Créé en 2006 par le Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, en partenariat avec la Fédération Française pour les sciences de la Chimie (FFC) et l’Union des Industries Chimiques (UIC), ce prix de l’innovation en chimie en faveur du développement durable récompense des procédés ou produits chimiques qui contribuent au respect de l’environnement et de la santé et que l’on retrouve dans notre vie quotidienne.
Parmi les 28 dossiers déposés pour cette 6e édition, le jury a récompensé :

• Catégorie « Produit » :
Trophée à Rhodia pour Eolys Powerflex™, un additif catalytique pour filtres à particules. Lancé fin 2009, et déjà utilisé par 1,5 million de véhicules diesel en Europe, ce produit ajouté au carburant (diesel ou biodiesel) permet d’éliminer plus de 99 % des particules émises par les véhicules tout en préservant les performances du moteur grâce à l’association d’un détergent. En outre, fabriqué dans l’usine de La Rochelle à partir de matière première renouvelable, le procédé de production mis en œuvre permet de diminuer de 35 % la consommation énergétique, tout en valorisant la totalité des co-produits.
Médaille à Sophim pour la valorisation des co-produits du raffinage d’huiles végétales : du squalène à la vitamine E. Cette start-up est spécialisée dans la production du squalène, un insaponifiable que l’on trouve dans les crèmes cosmétiques « haut de gamme » pour sa compatibilité avec la peau. Depuis dix ans, ces efforts de recherche en chimie du végétal ont abouti à une nouvelle innovation, brevetée en août 2010, qui permet d’extraire par un procédé peu coûteux à partir des co-produits du raffinage de toutes les huiles végétales le squalène, mais aussi la vitamine E et les stérols, deux autres insaponifiables. Sophim élargit ainsi son business à la vitamine E naturelle (dont le développement était freiné par son prix comparé à la vitamine E synthétique).

• Catégorie « Procédé »
Trophée à Polaris pour Glaen, un procédé de chimie douce pour produire de l’acide gamma linoléique (GLA) concentré sous forme d’esters éthyliques (EE) ou de triglycéides (TG). Ce procédé combine judicieusement la chimie enzymatique (peu appliquée au niveau industriel) et le procédé de distillation moléculaire, dont les purifications dans des conditions douces conviennent tout particulièrement à la chimie des lipides. Ce procédé ne génère pas de déchet, ne nécessite pas l’utilisation de solvants et permet le recyclage des enzymes. Le procédé est actuellement utilisé dans la fabrication d’ingrédients actifs entrant dans la composition de compléments alimentaires et de produits cosmétiques et sera par la suite adapté à d’autres spécialités.
Médaille à Suez Environnement pour le programme Amperes (« analyse des micropolluants prioritaires et émergents dans les rejets de station d’épuration et les eaux superficielles », un programme de recherche lancé en 2006 par le Cemagref et Suez Environnement pour identifier et traiter les micropolluants des stations d’épuration. Sur 100 000 substances couramment utilisées, issues de l’industrie, de l’agriculture et des activités humaines en général, entre 100 et 1 000 sont qualifiés. Cofinancé par l’ANR pour un budget de 2,4 millions d’euros, le programme avait pour objectif de mesurer les concentrations des micropolluants dans les eaux usées et d’évaluer les capacités d’élimination des différentes technologies de traitement. Les travaux ont consisté à développer et valider des méthodes d’analyse de polluants cibles (hormones type œstrogènes, bétabloquants…) ainsi que des méthodes spécifiques fiables pour leur élimination. Pour les eaux usées domestiques, les résultats montrent l’arrêt de 85 % des substances prioritaires définies par la directive cadre européenne sur l’eau devant être réduites ou éliminées d’ici 2015, mais des progrès restent encore à faire au niveau des milieux aquatiques pour les préserver.
Médaille à Arkema pour une solution innovante pour le traitement des effluents industriels à partir de l’eau oxygénée. Le groupe s’est penché depuis les années 2000 sur les applications environnementales de l’eau oxygénée, ses propriétés d’agent d’oxydation et de désinfection étant bien connues. Le traitement facile à mettre en œuvre constitue une solution efficace et économique pour éliminer certains polluants. La solution concerne l’oxydation rapide et quantitative de polluants soufrés grâce à l’eau oxygénée. Soutenu par le Pôle de compétitivité Chimie-Environnement Axelera, ce procédé vise à réduire l’impact environnemental. L’eau oxygénée est utilisée pour éliminer les composés soufrés issus des installations industrielles (raffinage, pétrochimie, agroalimentaire…) qui génèrent des effluents liquides ou gazeux contenant des composés soufrés (sulfure d’hydrogène, sulfure et mercaptans…), générant nuisances et problèmes de corrosion des installations d’épuration. Le procédé ne génère ni boues, ni sous-produits toxiques (mais uniquement eau et oxygène). Cette réaction d’oxydation instantanée remplace les procédés de désulfuration actuels, moins performants et plus coûteux (précipitation de sulfure de fer, entraînement gazeux…), avec plus de 90 % de succès et ce, sans modification des installations existantes. Il permet la conversion totale des sulfures en sulfates, sels solubles et non toxiques, pouvant être parfois recyclés.

• Le Jury a également récompensé Biométhodes dans le cadre du prix ChemStart’Up 2011, prix associé au prix Potier, Cette start-up, basée au Génopole d’Evry, développe des technologies originales de développement d’enzymes industrielles avec une douzaine de chercheurs et techniciens. En partenariat avec l’Université américaine Virginia Tech, Biométhodes a mis au point un nouveau procédé de fractionnement de résidus lignocellullosiques d’origines agricoles ou forestières. Le procédé Optalysis® permet d’optimiser la séparation de la biomasse en lignine, hémicellulose et cellulose, en conservant les structures chimiques natives et notamment l’action des enzymes. En évitant l’utilisation de réactifs nocifs, le procédé rend possible la production d’intermédiaires chimiques à haute valeur ajoutée. La société vient d’obtenir un financement de 12,5 millions de dollars pour la construction d’un premier pilote industriel aux États-Unis dédié à la production de biocarburants de 2e génération ; Le prix va lui permettre l’implantation d’une unité de démonstration sur le site chimique du bassin de Lacq.

Les prix ont été remis aux lauréats le 7 juillet au Ministère des Finances et de l’Industrie, en présence d’Eric Besson, ministre chargé de l’Industrie, d’Yves Chauvin, prix Nobel de chimie 2005, d’Olivier Homolle, président de l’UIC et de Maurice Leroy, président de la FFC.