Bravo à François Gabart, ingénieur et grand marin, pour avoir terminé le tour du monde à la voile dans le Vendée Globe en 78 jours sur un bateau dessiné par le cabinet d’architecte VPLP-Verdier et construit par le chantier naval CDK Technologie de Port-la-Forêt et Lorient, dont l’un des fondateurs fut Hubert Desjoyaux, frère aîné du skipper Michel Desjoyaux, passionné des nouvelles technologies. CDK Technologie est devenu un leader de pointe dans les nouveaux matériaux pour les bateaux de course grâce à une maîtrise de la chimie des matériaux composites et des alliages métalliques. Plusieurs bateaux de ce chantier ont pris le départ de cette course mythique et deux se retrouvent sur le podium : Macif (François Gabart) et Banque Populaire (Armel Le Cléac’h).

Plusieurs défis doivent être relevés pour cette terrible course au large :

  • Avec ses systèmes mâts et pont, la coque pèse environ 3,5 tonnes ; elle est presque entièrement en composite carbone obtenu par moulage de couches de fibres de carbone préimprégnées de polymères type polyesters et cuisson dans des fours de la taille du bateau.
  • La quille, qui fait contrepoids pour empêcher le bateau de chavirer sous les forces latérales du vent, comporte à sa base le bulbe – sous forme de torpille en métal lourd comme le plomb – et pèse environ trois tonnes. Elle est reliée à la coque par une voile de quille de 3 à 4 mètres. Cette voile est soit massive, en acier ou titane, soit forgée et formée en lame de couteau ou en tôles ployées et soudées, ou encore en composite carbone qui a une très grande résistance dans le sens des fibres mais quelques faiblesses perpendiculairement. En dehors des rencontres avec des objets flottants ayant crevé la coque, c’est la liaison voile de quille/coque qui a été la cause de quelques abandons.
  • Les voiles, qui au cours des années ont été tissées avec des fibres naturelles, mais maintenant surtout avec des fibres artificielles : après le nylon, les aramides dont les types de Kevlar® et aussi les polyéthylènes téréphtalates (PET), ou encore les fibres de carbone spéciales tissées suivant modélisation en fonction de l’architecture des mâts et des forces prévisibles.

Évidemment, sans atteindre le budget d’une écurie de courses de Formule 1, ces coursiers des mers de haute technologie exigent une première course aux sponsors de la part des skippers. On sait par exemple que la Macif a fourni huit millions d’euros en quatre ans,largement rétribués par plus de 20 000 citations médiatiques. Ah si Phileas Fogg avait mieux connu la chimie, il aurait fait moins que 80 jours !

Légende photo :
Arrivée de François Gabart aux Sables d’Olonne après 78 jours, 2 heures, 16 minutes et 40 secondes de course. © Olivier BLANCHET/DPPI-Vendée Globe.