Dès 1834, Justus von Liebig avait réalisé la synthèse de la mélamine à partir de cyanamide de calcium. Actuellement, la mélamine (de melam, résidu de la distillation du thiocyanate d’ammonium), également appelée cyanuramide ou cyanurotriamine, est synthétisée industriellement à partir de l’urée (cf. Urée), en deux étapes, de bilan endothermique :
(NH2)2CO ———> HCNO + NH3
6 HCNO ———> C3H6N6 + 3 CO2

Peu solubles dans l’eau, les cristaux de mélamine, incolores ou blancs, se décomposent à 345 °C. La substance est considérée comme inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme. Sa toxicité est a priori faible, mais elle peut s’hydrolyser pour donner l’acide cyanurique et former un complexe qui est fortement toxique.
La haute teneur de la mélamine en azote (66 % de la masse) a poussé des exportateurs chinois sans scrupules en a ajouter à des aliments divers pour animaux domestiques, des tourteaux de soja « bio » pour volailles, ainsi qu’à du lait et des friandises, etc. pour augmenter la teneur apparente en protéines.
Le scandale a éclaté en 2007 en Amérique du Nord (États-Unis, Canada) à la suite d’une flambée d’insuffisances rénales aigues chez des chats et des chiens, associée à la consommation d’aliments contaminés, et montrant que l’ingestion simultanée de mélamine et l’acide cyanurique est toxique pour le rein. La microspectroscopie infrarouge des cristaux provenant des reins de ces rats et chats a confirmé qu’il s’agissait de cristaux associant la mélamine et l’acide cyanurique. La très faible solubilité du cyanurate de mélamine peut être responsable de ces dépôts.
A la même époque, six bébés chinois sont morts et des dizaines de milliers d’autres sont tombés gravement malades après avoir absorbé du lait artificiel contaminé volontairement par un ajout, illégal, de mélamine (300 000 cas dont 50 000 enfants recensés en Chine). Un des produits incriminé dans ces intoxications gravissimes avait une teneur supérieure à 2,5 g/kg de poudre, soit environ 350 ppm pour le lait reconstitué. Pour un nourrisson de 5 kg, la quantité de mélamine tolérable est de moins de 4 ppm/jour. La recherche de ces composés et leur dosage a entraîné des efforts conséquents en chimie analytique.
Malgré les interdictions officielles, et la condamnation à mort et l’exécution de deux responsables, des industriels chinois continueraient à « gonfler » le taux de protéines de leurs produits. La plupart des produits potentiellement à risque sont interdits d’importation en Europe et en Amérique.


Tout récemment, on a découvert les excellentes propriétés de la mousse de mélamine comme abrasif, désormais largement commercialisée sous divers noms. Grâce à la présence d’une infinité de micro-bulles, la mousse, légèrement humectée, nettoie les surfaces réputées irrécupérables (taches d’encre, de graisse, de peintures, etc.).
Les polysulfonates de mélamine sont des superplastifiants utilisés dans certains bétons. Quant au copolymère mélamine-formaldéhyde sulfoné il est ajouté au ciment pour réduire la quantité d’eau nécessaire, fluidiser et rendre plus malléable le ciment tout en lui apportant de meilleures propriétés mécaniques et une résistance accrue aux agressions environnementales (cf. Ciment).

Attention : micro-onde et four sont fortement déconseillés !
Les autres utilisations actuelles concernent essentiellement les « mélaminés », vendus sous différentes présentations dans les grandes surfaces spécialisées en bricolage : le mélaminé est un panneau à base de bois recouvert à chaud et sous pression d’une feuille de papier imprégnée de mélamine.
Ce matériau est utilisé pour la réalisation des caissons de cuisine, pour l’intérieur de placards (tablettes de rangement dans une garde-robe), les tablettes de fenêtres ou encore les meubles en kit. On l’utilise aussi comme revêtement de sols, de murs, etc.
Pensée du jour
« Et n’oublions pas les revêtements de nos paillasses, souvent en mélamine certifié LEED, à base de phénol- et de mélamine-formaldéhyde ! »
Sources
– http://en.wikipedia.org/wiki/Melamine
– http://culturesciences.chimie.ens.fr/dossiers-chimie-societe-article-Melamine_Levy.html
– www.who.int/topics/food_safety/melamine_guidelines/fr/index.html
– http://atctoxicologie.free.fr/archi/bibli/Melamine%20FRTEC1.pdf
– http://eur-lex.europa.eu/
– L. Zhu, G. Gamez, H.Chen, K. Chingin, R. Zenobi, {Rapid detection of melamine in untreated milk and wheat gluten by ultrasound-assisted extractive electrospray ionization mass spectrometry (EESI-MS) {Chem. Commun. 2008(5), 559-552.
– http://www.specialchem4polymers.com/tc/Melamine-Flame-Retardants/index.aspx?id=4004
– http://en.wikipedia.org/wiki/Melamine_foam
– http://en.wikipedia.org/wiki/Melamine_resin
– http://fr.wikipedia.org/wiki/Mélaminé
Pour en savoir plus
– Urée
– PBDE & Cie
– Méthanal
– Ciment

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