L’acte d’accusation de Jeanne d’Arc affirmait « Ladite Jeanne avait coutume de porter parfois une mandragore dans son sein, espérant avoir par ce moyen bonne fortune en richesses et choses temporelles ». Quant à l’atropine, son nom vient d’Atropa, celle des trois Parques chargée de couper le fil de la vie.
Alors que les alcaloïdes proches de la cocaïne (cf. Cocaïne) sont des stimulants, ceux extraits des solanacées, de même squelette de base, sont essentiellement des anticholinergiques. Ce sont principalement l’atropine (mélange naturel racémique), majoritaire dans la belladone, l’hyoscyamine (isomère lévogyre de l’atropine), présente surtout dans la jusquiame noire (Hyoscyamus niger) et la mandragore, enfin la scopolamine trouvée dans la jusquiame et les {Datura.
La mandragore
Mandragora officinarum L. est l’espèce existant dans le bassin méditerranéen. Son nom viendrait de l’assyrien signifiant drogue de Namta (démon pestilentiel) ou du sanscrit mandros (sommeil). Les baies sont relativement inoffensives au contraire des racines, très toxiques. On l’appelle aussi : Herbe de Circé (qui transforma les compagnons d’Ulysse en pourceaux), Pomme d’Amour (ce serait la pomme du jardin d’Eden selon un mythe allemand), Homonculus, etc.

La mandragore est évoquée à plusieurs reprises dans la Bible, sous le nom de dûda’îm. On en parle dans la Genèse (elle permit à Léa d’enfanter), dans le Cantique des Cantiques (elle serait aphrodisiaque, et probablement fertilisante). Hippocrate conseille aux gens tristes et aux malades suicidaires de « prendre le matin en boisson la racine de mandragore à dose moindre qu’il n’en faudrait pour causer le délire ».
Alexandre le Grand aurait ramené de Mésopotamie et Égypte la pensée magique tandis qu’Hannibal, rusé pragmatique, ayant fait mine de quitter son camp, y avait laissé des jarres de vin où macéraient des racines de mandragore. Revenant plus tard, il lui fut aisé d’achever les ennemis pas encore morts.
Au Moyen-Age, associée à la jusquiame, elle est la base de l’onguent dont s’enduisaient les sorcières pour aller au Sabbat. De fait, leurs alcaloïdes traversent la paroi cutanée, notamment des muqueuses et des aisselles, provoquant ainsi des états seconds avec hallucinations, sensation de lévitation et visions sataniques. Mais rien ne prouve que la majorité des femmes brûlées pour sorcellerie aient utilisée de telles pratiques. Bien plus probablement, elles étaient adeptes de la naturothérapie si prisée actuellement.
En effet, de multiples vertus thérapeutiques sont attribuées à la mandragore. Par sa composition chimique, elle est notamment sédative, antispasmodique, anti-inflammatoire (en cataplasme), hypnotique et hallucinogène, comme le sont beaucoup d’autres solanacées.
La jusquiame noire
Les alcaloïdes tropaniques, dont deux dérivés hydroxylés, se trouvent non seulement dans la racine, mais également dans les graines et les feuilles. On y trouve aussi une amine, la tétraméthylputrescine qui, comme son nom l’indique, est particulièrement nauséabonde.

Selon le Grand Albert, « ceux qui veulent se faire aimer des femmes n’ont qu’à la porter sur eux, car ceux qui en portent sont joyeux ». D’ailleurs en Perse, on en servait dans un breuvage à toute petite dose, car elle « faisait ressentir une joie inexprimable…».
Bien que moins toxique que la mandragore et la belladone, en quantité importante elle provoque spasmes, hallucinations, tachycardie, arrêt respiratoire et même coma… Les alcaloïdes présents sont des antagonistes non sélectifs des récepteurs muscariniques de l’acétylcholine, et comme tels peuvent provoquer de nombreux effets indésirables dont les plus sérieux sont des risques de glaucome, des palpitations, de la confusion mentale, ce pourquoi elle a été utilisée comme sérum de vérité. La scopolamine qu’elle contient est un excellent antidote au mal des transports.
L’Atropa belladonna

L’antidote est la pilocarpine et la phytostigmine.
On l’appelle belladonna parce que les belles italiennes, pour acquérir un regard fascinant, s’en servaient pour dilater leurs pupilles (par paralysie momentanée de muscles concernés). Les décoctions, teintures, poudres de belladone, comme d’ailleurs celles de datura, sont utilisées comme antispasmodiques dans le cas de problèmes gastriques et intestinaux, comme l’entérocolite aigue. Des préparations homéopathiques, hautement diluées, sont toujours commercialisées.

Pensée du jour
« Des alcaloïdes tropaniques, oui mais de solanacées respectables, pomme de terre, tomate ou aubergine ! »
Sources
– http://fr.wikipedia.org/wiki/Alcaloïde_tropanique
– http://en.wikipedia.org/wiki/Hyoscyamine
– http://fr.wikipedia.org/wiki/Scopolamine
– http://en.wikipedia.org/wiki/Atropine
– http://en.wikipedia.org/wiki/Deadly_nightshade
– http://fr.wikipedia.org/wiki/Hyoscyamus_niger
– http://fr.wikipedia.org/wiki/Mandragore
– http://en.wikipedia.org/wiki/Mandrake_(plant)

– http://img183.imageshack.us/img183/3086/naplesdioscuridesmandrabx3.jpg
– www.arbre-celtique.com/encyclopedie/jusquiame-belenuntia-2004.htm
– http://fr.wikipedia.org/wiki/Solanaceae
– http://en.wikipedia.org/wiki/Datura_stramonium
Pour en savoir plus
– Morphine
– Cocaïne
– Strychnine

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