrodes (CoO – LiFeSO4 ). Il a été leader du réseau européen d’excellence, ALISTORE et est actuellement directeur du RI auquel le réseau a donné naissance, lequel regroupe plus de 20 partenaires européens.
Co auteur de 520 publications, bénéficiant de plus de 26 000 citations, il est aussi auteur de 69 brevets dont plusieurs sont exploités et a donné plus de 300 conférences invitées. Il a reçu en 2004 l’award ISI comme faisant partie des 25 Français les plus cités de 1984 à 2004.
Il a reçu de nombreux prix, d’abord à Bellecore, 6 prix internationaux pour l’invention de la batterie tout plastique, la médaille Volta en 2002, la médaille d’or de l’université de Picardie. Il est depuis 2004 membre de l’Académie des Sciences et a été nommé en 2010 à la chaire Énergie du Collège de France.
C’est pourquoi le jury a proposé au CA de la SCF de décerner à Jean-Marie Tarascon le prix Süe, au regard de son œuvre magistrale menée aux États-Unis et en France, marquée par des contributions importantes à la chimie du solide et à l’électrochimie, mais aussi au regard de son implication dirigée vers l’industrie dans un secteur éminemment « chaud » pour le futur.
Lahcène Ouahab
Présenté par la division de chimie de coordination
59 ans. Directeur de recherches CNRS à l’Université de Rennes.
Lahcène Ouahab a fait une partie de ses études à Rennes et est par la suite Maître-assistant puis Maître de conférences à l’Université de Constantine (Algérie), jusqu’en 1987. C’est en 1989 qu’il est nommé chargé de recherche au CNRS à Rennes dans le laboratoire dirigé par Daniel Grandjean. En 2004, il prend la direction de ce laboratoire. Il devient Directeur de recherches de 1ère classe au CNRS en 2006 et anime l’équipe Matériaux moléculaires.
Excellent chimiste et cristallographe, c’est l’homme des matériaux moléculaires et des complexes de coordination à propriétés multiples : magnétiques, conductrices, ferromagnétiques… Il a été un pionnier de la chimie des polyoxométallates et a synthétisé de nombreux complexes. Il ne se contente pas de synthèses, mais étudie aussi les structures et les propriétés électroniques de ces composés.
Co-auteur de 265 publications et de 17 chapitres de livres (6 732 citations), il a à son actif près de 200 conférences. Il s’est impliqué de nombreuses fois comme rassembleur de la chimie rennaise, président de la section 14 du Comité National (2008-2012) et organisateur de nombreuses écoles France – Japon. Il a reçu en 1998 le prix de la division de chimie de coordination de la SCF, fut chercheur puis professeur invité à Tokyo. En 2011, il reçoit le prix C. Berthault de l’Académie des Sciences. Il est membre de deux comités éditoriaux.
Philippe Sautet
Présenté la division de Chimie du solide
51 ans. Professeur à l’ENS de Lyon
Ancien élève de l’Ecole Polytechnique (1985), il soutient, après un DEA en chimie minérale, une thèse en chimie physique en 1989, à Orsay. Assistant à l’Ecole Polytechnique, il est nommé en 1988 chargé de recherche au CNRS à l’Institut de Recherches sur la Catalyse (Lyon), est visiting scientist de 1991 à 1992à l’Université de Californie, Berkeley, puis, de 1993 à 2005, il donne des cours à l’Ecole Polytechnique en tant que professeur associé. Depuis 2003, il dirige le laboratoire de chimie de l’ENS Lyon.
Théoricien des structures électronique aux interfaces solides – gaz, il a appliqué nombre de ses modèles à des questions pratiques comme la catalyse ou le calcul des surfaces modèles en STM. Avec lui, c’est « la théorie qui descend près de la paillasse » tant il a le souci d’imaginer des modèles et de les appliquer à de vrais problèmes pour les clusters ou les surfaces des oxydes et des métaux, et de leur réactivité.
Directeur du laboratoire de chimie de l’ENS à Lyon, il fut l’élément moteur de l’unification de la chimie lyonnaise par l’Institut de chimie de Lyon dont il est le premier directeur depuis 2007.
Co-auteur de 227 publications (6 534 citations) et de 3 brevets, il a donné plus de 200 conférences. Médaille de bronze, puis d’argent (2007) du CNRS, il a obtenu en 1993 le prix de la division de chimie analytique de la SCF et le prix Descartes – Huygens de la Royal Netherland Academy. Il est membre de l’Académie des Sciences depuis 2010. Enfin, il est membre du comité éditorial de huit périodiques, dont New J. Chemistry et ChemCatChem.
Jacques Védrine, 63 ans, est directeur de recherche au CNRS et professeur de chaire au département de chimie de l’université de Liverpool.
Ses recherches ont principalement porté sur la catalyse hétérogène, plus spécifiquement sur la catalyse acide, domaine étudié dans le cas des zéolithes (silico-aluminates et alumino-phosphates microporeux), et la catalyse d’oxydation sélective sur oxydes métalliques.
La philosophie générale de ses travaux a été de développer une approche moléculaire de la chimie de surface du solide lors de l’acte catalytique. Cette approche, basée sur l’emploi de molécules sondes et de techniques physiques spécifiques à un seul élément (EXAFS, RMN, RPE, Mossbauer…), lui a permis de décrire les sites catalytiques comme des ensembles structurés d’atomes, entités polymères de surface, et d’établir un véritable pont entre le monde des grands procédés industriels sur catalyseur réel et celui de la recherche académique sur catalyseur modèle. Cette approche moléculaire s’est révélée être essentiellement pluridisciplinaire car elle conjugue catalyse, chimie du solide et chimie de coordination. Ces résultats remarquables n’auraient pas pu être obtenus sans la maîtrise au plus haut niveau d’une gamme impressionnante de méthodes physiques de caractérisation utilisées conjointement et souvent in situ. Deux livres coédités avec B. Imelik, directeur de l’Institut de recherche sur la catalyse, Les techniques physiques d’étude des catalyseurs (Technip, Paris, 1998) et Catalyst Characterisation – Physical Techniques for Solid Materials (Plenum, New York, 1994), témoignent du succès de la mise en œuvre des techniques physiques à l’étude de la catalyse hétérogène, dont Jacques Védrine a été l’un des pionniers, et qui, sous son impulsion, a été généralisée au niveau de l’Institut de recherche sur la catalyse.
Sur le plan scientifique, la contribution de Jacques Védrine a donc été d’établir des concepts simples, permettant de comprendre le fonctionnement des catalyseurs hétérogènes complexes.
Ce fut le cas du chemisage des parois internes des zéolithes pour modifier leur sélectivité de forme, de la modulation de la force acide des catalyseurs zéolithiques, hétéropolyacides et oxydes sulfatés agissant sur leur spécificité catalytique, de l’effet de synergie des catalyseurs industriels complexes dits multicomposants par mouillage d’un oxyde par un autre et enfin du concept général de site actif à l’échelle moléculaire pour les oxydes métalliques en catalyse d’oxydation sélective.
Jacques Védrine a publié 280 articles et donné 210 conférences ou communications dont 30 conférences plénières et 40 invitées, 150 séminaires et est l’auteur de 9 éditions d’ouvrages.
Jean-Louis Rivail
A sa sortie de l’ENSIC (Nancy) en 1960, Jean-Louis Rivail entre au CNRS dans le
laboratoire du professeur Barriol pour y préparer une thèse de doctorat sur «Les
propriétés diélectriques de l’oxyde de nickel et leurs variations lors de l’adsorption de
gaz », soutenue en 1964.
Après son service militaire et un post-doctorat à Oxford dans le groupe du professeur
Coulson, il est recruté par la Faculté des sciences de Nancy en qualité de maître de
conférences en 1966. Professeur sans chaire, puis professeur à titre personnel, il
succède au professeur Barriol en 1974.
Dès son retour d’Oxford, Jean-Louis Rivail met en place à Nancy un programme de
recherche de chimie quantique, tout en s’intéressant aux propriétés diélectriques des
liquides en relation avec son laboratoire d’accueil. Ces deux axes de recherche se
rejoignent en 1973 et le mémoire sur la structure d’un dimère d’eau en interaction
avec un liquide diélectrique, publié en collaboration avec Daniel Rinaldi, est
considéré depuis comme l’article fondateur des méthodes dites du « champ de
réaction self consistant », très populaires de nos jours pour étudier la structure et la
réactivité moléculaires en solution. Naturellement, les perfectionnements successifs
du modèle d’effet de solvant et ses applications à l’étude de phénomènes en solution
ont constitué une part importante des activités du laboratoire de chimie théorique de
Nancy.
D’autres avancées méthodologiques sont à signaler dans le domaine des méthodes
qui allient la mécanique quantique avec la mécanique moléculaire, et en particulier la
mise au point d’une méthode dite du « champ self consistant local » qui permet
l’étude quantique d’un fragment de macromolécule en interaction avec le reste de
cette macromolécule représenté par un champ de forces classique.
Jean-Louis Rivail s’est beaucoup investi dans l’enseignement. On lui doit la création
en 1986 du DEA national de chimie informatique et théorique, et son ouvrage
Éléments de chimie quantique à l’usage de chimistes, publié en 1989, est un
classique.
Chargé par le CNRS en 1991 de réfléchir à la reconversion d’un laboratoire
nancéien, il est à l’origine de la création du Laboratoire de chimie physique pour
l’environnement. En 1996, sous sa houlette, quatre URA se sont fédérées en une
UMR « Structure et réactivité des systèmes moléculaires complexes ».
Jean-Louis Rivail a été le premier président de la division Chimie-physique , après la
création de la SFC par fusion de la Société de Chimie Physique et de la Société
Chimique de France.
Michel Verdaguer
Michel Verdaguer est professeur émérite de l’université Pierre et Marie Curie et collaborateur bénévole du laboratoire CIM2 , unité CNRS 7071 où il anime l’équipe «Matériaux Magnétiques Moléculaires ». Il a 61 ans. Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique, il devient professeur au Lycée Technique d’Etat de Creil puis à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud où il forme des générations d’agrégés. Il en résulte un livre sur l’oxydoréduction, alliant théorie et expériences (Ellipses, avec J. Sarrazin).
Michel Verdaguer passe sa thèse de doctorat d’État tardivement, à 42 ans (directeur O. Kahn) : synthèse et propriétés magnétiques d’édifices bimétalliques. Il reçoit, avec A. Gleizes, le prix de la division de chimie de coordination de la SFC en 1984 pour le travail sur les chaînes ferrimagnétiques.
Ensuite, avec Olivier Kahn (premiers aimants bimétalliques à précurseur moléculaire), Michel Verdaguer contribue au développement du magnétisme moléculaire qui conçoit, synthétise, étudie et utilise des matériaux magnétiques moléculaires nouveaux. Il est ainsi à l’origine, avec J.P. Renard, de la première caractérisation expérimentale du phénomène dit « gap de Haldane ». Nommé professeur à Paris en 1988, il transforme de manière raisonnée le vieux “bleu de Prusse” en aimant à température de Curie supérieure à la température ambiante, avec V. Gadet, S. Ferlay et T. Mallah. Aujourd’hui, il s’intéresse à la création de systèmes magnétiques multifonctionnels, où plusieurs fonctions coexistent ou sont en synergie dans un même composé : molécules à haut spin (V. Marvaud), systèmes moléculaires photomagnétiques (A. Bleuzen), aimants moléculaires optiquement actifs (C. Train et M. Gruselle). Il a mis au point, avec R. Ouahès et F. Tournilhac, des dispositifs illustrant les propriétés des matériaux magnétiques moléculaires. Michel Verdaguer a contribué au développement de l’utilisation du rayonnement synchrotron en chimie inorganique moléculaire (structure, structure électronique et magnétisme local), aujourd’hui portée par C. Cartier dit Moulin et F. Villain. Ainsi, les réalisations de Michel Verdaguer en magnétisme moléculaire vont de la chimie quantique aux applications, en passant par la synthèse et la physique.
Il a dirigé le laboratoire de chimie inorganique et matériaux moléculaires de 1994 à 2000 et assumé la direction du D.E.A. interuniversitaire de chimie inorganique, de la molécule au matériau pendant de nombreuses années.
Attentif à la coopération scientifique internationale, il coordonne le Programme « Molecular
Magnets » de la Fondation Européenne de la Science (FES) de 1998 à 2002 et contribue aujourd’hui à faire connaître le magnétisme moléculaire par des cours et des conférences en Europe et dans le monde.
Site Internet
Jean-Pierre Sauvage, chimiste moléculariste et spécialiste de la topologie moléculaire et supramoléculaire dont les nombreuses distinctions résultent d’une reconnaissance internationale émanant de communautés scientifiques très variées.
François Fajula, 55 ans, est directeur de recherche DR1 au CNRS.
Après un doctorat à l’université de Strasbourg en 1978 sur l’étude des mécanismes de réactions acido-catalysées en utilisant les techniques du traçages isotopique au 13C, il effectue un post-doc à la Texas A&M university en 79-80 sur la synthèse du méthanol à partir du gaz de synthèse. Puis il rejoint l’Ecole supérieure de chimie de Montpellier en 1981 où il constitue une équipe en travaillant sur le synthèse de zéolithes et leurs applications en catalyse pour le raffinage et la synthèse organique fine.
Il réalise très vite que les performances des catalyseurs (activité, sélectivité, stabilité thermique et chimique) ne dépendent pas seulement de la structure cristalline mais aussi de leur morphologie, c’est-à-dire des conditions de leur synthèse. Il développe alors des méthodologies originales permettant d’identifier des espèces contrôlant la croissance cristalline et, pour la première fois, il établit des lois cinétiques de développement des différentes faces de cristaux de zéolithes. Les modèles cinétiques sont étendus à toute une série de structures de zéolithes et conduisent à une réelle maîtrise multi-échelle de synthèse, depuis l’environnement du site actif jusqu’à la taille et la morphologie des grains.
Non seulement ces études fondamentales ont contribué à élargir notre compréhension des mécanismes de formation et du mode d’action des zéolithes, mais en plus elles ont conduit à des applications concrètes importantes en donnant accès à plusieurs structures qui sont ainsi passées du stade d’échantillon de laboratoire à celui de matériaux pouvant être produit industriellement et réellement utilisables en catalyse et séparation.
A ce jour, quatre unités d’épuration d’effluents d’usines d’acide nitrique utilisent un catalyseur zéolithique original développé au laboratoire et deux procédés de traitements des gazoles sont en cours de développement.
Fançois Fajula est l’auteur de plus de 200 publications, de 21 brevets, de 5 chapitres de livres et de 2 ouvrages.
Depuis une dizaine d’années, François Fajula a élargi son champ de recherches à la synthèse et aux applications des matériaux mésoporeux structurés en suivant la même approche intégrée, depuis la définition des fonctionnalités des précurseurs moléculaires jusqu’à la maîtrise des propriétés morphologiques. Il a en particulier développé le concept de transformation pseudomorphique qui permet le contrôle indépendant des propriétés méso et macroscopiques de silicates et d’aluminosilicates utiles en catalyse, chromatographie, vectorisation et protéomique.
En plus de la qualité de son œuvre scientifique, il faut souligner l’intérêt que François Fajula porte à la « chose publique ». Il siège au Comité national du CNRS, il est président de l’International Zeolite Association et vice-président de la division catalyse de la SFC. A ce titre il représente la France à la fédération européenne et il a pris une part active dans l’organisation du 13e congrès international de catalyse en juillet 2004. Il participe à la formation des jeunes en encadrant de nombreux thésards et en enseignant la catalyse à l’université de Montpellier.
Clément Sanchez
Clément Sanchez est actuellement directeur du Laboratoire de Chimie de la Matière Condensée (UPMC/CNRS/ ENSCP/Collège de France).
Spécialiste des méthodes sol-gel, dites de « chimie douce », il enrichit le domaine par sa culture et ses connaissances en chimie organique et lance les matériaux « hybrides » mêlant réseau organique et réseau minéral. Ses résultats touchant à la méso organisation d’oxydes sur des interfaces organiques organisées, aux nouveaux matériaux hybrides nano et mésostructurés, aux structures organisées et hiérarchisées, ont débouché sur de nombreuses applications, grâce aux études des propriétés optiques, électriques et mécaniques de ces nouvelles familles d’objets. Coauteur de plus de 400 publications référencées, il a donné près de 250 conférences invitées dont plus de 100 dans des colloques internationaux.
Ses travaux ont également donné lieu à 42 brevets.
Médaille d’argent du CNRS en 1995, il a également reçu le prix de la division de chimie du solide l’année précédente. Il a été récompensé en 1988 par le prix IBM «Sciences des Matériaux», en 2000 par le Prix Yvan Pueches de l’Académie de Sciences, en 2007 par la société chimique espagnole Prix Catalan-Sabatier et en 2008 par le prix Gay-Lussac : Von Humbolt. Membre de la SCF, il a participé à de nombreuses commissions et comités, dont le Comité national du CNRS et organisé plusieurs colloques sur la chimie des matériaux hybrides et des nanomatéraiux en France, en Europe et aux États-Unis.
Ludwik Leibler
Ludwik Leibler a été présenté par la division de Chimie Industrielle.
Agé de 58 ans, directeur de recherche au CNRS et professeur associé à l’ESPCI, directeur de l’unité mixte CNRS- ESPCI.
Carrière également un peu atypique : études en Pologne, Maîtrise en 1973, doctorat à Varsovie en 1976, puis Maître assistant à Varsovie jusqu’à son stage post doctoral en 1977 au Collège de France (avec P-G.de Gennes).
Il reste en France à Saclay puis en 1979 rejoint le CNRS à Strasbourg au CRM jusqu’en 1982, date à laquelle il part un an à San Diego. Il regagne Strasbourg puis Paris à l’ESPCI, comme directeur de recherche en 1985.
En 1996 le CNRS le soutient dans une aventure industrielle, celle d’une unité mixte Atofina–CNRS à Levallois-Perret qu’il mène à bien jusqu’à la fermeture du site et prolonge à l’ESPCI jusqu’en 2003. Depuis 2004 il dirige l’UMR7167 Matière Molle et chimie entre le CNRS et l’ESPCI.
Spécialiste des copolymères, autant physicien que chimiste, il a modélisé l’adhésion des polymères. Il a aussi travaillé sur l’extrusion réactive, la chimie supramoléculaire, et, plus récemment, découvert les propriétés réparatrices des polymères et les caoutchoucs auto-cicatrisants.
Brillant, inventif, soucieux des applications industrielles, il est coauteur de plus de 150 publications, de 35 brevets et a donné plus de 150 conférences invitées dans des congrès internationaux. Médaille d’argent du CNRS en 1989, Prix IBM la même année. Il a été distingué par le prix de la Division Polymères de l’American Physical Society en 2006 et par celui de l’American Chemical Society en 2007.
Le Prix Sue 1997 a été attribué à Jean-Marie Basset, directeur de recherche au CNRS (Laboratoire de chimie organométallique de surface, ESCIL) et directeur scientifique ESCIL/CPE).
Son œuvre scientifique est celle d’un chercheur qui s’est totalement voué à la conceptualisation des phénomènes catalytiques hétérogènes et homogènes.
Après sa thèse effectuée sur des réactions de catalyse hétérogène, il s’est rapidement orienté vers la chimie de coordination, présentant la possibilité de transposer les concepts de la chimie de coordination et de la catalyse homogène à la catalyse hétérogène, en particulier sur des surfaces métalliques ou des surfaces d’oxydes. Ainsi, l’évolution de sa pensée l’ont conduit vers la conception et la préparation de catalyseurs par greffage de clusters sur des surfaces solides. Sur un plan fondamental, Jean-Marie Basset a successivement démontré la similitude entre de nombreux processus élémentaires se déroulant en phase liquide homogène et à la surface d’un solide, à savoir :
La carrière de Michel Fontanille, peut se découper en 3 périodes : assistant puis maître-assistant à la faculté des sciences de Paris, maître de conférences puis professeur à l’université Paris XIII, professeur puis professeur de classe exceptionnelle à l’université Bordeaux-1.
Michel Fontanille a réussi à imposer la discipline des polymères là où il se trouvait, démontrant des qualités de « manager » qui l’ont conduit à diriger pendant plus de 22 ans des unités associées au CNRS et à constituer, dans sa dernière affectation, une UMR de près de 50 chercheurs et personnels techniques.
Comme beaucoup des polyméristes de sa génération, Michel Fontanille est venu à la science des polymères après un premier contact avec Georges Champetier, et une thèse d’État préparée sous la direction de Pierre Sigwalt : « la polymérisation et la copolymérisation anionique de la 2- vinylpyridine ».
La polymérisation anionique donnera à Michel Fontanille l’occasion de développer un corpus spécifique à l’étude de ces espèces ioniques et le fera rapidement émerger comme le meilleur spécialiste français des mécanismes anioniques. Parmi les résultats marquants, on relèvera l’élucidation des cinétiques de polymérisations anioniques impliquant une multiplicité d’espèces réactives, la polymérisation vivante isospécifique de la 2-vinyl pyridine, le mécanisme des syndiorégulation des monomères vinyliques polaires et, tout dernièrement, l’ingénierie des anions polystyryle.
A partir de 1976, Michel Fontanille s’engage également dans l’étude de la polymérisation procédant par coordination. Outre la synthèse de copolymères à blocs par transformation de sites anioniques en sites Ziegler-Natta, il a développé de nouveaux systèmes catalytiques à base de vanadium qui se sont révélés d’activité supérieure à celle des systèmes à base de titane. Mais, c’est dans le domaine des polymérisations carbéniques que l’apport de Michel Fontanille aux mécanismes par coordination aura été le plus grand. Aussi bien pour ce qui concerne la polymérisation carbénique des cyclooléfines par métathèse que celle des alcynes. Son équipe est actuellement la seule au monde à conduire des études cinétiques et de réactivité sur des systèmes polycarbéniques.
Outre le champ des investigations proprement mécanistiques, Michel Fontanille a obtenu de nombreux résultats, tels le développement de polymères hybrides (polyméthacrylate/alumine) ou encore la mise au point de ciments acryliques à faible exothermicité actuellement employés en chirurgie orthopédique.
Ce bref aperçu du parcours de Michel Fontanille ne serait pas complet sans faire mention de ses activités d’enseignement. Il a imposé, à force de persuasion, un enseignement sur les polymères du ler au 3e cycle, créant en 1991 un DEA sur la chimie et la physico-chimie des polymères et, en 1997, une filière technologique (diplôme technologique de chimie industrielle – bac + 3) à forte coloration polymère.
Bernard Cabane, 53 ans, est directeur de recherche 1ère classe du CNRS (URA 331, Laboratoire de réactivité et mécanismes en chimie inorganique, CEA, Saclay). Après un doctorat d’État sous la direction de J. Fridel et P.-G. de Gennes (Orsay), il obtient une bourse d’échange NSF/CNRS et devient pendant un an professeur adjoint à l’université de Californie à Los Angeles. Il est ensuite attaché de recherche, chargé de recherche au CNRS, puis éditeur scientifique au Journal de Physique. Il a été, entre autres, responsable scientifique de l’équipe mixte Rhône-Poulenc, CNRS, et conseil de l’Union Générale de Savonnerie, de Rhône-Poulenc Chimie et de L’Oréal. En 1998-1999, il fait partie du groupe de référence internationale pour le programme national suédois «Technologie des colloïdes et interfaces» .
Après Los Angeles, son activité d’enseignant se poursuit (écoles d’été, colloque Nato Asi, à l’UNITEC de Bordeaux, au collège de l’École polytechnique, à un DEA, et à l’ENSCP.
La formation de base et les compétences développées progressivement dans la physico-chimie des colloïdes et des matériaux ont permis à B. Cabane de mettre à la disposition des industriels et des étudiants des techniques analytiques de plus en plus élaborées (de la diffusion/diffraction des RX à celle de la lumière, ou des neutrons) ainsi qu’une compréhension de plus en plus précise du comportement des produits (association et dynamique des tensioactifs ou de polymères en solution, stabilité colloïdale des particules nanomériques, phénomène de solubilisation et de recristallisation de solide) qui trouvent leurs applications dans une multitude de problèmes pratiques quotidiens (formulation de peintures ou de préparation pharmaceutiques, nettoyage et traitement de textiles ou de surfaces solides).
Il se singularise par une volonté inlassable d’utiliser les techniques scientifiques qu’il maîtrise pour traiter et comprendre des problèmes concrets, puis aussitôt de les enseigner et les faire partager à ses étudiants qui n’ont ainsi pas de difficultés à trouver des postes dans la vie active.
La triple activité de chercheur fondamental, de consultant industriel et d’enseignant lui ont acquis, dans les trois domaines, une reconnaissance internationale et des distinctions enviables telles que le prix de la recherche Rhône-Poulenc (1990), le prix de recherche Paul Neuman (1993) et la médaille d’argent du CNRS (1993).
Jacques Lucas, 62 ans, est professeur à l’université de Rennes I. Sa première grande découverte concerne les verres fluorures qu »il a par la suite développés comme guide d’ondes fibrés pour l’infrarouge de 1 à 4 mm et les fibres lasers à base de terres rares. Il a, par la suite, exploité ce résultat remarquable en mettant au point une nouvelle optique IR planaire sur verres de fluorures résultant de l’échange anionique de surface F-/Cl-. Sa deuxième grande avancée est relative à la découverte des verres à base de chalcogènes, dits "TeX Glass", qu’il a ensuite explorés pour la mise au point d’une optique infrarouge couvrant la bande 2-14 mm et qui a abouti à la conception d’un radiomètre infrarouge pour mesures de températures dans des endroits inaccessibles et d’un analyseur infrarouge déporté utilisant l’absorption par ondes évanescentes pour les suivis de l’ermentation et l’analyse précoce des cancers de la peau.Il faut par ailleurs souligner que ces travaux l’ont conduit, en collaboration, à la création de la société Vertex pour l’industrialisation (moulage) de ces verres.
Il en a par ailleurs montré le comportement rhéologique original résultant de la formation de mousse de verre, par chauffage. C’est également Jacques Lucas et son équipe qui ont mis en évidence les structures type «"» spaghetti«"» de ces verres, par RMN du bore et fluor et simulation structurale par dynamique ionique.
Il faut souligner l’apport incontestable de Jacques Lucas à la connaissance de l’équilibre verre-cristal. Ces études lui ont par ailleurs permis de mettre en évidence et de développer une nouvelle classe de matériaux composites : les vitrocéramiques infrarouges conservant les propriétés de transparence des verres et dans lesquelles les propriétés mécaniques sont renforcées par germination contrôlée de nanocristaux.
Grâce à ses travaux de recherche et à leurs débouchés technologiques, Jacques Lucas a des relations étroites et permanentes avec le monde industriel.
Conférencier invité dans des congrès internationaux, il est également auteur ou co-auteur de plus de 250 publications et de 10 brevets internationaux et éditeur de deux ouvrages. Les distinctions qu’il a reçues à plusieurs reprises, aussi bien en France (Yvan Peches de l’Académie des sciences, Médaille d’or de l’encouragement pour l’industrie nationale, médaille Louis Bourdon de l’Industrie nationale), qu’aux États-Unis (Georges W. Morey Award de l’American Ceramic Society), ne font que confirmer la très grande notorièté de ce chercheur.
Chimiste du solide de formation, Jacques Lucas a apporté une immense contribution à la connaissance fondamentale des verres, mais aussi à la connaissance de l’optique de ces matériaux, se situant ainsi à l’intersection de la recherche fondamentale en laboratoire et du développement industriel.