En janvier dernier, Clarivate Analytics ‒~société indépendante depuis octobre 2016, anciennement rattachée à Thomson Reuters~‒ a publié son enquête annuelle «Top~100 Global Innovators Report» pour la sixième année consécutive. Cette enquête a pour objectif d’identifier les organismes qui, à travers le monde, sont innovants pour la R~&~D, la production intellectuelle et la commercialisation. Clarivate Analytics a étudié tous les organismes ayant eu cent inventions ou plus durant les cinq dernières années. L’étude tient compte de différents critères liés à la performance en termes de propriété industrielle: non seulement le volume de brevets publiés dans des domaines innovants, mais surtout leur qualité, mesurée à travers leur taux de succès (la différence entre les brevets déposés et ceux validés), leur portée internationale et leur influence (nombre de fois où un brevet est cité par d’autres demandeurs).
Selon l’étude, les cent organismes classés ont consacré au total plus de 227~milliards de dollars (soit environ 214~milliards d’euros) à la R~&~D et ont généré plus de 4~x~103~milliards de dollars de revenus en 2015, ce qui démontre le caractère moteur de l’innovation pour la bonne tenue de l’économie mondiale.

Une analyse des brevets montre que les quatre secteurs dans lesquels on trouve le plus d’innovations technologiques sont: les semiconducteurs et les batteries~; la transmission de l’information~; le traitement des données~; les dispositifs et les préparations médicaux.
Côté chimie et cosmétiques, on dénombre neuf industries innovantes, contre douze en 2015 (mais seulement six en 2014 et en 2013), dont six font partie des 39~organisations présentes pour la sixième fois consécutive (marquées d’un astérisque): 3M~Company, Air Products, Arkema, BASF, Dow Chemical Company, DuPont, Nitto Denko, Shin-Etsu Chemical* et Showa Denko. On y compte également sept industries pharmaceutiques et cinq dans le secteur de la pétrochimie et de l’énergie (dont Total).

Comme en 2015, on y retrouve trois organismes de recherche français (sur seulement cinq au total dans cette catégorie, les deux autres étant l’Université de Californie et le Fraunhofer Institut allemand): le CEA, le CNRS et IFP Energies nouvelles, tous trois présents depuis la première étude en 2011, preuve de la qualité de la politique d’innovation et de valorisation conduite en France.

Si l’on regarde le classement par pays, toutes catégories confondues, ce sont toujours les États-Unis (39) et le Japon (34) qui dominent, mais la France maintient sa troisième position avec dix organismes, dont Arkema, le CEA, le CNRS, IFP Energies nouvelles et Total cités précédemment, mais également Saint-Gobain (aussi présent pour la sixième fois), Alstom, Safran, Thales et Valeo. Neuf autres pays complètent ce club très fermé: l’Allemagne (4), la Corée du Sud et la Suisse (3), les Pays-Bas (2), la Chine, la Finlande, l’Irlande, la Suède et Taïwan (1).
Face à l’évolution de la situation politique mondiale récente et à venir, on ne peut se risquer à prédire dans quel sens les innovations iront en 2017 et dans les années à venir, notamment quelles seront les retombées du Brexit en Europe et de la politique du 45e~président aux États-Unis. Ce qui semble clair cependant, c’est que ce qui touche un pays en touchera d’autres, le monde des innovations étant très petit.
S. Bléneau-Serdel

• Rapport à télécharger sur http://top100innovators.stateofinnovation.com