Deux américains, Brian K. Kobilka et Robert J. Lefkowitz, découvrent les clés du mystère des « récepteurs couplés aux protéines G ». Une porte – cellulaire et d’avenir – est ouverte à de nouvelles thérapies… et au plaisir des sens !

Le 10 octobre dernier, le prix Nobel de chimie a été décerné au biochimiste Brian K. Kobilka, de l’Université de Standford, et au médecin-chercheur Robert J. Lefkowitz, de l’Université Duke (Caroline du Nord) pour leurs travaux sur la plus grande famille des récepteurs, les récepteurs couplés aux protéines G, ces grosses molécules nichées dans les membranes cellulaires et assurant la signalisation entre l’extérieur et l’intérieur.

Suite à la découverte pionnière dans les années 1980 par l’équipe de R. Lefkowitz du récepteur bêta-adrénergique (activé par l’adrénaline), B. Kobilka, alors doctorant dans cette équipe, poursuivit ces recherches pendant trente ans et découvrit toute une famille de récepteurs de la même forme (codés par mille gènes) couplés à des protéines G*. Ces dernières sont connues pour activer des cascades de réactions biochimiques dans la cellule en transformant le GDP (guanosine diphosphate) en GTP (guanosine triphosphate).

Cette famille très diversifiée est la plus grande des récepteurs membranaires des mammifères (elle représenterait 3,4 % du génome). Elle compte notamment des récepteurs sensoriels : olfactifs, gustatifs, ou encore la rhodopsine (qui capte la lumière sur la rétine), mais aussi des récepteurs d’hormones comme la dopamine ou la sérotonine, ces molécules de signalisation à la base entre autres de nos émotions.

B. Kobilka a fini par observer en 2011, en direct, le fonctionnement d’un récepteur par cristallographie aux rayons X et à l’aide d’outils biomoléculaires, révélant le fonctionnement biochimique de cette famille de récepteurs couplés à des protéines G.

En poussant les recherches sur ces mécanismes, une voie s’ouvre au développement de nouveaux médicaments ciblés, pour un large éventail de pathologies.