JT Couleur et Evolution de l’enseignement, 30 juin 2021, en ligne et en présentiel, Lyon
La Division Enseignement Formation (DEF), avec le concours du Ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports, propose le mercredi 30 juin 2021 deux sessions spécifiques en ligne et en présentiel sur Lyon, qui rassemblent enseignantes et enseignants du secondaire et du supérieur autour de deux thèmes :
- 10h30-12h30 : Couleur et enseignement
- 14h00-16h20 : Enseigner la chimie autrement aujourd’hui
- 16h20-17h00 : Echanges en salles dédiées
Programme
10h30 Accueil Jérôme RANDON, Président de la Division Enseignement Formation de la SCF ; Cécile BRUYERE, Inspectrice générale de l’éducation, du sport et de la recherche
10h45 Florence BOULC’H Pourquoi l’interdisciplinarité peut-elle aider à l’apprentissage de la chimie ?
11h15 Fatima RAHMOUN L’art-Chimie
11h30 Freddy MINC Enseigner la chimie des couleurs en BTS Métiers de la chimie – Pédagogie par projet
11h45 Jonathan PIARD Photochromisme : de la recherche à l’enseignement
12h00 Jérôme RANDON Une LED, une photodiode et un microcontrôleur pour travailler les concepts liés à la colorimétrie
14h00 Jean LAMERENX Python, une opportunité pour enseigner la chimie ?
14h15 Delfina TOULOUSE Réaliser des mesures conductimétriques à bas coût et à la maison à l’aide d’un smartphone
14h25 Philippe CHAN Réalité virtuelle pour la formation en sécurité dans les laboratoires de chimie
14h35 Olivier DURUPTHY Utilisation d’objets modèles par impression 3D pour l’enseignement supérieur
14h45 Claire COLONNA Utiliser STACK, un système prévu pour l’enseignement des mathématiques pour concevoir des exercices de chimie générale
14h55 Raphaël BLAREAU Étudiants examinateurs en TP !
15h20 Pierre-Edouard DANJOU Enseignement de chimie organique de manière asynchrone
15h30 Sylvie MOEBS Enseignement hybride, nouvelle maquette et évolution de la formation. Défis et opportunités d’une nouvelle séquence pédagogique
15h40 Odile DECHY-CABARET Scale-up dans la formation Ingénieur en Génie Chimique de l’ENSIACET
15h50 François JOURDE Un outil tableur pour la scénarisation pédagogique et l’analyse visuelle de l’expérience d’apprentissage
16h20 . Salle webex spécifique pour chaque intervenant pour échanges informels
Participation gratuite, inscription obligatoire
En ligne et en présentiel
Résumés des interventions :
Pourquoi l’interdisciplinarité peut-elle aider à l’apprentissage de la chimie ?
Florence BOULC’H, Université d’Aix-Marseille
L’enseignement interdisciplinaire se développe de plus en plus au sein de nos universités sous l’impulsion des institutions dirigeantes ; et dans ce cadre, la chimie est sollicitée par exemple pour la mise en place d’enseignements interdisciplinaires centrés sur l’écologie, la santé, l’énergie ou le patrimoine. Comment abordons-nous ces thèmes en tant que chimiste ? Nous montrerons au cours de cette présentation que la mise en place d’un enseignement interdisciplinaire impose à chaque enseignant de réfléchir en profondeur à la didactique de sa discipline afin d’identifier les pans théoriques et méthodologiques essentiels à celle-ci et de prendre un recul épistémologique sur sa propre discipline pour identifier les postulats propres qui la fondent et pour saisir la spécificité de ses méthodes. Or, cet exercice est loin d’être évident pour chacun d’entre nous. Il nous est souvent plus facile de définir notre discipline à partir de notre pratique en enseignement et en recherche. Cependant, nous montrerons que ce travail de réflexion en vaut largement la peine, car il peut aider chacun d’entre nous à mieux comprendre les obstacles auxquels font face de nombreux étudiants lors de l’apprentissage de la chimie, non seulement au sein des formations interdisciplinaires mais aussi au sein des formations monodisciplinaires.
L’ART-CHIMIE
Fatima RAHMOUN, Fondation La main à la pâte, Paris, France
La Fondation de la Maison de la Chimie et la Fondation La main à la pâte se sont associées pour proposer des ressources pédagogiques à destination des élèves de la petite section à la classe de 3eme. Ces ressources sont accompagnées de tutoriels disponibles sur la plateforme de formation L@map https://elearning-lamap.org/
La Chimie est très peu présente dans les programmes de Sciences et Technologie de l’école primaire. Afin de lui donner une place plus importante, La main à la pâte s’est intéressée au cours d’Arts visuels. En effet, même si c’est implicite, la Chimie est omniprésente dans cette discipline. En collaboration avec Mediachimie et le Laboratoire d’Archéologie Moléculaire et Structurale de Philippe Walter, un corpus de plusieurs séquences du cycle 1 au cycle 4 est en cours de développement. Cette contribution consiste à donner un aperçu de la séquence Sur la palette de l’artiste et les 3 tutoriels associés.
classe de 3eme https://www.fondation-lamap.org/fr/chimie
cycle 2 https://www.fondation-lamap.org/palette-artiste
Enseigner la chimie des couleurs en BTS Métiers de la Chimie – Pédagogie par projet
Freddy MINC, Lycée Galilée de Gennevilliers
La teinture est un procédé physico-chimiques qui consiste à colorer des fibres textiles. Elle peut être étudiée à différents niveaux d’enseignement. Fixer des colorants sur des fibres textiles nécessite une maîtrise de savoirs-faire à l’échelle macroscopique et une compréhension des interactions mises en jeu à l’échelle microscopique.
La teinture est une technique qui invite les étudiants à appliquer une démarche scientifique au laboratoire et à mener un travail en équipe concerté et réfléchi. Dans un premier temps les étudiants mettent en œuvre des extractions de colorants naturels d’origines végétales ou animales ; ainsi que la synthèse de colorants organiques ou organo-métalliques ; puis réalisent des analyses des colorants naturels et synthétiques par des techniques physico-chimiques adaptées. Enfin, ils formulent des bains de teinture utilisant ou non la technique du mordançage afin de fixer durablement les différents colorants sur les fibres naturelles ou synthétiques.
Album photo https://drive.google.com/file/d/1rHLVXm9SArvqoyH_W0eFEME8r4it2hI7/view?usp=drivesdk
Photochromisme : de la recherche à l’enseignement
Jonathan PIARD, ENS Paris-Saclay
Photochromism is the reversible transformation of a chemical species between two forms by the absorption of light (photoisomerization), where the two forms have different absorption spectra. It can be considered as a fast growing domain of research as a five-fold increase of the number of publications is observed since 1990s. Anyone, even without being familiar with photochromic process can easily understand the notion of reversible change and be attracted by color changes. Furthermore, several photochromic systems (T and P-type) appear as useful tools to illustrate many chemical notions from high school to postgraduate level up to general public. Indeed, for commercially available T-type compounds such as 6-NO2 BIPS and T1259, we developed cheap, non-toxic and sustainable experiments based on the kinetics of the back reaction (decoloration reaction):
1. to design easily handled devices when dispersed in a polymer matrix (PMMA) for popular science demonstrations
2. to illustrate kinetics factors in high school courses when dissolved in acetone or ethyl acetate as a all-in-one system
3. to investigate kinetics (rate equation, Eyring equation) and thermodynamics parameters for undergraduate classroom experiment
4. to discuss about the effect of the environment (from solvent to polymer matrix), nanoparticles and fluorescence for a postgraduate practical work .
Commercially available B1536 P-type compound was shown to be used as a relevant example of electrocylization reaction and the color change explained via simple theoretical calculation (Hückel). For such compound, photochromic quantum yield has also been proved to be easily accessible from kinetics curves resulting from a common laser pointer irradiation and absorption measurements in UV and visible.
Une LED, une photodiode et un microcontrôleur pour travailler les concepts liés à la colorimétrie
Jérôme RANDON, Université Claude Bernard Lyon 1
En tant que scientifique, le chimiste ou le biochimiste se doit de disposer, depuis deux siècles, d’outils de mesure pour étudier les transformations de la matière qu’il souhaite réaliser. Toutefois, les instruments d’analyse actuellement disponibles dans les laboratoires apparaissent de plus en plus comme des boites noires qui, quelles que soient leurs conditions d’usage, vont toujours rendre un résultat… mais malheureusement pas toujours juste ! Alors comment aider les élèves/étudiants à mieux appréhender les concepts sous-jacents à la mesure, et ainsi développer les compétences indispensables à une mesure de qualité ?
Développer des outils pour l’analyse physico-chimique à l’aide de microcontrôleur type Arduino peut être une réponse à cette question. Le très faible coût associé à ces objets (moins de 20 € pour construire plusieurs instruments), et la possibilité de créer puis programmer des objets interactifs autonomes qui serviront à la mesure entraine l’étudiant dans une dynamique de recherche en mobilisant lors de la création des instruments, les très nombreux concepts fondamentaux permettant de donner du sens à cette mesure.
L’objectif de cette communication est de présenter des problématiques et des situations qui peuvent être proposées autour de la colorimétrie, à différents niveaux, depuis l’élaboration d’un instrument jusqu’à sa mise en œuvre, en passant par l’évaluation des incertitudes associées aux mesures réalisées. Les modalités pédagogiques proposées peuvent être aussi variées que des séances en salle en présence d’enseignant, des séances de travail autonome, et même des activités expérimentales réalisées intégralement à la maison.
Références : http://arduino-enseignement-chimie.univ-lyon1.fr/
Python, une opportunité pour enseigner la chimie ?
Jean LAMERENX, Lycée Saint Louis, Paris
L’introduction de la programmation dans les programmes d’enseignement scolaire français, pré-bac et post-bac, constitue une rupture vécue parfois comme déstabilisante : nécessité de se former, de repenser ses séances pour introduire des outils pour lesquels on ne se sent pas forcément compétent, impression d’une introduction qui se ferait au détriment de l’acquisition des concepts fondamentaux de la chimie, etc.
Pourtant, l’utilisation de la programmation émerge à l’échelle internationale dans l’enseignement des STEM. La génération qui va rejoindre l’enseignement supérieur à la rentrée 2020 aura été initiée à l’utilisation du code en physique-chimie au lycée.
L’enseignement supérieur peut-il capitaliser sur les nouvelles compétences des futurs étudiants ? Que peut apporter la programmation dans l’enseignement de la chimie ?
Réaliser des mesures conductimétriques à bas coût et à la maison à l’aide d’un smartphone
Delfina TOULOUSE, Emmanuel MAISONHAUTE, Sorbonne Université
With the current situation, it has become difficult, and even sometimes impossible, for student to go to lab practical classes and apply their new theoretical knowledge. To face this problem, within the global project « Le courant passe », we developed novel approach to make conductimetric measurements relying on the hardware and applications available in a smartphone. The objective was to use the earphone lead as function generator and the microphone as oscilloscope. This will allow ultimately to perform experiments at home at a low cost.
Two strategies were implemented.1 The first one, ultra-cheap, ultra easy relies only on one resistor in series with the conductimetric cell. This allows to access to resistances from 200 to over 3000 . The range is limited since the phone needs to detect an impedance of 1-2 k. This limitation can be circumvented with a second approach in which we made a circuit (less than 2€) based on an operational amplifier to adapt the cell impedance to the one of the microphone. A large range of solution resistances can then be measured. Last, but not least, low cost electrodes were also designed with pencil lead (1€) to replace the platinized ones usually used in laboratories.
Réalité virtuelle pour la formation en sécurité dans les laboratoires de chimie
Philippe CHAN, Gérard GUILPAIN, Jean-Luc DUBOIS, Arkema, France
Kristel BERNAERTS, Tom VAN GERVEN, KU Leuven, Belgique
Les laboratoires chimiques sont des endroits où des risques de blessure ou des accidents mortels sont toujours présents. Les technicien(ne)s de laboratoire, en universités et dans l’industrie, ont besoin d’avoir la conscience du risque afin de minimaliser les risques jusqu’à un niveau acceptable. Cependant, des rapports d’investigation et des revues sur les accidents aux laboratoires révèlent que des incidents en laboratoires se produisent toujours à cause du comportement dangereux et par le manque de conscience du risque. Des formations insuffisantes sont souvent identifiées comme l’une des causes. Nous croyons que l’utilisation de technologies immersives pour les formations en sécurité peuvent simuler l’expérience réelle des risques en laboratoire. Pour cette raison, dans le cadre du projet européen CHARMING, nous développons une formation en sécurité au laboratoire utilisant les technologies de Réalité Virtuelle (RV) et des éléments de jeu vidéo pour former à la prise de conscience du risque et au comportement en sécurité des technicien(ne)s de laboratoire. Par l’utilisation d’un casque de réalité virtuelle, les stagiaires sont complètement immergés dans un laboratoire virtuel et doivent faire des tâches réelles qui sont autrement trop dangereuses ou trop chères pour les répliquer en réalité. Dans ce jeu vidéo, il faut identifier précisément des risques, minimaliser ces risques et faire des manipulations expérimentales dans des conditions les plus sures possible. Quand les risques ne sont pas neutralisés, on peut vivre les conséquences simulées sans être en danger réel. Ce jeu vidéo en réalité virtuelle fera une contribution significative dans l’enseignement en sécurité en laboratoires universitaires et industriels
Utilisation d’objets modèles par impression 3D pour l’enseignement supérieur
Olivier DURUPTHY, Sorbonne Université, Paris
L’une des difficultés principales de l’apprentissage de la chimie pour les élèves de lycée et en post-bac est la compréhension de la dualité des échelles d’étude des systèmes étudiés. Les observables sont souvent macroscopiques pour rendre compte de phénomènes qui se produisent à l’échelle microscopique. La pratique expérimentale de la chimie se focalise sur l’échelle macroscopique et seule la modélisation permet d’appréhender les phénomènes microscopiques. L’introduction des modèles moléculaires en lycée a grandement participé à la description des molécules en termes de fonctionnalités chimique et de stéréochimie. En chimie du solide, il est possible de fabriquer des modèles de mailles de référence à partir de certains sets de modèles moléculaires mais le plus souvent les outils informatiques sont nécessaires pour avoir une représentation microscopique du solide. Cependant l’outil informatique présente en 2D un système 3D et les élèves ont du mal à remettre la 3ème dimension ou à visualiser les éléments de symétrie possibles. Enfin, certains concept comme les recouvrements orbitalaires pour former des orbitales moléculaires ou les chemins réactionnels sont des concepts plus complexes à appréhender et aucun modèle commercial ne permet de faciliter leur compréhension.
En partant de ces postulats, nous avons développé avec de département de didactique de la chimie de la Charles University à Prague, des objets en 3D pour la compréhension de certains points de réactivité en chimie inorganique moléculaire et chimie du solide de niveau L et M. Le premier exemple porte sur la structure des polycations et polyanions métalliques en solution issus de la condensation de complexes monomères en solution aqueuse. Des octaèdres imprimés en 3D et équipé de petits morceaux de métal à leurs sommets peuvent être décorés de petites billes aimantées bleues ou orange représentant des ligands aquo ou hydroxo. Via la mise en commun de ces ligands on peut associer plusieurs octaèdres pour former des polycations avec différentes géométrie selon la réactivité. Le caractère échangeable des billes aimantées et leur utilisation pontante traduit bien la réactivité microscopique de ces complexes métalliques. Ludek Mika a réalisé 10 sets de 4 octaèdres (et quelques tétraèdres en plus) pour permettre aux étudiants en TD de fabriquer eux-mêmes leurs édifices polymétalliques et visualiser les liaisons créées. Un autre exemple réalisé est l’impression d’orbitales atomiques s, p et d bicolores avec un système de connecteurs de type clé serrure différents selon le signe de l’orbitale. Ces objets permettent de rendre plus ‘réels’ les concepts de recouvrements orbitalaires liants et antiliants, de directionnalité des recouvrements (σ et π) et de conditions de symétrie pour avoir des recouvrements orbitalaires. Nous les avons aussi utilisées pour illustré une notion avancée de chimie du solide qu’est la théorie des bandes (les orbitables moléculaires mais au niveau du cristal infini).
Utiliser STACK, un système prévu pour l’enseignement des mathématiques pour concevoir des exercices de chimie générale
Claire COLONNA, Marie JARDAT, Guillaume MERIGUET, Sorbonne Université, Paris
Nous avons conçu de nombreux exercices de chimie générale en utilisant le système STACK[1], qui est originellement prévu pour l’enseignement des mathématiques. Ce système est disponible par exemple sur la plateforme Moodle[2] et c’est dans cette version que nous l’avons utilisé. STACK permet de concevoir des exercices contenant une grande part d’aléatoire (même trame mais avec des valeurs numériques ou des molécules différentes), ce qui est propice i) à l’entraînement répété des étudiants sur des calculs élémentaires, leur permettant d’acquérir des automatismes, ii) à la réalisation d’évaluations à distance minimisant les possibilités de fraude, puisqu’aucun étudiant n’a le même exercice. Les avantages de ce plugin sont multiples : 1) il permet de concevoir de nombreux exercices avec un fichier de base unique, ce qui facilite énormément les éventuelles corrections ultérieures à apporter au code (là où, dans le cas d’exercices tirés au sort parmi un pool d’exercices dupliqués, il faut reprendre un par un les exercices). 2) Un système perfectionné de retour (feedback) permet de concevoir des exercices formatifs. De plus, il est possible de programmer la correction de l’exercice de façon telle que les erreurs numériques les plus courantes, telles que les erreurs d’unités ou la propagation d’une erreur numérique sur plusieurs questions successives sont « prévues » et donnent lieu à une fraction des points, ce qui revient à récompenser une expression littérale correcte. 3) Ce système permet, une fois l’évaluation réalisée par les étudiants, de re-corriger automatiquement l’ensemble des copies si une modification de l’exercice s’avère nécessaire (par exemple, prise en compte d’un type de réponse originellement non envisagé, ou changement de la tolérance sur la précision d’un résultat numérique). 4) Ce système ayant été développé pour l’enseignement des mathématiques, il permet d’évaluer des réponses algébriques et pas seulement numériques et de tracer des graphes à base de données aléatoires. Les possibilités offertes par STACK sont particulièrement adaptées aux évaluations en chimie des solutions, thermochimie et électrochimie, car des données très nombreuses sont disponibles dans la littérature. Par exemple, nous avons programmé l’exercice type de calcul de « température de flamme » avec un tirage au sort de l’alcane subissant la combustion et des conditions de la combustion, permettant aussi l’évaluation des grandeurs de réactions à partir des « vraies » données. Nous avons aussi conçu des exercices reposant sur l’exploitation de courbes qui dépendent de paramètres aléatoires et sont tracées pour chaque réalisation de l’exercice (par exemple des courbes de titrage pH-métriques, des courbes de démixtion, des diagrammes binaires, des diagrammes potentiel-pH). Nous proposons lors de cet exposé de présenter quelques exemples de nos réalisations, qui ont été utilisées pour former, entraîner et évaluer nos étudiants de licence (L1, L2 et L3), sur des cohortes allant de 200 à 900 étudiants.
1. https://stack-assessment.org/
2. https://moodle.org/?lang=fr
Etudiants examinateurs en TP !
Raphaël BLAREAU, Lycée Déodat-de-Séverac Toulouse
Après avoir présenté rapidement le contexte et les méthodes préparatoires utilisées en séance de travaux pratiques au cours de l’année (utilisation de vidéos et de quiz automatiquement corrigés) [1, 2], nous verrons comment organiser le travail des étudiants afin de permettre la réalisation d’un TP évaluée par les pairs. Proposer à un petit groupe d’étudiants d’examiner le TP réalisé par leurs camarades demande bien sûr de les y préparer, et donc de leur demander un travail complémentaire : préparer le TP dans des conditions particulières avant la séance avec le groupe. C’est aussi leur apprendre à « réfléchir comme un examinateur » pour évaluer et guider efficacement leurs camarades au travers d’entretiens prédéfinis dans le TP. Dans ce contexte, le rôle du professeur sera principalement d’encadrer les étudiants examinateurs. Cette pratique présente également l’avantage de libérer des postes de travail, ce qui peut, selon le laboratoire dans lequel on travail, permettre de faire travailler tous les étudiants de manière individuelle et non en binôme. Les retours d’étudiants sont extrêmement précieux pour faire évoluer ces séances. Je précise qu’aujourd’hui, suite aux retours et aux résultats de mes étudiants, j’ai pleinement intégré cette pratique en fin d’année pour leur préparation aux concours.
[1] Un outil ludique pour la pédagogie inversée en séance de travaux pratiques, l’Actualité Chimique, Raphaël Blareau
[2] Chaîne YouTube Blablareau au labo https://www.youtube.com/channel/UCZeGNmKXVe6X_L32Dz1pxjQ
Enseignement de chimie organique de manière asynchrone
Pierre-Edouard DANJOU, Université du Littoral Côte d’Opale
L’enseignement à distance de la chimie organique à des étudiants de première année durant le confinement de 2020 a représenté un défi pour les étudiants et les enseignants. Afin de relever ce défi, une méthode combinant enseignement synchrone et asynchrone a été élaborée. La partie asynchrone de l’enseignement a été réalisée par la diffusion de vidéos sur le réseau social Facebook afin de permettre à chaque étudiant de progresser à son propre rythme. La partie synchrone de l’enseignement a été réalisée grâce à la plateforme Discord afin de répondre en direct aux questions des étudiants (écrites et orales) ainsi que de garder un lien social avec eux. Les vidéos ont été enregistrées à domicile avec un minimum de matériel (smartphone). Pour évaluer l’impact de ce mode d’enseignement alternatif par rapport à l’enseignement à distance en temps réel, un questionnaire a été rempli par les étudiants. Les enseignements tirés de cette expérience ont été réinvesti lors de l’année universitaire 2020-21 et ont vocation à se développer dans un futur proche.
Enseignement hybride, nouvelle maquette et évolution de la formation. Défis et opportunités d’une nouvelle séquence pédagogique
Sylvie Moebs-Sanchez, INSA Lyon
Se sentir capables de relever des défis scientifiques, techniques et stratégiques passe par l’acquisition de compétences scientifiques solides étroitement combinée à la connaissance de leurs connexions à des problèmes socio-économiques et environnementaux. C’est notamment l’objectif de l’évolution actuelle de la formation de l’INSA de Lyon. Dans leur évaluation de nos enseignements, il est fréquemment demandé par les étudiants de pouvoir faire le lien entre les apprentissages de concepts et leurs applications directes. La chimie réputée comme science centrale se doit plus que jamais de se positionner dans une approche globale, systémique. La contextualisation est une des stratégies développées pour l’élaboration de nouvelles séquences pédagogiques. L’évolution des maquettes confronte néanmoins au choix difficile de cas réels, néanmoins accessibles, choix parfois limité par une maîtrise réduite des concepts fondamentaux. A quoi renoncer ? Que prioriser en temps de séquence notablement imputé? La consolidation des notions de base pour tous ou l’ouverture aux problèmes réels forcément complexes ? Cette communication se propose de partager quelques réflexions et un exemple concret de mise en action pour tenter de transformer ces multiples défis en opportunités dans une refonte d’un module de chimie analytique pour les étudiants en troisième année du département Biosciences. Une nouvelle séquence pédagogique propose une combinaison « hybride » : une autonomie guidée par des outils numériques (ressources mises à disposition et quizz Moodle en auto-évaluation) et la présentation de l’application de différents concepts de chimie des solutions à travers les enjeux économiques, sociétaux et environnementaux des phosphates.
Scale-up dans la formation Ingénieur en Génie Chimique de l’ENSIACET
Odile DECHY-CABARET, ENSIACET
Une activité scientifique métier est un projet d’une semaine mettant en jeu une situation authentique et mobilisant des savoirs et savoirs-faire reliés à différents enseignements. Nous en avons déployé une autour du Scale-up ou développement chimique. La semaine commence par des témoignages d’anciens qui pratiquent cette activité au quotidien dans leur métier puis par une présentation générale de la démarche et des outils de simulation (outil excel et outil BatchReactor de la suite Prosim) à la disposition des élèves. Puis les élèves sont répartis en groupe de 5 et ont pour mission de simuler la production à grande échelle d’un composé organique ou inorganique dont la synthèse est décrite à l’échelle du laboratoire. L’objectif est de questionner cette « recette labo » pour mettre en évidence les points d’attention à prendre en compte dans le changement d’échelle. Les données cinétiques et thermiques sont fournies soit via des expériences réalisées par d’autres en amont, soit via des publications. Les livrables attendus sont une feuille Excel bien construite permettant de simuler les profils des concentrations des réactifs et produits au cours du temps (en prenant en compte les débits de coulée et l’exothermie des réactions) ainsi que les rapports de simulations Batch Reactor permettant de choisir le réacteur et technologies adaptés et les scénarios optimisés. La semaine se termine par une présentation orale des résultats devant toute la promotion et une démarche d’évaluation par les pairs (avec grille critériee fournie) est mise en place lors de ces soutenances.
Le développement de cette ASM Scale-up a bénéficié d’un Bonus Innovation pédagogique de Toulouse INP et a concerné l’engagement d’une équipe interdisciplinaire d’environ dix enseignants. La première édition de l’ASM Scale-up a eu lieu en novembre 2020 en mode tout distanciel et une analyse du dispositif par une ingénieure pédagogique nous a permis de prouver l’efficacité du dispositif et d’identifier les points d’améliorations pour les futures éditions.
La démarche s’inscrit dans le cadre du projet TempA7 déployé dans toutes les formations ingénieurs de l’ENSIACET ; une dizaine d’ASM ont ainsi été développées en 2020-2021 dans les différentes spécialités de l’école : Chimie, Matériaux, Génie Chimique, Génie des Procédés et Génie Industriel.
Un outil tableur pour la scénarisation pédagogique et l’analyse visuelle de l’expérience d’apprentissage
François JOURDE, Coordinateur de l’éducation numérique, Ecoles Européennes Bruxelles
Erwan GALLENNE, Lycée Notre Dame du Roc
Comment faire de l’enseignement une science de conception (design science), et des enseignants de véritables ingénieurs concepteurs (design engineers) ? Cela suppose que les enseignants améliorent constamment leurs pratiques, en s’appuyant sur des principes et sur le travail de leurs pairs (Laurillard, 2012). Comme toute activité humaine, cela suppose de disposer de bons outils, facilitant en l’occurrence la bonne conception pédagogique (learning design), tout autant que le partage de solutions pédagogiques, afin d’en permettre l’amélioration collaborative et itérative.
Dans cette perspective, l’application web Learning Designer (UCL Institute of Education) est un remarquable outil. Il est basé sur le cadre conversationnel (conversational framework) de Laurillard (2012), selon lequel l’apprentissage nécessite des cycles de communication entre les enseignants et les apprenants, et entre les apprenants et leurs pairs, ces cycles étant favorisés par la combinaison des six types d’apprentissage (par l’acquisition, la recherche, la conversation, la collaboration, la pratique et la production).
Cet outil présente cependant quelques limites. D’une part, uniquement anglophone, il ne peut être facilement utilisé par des enseignants locuteurs d’autres langues. D’autre part, sa structure n’est pas modifiable par les utilisateurs, et peut dès lors ne pas suffisamment correspondre à des contextes spécifiques.
Il est donc apparu utile de développer une variation du Learning Designer, sous la forme d’un tableur en ligne, multilingue et assez librement configurable, modifiable sous la licence Creative Commons 4.0.
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